Tels sont les principes qui, à première vue, nous permettent de reconnaître sans la moindre hésitation les termes populaires, ceux qui furent improvisés par l’oreille, suivant l’expression de M. […] Sous Louis XII, roi grave, réfléchi, pieux, simple et sage, la muse moralise, enseigne et prêche, non sans ressembler au maître qui la fait servir à ses vues, par une bonhomie matoise qui donne à ses arrière-pensées l’air de la franchise.
Bornés seulement à distinguer les objets extérieurs, les sens de la vue et de l’ouïe auraient suffi à l’existence de l’homme ; il n’était pas nécessaire qu’ils lui procurassent pour cela ces sensations délicates de beauté et de grandeur, qui font aujourd’hui le charme de notre existence.
A. de ce que j’entends dire qu’elle a gagné la plus belle victoire et de la plus grande importance que nous ayons vue de notre siècle.
A la vue de ce nouveau plat, je vis une grande joie dans les yeux du parasite, qui fit paraître une nouvelle complaisance2, c’est-à-dire qu’il donna3 sur le poisson comme il avait donné sur les œufs.
Publiciste à courtes vues, Courier fut quinteux, misanthrope, taquin, sceptique, maussade et insociable.
Enfin, faisant un effort, il les remit dans la cassette, et courut à l’autre bout de la chambre se jeter sur son lit, la tête tournée vers la muraille, enfoncée dans l’oreiller, comme s’il eût voulu se dérober à la vue d’un spectre.
En quittant les bruyères pour se rapprocher de la vallée, on a une vue charmante.
Une chose nous semble-t-elle renfermer des qualités remarquables, aussitôt nous l’accompagnons d’une épithète exagérée, et nous la présentons comme la chose la meilleure que nous ayons jamais vue. […] Acies oculorum, la pénétration de la vue. […] Au figuré, condere historiam, Liv., faire une histoire, parce qu’on joint ensemble plusieurs évènements. — Abscondere (dare cum abs), mettre ensemble hors de la vue. […] Cic. — Occulere (de ob et oculus), ne pas laisser à la vue, couvrir. […] Au figuré, perception ou impression qui se produit dans notre âme à la vue des objets.
Un écrivain correct dans son style, est ordinairement exact dans les choses, et s’exprime toujours d’une manière si claire et si intelligible, que rien de ce qu’il veut dire, n’échappe à la vue des esprits les moins pénétrants. […] Mais il signifie agréable à la vue ; et cela, par comparaison entre le sens propre du mot riante, qui ne peut s’appliquer qu’aux personnes, et entre le plaisir que cause la vue d’une belle campagne.
« Si je jette la vue devant moi, quel espace infini où je ne suis pas !
Un magnifique éloge d’Athènes, de sa constitution, de ses lois, de ses avantages physiques et politiques, du caractère, des mœurs et de la conduite des Athéniens remplit la première partie de ce beau discours ; et ce qui ne nous semblerait qu’un brillant hors-d’œuvre, entre parfaitement ici dans les vues de l’orateur politique, qui, en remettant sous les yeux du peuple qui l’entend le tableau de la gloire et de la prospérité passées d’Athènes, se propose à la fois et de les attacher fortement à la défense d’un pays si digne de leur amour, et de les engager à honorer, à imiter le dévouement de ceux qui n’ont pas craint de mourir pour une si belle cause.
« Ce fut le 8 juillet de l’année 1709 que se donna cette bataille décisive de Pultava, entre les deux plus singuliers monarques qui fussent alors dans le monde ; Charles XII, illustre par neuf années de victoires ; Pierre Alexiowitz, par neuf années de peines prises pour former des troupes égales aux troupes suédoises ; l’un glorieux d’avoir donné des états, l’autre d’avoir civilisé les siens ; Charles aimant les dangers, et ne combattant que pour la gloire ; Alexiowitz ne fuyant point le péril, et ne faisant la guerre que pour ses intérêts : le monarque suédois libéral par grandeur d’âme ; le Moscovite ne donnant jamais que par quelque vue : celui-là d’une sobriété et d’une continence sans exemple, d’un naturel magnanime, et qui n’avait été barbare qu’une fois ; celui-ci n’ayant pas dépouillé la rudesse de son éducation et de son pays, aussi terrible à ses sujets qu’admirable aux étrangers, et trop adonné à des excès qui ont même abrégé ses jours.
Peut-être οὐχί fait-il double emploi avec ἔχει, par l’erreur d’un copiste la phrase corrigée et complétée serait : Ἤ ὅτι τὸ ἀϰουστὸν ϰίνησιν ἔχει μόνον, ἣν ὁ ψόφος ἡμᾶς ϰινεῖ Les couleurs ébranlent l’organe de la vue.]
À ce genre se rapportent donc tous les mémoires ou plaidoyers des avocats faits dans la vue d’obtenir un jugement qui absolve ou qui condamne.
Il excelle à tracer des tableaux littéraires où l’on admire un savoir attrayant, des vues élevées, des idées libérales, de l’indépendance, de la modération, des anecdotes racontées finement, des rencontres imprévues qui piquent la curiosité, l’art d’aiguiser en ironie la fin d’un compliment, un goût délicat et sûr, un coloris poli et nuancé, un bon sens rapide et revêtu de grâce.
Les amitiés littéraires Aimer Molière, c’est avoir une garantie en soi contre bien des défauts, bien des travers et des vices d’esprit ; c’est n’être disposé à goûter ni le faux bel-esprit, ni la science pédante ; c’est savoir reconnaître à première vue nos Trissotins et nos Vadius1 jusque sous leurs airs galants et rajeunis ; c’est ne pas se laisser prendre aujourd’hui plus qu’autrefois à l’éternelle Philaminte, cette précieuse de tous les temps, dont la forme seule change, et dont le plumage se renouvelle sans cesse ; c’est aimer la santé et le droit sens de l’esprit, chez les autres comme pour soi.
Cependant, Monseigneur, laissant la conscience à part, et politiquement parlant, je me réjouis avec Votre Altesse de ce que j’entends dire qu’Elle a gagné la plus belle victoire et de la plus grande importance que nous ayons vue de notre siècle, et de ce que, sans être Important 4, Elle sait faire des actions qui le soient si fort.
Celui qu’on devait un jour appeler le peintre de l’amour entreprit, pour son coup d’essai, de faire, d’après les Phéniciennes d’Euripide, le tableau de la plus affreuse haine qu’on ait jamais vue. […] mon père, oubliez votre rang à ma vue. […] Enfin l’heure est venue Qu’il faut que mon secret éclate à votre vue. […] Un gros de Sarrasins vient s’offrir à leur vue : Milice du démon, gens hideux et hagards, Engeance qui portait la mort dans ses regards. […] Les idées et les vues ne lui manquent pas, mais inventer et combiner un grand ensemble est au-dessus de sa puissance dramatique.
On le perd de vue ; on n’est occupé que de Philippe qui envahit tout.
Mais il se formait insensiblement, dans le silence du cabinet, des hommes qui devaient bientôt honorer leur pays et étonner l’Europe, par la profondeur de leurs vues et l’éclat d’une éloquence qui ne nous laisse presque plus rien à envier aux anciens, à cet égard.
Mais on conçoit que ces sortes de beautés ne peuvent être bien jugées, que vues à leur place ; et qu’il faut se transporter au milieu même des objets décrits, pour apprécier le mérite ou les défauts de la description.
Ils avaient les yeux bons ; mais ils cheminaient de nuit, et la subtilité de leur vue n’était pas comparable à la pureté de notre lumière.
Vous ne sauriez mieux réussir à l’éviter qu’en vous attachant aux deux vues générales que je viens de vous marquer : l’une, de vous convaincre toujours de plus en plus du bonheur que vous avez d’être né dans la seule véritable religion, en vous appliquant à considérer les caractères éclatants qui en démontrent la vérité ; l’autre, de vous remplir le cœur et l’esprit des préceptes qu’elle renferme, et qui sont la route assurée pour parvenir au souverain bien, que les anciens philosophes ont tant cherché et que la religion seule peut nous faire trouver.
Quelle prudence ne faut-il pas pour conduire, et réunir au seul intérêt public tant de vues et de volontés différentes ?
Ses attraits par le temps étaient un peu détruits ; Jeunes et vieux fuyaient sa vue : La pauvre Vérité restait là morfondue Sans trouver un asile où pouvoir habiter. […] Jouets constants d’une vaine fumée, Le monde entier se réveille pour eux ; Mais sur la foi de l’onde pacifique, À peine ils sont mollement endormis, Déifiés par l’erreur léthargique Qui leur fait voir, dans des songes amis, Tout l’univers à leur gloire soumis ; Dans ce sommeil d’une ivresse riante, En un moment, la Faveur inconstante Tournant ailleurs son essor incertain, Dans des déserts, loin de l’île charmante, Les aquilons les emportent soudain, Et leur réveil n’offre plus à leur vue Que les rochers d’une plage inconnue, Qu’un monde obscur, sans printemps, sans beaux jours, Et que des cieux éclipsés pour toujours. […] Car, si elle est toute dans le sentiment, et dans le sentiment produit à la vue d’un objet, il n’est pas possible qu’elle se soutienne longtemps.
Il a laissé deux ouvrages enferme de dialogues où sont exposées ses vues scientifiques et industrielles. […] Qui ne sait que la vue de chats, de rats, l’écrasement d’un charbon emportent la raison hors des gonds ? […] Il se plaisait à entrer dans les travaux ou dans les projets de tous les savants de l’Europe ; il leur fournissait des vues ; il les animait, et certainement il prêchait d’exemple. […] A la vue de ce nouveau plat, je vis briller une grande joie dans les yeux du parasite, qui fit paraître une nouvelle complaisance, c’est-à-dire qu’il donna sur le poisson comme il avait donné sur les œufs. […] Vauban, d’accord sur ces suppressions, passait jusqu’à celle des impôts mêmes : il prétendait n’en laisser qu’un unique, et, avec cette simplification, remplir également leurs vues communes sans tomber en aucun inconvénient.
Je lis dans Eugénie de Guérin : « Entre autres beaux effets du vent à la campagne, il n’en est pas qui soient beaux comme la vue d’un champ de blé tout agité, bouillonnant, ondulant sous ces grands souffles qui passent en abaissant et en soulevant si vite les épis par monceaux.
En ne perdant pas de vue son sujet on écrit avec justesse, avec précision ; on dit tout ce qu’il faut, et l’on ne dit que ce qu’il faut. […] Tout est dit pour le salut commun ; aucun mot n’est pour l’orateur ; on le perd de vue, on ne pense qu’à Philippe qui envahit tout. […] Elle que j’avais vue si attentive pendant que je rendais le même devoir à la reine, sa mère, devait être sitôt le sujet d’un discours semblable, et ma triste voix était réservée à ce déplorable ministère ! […] Son indignation n’est point aveugle ; elle se règle et se dirige en vue du succès et du salut de la patrie. […] En vue d’un effet littéraire, on renverse souvent cette construction et la proposition principale rejetée à la suite est tenue en suspens pour éveiller l’interêt.
La naïveté de la pensée consiste dans la vue soudaine d’une vérité qu’on ne soupçonnait pas, ou dans un premier mouvement qui paraît nous échapper sans étude ni réflexion. […] Il faut donc supprimer tous les mots qui n’ajoutent rien à l’idée : en multipliant les adverbes, les épithètes, les synonymes, les parenthèses, vous allongez vos phrases outre mesure, vous lassez l’attention et vous faites perdre de vue la pensée principale. […] Il naît sans effort d’une vue claire et nette des objets, ou d’un mouvement de l’âme naturel et spontané. […] Delà, leur vue pouvait embrasser le nord et l’ouest: de la ville. […] L’enthousiasme est un mouvement passionné, une émotion vive de l’âme à la vue d’un objet que la raison lui présente.
Zaïre, à la vue de Lusignan qui sort de son cachot, verse des larmes et s'écrie : Mes larmes, malgré moi, me dérobent sa vue ! […] Enfin il ne suffit pas que la pensée soit représentée avec les traits qui lui sont propres, avec la simplicité ou la majesté qui lui convient, il faut encore que le discours, l'ouvrage, ne se ressente point d'un travail quelquefois pénible, et que la narration des faits particuliers ou épisodes ne fasse point, par sa trop grande longueur, perdre de vue le sujet principal. […] Mon tout flatte le goût, l'odorat et la vue. […] C'est dans l'intervalle d'un acte à l'autre que l'auteur place toute action désagréable à la vue.
Il faut d’abord avoir le début, le corps du sujet et la fin, pour bien déterminer l’ensemble et l’étendue du morceau, et ne jamais perdre de vue cette règle si simple rappelée par Horace, qui veut que le mérite d’une sage ordonnance consiste à dire d’abord ce qui doit d’abord être dit, et à réserver les autres détails pour les placer au moment favorable ; en second lieu, on doit s’efforcer de piquer la curiosité dès le commencement, afin que l’attention se soutienne grâce à cette première impression ; enfin, il importe de ménager la progression de l’intérêt, en plaçant les pensées dans un ordre de gradation qui ne permet ni de rien répéter, ni de rien dire qui n’ajoute quelque chose à ce qui précède. […] L’homme de génie, au contraire, vivement impressionné par la vue de l’objet, en pénètre les véritables beautés, et le présente à nos regards sous un aspect qui frappe à l’instant l’imagination et l’échauffe. […] Il en est de ces gradations comme de celles du son, de la lumière et des couleurs : rien n’est heurté, mais il y a partout transition naturelle et harmonieuse, comme dans l’arc-en-ciel dont les couleurs ne sont si douces à la vue que parce qu’elles s’allient par un doux mélange. […] Leur étendue doit être proportionnée à celle du poème, afin de ne point faire perdre de vue le sujet principal.
Fléchier, après avoir célébré dans sa jeunesse la gloire de Louis XIV1 2, eut la douleur de mourir au moment où tous les fléaux réunis semblaient conspirer la ruine d’une monarchie qu’il avait vue si brillante.
On voyait aussi Minerve assemblant autour d’elle tous les beaux-arts, qui étaient des enfants tendrez et ailés : ils se réfugiaient autour d’elle, étant épouvantés des fureurs brutales de Mars, qui ravage tout, comme les agneaux bêlants se réfugient sous leur mère à la vue d’un loup affamé, qui, d’une gueule béante et enflammée, s’élance pour les dévorer.
Sa vie fut plusieurs jours en danger, et il faillit perdre la vue.
A cette vue, les Grecs, quoique bien affligés, se prennent à rire de bon cœur, et se penchant les uns vers les autres, ils se disent entre eux : « — Certes, Ulysse a fait mille grandes choses soit dans le conseil, soit à la tête des armées, mais le plus bel exploit qu’il ait accompli parmi les Grecs, c’est de fermer la bouche à ce dangereux bavard. […] Il prouve enfin que ses vues s’accordent avec les traditions des ancêtres, avec l’honneur des citoyens et les principes politiques de l’État. […] L’art des ménagements oratoires n’est donc louable que par l’usage qu’on en fait : c’est une épée qui s’offre indifféremment à toutes mains : terrible entre celles des ambitieux qui n’ont en vue que leurs intérêts particuliers, salutaire entre celles d’un homme de bien qui aime son pays.
je t’ai vue en songe, et, de terreur glacé, J’ai vu sur des écueils ton vaisseau fracassé, Ton corps flottant sur l’onde, et tes bras avec peine Cherchant à repousser la vague ionienne.
C’est un carré long, à 10 ou 12 pieds au-dessus du sol, formé par une bande étroite où les acteurs viennent dialoguer : au centre de cette bande, un peu en arrière, se trouve la scène proprement dite σκήνη, renfermant les décors, qui placés sur des pivots, changeaient à vue d’œil. […] Mais quel fut son rôle au xviie siècle, et quelle influence exerça-t-elle sur la langue de cette époque qui l’avait vue naître ? […] Vida a écrit en latin trois livres de préceptes poétiques, qui n’ont pas une autorité critique reconnue, et qui ne sont guère intéressants que par quelques vues ingénieuses qu’ils renferment sur l’éducation. — Boileau déclare n’avoir jamais lu Vida, et nous pouvons l’en croire : l’eût-il connu d’ailleurs, il ne lui aurait guère emprunté. […] Au point de vue de la méthode, mes Annales ne différeront pas beaucoup de mes Histoires ; je combinerai l’ordre chronologique des faits avec l’ordre philosophique des idées, et j’exposerai des vues générales sur les événements. […] Vous abordez la poésie pour traiter une grave et délicate question, celle de la rime ; vous faites avec raison le procès de notre versification si monotone ; mais là où je vous suis avec délices, c’est dans ce développement de vues personnelles sur la tragédie et la comédie.
Mais il y a certains défauts généraux qu’il faut avoir en vue d’éviter, et qui sont les sources ordinaires de ces mauvaises manières.
Le vautour a l’odorat très peu subtil ; c’est grâce à sa vue perçante qu’il reconnaît de loin les cadavres.
Il ne faut jamais perdre de vue les personnes auxquelles on s’adresse : de l’état de nos rapports avec elles dépendent en partie le ton, le plan, la manière que nous devons adopter.
Placée dans le lointain des siècles et vue à travers le mirage fantastique de l’imagination, l’action épique grandit par la distance : ses personnages sont à la fois humains et surnaturels.
Cette dissertation couronnée par l’Académie des Inscriptions en 1822 révélait déjà des mérites éminents ; la fermeté d’un esprit philosophique, des vues élevées, une éloquence nerveuse et substantielle, un style net et vigoureux.
A cette vue, nous fuyons glacés d’effroi. […] Ces mots, jetés au commencement du tableau, produisent un grand effet ; à la vue et même au simple récit d’un spectacle si affreux, la frayeur doit vous saisir. […] Virgile sait profiter du moment où ils offrent à la vue les formes les plus saisissantes, pour nous en retracer les principaux traits.
Il ne semble pas qu’un homme seul y puisse suffire, ni par la quantité des choses dont il faut être instruit, ni par celles des vues qu’il faut suivre, ni par l’application qu’il faut apporter, ni par la variété des conduites qu’il faut tenir et des caractères qu’il faut prendre : mais la voix publique répondra si M. d’Argenson a suffi à tout.
Martyr8 de sa justesse, il était offensé d’une saillie comme une vue délicate est offensée par une lumière trop vive.
Intelligence passionnée, expansive, sympathique aux grandes idées et aux nobles instincts, imagination ardente, romanesque et vivement éprise de la gloire, madame de Staël a des qualités viriles par le choix de ses sujets et l’étendue de ses vues.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
Souvent on a loué la richesse d’imagination et de savoir qui se montre dans ce dernier ouvrage : on peut dire qu’aucun, dans le dix-huitième siècle, ne renferme plus de vues justes et fécondes, de principes vrais et lumineux, et plus de ces pensées efficaces, susceptibles de se réaliser par des applications pratiques1.
Promptement excité par la tribune et la présence de ses contradicteurs, son esprit s’enflammait : d’abord ses premières vues étaient confuses, ses paroles entrecoupées, ses chairs palpitantes, mais bientôt venait la lumière ; alors son esprit faisait en un instant le travail des années ; et à la tribune même, tout était pour lui découverte, expression vive et soudaine.
Pour la majorité des candidats le latin est dépourvu de charmes, parce qu’il n’est pas toujours intelligible à première vue, soit à cause de la longueur des périodes, soit à cause de la finesse des pensées. […] Et que ceux de vous, juges, qui ont été d’avis de m’absoudre, ne redoutent pas la mort : il ne peut arriver malheur à l’homme de bien, ni pendant la vie, ni après le trépas ; jamais les dieux immortels ne perdent de vue ses intérêts ; et ce que j’éprouve aujourd’hui moi-même n’est pas l’effet du hasard. […] Telle est mon opinion, Sénateurs, et je n’ai pas en vue ici mon utilité personnelle, je ne désire que votre bonheur ! […] Celui qui, par la modération de ses désirs, s’est mis au-dessus des besoins, et qui n’a point à se plaindre de sa fortune, commet au moins une imprudence, s’il sacrifie à des vues ambitieuses l’heureuse médiocrité de son état ; il abandonne un bonheur réel pour des espérances incertaines. […] « César, bien que par le concours de votre fortune et de votre magnificence vous ayez souvent présenté à nos yeux d’admirables spectacles, vous ne nous avez jamais rien offert de plus agréable, rien de plus digne de votre siècle, que la vue de ces délateurs forcés de se montrer dans l’amphithéâtre, à découvert et la tête renversée en arrière.
On sent bien, d’après cela, qu’il lui devient presque superflu de réfuter des inculpations, que les auditeurs ont déjà perdues de vue, et dont l’impression est effacée.
Seulement, qu’on ne perde pas de vue le but de cette étude.
Mais c’est par cela même que l’orateur et l’écrivain doivent se mettre en garde contre l’abus, et ne jamais perdre de vue ces excellents préceptes de Cicéron, auxquels il est difficile de rien ajouter : « Nous avertirons l’orateur, dit Cicéron59, de n’employer la raillerie ni trop souvent, car il deviendrait un bouffon ; ni au préjudice des mœurs, il dégénérerait en acteur de mimes ; ni sans mesure, il paraîtrait méchant ; ni contre le malheur, il serait cruel ; ni contre le crime, il s’exposerait à exciter le rire au lieu de la haine ; ni enfin sans consulter ce qu’il se doit à lui-même, ce qu’il doit aux juges, ou ce que les circonstances demandent, il manquerait aux convenances.
Analysez toutes ces figures, et vous conclurez que toutes se rattachent à l’ironie, en ce sens que l’idée exprimée n’y est pas à elle-même son but, et qu’il n’en est aucune à laquelle ne puisse s’appliquer le mot fameux de Talleyrand : « La parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée. » Ne perdez pas de vue ce caractère de double entente ; c’est lui qui justifie non-seulement le rang que j’assigne à ces formes du discours, mais le nom même de figures que je leur donne.
L’e muet précédé d’une voyelle accentuée, dans le corps du vers, doit aussi être élidé, parce qu’il ne peut compter dans la prononciation, comme dans vie, vue, joie, aimée, etc., ainsi le vers suivant est défectueux : La joie ne règne pas dans le cœur du méchant.
Elle que j’avais vue si attentive pendant que je rendais le même devoir à la reine, sa mère, devait être si tût après le sujet d’un discours semblable ; et ma triste vois était réservée à ce déplorable ministère !
Vous apercevez cà et là quelques bouts de voies romaines, dans des lieux où il ne passe plus personne ; quelques traces desséchées des torrents de l’hiver : ces traces, vues de loin, ont elles-mêmes l’air de grands chemins battus et fréquentés, et elles ne sont que le lit désert d’une onde orageuse qui s’est écoulée comme le peuple romain.
« Il est des esprits méditatifs et difficiles qui sont distraits dans leurs travaux par des perspect ves immenses et les lointains du beau céleste, dont ils voudraient mettre partout quelque image ou quelque rayon, parce qu’ils l’ont toujours devant la vue, même alors qu’ils n’ont rien devant les yeux ; esprits amis de la lumière, qui, lorsqu’il leur vient une idée à mettre en œuvre, la considèrent longuement et attendent qu’elle reluise, comme le prescrivait Buffon, quand il définissait le génie l’aptitude à la patience ; esprits qui ont éprouvé que la plus aride matière et les mots même les plus ternes renferment en leur sein le principe et l’amorce de quelque éclat, comme ces noisettes des fées, où l’on trouvait des diamants, quand on en brisait l’enveloppe, et qu’on avait des mains heureuses ; esprits qui sont persuadés que ce beau dont ils sont épris, le beau élémentaire et pur, est répandu dans tous les points que peut atteindre la pensée, comme le feu dans tous les corps ; esprits attentifs et perçants qui voient ce feu dans les cailloux de toute la littérature, et ne peuvent se détacher de ceux qui tombent en leurs mains qu’après avoir cherché longtemps la veine qui le recélait, et l’en avoir fait soudainement jaillir ; esprits qui ont aussi leurs systèmes, et qui prétendent par exemple, que voir en beau et embellir, c’est voir et montrer chaque chose telle qu’elle est réellement dans les recoins de son essence, et non pas telle qu’elle existe aux regards des inattentifs, qui ne considèrent que les surfaces ; esprits qui se contentent peu, à cause d’une perspicacité qui leur fait voir trop clairement et les modèles qu’il faut suivre et ceux que l’on doit éviter ; esprits actifs, quoique songeurs, qui ne peuvent se reposer que sur des vérités solides, ni être heureux que par le beau, ou du moins par ces agréments divers qui en sont des parcelles menues et de légères étincelles ; esprits bien moins amoureux de gloire que de perfection, qui paraissent oisifs et qui sont les plus occupés, mais qui, parce que leur art est long et que la vie est toujours courte, si quelque hasard fortuné ne met à leur disposition un sujet où se trouve en surabondance l’élément dont il ont besoin et l’espace qu’il faut à leurs idées, vivent peu connus sur la terre, et y meurent sans monument, n’ayant obtenu en partage, parmi les esprits excellents, qu’une fécondité interne et qui n’eut que peu de confidents. » 1.
Virgile, parlant d’une bergère, dit qu’en se cachant elle désire être vue : Et fugit ad salices, et se cupit ante videri.
Il ne pourrait supporter la vue de Médée qui égorge ses enfants, d’Oreste qui tue sa mère, d’Œdipe qui se crève les yeux, d’Hippolyte attaqué par un monstre et traîné par ses chevaux. […] Cette latitude a été accordée en vue des entr’actes. […] La terreur sert à le pénétrer de l’horreur des crimes, à la vue du châtiment des scélérats et des oppresseurs du monde.
Quelle province, dans ces temps malheureux, s’est vue à l’abri des incursions de ces brigands ?
Mais, dans la distribution primitive, on laisse des intervalles vides d’action ; ce sont ces vides qu’on veut remplir, et de là les excursions et les lenteurs du dialogue. » Mais où ces défauts sont plus impardonnables, c’est dans les péripéties importantes, dans les crises de passion ou d’intrigue : « Un personnage qui, dans une situation intéressante, s’arrête à dire de belles choses qui ne vont point au fait, ressemble à une mère qui, cherchant sa fille dans les campagnes, s’amuserait à cueillir des fleurs. » Sans doute la replique directe n’est pas toujours exigée, le personnage en scène peut faire dériver le dialogue, répondre à sa pensée ou à celle de son interlocuteur, plutôt qu’aux paroles prononcées, mais au milieu de tous ces écarts l’auditeur ne doit pas perdre de vue le point culminant.
La rhétorique apprend surtout à distinguer l’esprit vrai du faux, à conserver dans la finesse le naturel et la sobriété, à ne pas être ingénieux hors de propos, à ne point tomber dans le prétentieux, à ne jamais perdre de vue le vers de Gresset : L’esprit qu’on veut avoir gâte celui qu’on a.
Ne perdons pas de vue un instant l’Être infini, puissant et bon, source éternelle de beauté, d’amour et d’intelligence ; c’est de lui que tout vient, c’est à lui que tout doit remonter par une aspiration naturelle d’adoration et de reconnaissance.
Il s’agit d’une grande dame qui lui fit demander par le président Dupaty la faveur d’une loge grillée pour entendre le Mariage de Figaro sans être vue.
Sous ses idées fixes, sous ses paradoxes, sous ses jugements absolus, il y a du trait, du mordant, des vues hardies, neuves et profondes, l’accent d’une voix vibrante qui porte au loin, des airs de prophète qui lance la foudre.
À cette vue, elle ne doute pas de son malheur, et, collant ses lèvres contre le marbre de l’autel, elle expire de douleur en priant Dieu pour son époux. […] Vous supposerez qu’il s’arrête un instant sur une colline d’où il découvre la maison paternelle ; vous décrirez les divers sentiments qu’il éprouve à cette vue ; un monologue pourra les exprimer. […] À sa vue, la comtesse fait un mouvement d’horreur et s’évanouit. […] A la vue de l’innocence de cet enfant, tous les bons sentiments se réveillent dans le cœur du coupable, il rougit de lui-même, il implore la miséricorde du ciel, et une larme de repentir tombe de ses yeux. […] A cette vue, quelles pensées s’éveillent en lui !
La description suivante, intitulée : Une Vue des Pyrénées, est non moins brillante et gracieuse : les images y sont variées et abondantes, Lecture. — Une vue des Pyrénées.
Pour moi, la mort me sera moins triste que la vue d’une telle injustice commise pour ma patrie et par mes concitoyens. […] Il creuse du pied la terre : il est plein de confiance en sa force : il va au-devant des hommes armés et se rit de la peur, il en est incapable, et la vue de l’épée ne le fait pas reculer.
Oui, quand elle résulte uniquement d’une délicatesse outrée, d’une horreur déplacée pour le mot propre, quand elle n’a en vue que la pompe et le luxe des paroles, quand elle obscurcit au lieu d’éclairer, délaye au lieu de circonscrire ; non, quand elle n’a pour but que de mieux faire saisir l’idée sous certain point de vue, d’en signaler certains éléments, de remplacer enfin le mot lui-même par une définition ou une description utile et opportune.
Il est vrai qu’en attribuant toutes ces propriétés à la fable, nous avons involontairement en vue le genre tel que La Fontaine l’a traité.
Thémistocle d’Athènes fut d’une prodigieuse grandeur de vues et de génie. — 12. […] Junon priva Tirésias de la vue, mais Jupiter lui accorda la connaissance de l’avenir. — 8.
Mais son objet principal, celui que l’écrivain doit avoir surtout en vue, est de mettre sa pensée dans tout son jour ; et peu importe alors de quels objets la comparaison est tirée : elle est heureuse, toutes les fois qu’elle est juste, et la propriété est surtout ce que l’on a droit d’exiger ici.
Ce prince, dont les vertus sublimes et le mérite rare ne furent connus qu’après sa mort, et qui, dans tout le cours de sa vie, fut constamment attaché aux pratiques d’une dévotion vraie, solide et non moins aimable, voulut avoir un livre particulier, pour se préparer à recevoir dignement le sacrement de l’Eucharistie ; et le jésuite remplit les vues du dauphin, par la composition d’un petit ouvrage, intitulé : Exercices de piété pour la communion : c’est un chef-d’œuvre.
Pour réussir dans l’invention, il faut se tracer un plan où ne doivent entrer que les premières vues et les principales idées ; c’est en marquant leur place sur ce plan, qu’un sujet sera circonscrit et que l’on en connaîtra l’étendue ; c’est en se rappelant sans cesse ces premiers linéaments, qu’on déterminera les justes intervalles qui séparent les idées accessoires et moyennes qui serviront à les remplir.
Ne compte donc jamais, mon fils, sur le présent ; mais soutiens-loi dans le sentier rude et âpre de la vertu, par la vue de l’avenir.
Il est si beau, l’enfant, avec son doux sourire, Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire, Ses pleurs vite apaisés, Laissant errer sa vue étonnée et ravie, Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie, Et sa bouche aux baisers !
L’un n’a en vue que la vérité et se contente d’exposer clairement les faits ; l’autre veut nous persuader que Condé, à son début, est déjà un grand capitaine ; il faut que chaque détail du récit tourne à la gloire de son personnage. […] Mais si l’orateur ne se présentait pas en public déjà échauffé par la méditation de son sujet, si la vue du tribunal, la présence de son client, les regards de la foule attachés sur lui le laissaient froid et indifférent, soyez bien convaincus que ses intentions les plus heureuses n’aboutiraient qu’à des jeux de scène manqués ou ridicules.
Quand un panégyriste n’a que cette vue basse de louer un seul homme, ce n’est plus que la flatterie qui parle à la vanité6. […] J’ai vu, dit Fénelon, un jeune prince, à huit ans, saisi de douleur à la vue du péril du petit Joas. […] Ne perdons jamais de vue les règles de la brièveté ; car plus le récit est rapide, plus il est clair et facile à suivre76. […] La clarté est l’apanage de notre langue, en ce sens qu’un écrivain français ne doit jamais perdre la clarté de vue, comme étant prête à lui échapper sans cesse. […] Il ne faut jamais perdre de vue cette idée en lisant ses traités sur l’art oratoire.
Je vois bien que je vous embarrasse, et que vous vous passeriez fort aisément de ma vue.
Funestes effets de ce travail déréglé qui n’a en vue que l’argent. — 333. […] 536Qu’une pièce-de-théâtre, 537qui veut être redemandée, 538et, ayant été vue déjà, 539être remise à la scène, 540ne soit ni plus courte 541ni plus longue 542que l’acte cinquième (cinq actes). […] En effet, le vieillard est bien plus enclin au désespoir qu’aux longues espérances ; et puis, entre ces deux mots iners et avidus, il semble qu’il y aurait opposition ; enfin, le passage d’Aristote, que le poëte avait certainement en vue, repousse complétement l’idée de avidus : δειοὶ καὶ πάντα προφοϐητικοί, dit Aristote, meticulosi et de omnibus futuris paventes.