La métaphore donne du corps aux objets qui n’existent que dans l’imagination : elle exprime tout ce qui appartient à l’âme par des images sensibles ; elle nous fait comprendre, elle nous fait toucher du doigt, pour ainsi dire, les objets les plus spirituels, les plus abstraits. […] Elle est l’effet d’une, imagination vivement frappée, à, qui les expressions ordinaires paraissent trop faibles. […] Telles sont les lignes suivantes tirées de Guénaut de Montbelliard, dans la description qu’il fait de l’hirondelle : Toujours maîtresse de son vol dans sa plus grande vitesse, elle en change à tout instant la direction ; elle semble décrire au milieu des airs un dédale mobile et fugitif, dont les routes se croisent, s’entrelacent, se fuient, se rapprochent, se heurtent, se roulent, montent, descendent, se perdent et reparaissent pour se croiser, se rebrouiller encore en mille manières, et dont le plan, trop compliqué pour être représenté aux yeux par l’art du dessin, peut à peine être indiqué à l’imagination par le pinceau de la parole. […] Delille, L’Imagination.
Tout ce qui peut frapper des âmes pieuses et des imaginations crédules, une vision divine, une voix entendue dans les airs, — moins que cela, un songe, un mot d’heureux augure échappé au hasard, — moins que cela encore, l’éternuement d’un soldat, le vol d’une chouette au moment d’un combat, tous ces incidents que la superstition commente et que la peur grossit, deviennent des instruments de ses desseins et des auxiliaires de sa politique. […] D’abord obligé d’occuper le peuple pour le contenir, et multipliant à la fois les travaux dans la ville et les expéditions au dehors, il blasa son imagination en la satisfaisant, et usa ses forces en les prodiguant. […] Mais ce n’est pas la raison qui domine chez les peuples, c’est l’imagination. […] Les idées ont pour lui des formes qu’il distingue non - seulement à leur accent particulier et au son qu’elles rendent en touchant les cordes de son âme, mais encore à l’attitude qu’elles prennent en se présentant à son imagination.
Les temps d’agitation et de guerre ramènent toujours les imaginations vers les ouvrages qui peignent la félicité champêtre : de là, au terme du seizième siècle et au commencement du dix-septième, le goût général de ces productions en France.
Les juger en littérateur serait ne pas comprendre cette suavité toute mystique, cette alliance rare d’imagination et d’onction, cette abondance de cœur, cette charité d’une tendresse qui séraphise, parfois avec une sorte de verve lyrique.
Il veut faire peur à l’imagination tout en faisant sourire par ses hyperboles.
L’opéra ne veut point de ces intrigues compliquées qui exigent de la part du poète de très grands efforts d’imagination, et de la part du spectateur une grande contention d’esprit ; mais il demande une intrigue nette, facile à nouer et à dénouer, des incidents qui ne soient pas trop multipliés et qui naissent d’eux-mêmes, un intérêt vif et touchant, mais qui, par intervalles, laisse respirer l’âme. […] Le caractère de l’épopée est de transporter la scène de la tragédie dans l’imagination du lecteur. […] On y voit au nombre des acteurs les dieux du ciel, de la terre, des enfers ; des ombres, des démons, les furies, les habitants du Ténare, ainsi que tous ces êtres fantastiques dont l’imagination a peuplé la terre et les mers. […] Pour exceller en ce genre, il faut un jugement fin, un goût sûr, et une imagination vive et enjouée. […] La comédie d’intrigue n’offre point de caractère dominant ; elle ne demande ni talents extraordinaires, ni connaissance approfondie du cœur humain, mais seulement beaucoup d’imagination.
Le seul aspect d’une assemblée nombreuse, occupée d’une discussion importante, et attentive au discours d’un seul, dont elle attend, et dont peut en effet dépendre son sort, suffit pour élever l’esprit de l’orateur, pour échauffer son imagination.
Tu peux bien te fier sur ma tendresse, et je puis aussi t’assurer que l’idée de partir de ce monde sans te connaître est une des plus épouvantables qui puissent se présenter à mon imagination.
Les esprits vifs, pleins de feu, et qu’une vaste imagination emporte hors des règles et de la justesse, ne peuvent s’assouvir de l’hyperbole. […] Une vapeur maligne et farouche trouble et noircit son imagination, comme l’encre de son écritoire barbouille ses doigts. […] Appropriée au caractère de son imagination douce et pathétique, sa diction est sobrement ornée, élégante et pure, harmonieuse et sans effort. […] A la plus ardente imagination Jean-Jacques Rousseau joignait le jugement le plus vicieux ; et jamais son caractère ne fut au niveau de son esprit : de là les fautes de l’homme et les imperfections de l’auteur. […] S’étonnera-t-on qu’après une fécondité si prodigieuse, la vieillesse ait été prématurée pour l’imagination de Corneille ?
Et qu’on ne dise pas que soumettre la poésie à un si minutieux examen, c’est glacer l’imagination, froisser les ailes du poëte entre les gros doigts de l’analyse, Et hasarder la muse à sécher de langueur. […] Nous pouvons nous permettre beaucoup plus sous ce rapport ; n’allez point cependant amonceler dans un ouvrage d’imagination toutes les bribes technologiques d’architecture, de peinture, de chimie ou de botanique, que vous aurez ramassées dans les cours de la faculté ou dans le feuilleton de la veille.
Son imagination évoque les scènes, et ressuscite les acteurs avec tant de puissance qu’il nous donne l’impression de la réalité même.
Car il était de ces téméraires et de ces fougueux qui se précipitent tête baissée vers l’avenir qu’a rêvé leur imagination.
Casimir Delavigne 1794-1843 [Notice] Doué d’une imagination brillante et facile, d’une sensibilité tendre et généreuse, nourri de fortes études, Casimir Delavigne fut un artiste consciencieux qui, fidèle aux exemples des maîtres, les suivit pieusement dans toutes les voies où ils guidèrent son talent.
C’est sans doute une grande et belle institution que d’avoir réuni les hommes dans un temple pour les instruire de leurs devoirs ; d’avoir établi des cours publics d’entretiens approfondis entre la religion et la conscience, d’avoir contrebalancé l’impunité du présent par la justice de l’avenir, d’avoir armé les orateurs sacrés de toute la puissance de la parole pour combattre les vices, éveiller la loi, remuer le cœur, ébranler l’imagination, subjuguer la volonté et enchaîner toutes les passions sous le joug de la loi par les liens les plus intimes des intérêts éternels ; d’avoir appelé chaque héros de l’Evangile à une si haute mission, en lui disant : viens occuper dans le sanctuaire la place de Dieu lui-même : toutes les vérités morales t’appartiennent ; tous les hommes ne sont plus devant toi que des pécheurs et des mortels ; et les dépositaires du pouvoir ne se distinguent à ta vue que par de plus grandes obligations, de plus redoutables dangers et la perspective d’un plus sévère jugement. […] Ce genre d’écrire a donc de merveilleuses ressources pour l’imagination et pour l’instruction : il est plus étendu, plus élevé, plus varié que le sermon. […] L’imagination se représente tout ces vieux grognards autour d’un conscrit qu’ils ont nommés lecteur, et les voit, à ce début, retrousser leurs moustaches, se croiser les bras, prendre une attitude martiale, et se sourire l’un à l’autre comme on le fait en entendant une louange délicate et méritée. […] Notre imagination cherche à découvrir ce fait mystérieux plus formidable que celui de Rocroi.
Ovide fit étinceler dans ses diverses poésies l’imagination la plus féconde et la plus heureuse.
Cousin n’avait jamais cessé d’être sensible à la gloire littéraire ; cette passion le suivit dans sa retraite dont il charma les loisirs par des études historiques, où les vues pénétrantes, mais parfois paradoxales d’un savoir aussi précis qu’enthousiaste, s’allient à l’éclat d’une forme magistrale, et à cette puissance d’imagination qui rend la vie à la poussière des morts.
Pour rendre les images plus sensibles et plus animées, on se sert ordinairement du temps présent, quoiqu’il soit question d’une chose passée : c’est afin de la représenter à l’imagination comme si elle s’accomplissait au moment où l’on parle. […] Une pensée n’est pas susceptible de développements infinis ; il faut savoir se borner, il faut mettre un frein à son imagination, et déduire rigoureusement les conséquences des principes que l’on a posés. […] Je prie votre imagination de n’aller ni à droite ni à gauche car : » Cet homme-là, sire, c’était moi-même.
Parmi les orateurs sacrés de notre temps, il se distingue par la hardiesse des vues, par l’essor d’une verve originale, par la nouveauté, l’ardeur, l’éclat, l’imagination, la poésie, les illuminations soudaines, le mouvement, l’accent pathétique. […] L’homme est là tout entier, avec son élan, sa passion, son indépendance, son imagination, son esprit d’entreprise et d’enthousiasme, sa hauteur de caractère, digne en un mot des regards de la postérité.
L’imagination est une déesse mobile qui dispose de nos idées et les transporte partout et de mille façons. […] Nous voyons d’abord agir l’imagination dans l’état de veille de l’homme ; avec elle, il parcourt l’univers. […] Cependant, on aperçoit clairement les rapports de l’imagination ; le poète y a puisé tous ses détails : c’est l’univers, c’est l’avenir, c’est le mystérieux. […] Ce trait nous frappe l’imagination. […] L’imagination a été recréée jusqu’au dernier mot du dernier vers.
La loi et la coutume présentent sans cesse et de toutes parts des limites qu’il n’est ni permis ni possible de franchir : l’imagination est sans cesse arrêtée dans son vol ; et l’avocat ne peut jamais perdre de vue la ligne, l’équerre et le compas : son devoir principal est d’en faire constamment un emploi judicieux.
En réalité il fut le champion du bon sens ; il soumit à la règle, par son exemple non moins que par ses préceptes, des imaginations indociles ; il atteignit dans quelques parties de ses ouvrages une hauteur d’inspiration et une perfection de style qui n’ont pas depuis été surpassées.
Pour quelques efforts que vous n’aurez pas faits, au temps où une mémoire heureuse et une imagination tendre vous les rendent faciles, vous êtes déshérités de tous les biens de l’esprit.
Ce qui les distinguait surtout, c’était l’art de parler, sur-le-champ, avec la plus grande facilité ; et ce genre de mérite convenait à l’imagination ardente et légère d’un peuple que le sentiment et la pensée frappaient rapidement, et dont la langue féconde et facile semblait courir au-devant des idées.
Dès son exorde, dès sa première phrase, vous voyez son génie en action : il ne marche pas, il court dans un sentier nouveau que son imagination lui ouvre ; il se précipite vers son but, et vous emporte avec lui.
Abandonnant, à l’imagination l’incertitude de l’avenir, mais ne consultant que leur cœur sur la certitude du présent, persuadés d’ailleurs que le vrai salut du soldat est plutôt dans la mort qu’il trouve au sein de la vengeance que dans la fuite qui ne sauve que sa vie, ils ont évité la honte attachée au titre humiliant de vaincus ; ils se sont en quelque sorte identifiés avec la victoire, et leur âme, exempte de crainte, est sortie du combat avec toute sa gloire, sans avoir même senti pencher la balance du destin ».
Ce sont à la vérité des taches, et des taches beaucoup trop nombreuses dans ses éloges académiques ; mais il était aisé de les faire disparaître ; et quand il veut s’interdire ces écarts d’imagination, personne ne l’égale dans l’art de rendre non seulement intelligibles, mais agréables, des matières regardées jusqu’alors comme inabordables aux esprits ordinaires.
Appropriée au caractère de son imagination douce et pathétique, sa diction est sobrement ornée, élégante et pure, harmonieuse et sans effort.
« La véritable éloquence, dit-il, est bien différente de cette facilité naturelle de parler qui n’est qu’une qualité accordée à tous ceux dont les passions sont fortes, les organes souples et l’imagination prompte.
Tout cela rassemblé dans un point de vue lui trace l’idée la plus agréable, et peint à son imagination l’objet le plus conforme aux vœux de son cœur ; mais dans le fond, ce n’est qu’une idée, et voici ce qu’il y a de plus réel ; c’est que, pour atteindre jusque-là, il y a une route à tenir, pleine d’épines et de difficultés : mais de quelles épines et de quelles difficultés !
Brigands disciplinés, plutôt qu’hommes de génie, ils n’eurent, pendant l’espace de cinq cents ans, ni goût, ni imagination, ni sensibilité, ni éloquence.
. — Tant de difficultés n’effrayèrent point Descartes : il examine tous les tableaux de son imagination, et les compare avec les objets réels : il descend dans l’intérieur de ses perceptions qu’il analyse. — Son entendement, peuplé auparavant d’opinions et d’idées, devient un désert immense ».
Elle n’a pu venir en lui de la fécondité de son imagination, qui n’est rien moins que vive ; je ne la puis donner à la stérilité de son jugement ; car, quoiqu’il ne l’ait pas exquis dans l’action, il a un bon fonds de raison.
Ce procédé est sensible, surtout dans la comédie, où les poètes composent d’abord leur sujet selon le vraisemblable, pour y mettre après les noms qui s’offrent à leur imagination. […] Conseils pour la composition des tragédies : se mettre par l’imagination à la place des spectateurs et des personnages de la tragédie. […] C’est pour cela que la poésie demande une imagination vive ou une âme susceptible d’enthousiasme : l’une peint fortement, l’autre sent de même.
Il s’appliquera surtout à corriger par un sens droit la trop grande vivacité de son imagination. […] Le cœur fournit les sentiments, l’imagination les met en œuvre, et leur prête son coloris et ses grâces. […] Ainsi toute la poétique de l’élégie se réduit à demander au poète de la sensibilité, de l’imagination et du goût ; et, en effet, on conçoit qu’il n’y a pas pour un poème aussi simple, aussi instinctif que celui-là, si l’on peut parler ainsi, de règles particulières.
Familiarité hardie, pathétique ingénu, poésie de l’expression, brusques saillies d’imagination, élans impétueux, je ne sais quoi de vif, d’étrange, de soudain ; tel est le caractère de ses premiers sermons : ils ont le feu de la jeunesse, et une grâce de nouveauté qui ravit. […] Mais la jeunesse téméraire et mal avisée, qui présume toujours beaucoup, à cause qu’elle a peu expérimenté, ne voyant point de difficulté dans les choses, c’est là7 que l’espérance est la plus véhémente et la plus hardie : si bien que les jeunes gens, enivrés de leurs espérances, croient tenir tout ce qu’ils poursuivent ; toutes leurs imaginations leur paraissent des réalités. […] Mais ici notre imagination nous abuse encore ; la mort ne nous laisse pas assez de corps pour occuper quelque place, et on ne voit là que les tombeaux qui fassent quelque figure : notre chair change bientôt de nature, notre corps prend un autre nom ; même celui de cadavre, dit Tertullien, parce qu’il nous montre encore quelque forme humaine, ne lui demeure pas longtemps ; il devient un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue : tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes !
., au contraire, de quelles couleurs Delille a peint un vieillard plein de jours, poëme de l’Imagination, chant VI.
Parmi les orateurs sacrés de notre temps, il se distingue par l’essor, la nouveauté, l’ardeur, l’éclat, l’imagination, la poésie, la couleur, le mouvement, l’accent pathétique d’une verve originale.
L’alliance de mots pourra être jugée trop hardie, mais elle parle à l’imagination.
L’orateur, emporté par son imagination, supprime le troisième terme et laisse à l’auditeur le soin de le suppléer.
Platon, qui a répandu sur tout ce qu’il a traité les fleurs de sa brillante imagination, et qui ne concevait rien de beau que les formes intellectuelles, exige, entre autres choses, de l’orateur une diction presque poétique.
Dans le roman merveilleux ou fantastique on fait agir des personnages de pure imagination, et doués d’un pouvoir surnaturel, comme des fées, des génies, des enchanteurs ; on les appelle souvent contes de fées quand ils ont un caractère enfantin.
Des Mémoires, écrits sous le règne de Louis XIII, furent le testament de ce vieillard, dont l’imagination et le cœur, toujours jeunes, se souvenaient si bien de l’épisode d’Amboise.
Il fit pour la langue française ce que son maître Henri IV avait fait pour la France1 En lisant ses prédécesseurs, on comprend le soupir d’aise qui échappe à Boileau dans ce vers : Enfin, Malherbe vint… S’il eut peu de sensibilité, d’imagination et d’invention, s’il ne craignit pas d’être appelé le tyran des mots et des syllabes, il façonna l’instrument et le moule de la poésie.
Le langage ainsi analysé devient la peinture vivante de nos idées ; notre esprit se plaît à en saisir les rapports, notre imagination les voit comme sur un tableau, et notre mémoire vient facilement à bout de s’en souvenir.
Pour s’aider dans la méditation du plan, il faut mettre d’abord à profit tout le mécanisme de l’intelligence, c’est-à-dire saisir au vol toutes les idées que l’esprit présente à l’imagination, les retenir soit de mémoire soit par écrit, en former des pensées, voir si elles sont de bon goût, s’assurer si elles sont d’accord avec les sentiments de notre cœur, les adopter au moyen du jugement, et les classer avec discernement. […] Pour employer le pathétique avec succès, il faut être doué d’une imagination vive, d’une sensibilité exquise, et d’un grand discernement. […] L’imagination est seule maîtresse de l’invention et de tous les détails du fait. […] C’est le genre où l’imagination a la plus libre carrière, puisqu’elle n’est point gênée par la vraisemblance et qu’elle peut recourir au merveilleux. […] Elle n’exige pas une étude sévère des faits, et abandonne presque tous les détails aux caprices de l’imagination.
Les écoliers sont tout prêts à faire autrement, l’imagination vive et curieuse de leur âge les y dispose et les y invite ; qu’on essaye seulement, et bientôt on n’aura plus qu’à les retenir pour les empêcher de tomber dans la déclamation théâtrale. […] Le premier soin est de reconnaître par un coup d’œil général le sujet du morceau et de s’en pénétrer assez profondément pour y prendre un véritable intérêt ; l’attention produit une sorte d’excitation réfléchie de l’imagination. […] Le jeûne, la prière, la méditation, le silence de la solitude exaltèrent son imagination. […] Le dérèglement des mœurs et de l’imagination ne lionne point atteinte à la franchise, à la bonté naturelle du Français. […] Un sentiment de tristesse s’empare de l’imagination en entrant dans Venise.
L’école gâte la jeunesse, en faisant la part encore trop large à l’imagination et à la facilité superficielle ; elle aussi suppose trop souvent qu’on peut tout apprendre et bien apprendre en apprenant vite, et donne des primes au charlatanisme intéressé qui, pour flatter ses goûts, lui présente chaque jour de menteuses recettes.
Les épithètes (de ἐπιτίθημι, ajouter) sont des adjectifs que l’on ajoute aux substantifs pour leur donner plus de force, plus d’élévation et de noblesse ; quelque chose de plus gracieux, de plus délicat, de plus touchant ; quelque singularité piquante, une couleur plus riante et plus vive, des traits plus sensibles aux yeux de l’intelligence et de l’imagination. […] La poésie aime à se parer de comparaisons riches, nobles, touchantes, afin de plaire à l’imagination et au sentiment, et d’ajouter au sujet de nouvelles beautés.
Il ne faut qu’un tour d’imagination dans l’esprit d’un prince, une vapeur maligne qui s’élèvera dans ceux qui l’environnent, pour ruiner tout cet édifice d’ambition : et, après tout, il est bâti sur la vie de cet ambitieux.
Une imagination active et mobile, comme l’est ordinairement celle des femmes, l’attache successivement à tous ces objets, et nous nous y attachons avec elle.
Il a une brusquerie pittoresque, des images parlantes, des boutades spirituelles, un style énergique et allègre qui a le goût du terroir ; par ses pétulances d’imagination, il trahit le compatriote de Montaigne et d’Henri IV.
Il est tout égayé d’expressions qui sourient à l’imagination.
Elle se présente, d’ailleurs, si naturellement à l’imagination du poète et de l’orateur ; elle prête au langage de la passion tant de force et d’énergie, qu’il n’est pas surprenant que les exemples en soient aussi multipliés.
Chénier ouvrit, prudent, novateur, ces sources fécondes où s’est retrempée l’imagination du dix-neuvième siècle.
Elle est l’œuvre de leur intelligence parvenue à toute sa maturité, comme l’épopée est le triomphe de leur imagination dans l’essor de sa jeunesse.
Bien que le défilé soit devenu une plaine très-large par suite des atterrissements du Sperchius, bien que cette plaine soit plantée de betteraves dont un de nos compatriotes fait du sucre, il ne faut pas un grand effort d’imagination pour se représenter les Thermopyles telles qu’elles étaient cinq siècles avant notre ère.
Le style périodique convient plus spécialement aux grands orateurs ; il offre à l’imagination quelque chose de grave, d’imposant, de solennel. […] Vicit iter durum pietas… Le pieux Enée dut éprouver bien de la répugnance avant d’entreprendre ce voyage mystérieux, où tout offrait à l’imagination des choses effrayantes : ces forêts profondes et ténébreuses qu’il fallait traverser ; le Cocyte aux ondes noires et fangeuses ; le passage terrible de l’Achéron, dont les sombres bords sont pleins d’âmes errantes ; les monstres horribles qui gardent l’entrée des enfers, Cerbère avec ses trois gueules béantes, Briarée aux cent bras, l’affreuse Gorgone, l’hydre de Lerne ; enfin le Tartare avec ses divinités infernales : Pluton, Proserpine, les Euménides ;… puis ces milliers d’âmes infortunées qui habitent ces lieux pleins d’horreur et de désespoir. […] Ces vers produisent un merveilleux effet sur l’imagination.
Le genre de l’oraison funèbre tient beaucoup de celui du sermon ; mais plus variée, plus étendue, plus élevée, elle offre plus de ressources à l’imagination, et un champ bien plus fécond en leçons utiles pour les auditeurs.
Les Romains s’aperçurent bien vite de ce ridicule : moins artistes que les Grecs, ils méprisèrent dans l’enseignement tout ce qui ne leur paraissait que jeux d’imagination et amusements de vaincus ; plus pratiques surtout et plus positifs, ils ne voulurent s’occuper que de la partie de la rhétorique à laquelle les institutions démocratiques donnaient une importance réelle dans la vie active et publique.
Quand l’on vit que le cardinal avait arrêté celui qui, cinq ou six semaines devant, avait ramené le roi à Paris avec un faste inconcevable, l’imagination de tous les hommes fut saisie d’un étonnement respectueux ; et je me souviens que Chapelain, qui enfin avait de l’esprit2, ne pouvait se lasser d’admirer ce grand événement.
Mais il paraît assez prouvé maintenant qu’il était innocent des imputations dirigées contre lui au sujet des couplets scandaleux qui motivèrent sa condamnation : elle eut lieu en 1712, l’année même où naissait à Genève un autre Rousseau, destiné à captiver avec tant de puissance l’imagination de ses contemporains. — Pour défendre, au reste, la mémoire de Jean-Baptiste, on doit rappeler qu’il eut et conserva pour amis des hommes dignes de la plus haute estime, tels que Louis Racine, Rollin et Lefranc de Pompignan.
Ces accents, de pure imagination, nous charment comme une mélodieuse musiqué ; c’est de la fantaisie rêveuse.
Souvent on a loué la richesse d’imagination et de savoir qui se montre dans ce dernier ouvrage : on peut dire qu’aucun, dans le dix-huitième siècle, ne renferme plus de vues justes et fécondes, de principes vrais et lumineux, et plus de ces pensées efficaces, susceptibles de se réaliser par des applications pratiques1.
Pour moi, je n’ai jamais présumé que mon esprit fût en rien plus parfait que ceux du commun ; même j’ai souvent souhaité d’avoir la pensée aussi prompte, ou l’imagination aussi nette et distincte, ou la mémoire aussi ample et aussi présente que quelques autres.
messieurs, à propos d’une ridicule motion du Palais-Royal, d’une risible insurrection qui n’eut jamais d’importance que dans les imaginations faibles ou les desseins pervers de quelques hommes de mauvaise foi, vous avez entendu naguère ces mots forcenés : Catilina est aux portes, et l’on délibère !
Pourtant Washington n’avait point ces qualités brillantes, extraordinaires, qui frappent, au premier aspect, l’imagination humaine.
Exalté par la passion, le poëte ou l’orateur décrit-il, non plus ce que nous voyons avec lui, mais ce qu’il voit seul dans sa pensée ; reproduit-il, non la réalité des choses, mais les fantômes de l’imagination ; évoque-t-il pour les faire mouvoir, agir, répondre, interroger, les absents, les morts, les êtres inanimés et surnaturels ; c’est la prosopopée.
J’ai toujours remarqué qu’un beau morceau de poésie, lu avant de composer, et tout haut, s’il est possible, éveille l’imagination, échauffe le cœur, transporte dans les régions de l’idéal.
« C’est, selon Marmontel le premier travail de l’orateur, du philosophe, de l’historien, de tout homme qui se propose de faire un tout qui ait de l’ensemble et de la régularité. » Si nous commençons par nous tracer un plan, nous appellerons à nous les idées ; elles se réveilleront dans notre imagination, et nous pourrons ensuite les mettre en œuvre.
Son imagination évoque les scènes et ressuscite les acteurs avec tant de puissance qu’il nous donne l’impression de la réalité même.
« Telle est la puissance de l’imagination et du sentiment en nous, que nous rendons la vie à ceux qui nous ont quittés.
L’imagination, jusque-là libre et indomptée, se soumet au frein de la raison.
Il joint aux grâces du sentiment le coloris de l’imagination ; et en s’attachant à plaire par tout ce que l’élocution a de plus séduisant, il contribue merveilleusement à la persuasion.
On y souffre cependant les traits brillants d’une imagination hardie, un style noble et animé, et un certain enthousiasme.
Le déréglement des mœurs et de l’imagination ne donne point atteinte à la franchise à la bonté naturelle du Français.
Voilà nos classiques ; l’imagination de chacun peut achever le dessin et même choisir son groupe préféré ; car il faut choisir, et la première condition du goût, après avoir tout compris, est de ne pas voyager sans cesse, mais de s’asseoir une fois et de se fixer.
Moraliste aussi profond que Molière et La Bruyère, il nous offre des trésors d’observations, d’expérience, de vérité, de bon sens pratique égayé par une malice enjouée, et animé par une imagination où tous les objets se réfléchissent comme en un miroir sympathique. […] Je m’écarte, je fais des écarts d’imagination. — Le sophi, un roi de Perse.
Pour elle le seul but de l’exorde, qu’elle appelle exposition, est de faire comprendre le sujet ou de s’emparer vivement de l’imagination.
La magnificence est à l’esprit ce que le sublime est au sentiment, les plus hautes conceptions du génie revêtues des plus brillantes couleurs de l’imagination.
« Quel sera le crime de l’homme du roi, qui, trompé dès le début de son expédition, frustré de la moitié des forces qu’on s’était engagé à lui fournir, enchaîné bientôt par une puissance absolue, dépourvu de tous moyens, sans vivres, sans argent, sans vaisseaux, sans soldats, traversé par mille obstacles, oublié de sa cour, tandis que les ennemis recevaient des renforts multipliés de la leur ; malgré l’excessive infériorité de ses forces, malgré l’esprit de sédition et de vertige répandu dans une armée qui n’a ni solde, ni nourriture ; malgré la désertion journalière et la défection totale de cette armée sans cesse quittant ses drapeaux pour aller joindre l’ennemi, trouve moyen de faire la guerre pendant trois ans sans interruption ; prend dix places, en manque une, et la manque parce que son escadre l’abandonne et laisse la mer libre à l’escadre ennemie ; gagne dix batailles, en perd une, et la perd, parce qu’une partie de ses troupes disparaît au commencement de l’action, et le laisse sur le champ de bataille, au moment où il fond sur l’ennemi ; dispute le terrain pied à pied ; lorsqu’il ne peut plus se défendre, tient pendant cinq mois en échec des forces vingt fois supérieures aux siennes ; et après avoir épuisé toutes les ressources que son zèle et son imagination pouvaient lui suggérer, après avoir payé et nourri de son argent le peu de troupes qui lui restait, est enfin obligé de rendre une ville2 bloquée par terre et par mer, une ville prise par la famine, où il ne restait pas un grain de riz, où l’on avait mangé les arbres et le cuir, sans autre défense, en un mot, que quelques canonniers, et une poignée de soldats, qui n’avaient plus la force de remuer un canon, même pas celle de se trainer jusqu’aux remparts.
Gibert que de reconnaître qu’il possède Aristote, Hermogène, Cicéron, Quintilien ; qu’il entend la matière qu’il traite ; que les grands maîtres sont bien expliqués, et qu’il y a de la dialectique dans ce qu’il a écrit sur l’art oratoire, où l’imagination a tant de part.
En publiant le Lutrin, qui prouve que l’imagination ne lui fait pas défaut, il donne encore une leçon littéraire aux partisans du burlesque.
Non moins habile à nouer une intrigue, à exciter la surprise, à combiner des situations, qu’à représenter toutes les variétés de la vie, il possède dans une proportion parfaite l’imagination, la sensibilité et la raison ; car si le comique est la forme de son génie, le bon sens en est le fonds et la substance.