Le mouvement en lui-même est une chose agréable, et les corps en mouvement doivent, toutes choses égales, être préférés aux corps en repos ; mais ce n’est que le mouvement modéré qui est du domaine du beau ; lorsqu’il est rapide ou immense, il rentre dans le sublime. […] Un corps qui se meut en droite ligne ne flatte pas autant l’œil que lorsqu’on lui imprime un mouvement ondulé. […] Ainsi Salluste, comparant l’âme au corps, dit : Animi imperio, corporis servitio magis utimur. […] La figure sert d’habillement, le sentiment est le corps et la substance. […] Ils n’étaient pas orateurs de profession, ni disciples de l’école ; ils se formèrent par une éducation plus puissante, au milieu des affaires et des débats publics, où des combats corps à corps à la tribune mettaient en action toutes les puissances de l’âme.
On ramenait de tous côtés les canons : tous les corps avaient été repoussés les uns après les autres ; le poste important d’Antonin avait commencé d’être évacué ; la colonne anglaise s’avançait à pas lents, toujours ferme, toujours inébranlable, coupant en deux notre armée, faisant de tous côtés un feu continu qu’on ne pouvait ni ralentir ni soutenir.
J’ai soixante-seize ans, et je sors à peine d’une grande maladie qui a traité fort mal mon corps et mon âme pendant six semaines. […] Mais comme je suis encore plus reconnaissant que philosophe, je vous donne, sur ce qui me reste de corps, le même pouvoir que vous avez sur ce qui me reste d’âme.
C’était le petit neveu d’Achille de Harlay, qui, sous Henri III, étant président du Parlement, resta fidèle au roi, et dit au duc de Guise : « C’est grand pitié quand le valet chasse le maître ; au reste mon âme est à Dieu, mon cœur au roi et mon corps entre les mains des méchants : qu’on fasse ce qu’on voudra. » 4.
Je sens que mon corps s’affaiblit et tend vers sa fin.
Contemplons la nature avec les yeux de l’âme aussi bien qu’avec les yeux du corps : partout une expression morale nous frappera, et la forme nous saisira comme un symbole de la pensée.
Un papillon sculpté sur une tombe rappelle l’idée de la résurrection des corps ; chacun sait que ce genre d’insecte devient tour à tour ver, chrysalide et papillon, et qu’ainsi il ne meurt qu’apparemment. […] La tête du guerrier se partage ; sa cervelle se répand des deux côtés, ses yeux roulent à terre, son corps reste encore un moment debout, étendant des mains convulsives, objet d’épouvante et de pitié. […] Ce corps mort encore debout, ces mains qui s’agitent convulsivement, cette cervelle qui se répand à terre, impriment dans l’âme, comme le dit Chateaubriand, l’ épouvante et la pitié.
À leur tête se présente Hérodote, que l’on a nommé le père de l’histoire, parce qu’il a le premier rassemblé en corps d’ouvrage les traditions informes, conservées jusqu’à lui sur l’airain, la pierre, les tombeaux ou les médailles. […] Ils ont donné le nom de Phalange à un corps inébranlable de fantassins ; le guerrier y touche le guerrier, les armes y pressent les armes.
Voici maintenant le commentaire poétique de ce texte consolant : Bientôt vos yeux éteints ne verront plus le jour : Sur vos fronts sillonnés la pesante vieillesse Imprimera l’effroi, gravera la tristesse : Ses frimats détruiront vos cheveux blanchissants : Vous perdrez le sommeil, ce charme de vos sens : Les mets n’auront pour vous que des amorces vaines : Vous serez sourds au chant de vos jeunes syrènes : Vos corps appesantis, sans force et sans ressorts, Feront pour se traîner d’inutiles efforts : La Mort, d’un cri lugubre, annoncera votre heure ; L’éternité, pour vous, ouvre alors sa demeure. On verse quelques pleurs, suivis d’un prompt oubli : Le corps né de la fange y rentre enseveli ; Et l’esprit, remonté vers sa source divine, Va chercher son arrêt où fut son origine.
« Rien ne s’oppose plus à la chaleur que le désir de mettre partout des traits saillants ; rien n’est plus contraire à la lumière, qui doit faire un corps et se répandre uniformément dans un écrit, que ces étincelles qu’on ne tire que par force, en choquant les mots les uns contre les autres, et qui ne nous éblouissent quelques instants, que pour nous laisser ensuite dans les ténèbres. […] Ce trait bien dégagé, cette idée énergiquement conçue devient, en quelque sorte, la séve qui circule jusque dans la moindre feuille, l’âme qui vivifie tout le corps de l’ouvrage, mens agitat molem.
Mais quand une brise vient à animer toutes ces solitudes, à balancer tous ces corps flottants, à confondre toutes ces masses de blanc, d’azur, de vert, de rose, à mêler toutes les couleurs, à réunir tous les murmures, il se passe de telles choses aux yeux, que j’essayerais en vain de les décrire à ceux qui n’ont point parcouru ces champs primitifs de la nature2. […] Le monde, ennemi de sa longue domination, avait premièrement brisé et fracassé toutes les pièces de ce corps admirable, et parce qu’encore tout mort, renversé et défiguré, il lui faisait horreur, il en avait enseveli la ruine même.
Mais je me plaindrai de ce procédé lorsque vous aurez quelque affaire auprès de cet auguste corps que vous seuls avez méprisé. […] nous trouvons toutes les traces de son corps imprimées dans la boue. […] Le sénat en corps se rend auprès de Verrès, et lui promet ce qu’il désire. […] Diodore Timarchide, qui, par son autorité, son âge, et, autant que j’en pus juger, par son expérience, était à la tête du corps, porta la parole. […] Quand les enfants auront eu la tête tranchée, leurs corps seront exposés aux bêtes : s’il est affligeant pour un père de voir en cet état le corps de son fils, qu’il achète la permission de lui donner la sépulture.
L’expérience nous apprend, par exemple, que certaines figures du corps nous paraissent plus belles que d’autres : en poussant plus loin l’examen, nous découvrons que la régularité de quelques figures et l’agréable variété des autres, sont le principe des beautés que nous y trouvons.
« En réunissant toutes ces productions, continuait l’éloquent magistrat, on en peut former un corps de doctrine corrompue, dont l’assemblage prouve invinciblement que l’objet qu’on s’est proposé n’est pas seulement de détruire la religion chrétienne.
Je restai respirant à peine, tout mon corps froid comme un marbre ; à me voir, vous n’eussiez su si j’étais mort ou vivant.
La fenêtre n’était pas assez large pour laisser passer cette partie de son armure, et l’enseigne, dans son trouble, s’y était précipité avec tant de violence, qu’il se trouva avoir la plus grande partie du corps en dehors sans pouvoir remuer, et fut pris comme dans un étau.
Il faut, dit Joubert, si l’on veut lire avec fruit, rendre son attention tellement ferme, qu’elle voie les idées comme les yeux voient les corps.
Oui, monsieur, que l’ignorance rabaisse tant qu’elle voudra l’éloquence et la poésie, et traite les habiles écrivains de gens inutiles dans les États, nous ne craindrons point de dire, à l’avantage des lettres et de ce corps fameux dont vous faites maintenant partie, que du moment que des esprits sublimes, passant de bien loin les bornes communes, se distinguent, s’immortalisent par des chefs-d’œuvre comme ceux de monsieur votre frère, quelque étrange inégalité que, durant leur vie, la fortune mette entre eux et les plus grands héros, après leur mort cette différence cesse : la postérité, qui se plaît, qui s’instruit dans les ouvrages qu’ils lui ont laissés, ne fait point de difficulté de les égaler à tout ce qu’il y a de plus considérable parmi les hommes, et fait marcher de pair l’excellent poëte et le grand capitaine.
Ce corps lourd et grossier N’est donc pas tout mon bien, n’est pas moi tout entier. Quand je pense, chargé de cet emploi sublime, Plus noble que mon corps, un autre être m’anime. […] L’âme, guide du corps, doit en tenir les rênes. […] tous ces corps dans la terre engloutis, Disparus à nos yeux, sont-ils anéantis ? […] Dans leurs corps transparens l’or de la soie éclate.
Le mouvement est une autre source du beau ; il est agréable par lui-même, et, toutes choses d’ailleurs égales, les corps en mouvement sont généralement préférés à ceux qui restent en repos.
Regarde maintenant ; vois-tu ces grands corps qui de loin te paraissent mus d’une manière uniforme ?
On appelait ainsi la partie de l’ancien habillement français qui couvrait le corps depuis le cou jusque vers la ceinture.
Des funérailles dans une ville assiégée Un officier français raconte que, traversant une rue de Candie, sillonnée de bombes et de boulets, il vit beaucoup d’habitants assemblés dans une maison ; étonné, il s’avance : le corps d’une femme était placé dans un cercueil, paré de beaux vêtements, le visage découvert, la tête ornée de perles, les doigts chargés de bagues précieuses, les bras enveloppés de dentelles, la chaussure parsemée de pierreries.
Ce qui fit un héros du prince de Condé J’appelle le principe de ces grands exploits cette ardeur martiale qui ; sans témérité ni emportement, lui faisait tout oser et tout entreprendre ; ce feu qui, dans l’exécution, lui rendait tout possible et tout facile ; cette fermeté d’âme que jamais nul obstacle n’arrêta, que jamais nul péril n’épouvanta, que jamais nulle résistance ne lassa, ni ne rebuta ; cette vigilance que rien ne surprenait ; cette prévoyance à laquelle rien n’échappait ; cette étendue de pénétration avec laquelle, dans les plus hasardeuses occasions, il envisageait d’abord tout ce qui pouvoit ou troubler, ou favoriser l’événement des choses : semblable à un aigle dont la vue perçante fait en un moment la découverte de tout un vaste pays ; cette promptitude à prendre son parti, qu’on n’accusa jamais en lui de précipitation, et qui, sans avoir l’inconvénient de la lenteur des autres, en avait toute la maturité ; cette science qu’il pratiquait si bien, et qui le rendait si habile à profiter des conjonctures, à prévenir les desseins des ennemis presque avant qu’ils fussent conçus, et à ne pas perdre en vaines délibérations ces moments heureux qui décident du sort des armées ; cette activité que rien ne pouvait égaler, et qui, dans un jour de bataille, le partageant, pour ainsi dire, et le multipliant, faisait qu’il se trouvait partout, qu’il suppléait à tout, qu’il ralliait tout, qu’il maintenait tout : soldat et général tout à la fois, et, par sa présence, inspirant à tout le corps d’armée, jusqu’aux plus vils membres qui le composaient, son courage et sa valeur, ce sang-froid qu’il savait si bien conserver dans la chaleur du combat, cette tranquillité dont il n’était jamais plus sûr que quand on en venait aux mains, et dans l’horreur de la mêlée ; cette modération et cette douceur pour les siens, qui redoublaient à mesure que sa fierté pour l’ennemi était émue ; cet inflexible oubli de sa personne, qui n’écouta jamais la remontrance, et auquel constamment déterminé, il se fit toujours un devoir de prodiguer sa vie, et un jeu de braver la mort ; car tout cela est le vif portrait que chacun de vous se fait, au moment que je parle, du prince que nous avons perdu ; et voilà ce qui fait les héros1.
C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes, qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie : c’est une troupe d’hommes armés, qui suivent aveuglément les ordres d’un chef, dont ils ne savent pas les intentions : c’est une multitude d’âmes, pour la plupart, viles et mercenaires, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants : c’est un assemblage confus de libertins, qu’il faut assujettir à l’obéissance ; de lâches, qu’il faut mener au combat ; de téméraires, qu’il faut retenir ; d’impatients, qu’il faut accoutumer à la confiance ». […] « Si je venais déplorer ici la mort imprévue de quelque princesse mondaine, je n’aurais qu’à vous faire voir le monde avec ses vanités et ses inconstances ; cette foule de figures qui se présentent à nos yeux et s’évanouissent ; cette révolution des conditions et de fortunes qui commencent et qui finissent, qui se relèvent et qui retombent ; cette vicissitude de corruptions tantôt secrètes, tantôt visibles, qui se renouvellent ; cette suite de changements en nos corps par la défaillance de la nature, en nos âmes par l’instabilité de nos désirs ; enfin ce dérangement universel et continuel des choses humaines, qui, tout naturel et tout désordonné qu’il semble à nos yeux, est pourtant l’ouvrage de la main toute-puissante de Dieu, et l’ordre de sa providence. […] il met dans le sénat un pied téméraire ; il prend part aux délibérations de ce corps vénérable ; il jette sur chacun de nous des regards sanguinaires ; il marque de l’œil la place où il veut enfoncer le poignard ». […] On peut aussi, suivant les circonstances, répondre séparément à chaque objection, ou se contenter de les réunir toutes en un seul corps, et d’en faire sentir le faux, par une raison générale et victorieuse.
Voilà notre avant-garde à bien faire animée ; Là, les archers de Créon, notre roi ; Et voici le corps d’armée, (On fait un peu de brnit.) Qui d’abord… Attendez, le corps d’armée a peur. » J’entends un peu de bruit, ce me semble4.
Mais cette lutte même, quelque affligeante qu’elle fût pour les vrais amis de l’ordre et du repos des états, n’en servit que mieux la cause de l’éloquence, en mettant toutes les passions, tous les intérêts aux prises, dans le sein d’une assemblée, qui n’offrit plus qu’un champ de bataille, et dont chaque séance était un combat opiniâtre, au lieu d’une discussion sage et paisible des opinions contraires ; et la nation vit avec douleur ses représentants partagés en deux corps d’armée, également décidés à ne rien rabattre de leurs prétentions, à ne rien abandonner de leurs droits.
Ou le monde est éternel, ou il a eu un commencement ; ou l’âme de l’homme meurt avec le corps, ou il y a une seconde vie pour elle après celle-ci : voilà toute la satisfaction que vous donneront les savants de la Grèce et les habiles de Rome.
Ce fut Gresset qui dans cette circonstance, en qualité de directeur de l’Académie française, harangua le jeune roi à la tête de ce corps, dont il était membre depuis 1748.
Un homme qui montrait la lanterne magique Avait un singe dont les tours Attiraient chez lui grand concours ; Jacqueau, c’était son nom, sur la corde élastique Dansait et voltigeait au mieux, Puis faisait le saut périlleux ; Et puis, sur un cordon, sans que rien le soutienne, Le corps droit, fixe, d’aplomb, Notre Jacqueau fait tout au long L’exercice à la prussienne1 Un jour qu’au cabaret son maître était resté, (C’était, je pense, un jour de fête)2, Notre singe en liberté Veut faire un coup de sa tête.
Pescaire, général espagnol, avait formé un corps d’élite de douze cents hommes, qu’il avait revêtus d’armures dorées. […] Vous peindrez Carloman, emporté par son ardeur, s’élançant sur le sanglier et luttant avec lui corps à corps. […] Don Jayme est saisi de douleur et de remords : il lève le siège, et renvoie à Roger celui de ses deux fils qui avait survécu, et le corps de celui qui avait succombé. […] Dans les dangers publics, ou choisissait les enfants de la ville les plus distingués par les qualités du corps et par celles de l’âme, et, afin de détourner la colère céleste, on les immolait sur les autels. […] Pais il fit exhumer le corps de cette infortunée, dont la mort semblait avoir respecté la beauté ; il la fit revêtir des habits royaux et placer sur un trône, avec la couronne sur la tête.
L’air devenu serein, il pari tout morfondu Sèche du mieux qu’il peut son corps chargé de pluie. […] On conçoit à peine comment les plans en furent tracés, et dans quels termes les ordres furent expédiés aux ouvriers ; cela semble une pensée fugitive, une rêverie brillante, qui aurait pris tout à coup un corps durable, un songe réalisé. […] Il fut donc tendu à monsieur de Bayard un beau pavillon pour se reposer ; et puis, ayant demeuré en cet estat deux ou trois heures, il mourut ; et les Espagnols enlevèrent son corps avec tous les honneurs du monde en l’église, et par l’espace de deux jours luy fut fait service très solennel ; et puis les Espagnols le rendirent à ses serviteurs qui l’emmenèrent en Dauphiné, à Grenoble ; et là, reçu par la pour de Parlement et une infinité de monde, qui l’allèrent recueillir et luy firent de beaux et grands services en la grande église de Nostre-Dame, et puis fui porté en terre à deux lieues de là, chez les Minimes.
Pascal prend plaisir à nous faire comprendre la faiblesse de notre nature, il nous humilie, il se rit de notre orgueil, mais il se souvient qu’il est chrétien et il nous fait voir que si notre corps est faible nous sommes grands par l’intelligence et surtout par notre destinée immortelle. […] On lui a reproché de manquer de majesté, de corps et de profondeur.
« Ç’a été, dit-il, dans notre siècle, un grand spectacle, de voir dans le même temps et dans les mêmes campagnes, ces deux hommes que la voix commune de toute l’Europe égalait aux plus grands capitaines des siècles passés, tantôt à la tête de corps séparés, tantôt unis, plus encore par le concours des mêmes pensées, que par les ordres que l’inférieur recevait de l’autre ; tantôt opposés front à front, et redoublant l’un dans l’autre l’activité et la vigilance.
Ceux même qui lui ont contesté avec le plus d’acharnement la divinité de sa mission, n’ont jamais songé à lui disputer le grand art de savoir conduire les hommes ; et cet art-là tient nécessairement du prodige, quand on songe à ce qu’était le peuple hébreu, lorsque Moïse conçut le projet de le réduire en corps de nation, et l’espérance de voir cette nation tenir un jour un rang distingué.
Vous ne penserez pas bien tant que vous vous porterez mal ; dès que le corps est dans l’abattement, l’âme est sans vigueur1.
Chacun veut de la vie embellir le passage : L’homme le plus heureux est aussi le plus sage… Jadis la poésie, en ses pompeux accords, Osant même au néant prêter une âme, un corps, Egayait la raison de riantes images ; Cachait de la vertu les préceptes sauvages Sous le voile enchanteur d’aimables fictions ; Audacieuse et sage en ses expressions, Pour cadencer un vers qui dans l’âme s’imprime, Sans appauvrir l’idée enrichissait la rime ; S’ouvrait par notre oreille un chemin vers nos cœurs, Et nous divertissait pour nous rendre meilleurs.
Le jour pose, en naissant, un rayon sur sa bouche ; D’une main, supportant son corps demi penché.
J’ai cru jusqu’ici que l’amour étoit une passion trop chargée de faiblesse pour être la dominante dans une pièce héroïque ; j’aime qu’elle y serve d’ornement, et non pas de corps, et que les grandes âmes ne la laissent agir qu’autant qu’elle est compatible avec de plus nobles impressions.
Au reste, vous concevez bien que cette intelligence de la passion portée jusqu’à l’illusion est le comble de l’art ; vous concevez que, pour peindre avec une certaine perfection, ou pour soulever et calmer à son gré ces fièvres de l’âme, il faut à l’écrivain des études aussi obstinées, aussi diverses qu’au médecin pour reconnaître et guérir les maladies du corps.
Pourtant, on trouve encore dans ce chef-d’œuvre la tendance symbolique du Midi : don Quichotte, c’est l’âme avec ses sublimes extravagances ; Sancho, c’est le corps qui songe à sa conservation.
C’est de lui que nous vient cet art ingénieux De peindre la parole et de parler aux yeux ; Et par les traits divers de figures tracées Donner de la couleur et du corps aux pensées.
Cependant ces grands corps insensibles font entendre des bruits profonds et mélancoliques.
Parabole Un homme est jeté par la tempête dans une île inconnue, dont les habitants étaient en peine4 de trouver leur roi, qui s’était perdu ; et ayant beaucoup de ressemblance de corps et de visage avec ce roi, il est pris pour lui, et reconnu en cette qualité par tout ce peuple.
À mon âge, on commence à sentir les infirmités, et les infirmités du corps altèrent l’esprit.
Après les couleurs, nous allons nous occuper des formes des corps. […] L’autre ligne, qu’il appelle la ligne de la grâce, est cette même ligne courbe appliquée13 aux corps solides, et l’un des exemples qu’il en donne est celui de la vis sans fin d’un tourne-broche ; il indique aussi les colonnes torses et les cornes contournées. […] Il plaît par lui-même, et les corps en mouvement, ceteris paribus, ont quelque chose de plus flatteur que ceux qui restent en repos. […] Dans le paragraphe suivant, à l’occasion de quelques recherches sur la vertu, pour prouver qu’une mauvaise action produit sur l’âme l’effet du poison sur le corps, il affecte une redondance d’expressions qu’il pousse jusqu’au ridicule. […] On entend par coutume la répétition fréquente de la même action, et par habitude l’effet que produit cette, action répétée sur l’âme ou sur le corps.
Restaut, observateur de cette règle, n’emploie pas l’article : il dit dans sa Grammaire, pag. 465 et 466 : de bon pain et de bonne eau suffisent pour la nourriture du corps humain. […] Il faut employer par, quand il exprime une action du corps, ou une action, à laquelle le corps et l’âme ont part : = les anciens monuments ont été détruits par les barbares du nord : = ce peuple est gouverné par un bon roi. […] Mais lorsqu’on emploie ces gérondifs, en les plaçant, soit au commencement, soit dans le corps de la phrase, il faut qu’il y ait dans cette phrase un mot auquel ils puissent se rapporter naturellement et sans équivoque.
La totalité des actions d’un héros, ce qu’on appelle une vie, ne peut pas non plus être la matière d’une épopée régulière, parce qu’une vie est un corps trop étendu pour qu’on puisse l’embrasser d’une seule vue, en saisir les rapports, les proportions, en voir la beauté ; parce que tout n’est pas héroïque dans la vie d’un héros ; enfin parce que les faits, n’y étant pas nécessairement enchaînés les uns avec les autres, aucun intérêt alors ne conduit le lecteur avec plaisir jusqu’au bout du poème. […] Là, pour nous enchanter tout est mis en usage ; Tout prend un corps, une âme, un esprit, un visage ; Chaque vertu devient une divinité : Minerve est la prudence, et Vénus la beauté.
Mais, dans la nourriture du corps, l’on distingue d’ordinaire par le goût même ce qui nuit à la santé.
Ces mots placés ainsi sur une ligne séparée du corps de la lettre sont dits mis en vedette.
Et tout ainsi que les vaultours volent à la senteur7 des corps pourris et corrompus, et n’ont aucun sentiment8 de ceux qui sont sains et entiers9, aussi les parties de nostre vie qui sont mal saines, mauvaises, et gastees, sont celles qui plus emeuvent nostre ennemy : c’est là que sautent incontinent ceux qui nous haïssent, c’est ce qu’ils harassent10 et qu’ils deschirent.
Si la prière et le recueillement manquent, toute la régularité extérieure, même la plus édifiante, ne servira de rien ; c’est un corps sans âme.
Faites-moi voir et espérer au delà de la tombe, plus haut que n’est tombé ce corps.
On y trouve un commencement ou exposition ; un milieu ou corps de l’action, c’est là qu’elle se noue et se déploie ; une fin ou dénouement, c’est à-dire la solution des obstacles, qui satisfait complètement la curiosité du lecteur.
Peu de carrières ont été aussi pleinement, aussi vertueusement, aussi glorieusement remplies que celle de ce fils d’un teinturier de Boston, qui commença par couler du suif dans des moules de chandelles, se fit ensuite imprimeur, rédigea les premiers journaux américains, fonda les premières manufactures de papier dans ces colonies, dont il accrut la civilisation matérielle et les lumières ; découvrit l’identité du fluide électrique et de la foudre ; devint membre de l’Académie des sciences de Paris et de presque tous les corps savants de l’Europe ; fut auprès de la métropole le courageux agent des colonies soumises ; auprès de la France et de l’Espagne le négociateur heureux des colonies insurgées, et se plaça à côté de Georges Washington comme fondateur de leur indépendance ; enfin, après avoir fait le bien pendant quatre-vingts ans, mourut environné des respects des deux mondes comme un sage qui avait étendu la connaissance des lois de l’univers, comme un grand homme qui avait contribué à l’affranchissement et à la prospérité de sa patrie, et mérita non-seulement que l’Amérique tout entière portât son deuil, mais que l’Assemblée constituante de France s’y associât par un décret public.
C’est de là qu’on a formé le corps des préceptes de l’art d’écrire, préceptes fondés par conséquent sur la saine raison et sur l’expérience, invariables et indépendants du caprice des hommes, et qui, à cause de cela, ont été et seront les mêmes dans tous les temps et chez toutes les nations.
Mes yeux virent Sisyphe, et cette énorme pierre, Qu’avec de longs efforts il roulait sur la terre ; Son corps demi-penché, ses bras forts et nerveux Poussaient au haut du mont ce rocher raboteux.
« Il faut donc penser qu’outre le rapport que nous avons, du côté du corps, avec la nature changeante et mortelle, nous avons d’un autre côté un rapport intime avec Dieu, parce que Dieu même a mis quelque chose en nous qui peut confesser la vérité de son être, en adorer la perfection, en admirer la plénitude ; quelque chose qui peut se soumettre à sa toute-puissance, s’abandonner à sa haute et incompréhensible sagesse, se confier en sa bonté, craindre sa justice, espérer en son éternité. — Il faut, par la suite du même raisonnement, que ce qui porte en nous sa marque divine, ce qui est capable de s’unir à Dieu y soit aussi rappelé.
L’œil s’exerce à connaître l’étendue et la distance dans les corps, l’alliance et les contrastes dans les couleurs ; l’oreille, à distinguer le plus ou moins d’éloignement, d’intensité, d’harmonie ou de discordance des sons ; le goût et le tact, à apprécier la nature et les degrés de la saveur, l’aspérité ou le mœlleux des surfaces ; tout le monde convient qu’il faut longtemps regarder pour voir, et écouter pour entendre.
et il donna arrêt par lequel il fut ordonné que l’on irait en corps et en habit au Palais-Royal redemander les prisonniers ; qu’il serait décrété contre Comminges, lieutenant des gardes de la reine ; qu’il serait défendu à tous gens de guerre, sous peine de la vie, de prendre des commissions pareilles, et qu’il serait informé contre ceux qui avaient donné ce conseil comme contre des perturbateurs du repos public.
Oui, monsieur, que l’ignorance rabaisse tant qu’elle voudra l’éloquence et la poésie, et traite les habiles écrivains de gens inutiles dans les États, nous ne craindrons point de le dire à l’avantage des lettres et de ce corps fameux dont vous faites maintenant partie, du moment que des esprits sublimes, passant de bien loin les bornes communes, se distinguent, s’immortalisent par des chefs-d’œuvre comme ceux de M. votre frère, quelque étrange inégalité que, durant leur vie, la fortune mette entre eux et les plus grands héros, après leur mort cette différence cesse.
Vous voulez, dites-vous, faire renaître parmi nous ces illustres morts, et j’avoue que vous leur donnez bien un corps ; mais vous ne leur rendez pas la vie ; il y a manque toujours un esprit pour les animer.
c’est là que l’étude ébaucha ma raison ; Là, je goûtai des arts les premières délices ; Là, mon corps se formait par de doux exercices.
On a dit gent, le corps gent : ce mot si facile non-seulement est tombé, l’on voit même qu’il a entraîné gentil dans sa chute. […] Tout en tenant un compte suffisant de l’étymologie, il ne négligea point les dérivations qui peuvent la modifier légèrement ; c’est ainsi qu’il fit bien de maintenir ps dans corps, moins à cause du latin corpus que par égard pour les dérivés corporel ou corporal, d’une part, et corsage, corset, corselet de l’autre.
Il s’agit d’un hôpital, et voici comme il le décrit : « Voyons-la (la reine) dans ces hôpitaux où elle pratique ses miséricordes publiques ; dans ces lieux où se ramassent toutes les infirmités et tous les accidents de la vie humaine ; où les gémissements et les plaintes de ceux qui souffrent, remplissent l’âme d’une tristesse importune ; où l’odeur qui s’exhale de tant de corps languissants, porte dans le cœur de ceux qui les servent le dégoût et la défaillance ; où l’on voit la douleur et la pauvreté exercer à l’envi leur funeste empire ; et où l’image de la misère et de la mort entre presque par tous les sens ».
Les rochers qui montrent leur cime escarpée soutiennent la terre des montagnes, comme les os du corps humain en soutiennent les chairs.
Delille, s’inspirant de ces vers, a montré aussi dans ses Jardins, chant II,… Le pas leste et vif de la jeune laitière, Qui, l’habit retroussé, le corps droit, va trottant, Son vase en équilibre, et chemine en chantant.
>Il a le diable au corps.
Cependant ces grands corps insensibles font entendre des bruits profonds et mélancoliques.
J’espère qu’il sauvera mon âme ; est-il bien décidé qu’il faille laisser périr mon corps, la seule chose de moi qui soit au pouvoir des hommes ?
Il avait la force de corps, la persévérance et la présence d’esprit qui en font triompher1.
Quand l’élève a bien remarqué dans vingt circonstances que le mot qui exprime la qualité se met au même genre et au même nombre que les noms qu’il qualifie, quand il a parfaitement compris tous les éléments de ce fait grammatical, qu’alors la règle : l’adjectif s’accorde avec le substantif en genre et en nombre, ou les deux mots, Deus sanctus , viennent résumer ces observations multipliées, et leur donner un corps ; que l’élève apprenne cette règle littéralement, comme une formule algébrique, comme le texte d’un article de loi ; alors seulement il ne l’oubliera plus.
N’oublions pas que la partie intime de l’homme doit toujours avoir le pas, dans la pensée des écrivains, sur son revêtement extérieur ; l’âme et l’esprit doivent les occuper plus que le corps.
Imiter n’est pas s’arrêter à une vaine ressemblance de mots et de formes, prendre l’apparence pour la réalité, l’ombre pour le corps.
Trois fois le jeune vainqueur s’efforça de rompre ces intrépides combattants ; trois fois il fut repoussé parle valeureux comte de Fontaines, qu’on voyait porté dans sa chaise, et malgré ses infirmités, montrer qu’une âme guerrière est maîtresse du corps qu’elle anime ; mais enfin il faut céder.
Ceux-ci se tenaient aussi tenaces en place que les plus touchés en garde contre l’opinion, contre la curiosité, contre leur satisfaction, contre leurs mouvements ; mais leurs yeux suppléaient au peu d’agitation de leur corps.
Plus de ces périodes puissantes aux membres nombreux bien joints ensemble et formant un corps sain et robuste : des phrases courtes, sans nerfs et sans muscles, incapables de porter des pensées de quelque poids.
. — « Le corps d’un homme a neuf têtes en hauteur : divisez la tête en trois parties : la première pour le front, la seconde pour le nez, la troisième pour la barbe ; faites les cheveux en dehors de la mesure du nez, divisez de nouveau en trois parties la longueur entre le nez et la barbe, etc., etc. » A l’aide de ces principes et d’un compas, on fait un bonhomme, on arrive même par l’habitude à le faire sans compas, mais on ne fait pas une œuvre d’art1.
L’enflure, dit Longin, n’est pas moins vicieuse dans le discours que dans le corps : elle a de l’apparence, mais elle est creuse au dedans. […] Sans ornements, dit Quintilien, la composition la plus sage languit bientôt et ressemble à un corps immobile et sans vie. […] Par la métaphore, on donne un corps et des couleurs aux choses les plus abstraites, et on présente les objets sensibles sous des traits plus énergiques ou plus gracieux. […] Elles sont, dit Cicéron, comme les yeux du discours, et les yeux ne doivent pas être répandus dans tout le corps. […] Dans le premier âge de la vie, l’esprit ne peut se suffire à lui-même ; il lui faut, aussi bien qu’à notre corps, une nourriture de tous les jours, une substance étrangère qui se change en sa propre substance.
C’est à vous à rappeler la confiance, à rétablir la justice, à réprimer la licence, à favoriser la population : c’est à vous à raffermir, par des lois sévères, toutes les parties du corps politique ébranlées.
du corps de l’ouvrage. — portrait, dialogue, amplification Le portrait peut représenter au physique, au moral, ou sous les deux aspects, un être réel ou imaginaire, un type, un idéal, une allégorie, Alexandre, la Chimère, l’hypocrite, un ange, le Temps.
Et pour le dire en un mot, il ne se trouve buste, tant soit-elle armée de forces de corps ou pourveuë de sens, que l’homme ne vienne au-dessus. » 1.