La duchesse de Bourgogne 1 Jamais princesse arrivée si jeune ne vint si bien instruite, et ne sut mieux profiter des instructions qu’elle avait reçues.
Mais docile autant que courageux, il ne se laisse point emporter à son feu ; il sait réprimer ses mouvements : non seulement il fléchit sous la main qui le guide, mais il semble consulter ses désirs ; et obéissant toujours aux impressions qu’il en reçoit, il se précipite, se modère, ou s’arrête, et n’agit que pour y satisfaire. […] Le phébus ou galimatias pousse encore plus loin l’excès ; c’est une suite de phrases à peu près incompréhensibles et dépourvues de sens ; tel est ce passage de Balzac : « La gloire n’est pas tant une lumière étrangère qui vient de dehors aux actions héroïques, qu’une réflexion de la propre lumière des actions, et un éclat qui leur est renvoyé par les objets qui l’ont reçu. » Le néologisme est un défaut qui consiste à innover sans raison dans les langues, à employer des mots nouveaux, des tournures bizarres que le goût ou l’usage réprouve. […] Gardons-nous du pédantisme en tous genres, mais ne sortons pas du bon goût, et ne frondons pas à plaisir les règles reçues !
si tu as une si grande envie d’éprouver les forces contre celles des Massagètes, ne te donne pas tant de peine pour construire un pont ; nous nous retirerons à trois journées du fleuve, afin que tu puisses passer sur nos terres ; ou, si tu aimes mieux nous recevoir sur les tiennes, fais ce que nous te proposons de faire nous-mêmes ». […] Ce ne sont pas des alliés que nous allons secourir dans un pays où nous puissions trouver aisément les secours nécessaires : nous partons pour une contrée absolument ennemie, où quatre mois suffiront à peine, en hiver, pour recevoir des nouvelles. — Si nous ne partons pas avec des forces capables de résister à la cavalerie sicilienne, et de tenir contre leur pesante infanterie, le succès est impossible, puisqu’en nous supposant même mieux équipés que nos ennemis, nous aurons encore de la peine à les vaincre et à défendre nos alliés.
En Suède, nos romans reçoivent aussi l’hospitalité ; en Irlande, ils propagent des germes de civilisation naissante. […] En 1396, Chrysoloras faisait à Florence ses premières lectures publiques, et parmi les proscrits consolés par l’accueil des cours, on vit Bessarion recevoir la pourpre romaine.
L’on peut définir l’esprit de politesse ; l’on ne peut en fixer la pratique : elle suit l’usage et les coutumes reçues ; elle est attachée aux temps, aux lieux, aux personnes, et n’est point la même dans les deux sexes, ni dans les différentes conditions : l’esprit tout seul ne la fait pas deviner ; il fait qu’on la suit par imitation, et que l’on s’y perfectionne. […] Tout ce qui se réjouit sur une grâce reçue, ou ce qui s’attriste et se désespère sur un refus, tous auront disparu de dessus la scène.
Le passé et le présent sont deux statues incomplètes : l’une a été retirée toute mutilée du débris des âges ; l’autre n’a pas encore reçu sa perfection de l’avenir1. […] Montaigne décrit ainsi la campagne de Rome telle qu’elle était il y a environ deux cents ans : « Nous avions loin sur notre main gauche l’Apennin, le prospect du pays mal plaisant, bossé, plein de profondes fendaces, incapable d’y recevoir nulle conduite des gens de guerre en ordonnance ; le terroir nu, sans arbres, une bonne partie stérile, le pays fort ouvert tout autour et plus de dix milles à la ronde, et quasi tout de cette sorte, fort peu peuplé de maisons. » (Note de Chateaubriand.)
Au rapport de Cicéron lui-même, trois mois suffisaient pour l’étude du droit ; il était reçu même que l’on pouvait briller au barreau, sans études préliminaires de la jurisprudence.
C’est dans le sein de la sagesse qu’il avait puisé cette politique hardie et généreuse, cette politique constante et intrépide, cet amour invincible de la patrie ; c’est dans l’étude de la morale qu’il avait reçu des mains de la raison même cet empire absolu, cette puissance souveraine sur l’âme des auditeurs.
La France, que vous venez de mettre à couvert de tous les orages qu’elle craignait, s’étonne qu’à l’entrée de votre vie vous ayez fait une action dont César eût voulu couronner toutes les siennes, et qui redonne aux rois vos ancêtres autant de lustre que vous en avez reçu d’eux.
S’ils tentaient de sauter par les fenêtres, ils tombaient dans les flammes, ou bien étaient reçus sur la pointe des piques.
Sur la hauteur, aux endroits les plus découverts, des moulins propres et élégants ouvrent leurs ailes pour recevoir la brise qui souffle de la plaine.
Il n’est point de sensation délicieuse, résultante du beau et du sublime, qui ne soit susceptible de recevoir un charme de plus du pouvoir magique des sons : de là, le plaisir du nombre poétique et de cette espèce d’harmonie que l’on retrouve, quoique d’une manière moins sensible, dans la prose un peu soignée.
« C’est donc avec raison que nos guerriers ont préféré la mort à l’esclavage qui les aurait séparés d’une patrie si digne de leur amour ; c’est avec raison que nous recevons d’eux l’exemple de tout sacrifier pour la défense d’une si belle cause.
Miroir, peintre et portrait, qui donnes et reçois, Et portes en tous lieux avec toi mon image, Qui peux tout exprimer, excepté le langage, Et pour être animé n’as besoin que de voix : Tu peux seul me montrer, quand chez toi je me vois, Toutes mes passions peintes sur mon visage.
Les Trois Genres de Causes : le Démonstratif, le Délibératif et le Judiciaire On considère ordinairement l’art oratoire comme susceptible de recevoir trois applications différentes que les anciens ont nommées les trois genres de Causes : le Démonstratif, le Délibératif et le Judiciaire.
L’ambition L’ambition montre à celui qu’elle aveugle, pour terme de ses poursuites, un état florissant où il n’aura plus rien à désirer, parce que ses vœux seront accomplis, où il goûtera le plaisir le plus doux pour lui, et dont il est le plus sensiblement touché ; savoir, de dominer, d’ordonner, d’être l’arbitre des affaires et le dispensateur des grâces, de briller dans un ministère, dans une dignité éclatante ; d’y recevoir l’encens du public et ses soumissions ; de s’y faire craindre, honorer, respecter.
De là, cette impudence, qui n’est d’abord que ridicule, mais qui enfante bientôt le mépris de soi et des autres, etc. » De l’éducation domestique, Messala passe à celle que les jeunes gens recevaient à Rome des professeurs publics, et de nouveaux désordres, de nouveaux abus se présentent en foule à ses yeux.
Analyser avec goût les auteurs, soumettre les ouvrages à une critique judicieuse et impartiale, étudier le caractère des écrivains, l’influence qu’ils ont reçue de leur siècle, celle qu’ils ont exercée sur lui à leur tour ; constater les progrès de la pensée et de la langue mêler à cette étude des observations justes et profondes sur les mœurs, le goût et l’art d’écrire : tel est l’objet multiple de l’histoire littéraire.
Les leçons qu’il reçut de lui, en développant les rares dispositions qu’il devait à la nature, le firent paraître de bonne heure propre aux fonctions les plus importantes.
Cependant le jeune Bernardin ne laissa pas de se livrer à de sérieuses études ; il cultiva même les mathématiques avec succès, fut reçu à l’école des ponts et chaussées, et un an après obtint du service dans le génie militaire.
Si les biens nous viennent, recevons-les de la main de Dieu ; mais n’ayons pas de vues trop2 vastes.
Je sors de la vie comme d’une maison où j’ai reçu l’hospitalité, disait Caton. […] Le causeur est l’homme qui sait lancer le volant, et qui sait le recevoir, qui jette et ramasse la balle à propos, qui ne la garde pas longtemps. […] Pleurez, vous tous qui avez reçu du ciel un cœur et un esprit capables de sentir tous les charmes d’une poésie élégante, naturelle et sans apprêt.
« On ne peut nier que l’art et les préceptes ne puissent être d’un grand secours à l’orateur, soit pour lui servir de guides, en lui donnant des règles sûres qui apprennent à discerner le bon du mauvais, soit pour cultiver et perfectionner les avantages qu’il a reçus de la nature. […] L’orateur frappait du pied ; il déchirait la robe de son client pour montrer les blessures qu’il avait reçues pour son pays. […] Vous voudrez, mais trop tard, soustraire a son pouvoir Un peuple dans ses murs prêt à le recevoir. […] Et moi qui l’ai reçu gueusant et n’ayant rien.... […] Enfin, étonnés d’avoir un tel roi, et honteux d’espérer moins que lui, ils reçurent avec admiration ses ordres pour la guerre. » (Histoire de Charles XII, livre II).
« Ç’a été, dit-il, dans notre siècle, un grand spectacle, de voir dans le même temps et dans les mêmes campagnes, ces deux hommes que la voix commune de toute l’Europe égalait aux plus grands capitaines des siècles passés, tantôt à la tête de corps séparés, tantôt unis, plus encore par le concours des mêmes pensées, que par les ordres que l’inférieur recevait de l’autre ; tantôt opposés front à front, et redoublant l’un dans l’autre l’activité et la vigilance.
» Recevez, avec mes adieux, mes dernières exhortations.
Si les biens nous viennent, recevons-les de la main de Dieu ; mais n’ayons pas des vues trop vastes3.
Reçu à l’Académie française, il consacra le reste de ses jours aux devoirs de l’épiscopat.
Moi, dont les longs travaux ont acquis tant de gloire, Moi, que jadis partout a suivi la victoire, Je me vois aujourd’hui, pour avoir trop vécu, Recevoir un affront, et demeurer vaincu. […] C’est-à-dire, la vertu même : l’inversion que présente ce vers était un tour fort reçu, en prose comme en vers, du temps de Corneille.
Socrate a fait et dit, en matière de morale, tout ce qu’il était possible de dire et de faire, avant que la révélation eût donné à l’homme le complément de perfection, qu’il ne pouvait recevoir que d’elle.
Eustathe, sur l’Iliade, X, 230, d’après l’autorité du second Denys d’Halicarnasse, dit que ce mot έθελοντής s’appliquait aux poëtes qui, n’ayant pas reçu un chœur de l’archonte, pourvoyaient d’eux-mêmes à la représentation de leurs pièces.
A minuit ce gentilhomme revint accompagné de deux ; et ayant dit à Beroalde : « Vous m’avez dit que le pere de ce petit homme avoit commandement à Orleans ; promettez moy de me faire bien recevoir dans les compagnies. » Cela luy estant asseuré avec honorable recompence, il fit que toute la bande se prit par la main, et luy, ayant pris celle du plus jeune, mena tout passer secrettement aupres d’un corps de garde, de là dans une grange par dessous leur coche, et puis dans des bleds, jusques au grand chemin de Montargis4 où tout arriva avec grands labeurs et grands dangers.
Tous deux également nous portons des couronnes ; Mais roi, je les reçois ; poëte, tu les donnes.
. — Hospitium, hospice, maison où les étrangers sont reçus. […] Cic. — Hospitalitas, l’hospitalité, l’action de bien recevoir les étrangers. […] Cic. — Concipere (de capere cum), proprement, prendre, recevoir, contenir. Concipere humorem, recevoir l’humidité. […] Litteræ recentissimæ, lettre que l’on vient d’écrire ou de recevoir.
Ils honorent le vieillard, reçoivent à leur foyer l’étranger suppliant. […] Le héros le reçoit cordialement et le fait asseoir à sa table. […] C’est que là tout est réglé par la loi, c’est que chacun sait longtemps à l’avance quel est le chorége et le gymnasiarque de sa tribu, combien il doit recevoir, quand, de quelles mains, et ce qu’il doit faire ; c’est enfin que tout est prévu et limité, et qu’il n’y a pas place pour la négligence.
La langue grecque reçut de ce grand peintre de la nature la supériorité qu’elle prit chez tous les peuples de l’Asie et de l’Europe.
L’homme n’est pas si accessible à la passion qu’il n’ait besoin d’être préparé à la recevoir. […] Aussi Racine, suivant la pente naturelle où l’entraînait l’éducation littéraire qu’il avait reçue, demanda-t-il à l’antiquité classique le sujet de ses tragédies profanes. […] Tel est le caractère de cette littérature du xviie siècle, qui reçoit du milieu social où elle se produit, non seulement son impulsion, mais sa vie même. […] Plan. — Il s’excusera de la liberté qu’il prend de donner des conseils au grand roi après en avoir tant reçu de lui. […] Quelle a été ma surprise et ma joie, vous le concevez, Monseigneur, quand j’ai reçu l’écrit si remarquable, si judicieux, si plein de connaissances et de réflexions fécondes, que vous venez de consacrer à la question toute profane qui vous était soumise.
De là sont nés ces bruits reçus dans l’univers, Qu’aux accents dont Orphée emplit les monts de Thrace, Les tigres amollis dépouillaient leur audace ; Qu’aux accords d’Amphion les pierres se mouvaient, Et sur les murs thébains en ordre s’élevaient. […] Palissot feint qu’il a reçu de Merlin une lorgnette au moyen de laquelle il voit les objets, et les hommes surtout, tels qu’ils sont.
(Comment on pourra recevoir utilité de ses ennemis ; t.
Allusion à ce passage de l’Énéide, où le héros du poëme retrouve aux Enfers Deiphobus, fils de Priam, mutilé par les blessures reçues dans le pillage de Troie.
Quelque glorieuse que fût la source dont il sortoit, l’hérésie des derniers temps l’avait infectée ; il recevait avec ce beau sang des principes d’erreur et de mensonge et parmi ses exemples domestiques, il trouvait celui d’ignorer et de combattre la vérité ».
Si les personnages sont historiques, ils doivent agir et parler d’après leur caractère connu et d’après les mœurs de leur époque ; rien ne serait plus choquant que de braver à ce sujet l’opinion reçue et de donner, par exemple, des idées, des opinions modernes à des héros anciens.
— Une, deux, trois — je vis treize et quatorze voiles : Enfin, c’était Nelson8 ; Il courait contre nous en avant de la brise ; La Sérieuse, à l’ancre, immobile s’offrant, Reçut le rude abord sans en être surprise, Comme un roc un torrent.
C’était la première idée qu’un Grec recevait en naissant et qu’il suçait pour ainsi dire avec le lait.
., tous figurés par les différentes impressions qu’ils recevaient de l’air diversement modifié par les organes de la parole.
— Qu’y a-t-il donc qui puisse nous empêcher de recevoir sans différer ces inspirations ?
il commence par l’énumération des faveurs qu’il a reçues du peuple- : il reconnaît qu’il lui doit tout, et que personne ne peut avoir plus de motifs que lui pour défendre ses intérêts.
« Si toute vertu mérite notre admiration et nos éloges, pourquoi mépriser et blâmer celui qui oublie une injure reçue ?
Il fut reçu et accompagné dans toutes les rues avec des acclamations et des applaudissements incroyables : toutes les barricades tombaient devant lui.
Ainsi, le vrai a besoin d’emprunter la figure du faux pour être agréablement reçu dans l’esprit humain : mais le faux y entre bien sous sa propre figure ; car c’est le lieu de sa naissance et sa demeure ordinaire, et le vrai y est étranger.
Il savait aligner, pour le plaisir des yeux3, Des poiriers déjà forts, des ormes déjà vieux, Et des pruniers greffés, et des platanes sombres Qui déjà recevaient les buveurs sous leurs ombres.
Après lui avoir reproché sa mauvaise haleine, sa tête pelée, son visage pétri de boue et de sang, les monstres et les prodiges de ses débauches, en un mot les plus visibles défauts de sa personne et les crimes les plus connus de sa vie, cette grande lettre1, cette lettre injurieuse lui conseille, pour conclusion, de mettre fin par une mort volontaire à tant de maux qu’il souffre et qu’il fait souffrir, l’exhorte de donner par là à toute la terre la seule satisfaction qu’elle pouvait recevoir de lui.
Les quatre grands sapins, derrière la maison, recevaient de temps à autre de si rudes coups qu’ils semblaient prendre l’épouvante et poussaient comme des hourras de terreur à faire trembler.
Les Grecs avaient reçu des Muses le don du génie et les charmes de l’élocution ; aussi les Grecs ne soupiraient que pour la gloire. […] 732 Il n’y a pas très-longtemps, 733 le vers iambique 734arrivât aux oreilles 735un peu plus lent et plus grave, 736il a reçu dans ses droits paternels 737les spondées lourds, 738complaisant et patient ; 739 mais pas au point de se retirer, 740en-ami-trop-commode, 741de la seconde place, ni de la quatrième. […] 802A ces deux poëtes 803succéda la Comédie Antique, 804non sans une grande gloire ; 805mais la liberté tomba 806dans le vice (dans l’abus), 807et dans une violence 808qui-mérita d’être modérée par une loi : 809la loi fut reçue, 810et le Chœur se tut honteusement, 811le droit de nuire lui étant enlevé. […] » 1301 C’est que ces bagatelles 1302entraîneront dans des maux sérieux 1303 l’homme raillé une-fois 1304et reçu d’une-manière-défavorable.
Les qualités du poème didactique peuvent se réduire à trois : le choix d’un sujet utile, intéressant et susceptible de recevoir les ornements de la poésie ; la bonne disposition des matières et un ordre naturel, sans être rigoureux, dans l’enchaînement des idées ; enfin, la beauté de l’élocution, pour faire disparaître autant que possible la sécheresse et la monotonie des préceptes. […] Pour cela, il faut que le poète qui veut nous instruire cherche à nous persuader, par une illusion passagère, qu’il est, non pas au-dessus de nous, mais, au contraire, si fort au-dessous, qu’on ne daigne pas même se piquer d’émulation à son égard, et qu’on reçoive les vérités qui semblent lui échapper, comme autant de traits de naïveté sans conséquence.
Confiez à la terre des grains de blé : en se pourrissant ils germent, et cette mère féconde vous rend avec usure plus d’épis qu’elle n’a reçu de grains.
Si je sers tes besoins, c’est lui qui me l’ordonne : Les présents qu’il me fait, c’est à toi qu’il les donne… Mon suc, dans la racine à peine répandu, Du tronc qui le reçoit à la branche est rendu : La feuille le demande ; et la branche fidèle, Prodigue de son bien, le partage avec elle.
Il était alors impossible de recevoir quelque consolation d’un ami, ou de lui en donner.
C’est du contraste que les objets reçoivent leur véritable valeur : la beauté, par exemple, n’est jamais plus sûre de nous charmer, que quand on la met en contraste avec la laideur et la difformité. […] Mais, quand nous trouverons dans Fléchier des soupirs contagieux qui sortent du sein d’un mourant, pour faire mourir ceux qui vivent ; quand il nous dira d’une grande princesse, qu’elle fut admirée dans un âge où les autres ne sont pas encore connues ; qu’elle eut de la sagesse, dans un temps où l’on n’a presque pas encore de la raison ; qu’on lui confia les secrets les plus importants, dès qu’elle fut en âge de les entendre ; que son naturel heureux lui tint lieu d’expérience, et qu’elle fut capable de donner des conseils, dans un temps où les autres le sont à peine d’en recevoir, etc. ; qui ne voit dans tous ces exemples la vérité sacrifiée à la démangeaison de faire contraster les mots ?
Un jeune homme, toujours bouillant dans ses caprices, Est prompt à recevoir l’impression des vices ; Est vain dans ses discours, volage en ses désirs, Rétif à la censure, et fou dans les plaisirs.
L’antithèse est la forme la plus ordinaire de ces transitions ; continuez de feuilleter l’oraison funèbre de Condé : — Pendant que le prince se soutenait si hautement avec l’archiduc, il rendait au roi d’Angleterre tous les honneurs qui lui étaient dus… Nous avons parlé des qualités de l’âme, venons maintenant aux qualités de l’esprit… Si les autres conquérants ont reçu une récompense aussi vaine que leurs désirs, il n’en sera pas ainsi de notre grand prince, en effet,… etc. — C’est en étudiant les auteurs qui ont ainsi travaillé leurs transitions, Racine surtout et Massillon, que vous trouverez les modèles de ces mille artifices, et que vous vous habituerez à les employer vous-même à l’occasion.
« En ce jour, Sire, avant que Votre Majesté reçût cette onetion divine, avant qu’elle eût revêtu ce manteau royal qui ornait bien moins Votre Majesté qu’il n’était orné de Votre Majesté même, avant qu’elle eût pris de l’autel, c’est-à-dire de la propre main de Dieu, cette couronne, ce seeptre, cette main de justice, cet anneau qui faisait l’indissoluble mariage de Votre Majesté et de son royaume, cette épée nue et flamboyante, toute victorieuse sur les ennemis, toute-puissante sur les sujets, nous vîmes, nous entendîmes Votre Majesté, environnée des pairs et des premières dignités de l’Etat, au milieu des prières, entre les bénédictions et les cantiques, à la face des autels, devant le ciel et la terre, les hommes et les anges, proférer de sa bouche sacrée ces belles et magnifiques paroles, dignes d’être gravées sur le bronze, mais plus encore dans le cœur d’un si grand roi : Je jure et promets de garder et faire garder l’équité et miséricorde en tous jugements, afin que Dieu, clément et miséricordieux, répande sur moi et sur vous sa miséricorde. » Mais où l’orateur rencontre souvent les accents les plus pathétiques, c’est lorsqu’il se met lui-même en scène, et qu’il communique à l’auditoire cette énergie de la personnalité qui met, non plus les opinions et les sentiments, mais l’homme lui-même en contact avec l’homme.
« Qui ne sait qu’elle fut admirée dans un âge où les autres ne sont pas encore connues ; qu’elle eut de la sagesse dans un temps où l’on n’a presque pas encore de la raison ; qu’on lui confia les secrets les plus importants , dès qu’elle fut en âge de les entendre ; que son naturel heureux lui tint lieu d’expérience dès ses plus tendres années, et qu’elle fut capable de donner des conseils en un temps où les autres sont à peine capables de les recevoir ?
L’exorde est simple, quand l’orateur, n’ayant pas de préventions à détruire, parle à un auditoire favorablement disposé à recevoir ses avis.
J’appris que Monseigneur avait reçu l’extrême-onction, qu’il était sans connaissance et hors de toute espérance, et que le roi avait mandé à madame la duchesse de Bourgogne qu’il s’en allait à Marly, et de le venir attendre dans l’avenue entre les deux écuries, pour le voir en passant.
Quesnel, dans son beau livre : Bonheur de la mort chrétienne : « Celui qui a la foi, loin de regarder la mort comme son ennemie et de la fuir comme son malheur, devrait aller au-devant d’elle par ses désirs, et la recevoir, quand elle se présente, comme sa libératrice et comme une amie qui le décharge d’un fardeau pesant et incommode, pour le faire passer d’un pays ennemi dans un lieu de sûreté, et de la région de la mort au séjour aimable et délicieux de la vie bienheureuse. » Je lis dans un article de Mme Georges Sand : « Quoi de plus beau et de plus pur que la vision intérieure d’un mort aimé ?
Depuis les Provinciales, la prose française est à ce point constituée, que, sans fléchir, elle peut recevoir l’impression des génies les plus divers.
reçois un mourant qui ne peut plus se relever. » (Télémaque.)
On verra que, pour y exceller, il faut avoir reçu de la nature un grand talent poétique. […] Vous l’avez vu naguère aux bords de vos fontaines, Qui sans craindre du sort les faveurs incertaines, Plein d’éclat, plein de gloire, adoré des mortels, Recevait des honneurs qu’on ne doit qu’aux autels. […] Lorsqu’il célèbre la bonté infinie du créateur, il a soin, pour relever le prix des bienfaits qu’il en a lui-même reçus, de retracer avec force ses malheurs et ses afflictions passées.
N’est-elle pas à Dieu dont vous l’avez reçue ? […] Quoique plus rigoureusement requise dans la poésie et dans l’éloquence que dans les ouvrages de philosophie et d’histoire, elle est tellement nécessaire à toute composition qu’elle a reçu le nom d’harmonie du discours. […] On donne le même nom, par extension, à toute période nombreuse et soignée. — La période ronde est celle dont les membres sont tellement joints qu’on aperçoit difficilement l’endroit où ils s’unissent. — Celle dont les membres sont opposés et forment antithèse a reçu le nom de période croisée.
» Quand Pompée serait aujourd’hui dans Rome, sans aucun commandement, il faudrait toujours le choisir pour une guerre si importante, et l’envoyer en Asie : mais puisqu’à tous les avantages que je viens d’exposer, se joint encore cette circonstance favorable, que Pompée est actuellement sur les lieux, qu’il y est avec une armée, et qu’il peut recevoir sur-le-champ le reste de nos troupes des mains de ceux qui les commandent, qu’attendons-nous ?
Ainsi Voiture, s’adressant au due d’Enghien, lui dit : « Trouvez bon, ô César, que je vous parle avec cette liberté, recevez les louanges qui vous sont dues, et souffrez que l’on rende à César ce qui appartient à César. » Boileau s’intitule lui-même grand chroniqueur des gestes d’Alexandre, et cet Alexandre n’est et ne peut être que Louis XIV ; et le Gilbert de notre âge, Hégésippe Moreau, fait répondre par Joseph Bonaparte à ceux qui voulaient l’arracher à sa retraite, pour lui donner un trône : … Insensés, quel espoir vous anime ?
Le génie, au contraire, a une marche indépendante : il éclate comme la foudre ; il reçoit du ciel une inspiration sacrée qui le pousse à produire de grandes œuvres.
C’est ce que font tous les jours des hommes, qui ont reçu de la nature les plus heureuses dispositions, mais qu’ils n’ont pas eu soin de cultiver par l’étude.
Piron n’ayant pu être reçu à l’Académie française, en fit une tout aussi rapide, et plus mordante encore, contre le titre qu’on lui avait refusé : Ci-gît Piron qui ne fut rien, Pas même académicien.
Le soir, je reçus votre lettre qui me remit dans les premiers transports, et, ce soir, j’achèverai celle-ci chez M. de Coulanges, où j’apprendrai des nouvelles ; car, pour moi, voilà ce que je sais, avec les douleurs de tous ceux que vous avez laissés ici ; toute ma lettre serait pleine de compliments, si je voulais6.
« Je soussigné reconnais avoir reçu de damoiselle, etc… Marceline de Verte-Allure, dans le château d’Aguas-Frescas, la somme de deux mille piastres fortes, laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château ; et je l’épouserai, par forme de reconnaissance, etc.
Mais ce qui nous donne à songer plus particulièrement et ce qui suggère à notre esprit mille pensées d’une morale pénétrante, c’est quand il s’agit d’un de ces hommes en partie célèbres et en partie oubliés, dans la mémoire desquels, pour ainsi dire, la lumière et l’ombre se joignent ; dont quelque production toujours debout reçoit encore un vif rayon qui semble mieux éclairer la poussière et l’obscurité de tout le reste ; c’est quand nous touchons à l’une de ces renommées recommandables et jadis brillantes, comme il s’en est vu beaucoup sur la terre, belles aujourd’hui, dans leur silence, de la beauté d’un cloître qui tombe, et à demi-couchées, désertes et en ruine.
Elles ont reçu le nom de fugitives, sans doute parce que, à cause de leur peu d’étendue, elles semblent s’échapper avec la même facilité et de la plume qui les produit et des mains qui les recueillent.
— Analyse : L’un, voyant croître ses moissons, bénit la mémoire de celui à qui il doit l’espérance de sa récolte ; l’autre, qui jouit encore en repos de l’héritage qu’il a reçu de ses pères, souhaite une éternelle paix à celui qui l’a sauvé des désordres et des cruautés de la guerre.
Ce n’est donc pas la leçon en elle-même qui est ridicule, c’est l’âge et la position de celui qui la reçoit.
Mais ces sortes de périphrases sont comme les hiéroglyphes qui reçoivent divers sens, selon les divers sujets traités.