« Il faut convenir que la Poétique d’Aristote est un excellent ouvrage cependant il n’y a rien d’assez parfait pour régler toutes les nations et tous les siècles.
Les discours de Démosthène sentaient l’huile, disaient ses adversaires : aussi ont-ils conquis l’admiration des siècles.
A cet égard, les sujets des grands poèmes épiques ont été presque toujours choisis fort heureusement ; et il est facile de voir qu’ils doivent avoir été très intéressants pour leur siècle et pour leur pays. […] Les mœurs locales consistent dans le ton et les manières qui conviennent au siècle où ont vécu les personnages, et la nation à laquelle ils appartiennent. […] Des siècles, des pays, étudiez les mœurs, etc.
Qu’il n’est rien d’incroyable : J’ai vu, sans mourir de douleur, J’ai vu… siècles futurs, vous ne pourrez le croire, Ah ! […] 2° La prosopopée d’action : un poète contemporain après avoir reproché aux philosophes du dernier siècle leurs erreurs et leurs maximes, les convie à venir contempler les fruits qu’elles ont produits de nos jours. […] du haut de ces pyramides quarante siècles vous contemplent. […] Ainsi ces vers : Dans le stérile espoir d’une gloire incertaine L’homme livre en passant au courant qui l’entraîne, Un nom de jour en jour en sa course affaibli ; De ce brillant débris le flot du temps se joue, De siècle en siècle il flotte, il avance, il échoue, Dans les abîmes de l’oubli. […] Or, par la marche des siècles le nom de l’homme s’éloigne.
Ainsi, de siècle en siècle, les règles se complétèrent, et c’est de là qu’est venu peu à peu ce corps de préceptes vulgairement appelé Rhétorique. […] Vers la fin du dernier siècle, la tribune anglaise ouvrit un vaste champ à l’éloquence. […] Cet homme donc au comble de sa gloire, initié par l’étude aux siècles passés, et par sa vie au siècle dont il était un ornement, eut à parler de Jésus-Christ dans une profession de foi où il voulait résumer tout ce que ses méditations sur les choses religieuses avaient laissé de doutes et d’incertitudes dans son esprit. […] Un autre homme, une autre éloquence, une autre gloire, une autre incrédulité, un autre siècle, un autre aveu se sont rencontrés, et plus grands tous ensemble, si ce n’est chaque partie prise à part, que l’homme, l’éloquence, la gloire, l’incrédulité, le siècle et l’aveu que vous venez d’entendre. […] Il n’y a pas trente années encore, que nous avons vu les chaires chrétiennes remplies par des orateurs dignes des plus beaux siècles de l’Église.
Le temps présent est toujours chargé des misères de notre nature ; le passé nous transmet surtout ce qu’elle a de noble et de fort, car c’est ce qui résiste à l’épreuve des siècles.
Quant à l’ordre méthodique, nous ne pouvions balancer à suivre celui d’Aristote, consacré, pendant vingt siècles, par l’approbation des plus grands génies, et que toutes les innovations faites depuis quelque temps n’ont pu parvenir à remplacer. […] Nous en sommes encore là, malgré le progrès des siècles ; et nous ne pouvons, même aujourd’hui, réunir en un corps de doctrine les préceptes de la Rhétorique sans commencer par établir, comme Aristote, la division des trois genres. […] Ô siècle ! […] Racine, Boileau et les bons écrivains du siècle de Louis XIV corrigèrent la France, qui depuis est retombée quelquefois dans ce défaut séduisant. « Le déplacé, le faux, le gigantesque, dit Voltaire, semblent vouloir dominer aujourd’hui ; c’est à qui enchérira sur le siècle passé.
Ils résidèrent quelque temps à la Mecque, puis à Damas, et définitivement à Bagdad, qui fut pendant cinq siècles la capitale de l’empire arabe. […] Jean Hunyade (1400-1156) fut le sauveur de son pays et le héros de son siècle. […] Ainsi commença la lutte des Espagnols contre les Mahométans, lutte qui dura plus de sept siècles, avec des succès divers. […] Chéops, qui a fait construire le plus grand de ces monuments, vivait, dit-on, vingt-deux siècles avant l’ère chrétienne. […] Cette affaire a eu lieu à peu près un siècle avant l’ère vulgaire.
La tribune, le forum n’ont pas d’autre organe : Lycurgue et deux siècles plus tard, Dracon, puis Solon haranguent en vers. […] Le grec, de la sorte, se trouva présider à la grande réforme, et cela est si vrai qu’un siècle plus tard, au seizième, l’un des érudits dont s’honore le plus la France, H. […] Ainsi se montre, rival du siècle de Périclès, du siècle d’Auguste, le siècle de Louis XIV. […] J’ai vu, sans mourir de douleur, J’ai vu… siècles futurs, vous ne pourrez le croire Ah ! […] Voyons comment, au siècle dernier, J.
combien de serviteurs de Dieu, par la malignité du siècle, décriés et calomniés !
Son style était celui des maîtres, et, en l’assouplissant au genre tempéré de l’histoire biographique, en lui donnant plus de grâce et de simplicité, il ne faisait que prouver une fois de plus que notre siècle n’avait pas produit d’écrivain supérieur à lui ?
Il fut digne de donner son nom au siècle qu’ils illustrèrent.
Bossuet, en parlant des siècles d’idolâtrie, a une expression sublime quand il dit : « Tout était dieu, exempté Dieu lui-même. » Citons, comme dernier exemple, ces vers de Racine, dont le dernier est sublime : J’ai vu l’impie adoré sur la terre : Pareil au cèdre, il cachait dans les cieux Son front audacieux ; Il semblait à son gré gouverner le tonnerre, Foulait aux pieds ses ennemis vaincus : Je n’ai fait que passer, il n’était déjà plus. […] Voici comment Victor Hugo peint un bon écrivain : « Les idées sont faites de cette substance particulière qui se prête, souple et molle, à toutes les ciselures de l’expression, qui s’insinue, bouillante et liquide, dans tous les recoins du moule où l’écrivain la verse, et se fige ensuite, lave d’abord, granit après. » Voilà certes un amas de métaphores qu’on n’aurait pas supportées il y a un siècle ou deux : pourtant rien n’est plus commun aujourd’hui que ce style, en quelque sorte matérialisé par des images forcées qu’on emprunte à la nature, aux arts et aux sciences. […] Celui qui s’obstinerait à n’employer que le langage fixé par l’Académie il y a un siècle, ne serait pas de son temps.
Après avoir subsisté pendant près de quatre siècles, elle fut détruire par Tullus Hostilius, troisième roi de Rome, qui y transféra les habitants, dont les principaux furent incorporés dans le sénat. […] Ces quatre victoires sont les plus mémorables de ce prince, qui tint, avec Turenne, le premier rang parmi les plus habiles capitaines de l’Europe, dans un siècle où l’art de la guerre fut approfondi plus qu’il ne l’avait jamais été. […] L’histoire moderne n’offre point de siècle aussi fécond en grands capitaines que celui-là ; et Turenne occupe exclusivement, avec le grand Condé, le premier rang parmi eux.
Ils ne sont bien placés qu’à la fin d’un règne ou d’un siècle, pour en faire connaître les personnages principaux. […] Tour à tour gracieux, badin, touchant, sublime même, sans cesser d’être naïf, il sera pour tous les siècles le fablier ; après ni, on n’a plus vu que des fabulistes. […] Les auteurs dramatiques sentent la force de la vérité, et savent que le public aime à voir agir, à entendre parler les grands acteurs des siècles passés.
Quoiqu’en effet tous les grands hommes qui passent sous nos yeux, dans cette immense revue de tant de siècles, n’aient pas tenu peut-être le langage que leur prête l’historien, il est clair cependant qu’il a adapté leurs discours à leur caractère connu, et que, s’il a quelquefois substitué sa pensée à la leur, il en a si bien pris l’esprit et le style en général, que nous retrouvons facilement l’un et l’autre ; et que nous oublions sans effort l’auteur qui écrit, pour n’entendre que le héros qui parle ; et ce qui le prouve d’une manière qui nous paraît sans réplique, c’est qu’à chacune de ces grandes époques qui divisent les temps, moins encore par le nombre des années, que par les progrès de la civilisation et le développement des connaissances, nous trouvons dans ces mêmes harangues un tableau fidèle et des mœurs du siècle et du caractère particulier du pays.
Ce doux siècle n’est plus. […] Qu’on suppose une action accompagnée des plus favorables circonstances qui puissent la relever ; un homme vertueux parfait dans son genre ; un scélérat qui le soit aussi dans le sien : on verra que ces diverses circonstances, ces différentes vertus, ces différents vices existent, ou peuvent exister ; qu’ils existent, parce qu’on en trouve des exemples dans les temps passés, ou dans le siècle présent ; qu’ils peuvent exister, parce qu’ils ne choquent nullement notre raison, et que bien plus, nous avons quelque sujet de croire à leur existence réelle.
Dès lors, l’illustre prélat devint l’âme de son siècle, et mérita ce titre de Père de l’Église que La Bruyère lui décerna de son vivant. […] quel sera mon étonnement, lorsque le juge sévère qui préside dans l’autre siècle, où celui-ci nous conduit, nous représentant en un instant toute notre vie, nous dira d’une voix terrible : « Insensés que vous êtes, qui avez tant estimé les plaisirs qui passent, et qui n’avez pas considéré la suite qui ne passe pas !
« Les soixante premières années du dix-neuvième siècle sont plus de la moitié d’un grand siècle. » Ne soyons donc pas, comme le disait Voltaire, « semblables à ces avares qui ne veulent point convenir de leurs richesses, et crient sans cesse que les temps sont bien durs ».
Et comme tes exploits étonnant les lecteurs, Seront à peine crus sur la foi des auteurs ; Si quelque esprit malin les veut traiter de fables, On dira quelque jour pour les rendre croyables : Boileau, qui dans ses vers pleins de sincérité, Jadis à tout son siècle a dit la vérité, Qui mit à tout blâmer son étude et sa gloire, A pourtant de ce roi parlé comme l’histoire. […] Le siècle est si vicieux, Passant, qu’une courte vie Est une faveur des cieux. […] il leur naît des divinités jusques dans leurs jardins. » Boileau, en parlant de quelques Auteurs médiocres du siècle de Louis XIV, dit ironiquement : Pradon, comme un soleil en nos ans a paru.
Multipliez vos jours, comme les cerfs et les corbeaux que la fable ou l’histoire de la nature fait vivre durant tant de siècles ; durez autant que ces grands chênes sous lesquels nos ancêtres se sont reposés, et qui donneront encore de l’ombre à notre postérité ; entassez dans cet espace qui paraît immense, honneurs, richesses, plaisirs : que vous profitera cet amas, puisque le dernier souffle de la mort, tout faible, tout languissant, abattra tout à coup cette vaine pompe avec la même facilité qu’un château de cartes, vain amusement des enfants ?
C’est lui-même : il m’échauffe, il parle ; mes yeux s’ouvrent, Et les siècles obscurs devant moi se découvrent.
Et nous pouvons répéter aujourd’hui ce qu’a dit Boileau, il y a plus d’un siècle et demi : Mais en vain mille auteurs y pensent arriver, Et cet heureux phénix est encore à trouver. » Sans nous arrêter à cette opinion bizarre qui ne veut pas qu’une petite pièce de poésie soit jamais parfaite qui a fait ses règles exprès pour qu’elle ne le fût pas, et qui, le fût-elle, trouverait encore facilement à y reprendre ; citons ici deux sonnets de caractère moyen, où l’on verra comment on a pu tirer parti de cette coupe difficile, et dire pourtant de très jolies choses.
Il faut aussi montrer un auteur en place dans son siècle, et mettre son lecteur au point de vue qui l’éclaire.
Cependant, Monseigneur, laissant la conscience à part, et politiquement parlant, je me réjouis avec Votre Altesse de ce que j’entends dire qu’Elle a gagné la plus belle victoire et de la plus grande importance que nous ayons vue de notre siècle, et de ce que, sans être Important 4, Elle sait faire des actions qui le soient si fort.
Nos bons orateurs du siècle dernier tenaient beaucoup cette qualité précieuse du style : on la voit enrichir les chefs-d’œuvre des Bossuet, des Fléchier, des Bourdaloue et des Massillon. […] Fléchier ayant à traiter le sujet le plus touchant et le plus élevé, la mort du premier capitaine du siècle, y déploie au début une harmonie majestueuse et sombre.
Molière 1622-1672 [Notice] Molière a peint avec une vérité saisissante tous les types de la physionomie humaine ; il met en scène la cour, la ville et la province : bourgeois et nobles, marchands, médecins et hommes de lois, pédants, fâcheux, fanfarons, fripons, servantes, valets et maîtres, bel esprit, faux savoir, avarice, prodigalité, faiblesse, égoïsme, entêtement, malveillance, vanité, sottise, jalousie, libertinage, misanthropie, irréligion, hypocrisie, en un mot, son siècle, et avec lui l’humanité tout entière. […] La fresque Et toi, qui fus jadis la maîtresse du monde, Docte et fameuse école en raretés féconde, Où les arts déterrés ont, par un digne effort, Réparé les dégâts des barbares du Nord ; Source des beaux débris1 des siècles mêmorables, O Rome, qu’à tes soins nous sommes redevables De nous avoir rendu, façonné de ta main, Le grand homme, chez toi, devenu tout Romain2, Dont le pinceau célèbre avec magnificence De ses riches travaux vient parer notre France, Et dans un noble lustre y produire à nos yeux Cette belle peinture, inconnue en ces lieux, La fresque, dont la grâce, à l’autre3 préférée, Se conserve un éclat d’éternelle durée, Mais dont la promptitude et les brusques fiertés Veulent un grand génie à toucher ses beautés4 !
Déjà la nécessité reconnue, depuis longtemps, de réformer des abus fortifiés par des siècles d’oubli du devoir des uns et des droits des autres ; déjà ce besoin inquiet d’un changement quelconque, avaient fait éclore une foule d’ouvrages où l’on était surpris de trouver autant d’esprit que de raison, et qui annonçaient d’avance les beaux jours de l’éloquence française.
Analyser avec goût les auteurs, soumettre les ouvrages à une critique judicieuse et impartiale, étudier le caractère des écrivains, l’influence qu’ils ont reçue de leur siècle, celle qu’ils ont exercée sur lui à leur tour ; constater les progrès de la pensée et de la langue mêler à cette étude des observations justes et profondes sur les mœurs, le goût et l’art d’écrire : tel est l’objet multiple de l’histoire littéraire.
C’est ce dont on ne peut plus douter, après les grandes guerres qui ont signalé le commencement de ce siècle et la fin du précédent.
Il n’était point de ces fiers perroquets Que l’air du siècle a rendus trop coquets, Et qui, sifflés par des bouches mondaines, N’ignorent rien des vanités humaines.
De tous les grands esprits qu’a produits la France, nul n’a régné plus souverainement sur son siècle.
Après lui, Tarquin l’Ancien, pour se faire des créatures, augmenta le nombre des sénateurs jusqu’au nombre de trois cents, où ils demeurèrent fixés durant plusieurs siècles, et commença les grands ouvrages qui devaient servir à la commodité publique. […] Nous y rencontrons des expressions qui ont vieilli, mais qui siéent bien à l’historien de ce siècle. […] L’État s’est ruiné dans ce siècle funeste, Et vous vous disputez, à qui prendra le reste !
Le style classique d’abord est celui dont nous nous sommes occupés jusqu’ici dans ces leçons ; c’est celui des écrivains qui, dans tous les genres de compositions, ont été regardés de tout temps comme dignes d’être proposés pour modèles à l’admiration de tous les peuples, et à l’imitation des écrivains qui se sont succédé dans chaque siècle : c’est Je style dans lequel ont brillé, chez les Grecs : Homère, Sophocle, Euripide, Platon et Démosthène ; chez les Latins : César, Cicéron, Horace et Tite-Live ; chez les Italiens : Dante, Arioste et le Tasse ; chez les Français : Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, Boileau, Pascal, Bossuet, Fléchier, Fénelon, Bourdaloue, Massillon, La Bruyère et Buffon. […] Un schisme littéraire, qui a exercé une grande influence sur le style, et que nous regardons comme une véritable maladie dont les lettres sont atteintes, s’est manifesté dans notre siècle. […] Mais ce qui rendra ce spectacle plus utile et plus agréable, ce sera la réflexion que vous ferez non seulement sur l’élévation et sur la chute des empires, mais encore sur les causes de leurs progrès et sur celles de leur décadence ; car le même Dieu qui a fait l’enchaînement de l’univers, et qui, tout puissant par lui-même, a voulu, pour établir l’ordre, que les parties d’un si grand tout dépendissent les unes des autres ; ce même Dieu a voulu aussi que le cours des choses humaines eût sa suite et ses proportions : je veux dire que les hommes et les nations ont eu des qualités proportionnées à l’élévation à laquelle ils étaient destinés ; et qu’à la réserve de certains coups extraordinaires où Dieu voulait que sa main parût toute seule, il n’est point arrivé de grand changement qui n’ait eu ses causes dans les siècles précédents.
tout ce qui passe est trop vil pour être le prix d’un temps qui est lui-même le prix de l’éternité : c’est pour nous démêler de la foule des enfants d’Adam, au-dessus même des Césars et des rois de la terre, dans cette société immortelle de bienheureux qui seront tous rois, et dont le règne n’aura point d’autres bornes que celles de tous les siècles.
Plus qu’Yvetot digne d’hommage, Elle, pauvre et libre à la fois, A, douze siècles, d’âge en âge, Conservé ses mœurs et ses lois.
Vous me soutenez, quand on se persuade qu’on m’a abattu1 et vous me consolez glorieusement de la délicatesse2 de notre siècle, quand vous daignez m’attribuer le bon goût de l’antiquité.
Les ouvrages de l’un ont dû perdre beaucoup avec le temps, sans que sa gloire personnelle doive en souffrir ; le mérite des ouvrages du second doit croître et s’agrandir dans les siècles avec sa renommée et les lumières. […] Quant au mérite personnel, la différence des époques peut le rapprocher malgré la différence des ouvrages, et si l’imagination veut s’amuser à chercher des titres de préférence pour l’un ou pour l’autre, que l’on examine lequel vaut le mieux d’avoir été le premier génie qui ait brillé après la longue nuit des siècles barbares, ou d’avoir été le plus beau génie du siècle le plus éclairé de tous les siècles. […] Ses regards étaient perçants, ses couleurs brillantes ; elle était jeune, quoiqu’à son air on s’aperçût bien que sa naissance avait précédé celle des hommes du siècle. […] Par sa voix appelés, renaissants tour à tour, Tous les siècles rangés venaient former sa cour. […] Au milieu des vastes plaines du pays de N… vivait au dernier siècle un sage vieillard, parvenu à l’âge de cent ans.
Dans ce ravissement divin, les siècles coulent plus rapidement que les heures parmi les mortels ; et cependant mille et mille siècles écoulés n’ôtent rien à leur félicité toujours nouvelle et toujours entière.
Le roman de Renard était une allégorie ; la France la continuait d’une manière plus délicate, plus chevaleresque, mais moins profonde, dans le célèbre Roman de la Rose, dont la vogue dura plus de deux siècles.
Maurice de Nassau, qui, mort en 1625, à l’âge de 63 ans, laissa la réputation d’un des premiers capitaines de son siècle.
L’art de raconter ces petits faits n’a jamais été poussé si loin que dans le siècle dernier.
À mesure que les siècles s’écoulèrent, les hommes devinrent étrangers les uns aux autres, puis cherchèrent à établir entre eux des communications utiles : le commerce, les arts, les richesses, la paix, la guerre, les alliances furent autant de sources d’où jaillirent de nouvelles idées, et de là de nouvelles expressions qui constituèrent des idiomes particuliers : ici un objet était connu sous un certain nom ; là il prenait et admettait une dénomination différente, et ainsi les langues se multiplièrent.
Comme un vieillard, il ne prend plus de part aux agitations qui l’environnent : il a vécu dans un autre siècle.
Dans toutes les fureurs des siècles de tes pères, Les monstres les plus noirs firent-ils jamais rien Que l’inhumanité de ces cœurs de vipères3 Ne renouvelle au tien ?
Il était digne de notre auguste monarque, héritier de Louis XIV et comme lui protecteur des arts et des lettres, d’ouvrir, en donnant à notre siècle un nouvel ordre politique, cette belle carrière à l’éloquence, et de préparer ainsi dans l’avenir des occasions au génie français. […] Boileau se sert aussi d’une très-agréable induction pour montrer que son siècle abonde en sots admirateurs d’ouvrages platement écrits : ………. ainsi qu’en sots auteurs Notre siècle est fertile en sots admirateurs ; Et sans ceux que fournit la ville et la province. […] Je vous connais pour noble à ces illustres marques ; Alors soyez issu des plus fameux monarques, Venez de mille aïeux ; et si ce n’est assez, Feuilletez à loisir tous les siècles passés ; Voyez de quel guerrier il vous plaît de descendre ; Choisissez de César, d’Achille ou d’Alexandre. […] Alors les renseignemens du passé aident à résoudre les doutes, et fixent en quelque sorte le vague de l’avenir en le soumettant à l’expérience des siècles. […] Rutilius, l’homme le plus vertueux de son siècle, refusa de même le secours de l’éloquence.
Il devait inaugurer l’ode, l’idylle et l’élégie, dans un siècle où l’on ne goûtait que des poésies légères, galantes et badines. « Au moment où il parut, dit M.
Il semble dire comme Joad : Et les siècles obscurs devant moi se découvrent. […] à peine un souvenir : Le tombeau qui l’attend l’engloutit tout entière, Un silence éternel succède à ses amours ; Mais les siècles auront passé sur ta poussière, Elvire, et tu vivras toujours !
D’Alembert disait de Racine, qu’il avait la monotonie de la perfection ; et l’on a dit que les orateurs et les poètes du siècle dernier avaient la perfection de la monotonie. […] Le torrent des siècles, qui entraîne tous les hommes, coule devant ses yeux ; il y voit avec indignation de faibles mortels, emportés par ce cours rapide, l’insulter en passant, vouloir faire de ce seul instant tout leur bonheur, et tomber au sortir de là entre les mains éternelles de sa colère et de sa justice.
Grand lecteur de Rabelais, d’Amyot et de Régnier, idolâtre du siècle de Louis XIV, écrivain châtié, savant et scrupuleux, il a une finesse littéraire qui fait le régal des gourmets.
Mais entre ces deux excès, n’y a-t-il pas ce bon style des contemporains de la Fronde, à la fois large et précis, libre et correct, primesautier et pourtant réfléchi, qui réunit les bons côtés des deux siècles, du xvie et du xviie , le style de Molière et de la Fontaine, dans les vers, de Pascal, de Bossuet, de Fénelon, de madame de Sévigné, dans la prose ?
Ce fils de la Grèce et de la France, qui à une haute inspiration joignait une raison parfaite, trouva notre poésie comme épuisée par deux siècles de gloire, et entreprit de la régénérer.
» Ce cri… c’est en vain qu’il expire, Étouffé par la mort et par les flots jaloux ; Sans cesse il revivra répété par ma lyre Siècles !
« Le peu de rimes de notre langue fait que, pour rimer à hommes, on fait venir comme on peut le siècle où nous sommes, l’état où nous sommes, tous tant que nous sommes 6. […] Il s’exposerait même à perdre entièrement son temps et sa peine, attendu que notre langue n’a pas de rime pour certains mots, comme huître, hymne, perdre ( à l’infinitif ), rhythme, siècle, triomphe, etc.
Passons quinze siècles, et venons tout d’un coup au grand Corneille. […] Plaute, né comme Aristophane, avec un génie libre et gai, a répandu partout le sel et la plaisanterie ; mais il reste dans ses ouvrages quelque rouille du siècle précédent.
Les uns sont essentiels et généraux ; ils tiennent à la nature même de l’art, viennent à propos en toute matière, et se retrouvent dans tous les siècles et sous toutes les latitudes : Avant donc que d’écrire, apprenez à penser… Tout ce qu’on dit de trop est fade et rebutant… etc.
Les exemples qu’on pourrait tirer de leurs écrits sont innombrables ; et plusieurs, il faut l’avouer aussi, sont dignes du parallèle avec les meilleurs des siècles précédents.
Enfants, si les cornettes vous manquent, ralliez-vous autour de mon panache blanc : vous le trouverez toujours sur le chemin de l’honneur. » Napoléon, avant la bataille des Pyramides, disait : « Soldats, souvenez-vous que, du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent !
Au préjudice de la réputation de Rousseau, qu’on a parfois trop déprimée de nos jours, la poésie lyrique devait trouver, vers la fin du dernier siècle et au commencement du nôtre, une source nouvelle d’inspirations touchantes et sublimes1.
Comme dans une lampe une flamme fidèle, Au fond du Parthénon le marbre inhabité Garde de Phidias2 la mémoire éternelle, Et la jeune Vénus, fille de Praxitèle, Sourit encor, debout dans sa divinité, Aux siècles impuissants qu’a vaincus sa beauté.
Ce qui fait la différence des siècles entre eux, ce n’est pas la nature, toujours prodigue des mêmes dons, mais l’opinion dominante à l’époque où l’on vit.
Dieu Ces globes lumineux qui, depuis tant de siècles, roulent majestueusement dans l’espace, sans jamais s’écarter de leur orbite, ni se choquer dans leurs révolutions ; ce soleil suspendu à la voûte céleste, comme une lampe de feu qui vivifie toute la nature, et se trouve placée à la distance convenable pour éclairer, échauffer la terre, sans l’embrasser de ses ardeurs ; cet astre qui préside à la nuit avec ses douces clartés, ses phases, son cours inconstant et pourtant régulier, dont le génie de l’homme a su tirer tant d’avantages ; cette terre si féconde, sur laquelle on voit se perpétuer par des lois constantes une multitude d’êtres vivants, avec cette admirable proportion des deux sexes, de morts et de naissances, qui fait qu’elle n’est jamais déserte, ni surchargée d’habitants ; ces mers immenses, avec leurs agitations périodiques et si mystérieuses ; ces éléments qui se mélangent, se modifient, se combinent de manière à suffire aux besoins, à la vie de cette multitude prodigieuse d’êtres, qui sont si variés dans leur structure et leur grandeur ; enfin ce concours si réglé des saisons qui reprochait sans cesse la terre sous des formes nouvelles, qui, après le repos de l’hiver, la présente successivement embellie de toutes les fleurs du printemps, enrichie des moissons de l’été, couronnée des fruits de l’automne, et fait ainsi rouler l’année dans un cercle de scènes variées sans confusion, et semblables sans monotonie ; tout cela ne forme-t-il pas un concert, un ensemble de parties dont vous ne pouvez détacher une seule sans rompre l’harmonie universelle ? […] Je veux qu’on dise un jour aux siècles effrayés : « Il fut des Juifs, il fut une insolente race ; Répandus sur la terre, ils eu couvraient la face ; Un seul osa d’Aman attirer le courroux : Aussitôt de la terre ils disparurent tous. » Racine, Esther.
N’y épargnez rien, grande reine : employez-y l’or et tout l’art des plus excellents ouvriers ; que les Phidias et les Zeuxis de votre siècle déploient toute leur science sur vos plafonds et sur vos lambris ; tracez-y de vastes et de délicieux jardins, dont l’enchantement soit tel qu’ils ne paraissent pas faits de la main des hommes ; épuisez vos trésors et votre industrie sur cet ouvrage incomparable ; et, après que vous y aurez mis, Zénobie, la dernière main, quelqu’un de ces pâtres qui habitent les sables voisins de Palmyre, devenu riche par le péage de vos rivières, achètera un jour à deniers comptants cette royale maison pour l’embellir et la rendre plus digne de lui et de sa fortune.
Je le dis aux rochers ; on veut d’autres discours : Ne pas louer son siècle est parler à des sourds.
Pour nippes nous n’avons qu’un grand fonds d’espérance Sur les produits trompeurs d’une réjouissance1 ; Et dans ce siècle-ci, messieurs les usuriers Sur de pareils effets prêtent peu volontiers.
Comme un vieillard, il ne prend plus de part aux agitations qui l’environnent : il a vécu dans un autre siècle.
Deux siècles de déprédations et de brigandages ont creusé le gouffre où le royaume est prêt de s’engloutir : il faut le combler, ce gouffre effroyable.
L’unique premier président535, le plus intrépide homme, à mon sens, qui ait paru dans son siècle, demeura ferme et inébranlable. […] Maître de musique. — Et moi, que la musique en est une que tous les siècles ont révérée. […] homme dont il sera parlé dans plusieurs siècles ! […] Ce malheur arriva si plaisamment, sur la fin du siècle passé, à quelques savants d’Allemagne, que je ne puis m’empêcher d’en parler ici. […] (Précis du siècle de Louis XV, chap.
Qui apprend le grec ne se borne pas aux époques de Périclès et d’Alexandre ; il remonte à Homère, pour redescendre ensuite jusqu’aux derniers pères de l’Eglise ; il suit l’idiome pendant ses quinze siècles de vie.
C’est elle qu’employait Aristophane pour combattre les sophismes de son siècle, parfois si semblables à ceux du nôtre.
Ainsi ces paroles du Lutrin où la Mollesse, en regrettant l’heureux siècle des rois fainéants, fait le plus bel éloge de la triomphante activité de Louis XIV ; ainsi plusieurs passages du même Boileau dans ses Epîtres au roi, Grand roi, cesse de vaincre, ou je cesse d’écrire, etc.
Il me faut du nouveau, n’en fût-il plus au monde, a dit le siècle.
Cette manière d’envisager la nature et le but de la description est évidemment supérieure à celle de la plupart des poètes descriptifs du siècle dernier et du commencement de celui-ci, lesquels se contentant de décrire pour décrire, inspirent plus souvent le dégoût et l’ennui que l’intérêt. […] La narration légende est l’exposé d’un événement religieux, choisi dans les siècles de foi simple et naïve où les esprits avaient une propension très prononcée pour les faits extraordinaires et merveilleux. […] Je regarde nos quarante fauteuils , dit Ducis dans une de ses lettres, comme quarante tombes qui se pressent les unes contre les autres/ — Il en est de même de certains passages de la lettre de Mme de Sévigné sur la mort de Louvois : Je suis tellement éperdue…, et de celle de Voltaire à lord Hervey à l’occasion de son ouvrage intitulé le Siècle de Louis XIV : Eh !
Mais puisque Pompée est le seul dont la vertu ait effacé la gloire des plus grands capitaines de nos jours, et même de tous les siècles passés, comment pourriez-vous balancer dans une circonstance aussi importante !
Je ne connais guère d’écrivain de notre siècle auquel on puisse appliquer l’épithète de naïf.
C’est un défaut du système poétique du dernier siècle.
Le moins classique après lui semblait la Fontaine ; et voyez après deux siècles ce qui, pour tous deux, en est advenu.
Louis voulut ainsi couronner sa vaillance, Afin d’apprendre aux siècles à venir Qu’il ne met point de différence Entre porter le sceptre et le bien soutenir.
On dira donc : ces deux princes ont été les Alexandres de leur siècle : ils sont tous braves comme des Césars. […] Il a pénétré bien avant dans le siècle passé. = Allez en avant. […] « Dites-moi si jamais vous vîtes dans aucun bon auteur de ce grand siècle de Louis XIV, le mot de vis-à-vis, employé une seule fois, pour signifier envers, avec, à l’égard ?
Nous ne disons rien de Chénier et de Despazes, dont nous avons parlé plus haut, et qui sont morts au commencement de ce siècle. […] Le siècle suivant n’a pas non plus manqué d’élégies ; et dans le nôtre surtout il s’en est fait beaucoup et de très belles.
« Retenons nos plaintes, Messieurs, il est temps de commencer son éloge, et de vous faire voir comment cet homme puissant triomphe des ennemis de l’État par sa valeur, des passions de l’âme par sa sagesse, des erreurs et des vanités du siècle par sa piété.
On sait que La Motte, ayant fait, dans le siècle dernier, une imitation en vers de l’Iliade, et mis au-devant de cet ouvrage un Essai sur Homère, où il relevait dans ce père de la poésie grecque un grand nombre de défauts, madame Dacier, qui avait traduit Homère elle-même, prit fait et cause pour son auteur, et imprima, sous le titre des Causes de la corruption du goût, un gros volume où elle combattait toutes les opinions de La Motte.
Si l’on se demande ce qu’eût été Molière en un siècle où tout esprit indépendant avait à craindre le Châtelet, le Parlement et la Sorbonne, Molière privé d’un théâtre et réduit à dérober son bon sens sous la livrée de la folie, on songera tout naturellement au pantagruélisme de Rabelais, côtoyant les piéges sans y tomber, et sauvant ses audaces par l’apparente insanité d’un rire sans cause.
Nous faisons remarquer ici que, dans ces deux cas, les poètes du siècle d’Auguste faisaient o final long, quand la pénultième était longue, comme dans vīrgō, sērmō, canto, ībō, etc.
140J’ai désigné ton héritage Avant les siècles et les temps ; L’univers te promet l’hommage Et les vœux de ses habitants.