Ses sentiments répondaient aux appels du public ; mais il est périlleux de faire des œuvres de circonstance ; quand vint à se calmer cet enthousiasme trop passager, la sérénité du poëte n’en fut point altérée.
L’éloquence chez les anciens Chez les anciens, en effet, la vie publique absorbait la vie privée. […] 4° Le serment, qui garantit la véracité des témoins, 5° La renommée, qui est la notoriété, le bruit public.
Puis vinrent les malheurs publics et privés, l’anarchie, la violence et les crimes : ces épreuves attendrirent et tempérèrent son exaltation sans décourager son amour de la liberté.
Le prince, en tant que prince, n’est pas regardé comme un homme particulier ; c’est un personnage public, tout l’État est en lui, la volonté de tout le peuple est renfermée dans la sienne.
L’élégie est sociale ou patriotique quand elle déplore une perte publique, les désastres de toute une nation, et alors elle peut s’élever à la hauteur de la poésie lyrique. […] Devant le public assemblé, L’un siffle, l’autre est sifflé : Voilà la différence. […] On peut assurer, l’histoire à la main, qu’il n’y a pas eu en France un seul événement public, de quelque nature qu’il fût, qui n’ait été la matière d’un couplet ; et rien n’est plus vrai que ce vers : Le Français rit de tout, même de ses malheurs.
Il fallait sans doute condamner l’avarice, qui tarit dans sa source la prospérité publique ; mais il fallait prescrire un autre cours à l’opulence, et c’est ce que va faire une philosophie bien supérieure à celle d’Horace. […] Sa fortune est durable autant que légitime, Elle passe aux neveux du fortuné vieillard ; Tandis que les enfants du crime et du hasard, Ces hommes sans pitié que les pleurs endurcissent, Et que les maux publics en un jour enrichissent, Dépouillés tout à coup d’un éclat passager, Ne sortent du néant que pour s’y replonger.
« Né pour la patrie beaucoup plus que pour lui-même, depuis le moment solennel où, comme un esclave volontaire, la république l’a chargé de chaînes honorables, le vrai magistrat ne s’est plus considéré que comme une victime dévouée, non seulement à l’utilité, mais à l’injustice du public.
Dans cette enfance, ou, pour mieux dire, dans ce chaos du poëme dramatique parmi nous, votre illustre frère, après avoir quelque temps cherché le bon chemin, et lutté, si je l’ose ainsi dire, contre le mauvais goût de son siècle, enfin inspiré d’un génie extraordinaire, et aidé de la lecture des anciens, fit voir sur la scène la raison, mais la raison accompagnée de toute la pompe, de tous les ornements dont notre langue est capable ; accorda heureusement la vraisemblance et le merveilleux, et laissa bien loin derrière lui tout ce qu’il avait de rivaux, dont la plupart, désespérant de l’atteindre, et n’osant plus entreprendre de lui disputer le prix, se bornèrent à combattre la voix publique déclarée pour lui, et essayèrent en vain, par leurs discours et leurs frivoles critiques, de rabaisser un mérite qu’ils ne pouvaient égaler.
Le genre comprend les sermons des prédicateurs, les discours sur les affaires publiques, sur la paix, sur la guerre, sur les finances d’un État, sur la législation.
Réunissant une imagination plus hardie, un enthousiasme plus élevé, une fécondité plus originale, une vocation plus haute, tu sembles ajouter l’éclat de ton génie à la majesté du culte public, et consacrer encore la religion elle-même1.
Ce passage est extrait d’un article sur les lectures publiques qui s’adressaient en 1848 à un auditoire populaire.
L’ambition L’ambition montre à celui qu’elle aveugle, pour terme de ses poursuites, un état florissant où il n’aura plus rien à désirer, parce que ses vœux seront accomplis, où il goûtera le plaisir le plus doux pour lui, et dont il est le plus sensiblement touché ; savoir, de dominer, d’ordonner, d’être l’arbitre des affaires et le dispensateur des grâces, de briller dans un ministère, dans une dignité éclatante ; d’y recevoir l’encens du public et ses soumissions ; de s’y faire craindre, honorer, respecter.
À peine les états-généraux furent-ils assemblés, que l’on vit éclater une funeste mésintelligence entre les trois ordres convoqués pour travailler de concert au bien commun, et à la régénération de toutes les parties de l’administration publique.
Voilà cependant ce que Thomas prenait et aurait bien voulu qu’on prît pour des règles de goût et des modèles de style : présomption fondée jusqu’à un certain point, puisque chacun de ses ouvrages était honoré d’un triomphe public ; puisque La Harpe lui-même, cet homme dont le goût est ordinairement si sûr et la critique si judicieuse, poussa la complaisance académique jusqu’à louer outre mesure les Éloges de Thomas107.
Si l’on veut faire l’histoire d’un homme, on le représente principalement dans son existence publique ; si l’on veut raconter surtout sa vie, c’est plutôt l’homme privé que l’on considère ; mais on peut embrasser simultanément l’un et l’autre point de vue (les Vies des hommes illustres, par Plutarque ; la Vie d’Agricola, par Tacite, etc.).
La vraie éloquence est bien différente de cette causeuse des places publiques, et son style est bien éloigné du jargon ambitieux des sophistes grecs.
Ils tiraient ce nom du jour où ils avaient lieu : c’était le mercredi ; et comme, dans ces occasions, les censeurs publics, suivant l’expression de M.
Nommé en 1794 professeur de morale à l’école normale, qui venant d’être fondée, appelé bientôt après à l’Institut, il vit s’écouler sa vieillesse, embellie par les charmes de la famille et les prévenances du respect public.
Gresset a partagé avec nos grands poëtes ce privilégé, d’avoir laissé beaucoup de ces traits qui se gravent dans les mémoires et circulent, pour l’usage journalier, dans toutes les bouches, parce que ce sont en quelque sorte des formules heureuses de la raison publique.
Je ne saurais aucunement approuver ces humeurs brouillonnes et inquiètes, qui, n’étant appelées ni par leur naissance ni par leur fortune au maniement des affaires publiques, ne laissent pas d’y faire toujours en idées1 quelque nouvelle réformation ; et si je pensais qu’il y eût la moindre chose en cet écrit par laquelle on me pût soupçonner de cette folie, je serais très-marri2 de souffrir qu’il fût publié.
Notre paralytique, Couché sur un grabat dans la place publique, Souffrait sans être plaint : il en souffrait bien plus.
il leur envoie son esprit de sagesse et de prévoyance ; il leur fait prévenir les maux qui menacent les États, et poser les fondements de la tranquillité publique. […] Cependant le pécheur triomphe à son aise, et jouit de la réputation publique. […] Bossuet parle sous l’impression d’une douleur publique, à laquelle il mêle un deuil personnel.
Une seule chose la distingue, c’est que l’auteur écrit dans un temps où il n’y a plus de délibération publique, du moins sur les grands sujets. […] Ainsi, Agathon échoua sur ce seul point ; mais, dans les péripéties et dans les actions simples, il réussit merveilleusement à satisfaire le goût du public. […] En effet, soit que l’on délibère en particulier, ou que l’on harangue en public, on emploie l’un ou l’autre de ces moyens. […] Il en est de même de ceux qui possèdent tels biens dont seront dignes les hommes honorables, c’est-à-dire les richesses, de nombreuses relations, des fonctions publiques, et toutes choses analogues. […] On voit clairement aussi quels sont ceux qui doivent exciter notre émulation ; ce sont : Ceux qui possèdent ces biens et d’autres de même nature, c’est-à-dire les biens que nous avons déjà énumérés, tels que le coulage, la sagesse, la fonction publique, car les fonctionnaires publics peuvent rendre service à beaucoup de monde.
Le même orateur fait de la modestie de son héros le tableau suivant : « Il revenait de ses campagnes triomphantes, avec la même froideur et la même tranquillité que s’il fût revenu d’une promenade, plus vide de sa propre gloire que le public n’en était occupé.
L’édit de Nantes, publié en 1598 par Henri IV, accordait aux calvinistes la liberté de conscience, l’exercice de leur culte et l’admission aux charges et aux fonctions publiques.
Si le public applaudit surtout sa tragédie de Marie Stuart, c’est que la popularité va de préférence aux œuvres de théâtre ; car ses autres pages ne sont pas moins dignes d’attention.
Je n’aime guère cette comparaison ; car le mot d’abeille éveille des idées d’industrie utile et dévouée à la chose publique.
Mirabeau, accusé de trahison par ses ennemis, se défend en ces termes : « — Celui qui a la conscience d’avoir bien mérité de son pays, et surtout de lui être encore utile ; celui que ne rassasie pas une vaine popularité, et qui dédaigne les succès d’un jour pour la véritable gloire ; celui qui veut dire la vérité, qui veut faire le bien public, indépendamment des mobiles mouvements de l’opinion populaire ; cet homme porte avec lui la récompense de ses services, le charme de ses peines et le prix de ses dangers ; il ne doit attendre sa moisson, sa destinée, la seule qui l’intéresse, la destinée de son nom, que du temps, ce juge incorruptible, qui fait justice à tous. » — (Du droit de paix et de guerre. 2e Discours.)
L’auteur a pu déjà produire au public les lettres de félicitations que lui ont adressées NN.
Mais, ainsi que le praticien s’instruit principalement dans les hôpitaux et au lit des malades, c’est surtout dans les assemblées politiques ou religieuses ; dans la place et la voie publique, au parterre des théâtres, dans la société intime où l’a placé la nature ou le hasard, que l’écrivain étudiera les passions : Segnius irritant animos demissa per aurem, Quam quæ sunt oculis subjecta fidelibus… Un fait dont on a été témoin, un mot, un signe caractéristique, échappés d’instinct à la passion, que l’observation les recueille, que la méditation les mûrisse, et ce travail sera plus utile que tous les commentaires de la philosophie, que tous les modèles de la poésie et de l’éloquence.
Nous prîmes la voiture publique de Soissons, et nous la quittâmes à dix lieues et demie de Paris, au-dessus de Dammartin.
Ces vers, qui de nous ne les répète encore aujourd’hui, comme une espérance de victoire nationale et de salut public ?
Au pluriel, il signifie édifice public, et par extension toute autre maison, logis, appartement. — Templum était un lieu profane consacré par les augures. […] Comme il n’y avait point d’hôtelleries publiques chez les anciens, on allait loger chez ses amis. […] Ainsi, outre les lares domestiques, il y en avait de publics, dont les uns présidaient aux chemins, viales ; les autres aux carrefours, compitales ; d’autres à chaque ville, urbani. […] Il a plus de rapport aux nouvelles publiques, aux bruits qui courent. — Interrogare (rogare inter), interroger, a plus de rapport au sentiment, à l’opinion de celui qu’on interroge. […] Sponsio signifie aussi gageure. — Pactio(de paciscor) était une convention solennelle. — Fœdus était un traité public.
Il mourut dans son évêché d’Auxerre, en 1593, sans avoir eu la joie d’entrevoir le retour de la concorde publique.
Elle excelle par la tenue, le bon sens pratique, la justesse, la mesure et la convenance de la conduite publique ou privée.
Ce n’est plus un villageois discourant savamment sur les intérêts publics, c’est Paul-Louis se livrant avec une sorte d’enthousiasme au besoin de dire sa vocation de pamphlétaire et de la venger des mépris d’une portion de la société.
C’est un devoir rigoureux, quoique malheureusement trop méconnu, de respecter la conscience publique, la décence et les mœurs.
Nous redoutons non seulement les reproches publics, mais les pensées même les plus secrètes. […] Vous avez traîné hors de chez lui le cadavre sanglant de Clodius, vous l’avez jeté sur la place publique, vous l’avez abandonné à la voirie pour servir de pâture aux chiens dévorants. […] Nous craignons non seulement les reproches publics, mais même les pensées les plus secrètes.
Joie puérile de la médiocrité, qui rappelle les insulteurs publics que les Romains plaçaient sur le chemin des triomphateurs, et qui ne les empêchaient pas de s’élever, entourés d’acclamations et couronnés de lauriers, aux pompes du Capitole ! […] Je ne réponds pas d’y avoir réussi ; et je ne sais si le public, accoutumé aux sages emportements de Malherbe, s’accommodera de ces saillies et de ces essais pindariques. » 19.
Les injures de vos ennemis sont les acclamations satiriques qui suivent le cortège des triomphateurs : c’est l’empressement du public pour tous vos écrits qui produit les vols dont vous vous plaignez ; mais les falsifications n’y sont plus faciles, car le fer ni le plomb ne s’allient pas avec l’or2. […] Le public, sans doute, en jugera comme vous, et c’est encore ce qui m’afflige.
La grandeur qui vient par-dessus, loin d’affaiblir la bonté, n’est faite que pour l’aider à se communiquer davantage, comme une fontaine publique qu’on élève pour la répandre. […] Il réussit mieux quand il tenta de faire connaître au public les lois de l’astronomie et les découvertes des savants dans ses Entretiens sur la pluralité des mondes (1686), et surtout dans les Eloges des académiciens, qu’il composa comme secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, et qui sont un modèle tout ensemble de finesse, d’aisance et de clarté. […] Aussi cet ouvrage reçut-il les applaudissements publics, et l’approbation des personnes les plus capables de ces calculs et de ces comparaisons et les plus versées en toutes ces matières, qui en admirèrent la profondeur, la justesse, l’exactitude et la clarté. […] J’eus sujet de me plaindre de mon tailleur, qui m’avait fait perdre en un instant l’attention et l’estime publiques ; car j’entrai tout à coup dans un néant affreux. […] Mais lorsqu’il fallait soutenir la majesté du prince dans les cérémonies publiques ?
Sans doute ce triste spectacle des vanités humaines nous imposait ; et l’espérance publique, frustrée tout à coup par la mort de cette princesse, nous poussait trop loin.
Les Romains s’aperçurent bien vite de ce ridicule : moins artistes que les Grecs, ils méprisèrent dans l’enseignement tout ce qui ne leur paraissait que jeux d’imagination et amusements de vaincus ; plus pratiques surtout et plus positifs, ils ne voulurent s’occuper que de la partie de la rhétorique à laquelle les institutions démocratiques donnaient une importance réelle dans la vie active et publique.
« M. le Tellier ne ressemble pas à ces âmes oisives qui n’apportent d’autre préparation à leurs charges que celle de les avoir désirées ; qui mettent leur gloire à les acquérir et non pas à les exercer ; qui s’y jettent sans discernement et s’y maintiennent sans mérite, et qui n’achètent ces titres vains d’occupations et de dignités, que pour satisfaire leur orgueil et pour honorer leur paresse : il se fit connaître au public par l’application à ses devoirs, la connaissance des affaires, l’éloignement de tout intérêt. » A ces exemples connus la littérature contemporaine pourrait en ajouter beaucoup d’autres.
Je ne veux point parler ici de ces lettres, fort estimées d’ailleurs, qui sont tout entières à l’adresse du public : de la lettre, elles n’ont que le nom.
Tu vivrais, tu verrais te suivre, et t’applaudir De ce public blasé la foule indifférente, Qui prodigue aujourd’hui sa faveur inconstante A des gens dont pas un, certes, n’en doit mourir.
Disons donc que la vraie éloquence est bien différente de cette causeuse des places publiques, et son style bien éloigné du jargon ambitieux des sophistes grecs.
[Notice] Orateur et homme d’État formé par une longue expérience de la vie publique, M.
Personne n’a plus de droits que Lefranc de Pompignan à cette espèce de réparation publique : personne n’eut plus à se plaindre que lui des vengeances de l’esprit de parti ; et, trop longtemps victime d’un zèle, indiscret peut-être, mais toujours estimable par son objet, il n’est guère connu de la jeunesse actuelle que par les pamphlets et les sarcasmes de Voltaire.
Il s’agit d’un hôpital, et voici comme il le décrit : « Voyons-la (la reine) dans ces hôpitaux où elle pratique ses miséricordes publiques ; dans ces lieux où se ramassent toutes les infirmités et tous les accidents de la vie humaine ; où les gémissements et les plaintes de ceux qui souffrent, remplissent l’âme d’une tristesse importune ; où l’odeur qui s’exhale de tant de corps languissants, porte dans le cœur de ceux qui les servent le dégoût et la défaillance ; où l’on voit la douleur et la pauvreté exercer à l’envi leur funeste empire ; et où l’image de la misère et de la mort entre presque par tous les sens ».
La sanction des autres est l’usage et l’assentiment des écrivains éminents ; leur code, les grammaires et lexiques spéciaux, approuvés par les autorités compétentes, c’est-à-dire par les corps savants et la partie éclairée du public.
Sa main se fermait pour les dépenses privées : elle s’ouvrait pour les dépenses publiques.
Nous prîmes la voiture publique de Soissons, et nous la quittâmes à dix lieues et demi de Paris, au-dessus de Dammartin.
Il mourut si pauvre, que le sénat fut obligé de marier ses filles aux dépens du trésor public. […] Son livre sur les prétendus abus de la messe ayant été censuré par les théologiens catholiques, il ne voulut leur répondre que dans une conférence publique, qui se tint à Fontainebleau, en 1600, en présence de toute la cour.
On peut puiser une description à quatre sources différentes : 1° dans la nature, en représentant quelque scène solennelle ou quelque objet touchant, qui se présente journellement à nos yeux, depuis la fleur qui cache ses parfums sur les bords du ruisseau, jusqu’à la foudre qui brise les chênes séculaires et à la tempête qui bouleverse les mers ; 2° dans la société, en peignant les événements qui se passent soit au sein de la famille soit sur ce théâtre mobile où les hommes déploient, tantôt en public, tantôt dans les réunions et soirées, leurs talents, leurs mœurs, et l’infatigable activité de l’esprit ; 3° dans le cœur humain ; l’écrivain y découvre les ressorts secrets qui font mouvoir les sociétés, il étudie les mouvements les passions, il y sonde les mystères de la conscience ; pour cela il s’étudie lui-même ; son cœur est comme un écho où viennent se répercuter tous les bruits de ceux qui 1’environnent ; 4° dans l’idée d’une puissance suprême : la pensée prend son essor par de là les limites du monde périssable ; elle va dans une région supérieure chercher de plus nobles images, s’empare de ces mystérieux rapports qui unissent le ciel et la terre, et nous fait respirer d’avance un parfum d’immortalité. […] Les auteurs dramatiques sentent la force de la vérité, et savent que le public aime à voir agir, à entendre parler les grands acteurs des siècles passés.
« Il n’est pas temps de se préparer, dit-il, trois mois avant que de faire un discours public : ces préparations particulières, quelque pénibles qu’elles soient, sont nécessairement très-imparfaites, et un habile homme eu remarque bientôt le faible ; il faut avoir passé plusieurs années à se faire un fond abondant.
Voulez-vous du public mériter les amours ?
Placé entre ces deux nécessités, la vérité du tableau et les exigences de la morale, ne pouvant ni faire succomber Tartuse sous Orgon ou sous Cléante, ni éviter de lui infliger le châtiment qu’exigeait la vindicte publique, Molière a dû faire partir de plus haut le coup qui le frappe ; là ou jamais, en effet, se rencontrait la condition imposée par Horace.
Né au milieu des orages d’une révolution, rejeté par elle au delà des mers, il y grandit librement, en dehors de toute imitation, n’écouta que la muse intérieure, et devint à l’école des malheurs publics et domestiques, l’éloquent interprète de tous les regrets et de toutes les espérances, l’instrument prédestiné d’une restauration littéraire, morale et religieuse.
Catilina dit, en parlant de Cicéron : Sur le vaisseau public ce pilote égaré Présente à tous les vents un flanc mal assuré ; Il s’agite au hasard, à l’orage il s’apprête, Sans savoir seulement d’où viendra la tempête. […] 3° Le singulier pour le pluriel, ou le pluriel pour le singulier : Le Germain révolté, c’est-dire les Germains ; l’ennemi vient à nous, pour les ennemis ; il est écrit dans les Prophètes, c’est-à-dire dans un livre de quelqu’un des Prophètes ; nous pour je dans les discours publics ; les Bossuet, les Fénelon, les Massillon, pour Bossuet, Fénelon, Massillon. […] Du milieu de cette assemblée auguste, une voix publique, formée par l’amour et par la douleur, s’élève contre moi et me reproche des louanges trop au-dessous de mon sujet, tandis que je parais craindre d’en donner d’excessives.
Après avoir lu au titre : Lettres à un ami, après quelques mots d’introduction, on voit disparaître l’ami, et on s’aperçoit bientôt que l’auteur n’a adressé ses lettres à aucune personne déterminée, mais qu’il les a écrites pour le public. […] Il faut le connaître par soi-même ou par la voix publique. […] Souffrez donc, Monseigneur, qu’un inconnu se mêle au concert de la joie publique.
Son corps fut rapporté à Rome, où il entra au milieu des larmes et de la désolation publique.
… » Et il n’a pas le courage d’achever ; il reste muet dans sa douleur, il attend ce récit fatal ; le public l’attend de même.
Les acteurs, quand ils la saisissaient, ce qui n’arrivait pas toujours, appuyaient sur elle, c’est-à-dire lui ôtaient une partie de son caractère, pour la faire saisir du public.
Mais quand Racine dit : Quel est ce glaive enfin qui marche devant eux ; quand Corneille crée l’expression que nous avons déjà remarquée : Et tous trois à l’envi s’empressaient ardemment A qui dévorerait ce règne d’un moment ; quand, d’autre part, des hommes de talent se laissent entraîner aux vicieuses métaphores que nous avons signalées plus haut, il est bien évident que ce ne sont plus là des figures de domaine public, dont on ne doit tenir aucun compte à l’écrivain ; elles appartiennent en propre à celui qui les a créées, et peuvent, en conséquence, être étudiées comme formes à imiter ou à fuir.
Ame chevaleresque, elle resta fidèle à l’infortune trop méritée de Fouquet, et à la vieillesse assombrie de Corneille que désertait l’ingratitude publique.
Ce n’est là rien de plus qu’un juste tribut payé à leur renommée ; en d’autres termes, c’est la modestie convenable à tout individu, de penser que son jugement inexpérimenté est sujet à se méprendre plutôt que la voix unanime du public.
Là, point d’élégantes, arrivant à huit heures au milieu d’une scène intéressante, et fermant avec fracas la porte de leur loge pour attirer tous les yeux sur elles ; là point d’applaudisseurs à gages, à qui l’on a, pour ainsi dire, noté, sur la pièce, les endroits qu’ils doivent applaudir ; là, point de parti pris contre telle ou telle actrice, contre tel ouvrage ; point d’influence de journaux, de coteries, de salons : le public de ces jours de gratis, par cela même qu’il va rarement au spectacle, y porte une attention que rien ne peut corrompre De Jouy. […] Après lui, Tarquin l’Ancien, pour se faire des créatures, augmenta le nombre des sénateurs jusqu’au nombre de trois cents, où ils demeurèrent fixés durant plusieurs siècles, et commença les grands ouvrages qui devaient servir à la commodité publique.
Dans Massillon : « Ce monde ennemi de Jésus-Christ, ce monde qui ne connaît pas Dieu, ce monde qui appelle le bien un mal et le mal un bien, ce monde, tout monde qu’il est, respecte encore la vertu, envie quelquefois le bonheur de la vertu, cherche souvent un asile et une consolation auprès des sectateurs de la vertu, rend même des honneurs publics à la vertu. » Inutile de s’arrêter à la répétition, ni d’en énumérer toutes les variétés indiquées par les rhéteurs.
Rollin, flatté par l’heureux débit de ses deux premiers volumes, en donna deux autres, et acheva par là de mettre le public de son côté.
Ame chevaleresque, elle resta fidèle à l’infortune trop méritée de Fouquet, et à la vieillesse assombrie de Corneille que désertait l’ingratitude publique.
Il faut entendre dans le sens le plus élevé ce mot de chronique qui pourrait bien tomber dans la disgrâce du public sérieux, tant on en a fait abus.
Nous nous sommes efforcé toutefois d’introduire dans ce volume des améliorations que le public a déjà parfaitement appréciées dans notre Cours élémentaire de rhétorique. […] Nous aurons toujours ce scrupuleux respect pour notre public, c’est-à-dire pour les maîtres et les élèves, et volontiers nous profiterons de tous les conseils qui nous seront donnés. […] Le chemin public, dit Quintilien, n’est pas pour nous une loi indispensable ; nous le quittons souvent pour abréger la marche ; si le pont est brisé, nous cherchons un détour, et si la porte est environnée de flammes, nous sortirons par la fenêtre. […] Mais respectez toujours les arrêts d’un véritable Aristarque ; sinon, vous serez condamnés par deux juges inexorables : le public et le temps. […] Les lettres dont il s’agit n’ont été adressées à aucune personne déterminée, et c’est au public que l’on veut parler.
Dans les passions, comme dans les mœurs, l’écrivain doit s’étudier d’abord ; mais comme il n’est pas absolument nécessaire, pour peindre ou inspirer la passion, de l’éprouver ou de l’avoir éprouvée soi-même, et qu’il suffit de la bien comprendre, il doit l’étudier aussi dans les autres, dans les assemblées publiques, dans la société intime, enfin, dans les écrivains qui ont su le mieux la traiter.
Il faut le connaître par soi-même, ou par la voix publique.
Dans quelque rang que le ciel nous ait placés, nous devons autant qu’il est en nous, contribuer au bien public, et au bien de nos semblables.
Tous les tyrans, tous les magistrats, tous les politiques qui ont de l’ambition, paraissent bienfaisants et généreux ; ils paraissent se donner, et ils veulent prendre les peuples ; ils jettent l’hameçon dans les festins, dans les compagnies, dans les assemblées publiques ; ils ne sont pas sociables pour l’intérêt des hommes, mais pour abuser de tout le genre humain.
Alors commence une guerre effroyable : ni l’âge ni le sexe ne sont épargnés ; les places publiques, les routes, les champs même, et jusqu’aux lieux les plus déserts, se couvrent d’instruments de torture, de chevalets, de bûchers, d’échafauds.
Les Mœurs de Sybaris On ne met point dans cette ville de différence entre les voluptés et les besoins ; on bannit tous les arts qui pourraient troubler un sommeil tranquille ; on donne des prix, aux dépens du public, à ceux qui peuvent découvrir îles voluptés nouvelles. […] Mais je ne trouve point de couleurs assez noires Pour en représenter les tragiques histoires ; Je les peins dans le meurtre à l’envi triomphants ; Rome entière noyée au sein de ses enfants : Les uns assassinés dans les places publiques ; Les autres dans le sein de leurs dieux domestiques ; Le méchant par le prix au crime encouragé, Le mari par sa femme en son lit égorgé, Le fils tout dégouttant du meurtre de son père, Et, sa tête à la main, demandant son salaire ; Sans pouvoir exprimer par tant d’horribles traits, Qu’un crayon imparfait de leur sanglante paix.
Quiconque en ses discours, par un public hommage, Rend à la vérité le plus pur témoignage, Obtient de Jupiter d’éclatantes faveurs ; Et ses derniers neveux partagent ses honneurs. […] Tantôt c’est le palais du roi, tantôt l’appartement de l’Infante, tantôt la maison de Chimène, tantôt une rue, ou une place publique. […] La scène est dans une place publique. […] Ce défaut dura long-temps : Molière l’attaqua souvent ; et il contribua à défaire le public de ces importans subalternes, ainsi que de l’affectation des précieuses, du pédantisme des femmes savantes, de la robe et du latin des médecins. […] Le Mercure galant ou la Comédie sans titre, par Boursault, est une pièce bien conduite, pleine des détails les plus agréables, et que le public voit toujours avec un nouveau plaisir.
Vous êtes, messieurs, un conseil réglé et perpétuel, dont le crédit, établi sur l’approbation publique, peut réprimer les bizarreries de l’usage et tempérer les déréglements de cet empire trop populaire.
Aujourd’hui tous les citoyens sont égaux devant l’impôt, et les percepteurs ne représentent que l’équité du Trésor public.
La République est de tous les régimes celui qui a le plus besoin de mœurs privées et publiques, de discipline, de dévouement et de vertus.
Je n’en connais pas de plus belle pour un monument public, que celle qu’on lit au-dessus de la porte de l’Arsenal de Paris.
Le Tasse et l’Arioste1 vous rendront plus de services que moi, et la lecture de nos meilleurs poëtes vaut mieux que toutes les leçons ; mais puisque vous daignez de si loin me consulter, je vous invite à ne lire que les ouvrages qui sont depuis longtemps en possession des suffrages du public, et dont la réputation n’est point équivoque2 : il y en a peu, mais on profite bien davantage en les lisant3, qu’avec tous les mauvais petits livres dont nous sommes inondés.