En vain quelque rieur, prenant votre défense, Veut faire au moins, de grâce, adoucir la sentence : Rien n’apaise un lecteur toujours tremblant d’effroi, Qui voit peindre en autrui ce qu’il remarque en soi. […] En réfléchissant sur ce que le fond a de frivole, on ne peut que s’étonner davantage de la variété, du mouvement et de la grâce que l’auteur a su répandre sur sa matière.
Il est vrai qu’on se propose seulement d’instruire ; mais le genre didactique a ses grâces particulières : j’en appelle à l’Art de penser. […] Une délicatesse sans raffinement, une élégance sans pompe et sans affectation, des grâces naïves, en doivent faire tout l’ornement.
Le compliment que la grâce qu’il m’a faite, m’a attiré de votre part, est pour moi un second bien presque aussi précieux que le premier. […] Vous deviez parler de moi comme un sujet comblé des grâces de son maître. […] De grâce, Monsieur, dépêchez. […] Je n’ai pas mérité cette grâce, assurément ; mais. […] Chacun sent la grâce et la douceur de ces détails.
As-tu jamais fait grâce d’une souillure à tes regards, d’un crime à tes mains, d’une impureté à toute ta personne ? […] Grâce à elle, je vous l’affirme, les dissensions civiles et domestiques ne pourront prévaloir contre aucune partie de la république. […] L’ennemi du dehors, s’il est subjugué, devient notre esclave, et, s’il est reçu en grâce, se croit enchaîné par la reconnaissance. […] Elles ne demandaient d’autre grâce que celle de recevoir leurs derniers soupirs. […] pourriez-vous le prier de vous faire grâce ?
Dans ses idylles, il peint les mœurs champêtres avec une simplicité et une vérité inimitables ; ses vers sont pleins de grâce et d’harmonie ; Bion et Moschus, ses contemporains, sont moins naturels.
Les stances avec grâce apprirent à tomber, Et le vers sur le vers n’osa plus enjamber. […] Au fond le plus solide, il ajoute la forme la plus brillante ; et il arrive, dans son style, à une correction, une grâce, une harmonie, une perfection vraiment inimitable. […] Boileau, en parlant de Théocrite et de Virgile, Art p., II, v. 27 : Que leurs tendres écrits, par les Grâces dictés, Ne quittent point vos mains, jour et nuit feuilletés.
Il y a des traits d’une grande force, des pensées pleines de grâce ou de finesse, et des morceaux entiers qui respirent le ton de la véritable éloquence.
Quel fruit revient aux plus rares esprits De tant de soins6 à polir leurs écrits, A rejeter les beautés hors de place, Mettre d’accord la force avec la grâce, Trouver aux mots leur véritable tour Fuir les longueurs, éviter les redites, Bannir enfin tous ces mots parasites1, Qui, malgré vous dans le style glissés, Rentrent toujours, quoique toujours chassés ?
C’est d’enseigner à parler et à écrire avec grâce, avec élégance, avec talent ; c’est de former le goût et l’imagination ; c’est, enfin, d’apprendre à juger sainement les ouvrages d’esprit.
Si, dans un plaidoyer, outre la discussion du fait et du droit, vous avez loué ou blâmé, conseillé ou dissuadé, mais d’une manière telle que vous ayez captivé notre attention et commandé nos éloges, nous vous rendrons grâces.
Toutefois, bien qu’il ait « placé sa fortune en viager1 », on ne saurait lui refuser la grâce, le caprice, l’étincelle, le don de l’à-propos, l’art de rendre des riens agréables.
Aigri par ses souffrances, il voit dans toutes les actions humaines l’amour-propre, le calcul, le déguisement : pas une vertu ne trouve grâce devant son humeur chagrine qui désenchante la vie, calomnie l’homme et Dieu.
On ne peut pas y desirer plus de sagesse, plus de grâces, et plus de coloris. […] leur fera-t-il grâce ? […] Oui, ma femme avec raison vous chasse, Coquine ; et votre crime est indigne de grâce. […] Et moi, je te fais grâce. […] Les mœurs de la vie bourgeoise y sont peintes avec toutes les grâces imaginables.
Michel Lévy ont droit à nos remercîments, pour la bonne grâce avec laquelle ils nous ont accordé la faveur de choisir dans leur catalogue si littéraire les noms et les œuvres appropriés à notre dessein. […] Michel Lévy ont droit à nos remercîments, pour la bonne grâce avec laquelle ils nous ont accordé la faveur de choisir dans leur catalogue si littéraire les noms et les œuvres appropriés à notre dessein.
Ces travaux qui révélaient en lui le goût de l’antique simplicité et des mœurs patriarcales, se recommandaient par un style attique et souple, dont la grâce rivalise parfois avec la plume d’Amyot.
Il demande pour toute grâce la permission de voir un instant le Grand-Maître.
Je vise à la concision, je deviens obscur ; on court après la grâce : adieu le nerf et la chaleur ; tel vise au sublime, et se perd dans l’enflure ; par excès de prudence, et pour échapper à la tempête, celui-là se traîne terre à terre ; celui-ci croit trouver la variété dans le merveilleux, et son pinceau bizarre nous représente un dauphin dans les bois, un sanglier dans les flots. […] Le sujet est-il proportionné aux moyens de l’auteur : aussitôt il trouve sous sa plume l’expression juste, la clarté, et l’ordre, cet ordre lumineux, dont le mérite et la grâce consistent, je ne crois pas me tromper, à dire d’abord ce qui doit d’abord être dit, et à différer les détails pour les placer au moment favorable. […] Et ce bassin magnifique, chef-d’œuvre d’une main royale, ce port où Neptune voit flotter nos vaisseaux à l’abri des aquilons ; et ce marais longtemps stérile, longtemps battu par la rame, aujourd’hui terre nourricière que sillonne la pesante charrue ; et ces digues puissantes par qui un fleuve, jadis funeste aux moissons, apprit à suivre un cours meilleur : hélas, tous les ouvrages des mortels périront : et la langue seule garderait une fraîcheur, une grâce inaltérable ! […] Il y a telle pièce, où les caractères sont naturels, et les mœurs bien senties ; mais le style en est sans grâce, le vers y est prosaïque et dur ; malgré tout, elle aura plus de succès, elle intéressera plus longtemps que des vers sans idées et des bagatelles sonores. […] 911Quelquefois, une pièce, 912remarquable par les idées 913et bien rendue-quant-aux-mœurs, 914 mais n’ayant aucune grâce, 915 et écrite sans poids (sans dignité) 916et sans art, 917charme plus le peuple 918et l’attache mieux, 919 ne feraient des vers 920pauvres de choses (sans idées), 921et des riens sonores.
Goldsmith a peint aussi avec une grâce touchante, dans le vicaire de Wakefield, l’idéal des pasteurs modestes et bienfaisants. […] « Comme homme, le curé a encore quelques devoirs purement humains, qui lui sont imposés seulement par le soin de la bonne renommée, par cette grâce de la vie civile et domestique qui est comme la bonne odeur de sa vertu.
Dieu m’a fait en cela des grâces dont je n’étois pas digne.
Un Je me trompais 6 a souvent tant de grâce, et peut conduire un homme si loin !
Il faut reconnaître que Camille, dans l’expression de ses sentiments à l’égard de Curiace, nous touche souvent par la grâce et la simplicité de ses aveux : Tout ce que je voyais me semblait Curiace. […] Il a vraiment mis de la poésie dans ces sujets, puérils en apparence, il y a porté toutes les grâces de son imagination, il en a surtout fait autant de petites scènes dramatiques, autrement vivantes que les froids récits de ses modèles. […] Grâce à la réforme de Malherbe, et aux efforts de ceux qui cherchent à le continuer, la littérature devient le domaine de tous, et le public est le juge suprême : elle devient l’expression de la vie sociale, sous toutes ses faces, c’est vraiment une littérature mondaine, née du monde et pour le monde. […] Grâce aux dieux, je n’ai plus à parler de notre misérable époque ; tandis qu’au-dehors la domination romaine est universelle, au-dedans l’esclavage, cette plaie de notre société, nous ronge lentement. […] Je vous demanderai seulement d’en relâcher quelque peu, et de croire que les grâces lacédémoniennes ne sont plus tellement ennemies des Muses françaises que l’on ne puisse souvent les faire marcher de compagnie.
Elle a bien plus de vivacité, d’énergie et de grâce, qu’elle n’en aurait eu, si l’orateur, faisant usage de l’article, avait dit : les citoyens, les étrangers, les ennemis, les peuples, les rois, les empereurs le plaignent et le révèrent. […] Il faut dire pardonner à quelqu’un ; et en ce sens ce verbe est neutre : = le roi lui a pardonné et l’a remis en grâce. […] Il arrive quelquefois que l’infinitif qui régit le pronom qui précède, est sous-entendu ; et alors le participe ne prend ni genre ni nombre : = il a obtenu toutes les grâces qu’il a voulu : = il s’est donné tous les soins qu’il a dû : = il a employé tous les moyens qu’il a pu. […] Il faut avoir soin de n’employer le pléonasme, que quand il doit donner au discours, ou plus de grâce, ou plus de netteté, ou plus d’énergie. […] Mais on voit bien que ces phrases ainsi construites, ont moins de vivacité, de grâce et d’harmonie que les premières.
L’élégant Anacréon embellit ses badinages de toutes les grâces d’une poésie douce et légère.
Un véritable poète sait le porter avec grâce.
Son style était celui des maîtres, et, en l’assouplissant au genre tempéré de l’histoire biographique, en lui donnant plus de grâce et de simplicité, il ne faisait que prouver une fois de plus que notre siècle n’avait pas produit d’écrivain supérieur à lui ?
Ce sont les plus beaux, ceux qui ont été employés de préférence dans le dialogue par les poëtes tragiques et comiques ; ils ont plus de grâce, quand ils finissent par un mot de deux syllabes, ou de trois syllabes commençant par une voyelle et formant une élision avec le mot précédent.
Mais dès le moment qu’il fut rentré dans le devoir, il devint, comme il l’avait été auparavant, un des sujets les plus fidèles ; et le roi ne balança pas à lui rendre ses bonnes grâces et toute sa confiance. […] Grâces, filles, selon la fable, de Jupiter et de Vénus, déesse de la beauté, et dont elles composaient la cour. […] Sanadon, aux bienfaits et à la reconnaissance : elles donnaient la sagesse et l’éloquence, et dispensaient aux hommes la bonne grâce, la gaieté, la facilité des manières, et toutes les autres qualités liantes qui font la douceur de la société.
Familiarité hardie, pathétique ingénu, poésie de l’expression, brusques saillies d’imagination, élans impétueux, je ne sais quoi de vif et de soudain ; tel est le caractère de ses premiers sermons : ils ont le feu de la jeunesse, et une grâce de nouveauté qui ravit. […] Le prince ne donne aux autres qu’aux dépens d’Ergaste, et ne leur fait de grâces que celles qui lui étaient dues : c’est une faim insatiable d’avoir et de posséder. » 1.
Quelquefois de beaux nuages, comme des chars légers, portés sur le vent du soir avec une grâce inimitable, font comprendre l’apparition des habitants de l’Olympe sous le ciel mythologique ; quelquefois l’antique Rome semble avoir étendu dans l’Occident toute la pourpre de ses consuls et de ses Césars, sous les derniers pas du dieu du jour3. […] Mais la grâce est toujours unie à la magnificence dans les scènes de la nature ; et, tandis que le courant du milieu entraîne vers la mer les débris des pins et des chênes, on voit, sur les deux courants latéraux, remonter, le long des rivages, des îles flottantes de pistia et de nénuphar, dont les roses jaunes s’élèvent comme de petits pavillons.
En effet, ni le mètre, ni les figures, ni la pompe du style, ni la justesse des métaphores, ni l’harmonie, ni le nombre ne sauraient avoir autant de douceur et de grâce qu’une fable bien conduite.
« Je ne sais, a dit La Bruyère, si l’on pourra mettre jamais dans les lettres plus de tour, d’agrément et de style que l’on n’en voit dans celles de Voiture1. » Son plus grand défaut est de manquer de naturel : toutefois on l’excusera, en songeant que l’on ne pouvait arriver à la grâce qu’en passant par la subtilité et la recherche.
La bonne grâce et la politesse conviennent à tout le monde ; mais les qualités acquises doivent avoir un certain rapport et une certaine union avec nos propres qualités, qui les étende et les augmente imperceptiblement1.
. — On écrit ainsi par ce, glace, besace, grimace, espace, place, race, grâce, etc.
Sa langue est souple, élégante, unie, riche de demi-teintes ; elle allie la force à la grâce, mais ses hardiesses n’effrayent point le goût.
Cela prouve-t-il dans l’écrivain la facilité, la grâce et le naturel ? […] Sa mère, qui, pour la première fois de sa vie, lui demande une grâce. […] Melvil ne demande donc pas grâce seulement pour Marie, mais encore pour Elisabeth. […] Si cette mère était là, ses peurs obtiendraient la grâce du prisonnier. […] Non, non, dans les plaines de l’infini, tu vas venir avec moi, Dieu te fait grâce des jours que tu devais passer.
Lettre du prince de Condé à Louis XIV, lors du traité des Pyrénées, pour solliciter sa rentrée en grâce. […] Il a l’esprit, la grâce, l’imprévu, le trait et même l’abandon. […] Grâce à eux l’influence de l’esprit français se fait partout sentir. […] Aristote ne raisonne point avec plus de force et de sens ; Horace n’a pas plus de grâce et plus d’agrément. […] Certaines de ses satires sont de vrais chefs-d’œuvre et il a des épitres d’une grâce incomparable.
Grâce encore à cette précaution, les jeunes gens, préparés à toutes les surprises, ne se trouveront pas désorientés, dans ces luttes solennelles où l’on prend à tâche de tirer les sujets de composition des sources les moins connues.
Ils ne gagnent pas même les bonnes grâces du peuple, comme ils en avaient l’espoir19. […] 3° Enfin quand on ajoute des mots qui ne sont point nécessaires au sens de la phrase, mais qui donnent au discours plus de grâce, plus de force ou d’harmonie. […] V. — Rogare, demander comme une grâce. […] Pulcher (de πολύς et χάρις, grâce), beau, bien fait. […] Cic. — Venustas (de Venus,) bonne grâce.
Elle aime à se jouer au soleil et parmi les fleurs ; elle séduit par l’abandon et la grâce ; elle éblouit par le reflet de ses couleurs vives et chatoyantes.
Dédaignant de se justifier, ce grand guerrier s’adresse au peuple et s’écrie : Romains, à pareil jour qu’aujourd’hui nous vainquîmes Annibal et Carthage ; montons au Capitole, et allons rendre aux dieux des actions de grâces solennelles !
Il excelle à tracer des tableaux littéraires où l’on admire un savoir attrayant, des vues élevées, des idées libérales, de l’indépendance, de la modération, des anecdotes racontées finement, des rencontres imprévues qui piquent la curiosité, l’art d’aiguiser en ironie la fin d’un compliment, un goût délicat et sûr, un coloris poli et nuancé, un bon sens rapide et revêtu de grâce.
Toutefois, bien qu’il ait « placé sa fortune en viager1 », on ne saurait lui refuser la grâce, le caprice, l’étincelle, le don de l’à-propos, l’art de rendre des riens agréables.
L’ambition L’ambition montre à celui qu’elle aveugle, pour terme de ses poursuites, un état florissant où il n’aura plus rien à désirer, parce que ses vœux seront accomplis, où il goûtera le plaisir le plus doux pour lui, et dont il est le plus sensiblement touché ; savoir, de dominer, d’ordonner, d’être l’arbitre des affaires et le dispensateur des grâces, de briller dans un ministère, dans une dignité éclatante ; d’y recevoir l’encens du public et ses soumissions ; de s’y faire craindre, honorer, respecter.
Instruit par un lourdaud, conduit par le bâton, Sa parure est un bât, son régal un chardon ; Pour lui Mars n’ouvre pas sa glorieuse école : Il n’est point conquérant, mais il est agricole ; Enfant, il a sa grâce et ses folâtres jeux ; Jeune, il est patient, robuste et courageux, Et paie, en les servant avec persévérance, Chez ses patrons ingrats sa triste vétérance.
Il essaya, en les réglant par le son de la voix, de les faire avec grâce et avec mesure.
Disons qu’elle agit, s’il se peut, par la parole plus qu’elle ne parle ; qu’elle ne donne pas seulement à ses ouvrages un visage et de la grâce, mais un cœur, de la vie et du mouvement2.
Sa Galatée et son Estelle sont des pastorales où ne manquent ni la grâce ni l’esprit ; ses arlequinades ont de la malice et de la gaieté.
On s’attribue une supériorité de puissance et de force ; on se couronne de ses propres mains ; et lors même qu’on rend à Dieu de solennelles actions de grâces, et qu’on tend aux voûtes sacrées de ses temples les drapeaux déchirés et sanglants qu’on a pris sur les ennemis, qu’il est dangereux que la vanité n’étouffe une partie de la reconnaissance, et qu’on ne retienne au moins quelques grains de cet encens qu’on va brûler sur les autels » !
C’est l’idée de la grâce, qui est éminemment calviniste.
Si elle eut pour auxiliaires les victoires d’Arques et d’Ivry, l’acte d’abjuration et une misère affreuse, elle acheva du moins la ruine de la Ligue, et lui donna le coup de grâce, en délivrant les esprits de ce que Molière eût appelé leurs humeurs peccantes.
Il croissait avec la triple garde de ces fortes vertus, comme un enfant de Sparte et de Rome, ou, pour mieux dire encore, comme un enfant chrétien, en qui la beauté du naturel et l’effusion de la grâce divine forment une fête mystérieuse que le cœur ne peut oublier jamais.
Soit qu’il m’attaque en soldat, soit qu’il m’attaque en écrivain, il saura que je sais me défendre de bonne grâce. » (Notes de M.
La conjuration est découverte ; on croit tout perdu : Auguste accorde la grâce, et le cœur reprend son assiette et sa tranquillité. […] Le langage même du peuple a sa grâce et son élégance, comme il a sa bassesse et sa grossièreté ; il a ses tours ingénieux et vifs, ses expressions pittoresques, ses figures éloquentes. […] Dans les vers lyriques destinés au récitatif, on doit éviter le double excès d’un style ou trop diffus ou trop concis ; et c’est ce qui a été senti avec une extrême justesse par Quinault, quo l’on peut regarder comme le modèle de l’élégance, de la grâce, de la facilité, quelquefois même de la splendeur et de la majesté que la scène demande. […] Il a aussi sa finesse et ses grâces, et il ne faut pas le confondre avec le comique grossier qui n’est point un genre à part, mais un défaut de tous les genres.
Des grâces naturelles, une aimable négligence en font tout le prix. […] « Non, après ce que nous venons de voir, la santé n’est qu’un nom, la vie n’est qu’un songe, la gloire n’est qu’une apparence, les grâces et les plaisirs ne sont qu’un dangereux amusement : tout est vain en nous, excepté le sincère aveu que nous faisons devant Dieu de nos vanités, et le jugement arrêté qui nous fait mépriser tout ce que nous sommes.
Et grâces soient rendues à l’auteur de la nature qui l’a permis ainsi ; car on conçoit que, s’il en était autrement, la vie de l’écrivain et de l’orateur serait la plus intolérable existence qu’on pût imaginer.
L’envie est une passion désordonnée qui ne peut souffrir ni grâce ni vertu dans les âmes : il n’y a point d’autorité, point de réputation, point de bonheur qu’elle n’étouffât, si elle pouvait, dès leur naissance Comme elle n’a pas toujours la force en main, elle s’aide de tous les artifices de la langue : soit qu’elle cherche à détruire un crédit qui lui fait ombrage, à ternir une gloire qui brille un peu trop à son gré, à ruiner une fortune dont les débris peuvent servir à grossir la sienne, à décrier une probité qui lui fait obstacle dans ses prétentions, quoique injustes ; le moyen ordinaire et le ressort presque universel dont elle se sert, c’est la médisance et la calomnie : ce sont les préventions qu’elle donne, ce sont les piéges qu’elle tend, ce sont les coups qu’elle frappe contre l’honneur et le repos de ses rivaux.
La construction du Val de Grâce fut commencée en 1645 et achevée en 1665, après avoir été interrompue par les troubles de la Fronde.
Rappelons ces vers de Boileau : il faut les savoir par cœur : Enfin, Malherbe vint ; et le premier, en France, Fit sentir dans les vers une juste cadence, D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, Et réduisit la muse aux règles du devoir, Par ce sage écrivain la langue réparée, N’offrit plus rien de rude à l’oreille épurée ; Les stances avec grâce apprirent à tomber, Et le vers sur le vers n’osa plus enjamber.
Grâce à vos soins, ici, pendant l’orage, Pauvre oiselet, j’ai pu trouver un nid2.
C’est Térence qui, chez les Romains, parla le premier avec une pureté toujours élégante : c’est Pétrarque qui, après le Dante, donna à la langue italienne cette aménité et cette grâce qu’elle a toujours conservées : c’est à Lopez de Vega que l’espagnol doit sa noblesse et sa pompe : c’est Shakespeare qui, tout barbare qu’il était, mit dans l’anglais cette force et cette énergie qu’on n’a jamais pu augmenter depuis sans l’outrer, et par conséquent sans l’affaiblir.
Les pierres et les métaux polis par notre art ne sont pas comparables à ce bijou de la nature : elle l’a placé dans l’ordre des oiseaux au dernier degré de l’échelle de grandeur ; son chef-d’œuvre est le petit oiseau-mouche ; elle l’a comblé de tous les dons qu’elle n’a fait que partager aux autres oiseaux : légèreté, rapidité, prestesse, grâce et riche parure, tout appartient à ce petit favori.
Une délicatesse sans raffinement, une élégance sans pompe et sans affectation, des grâces naïves, en doivent faire tout l’ornement.
S’ils nous font donc quelque petite injustice, ils nous font grâce en mille manières, et nous ne voudrions pour rien qu’ils nous traitassent avec une exacte justice.
Les jeunes gens doivent s’appliquer à corriger leurs lettres en ces deux points jusqu’à ce qu’ils aient acquis par l’habitude la facilité d’écrire purement et avec grâce.
C’est déjà du Télémaque et du Bernardin de Saint-Pierre, avec plus d’abandon et de grâce pénétrante.
[Notice] Si la simplicité, le naturel, la grâce et la délicatesse sont des mérites classiques par excellence, on ne s’étonnera pas de voir figurer ici quelques pages du cahier où Eugénie de Guérin notait ses plus intimes pensées, sans songer qu’elle aurait des lecteurs.
On ne se contente pas de la simple raison, des grâces naïves, du sentiment le plus vif, qui l’ont la persuasion réelle ; on va au delà du but par amour-propre. » Lettre à MM. de l’Académie française.
De cette manière, le raisonnement n’a pas moins de force, et il a plus de grâce.
Grâce à ces fictions merveilleuses, l’épopée s’ennoblit et prend des proportions colossales ; elle peut embrasser la terre, l’enfer et le ciel ; elle ne connaît d’autres bornes que celles de la pensée elle-même ; elle a pour domaine l’infini.
Sa langue est devenue la langue de l’Europe ; tout y a contribué : les grands auteurs du siècle de Louis XIV ; ceux qui les ont suivis ; les pasteurs calvinistes réfugiés, qui ont porté l’éloquence, la méthode, dans les pays étrangers ; un Bayle surtout, qui, écrivant en Hollande, s’est fait lire de toutes les nations ; un Rapin de Thoyras, qui a donné en français la seule bonne histoire d’Angleterre ; un Saint-Évremond, dont toute la cour de Londres recherchait le commerce ; la duchesse de Mazarin, à qui l’on ambitionnait de plaire ; Madame d’Olbreuse, devenue duchesse de Zell, qui porta en Allemagne toutes les grâces de sa patrie.
Elle fut si applaudie, qu’on donna le nom des neuf muses aux neuf livres qui la composent ; La narration d’Hérodote est en effet coulante, le style plein de grâces, de douceur et de noblesse. […] Ceux de madame de La Fayette, pour les années 1688 et 1689 ; écrits d’un style animé, plein de grâces et de délicatesse ; semés de portraits finis et d’anecdotes vraiment curieuses.
Térence a un genre tout différent de Plaute : sa comédie n’est que le tableau de la vie civile ; tableau où les objets sont choisis avec goût, disposés avec art, peints avec grâce et élégance. […] Il réunit au plus haut degré tous les talents des comiques grecs et des latins : le sel et la gaîté d’Aristophane, la finesse et la vérité de Ménandre, la force et l’abondance de Plaute, la noblesse et les grâces de Térence173.
Jean-Jacques Rousseau 1712-1778 [Notice] Né à Genève, orphelin élevé presque à la grâce de Dieu, tour à tour apprenti, séminariste, musicien ambulant, trucheman d’un moine quôteur, laquais, copiste, précepteur, secrétaire, commis de caisse, Rousseau promena d’aventures en aventures, de mécomptes en mécomptes une jeunesse vagabonde, indigente et humiliée, dont les souffrances romanesques aigrirent son cœur passionné. […] Ne songez pas non plus, de grâce, à retirer celles qui sont entre les mains de Duchesne.
Chez eux, tout est grand, tout élève l’imagination, au lieu de la rapetisser ; et les détails les plus minutieux empruntent de leur pinceau une grâce qui les relève, une majesté qui les ennoblit.
Non, après ce que nous venons de voir, la santé n’est qu’un nom, la vie n’est qu’un songe, la gloire n’est qu’une apparence, les grâces et les plaisirs ne sont qu’un dangereux amusement : tout est vain en nous, excepté le sincère aveu que nous faisons devant Dieu de nos vanités, et le jugement arrêté qui nous fait mépriser tout ce que nous sommes ».
Il ne perdra pas de vue que la barre et la tribune sont, en définitive, le premier théâtre de ses combats et de ses victoires, le point de départ de sa parole ; il s’exercera à acquérir la spontanéité d’idées et d’expressions nécessaire aux luttes journalières où il est engagé ; il travaillera son organe, il ne négligera ni l’énergie, ni la grâce de l’action.
Toutes ces grâces, toute cette disposition si merveilleuse, qui surprend, qui enchante dans ses magnifiques jardins, n’est bien souvent que l’effet de quelque ordre qu’il a donné en les visitant1.
J’irai puiser sur ta trace Dans les sources de ta grâce : Et, de ses eaux abreuvé, Ma gloire fera connaître Que le Dieu qui m’a fait naître Est le Dieu qui m’a sauvé.
En effet, avec ce que je nomme l’intelligence, on démêle bien le vrai du faux ; on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique, on saisit bien le caractère des hommes et des temps ; on n’exagère rien, on ne fait rien trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes.
Moins un raisonnement se prête aux grâces, plus il faut s’efforcer de lui en donner. […] 1° L’Imagination L’Imagination est une faculté de l’âme par le moyen de laquelle nous nous représentons les objets, les événements avec vivacité, grâce, force, et quelquefois même avec exagération.
Naturaliste de fantaisie, il ravit toutes les âmes sensibles, En 1788, parut son quatrième volume, qui contenait l’épisode de Paul et Virginie, immortelle pastorale où circule la flamme de la passion, mais peinte dans toute la fleur de la grâce adolescente et avec le charme de l’innocence.
Arrêtez-vous tour à tour sur la grâce artistique et chevaleresque du contemporain de François Ier, sur l’ampleur grave et quelque peu emphatique du costume de Louis XIV, sur les oripeaux et l’élégant débraillé du siècle suivant.
Creuser patiemment son sujet, s’identifier avec les hommes, les faits ou les idées dont on s’occupe ; ne dédaigner aucun détail ; s’intéresser soi-même à l’antagonisme des forces contraires qui fait le nœud de tout récit ; en ordonner l’action et la résistance avec l’habileté stratégique d’un grand général, et, comme l’écrivain a cet avantage sur le général qu’il dispose à la fois des deux partis, ménager les succès, faire pencher alternativement la balance, de manière à tenir l’anxiété du lecteur éveillée jusqu’au dénoûment : voilà ce qui donne la véhémence et le pathétique dans les grands sujets ; dans les petits, la grâce, la finesse, la naïveté ; partout, le choix des détails, la variété des tours ; et voilà ce qui nous attache à une exposition quelle qu’elle soit.