Des Moscovites qui n’avaient encore qu’une légère teinture de discipline, nulle ancienne habitude de valeur, nulle réputation qu’ils craignissent de perdre, et qui leur enflât le courage, allaient trouver des Suédois exactement disciplinés depuis longtemps, accoutumés à combattre sous une longue suite de rois guerriers, leurs généraux animés par le seul souvenir de leur histoire.
Tout le peuple, enflammé par ce glorieux souvenir, suivit en foule ce grand homme.
» — Et ceux qui survivent se sentent redoubler de charité envers les hommes, et de piété envers Dieu, à son souvenir.
Voiture 1598-1648 [Notice] Fils d’un fermier des vins qui fut échevin d’Amiens, protégé par son condisciple le comte d’Avaux, recherché des grands qu’il amusait en les flattant, devenu la merveille de l’hôtel de Rambouillet, maître de cérémonies chez Gaston d’Orléans, favori tour à tour de Richelieu et de Mazarin, interprète des ambassadeurs près de la reine, reçu à l’Académie française qui porta officiellement son deuil, Voiture fut un bel esprit, heureux et habile, dont le souvenir est inséparable de la société polie au milieu de laquelle s’épanouirent ses agréments.
Le souvenir des maux passés est agréable. — 6. […] L’homme reconnaissant se souvient des bienfaits. — 2. L’âme se souvient du passé, voit le présent, prévoit l’avenir. — 3. […] Je me souviens de qui m’a obligé. — 8. […] Les vieillards se souviennent de toutes les choses aux-quelles ils prennent intérêt. — 5.
Dans l’enfance des peuples, les souvenirs historiques se conservent par la tradition orale, par les chants des poètes ou par des monuments simples et grossiers.
Il s’exprime ici comme un ancien, ou plutôt d’après le souvenir des anciens, qui appellent l’âme : divinæ particulam auræ.
Un poëte contemporain a exprimé la même pensée dans ce beau vers : L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux.
La troisième espèce est par le souvenir ; lorsqu’à la vue d’un objet on éprouve quelque affection marquée : comme dans les Cypriens de Dicéogène, où le héros, voyant un tableau, laisse échapper des larmes ; et, dans l’apologue d’Alcinoüs, Ulysse entend le joueur de cithare : il se rappelle un souvenir, et pleure ; ce qui le fait reconnaître. […] Il faut bien se souvenir, comme on l’a dit souvent, de ne point faire d’une tragédie une composition épique.
Tous ensemble, en quelque degré de sa confiance qu’il vous ait reçus, environnez ce tombeau, versez des larmes avec des prières ; et, admirant dans un si grand prince une amitié si commode et un commerce si doux, conservez le souvenir d’un héros dont la bonté avait égalé le courage1. […] Il n’y a personne de nous qui ne se souvienne d’avoir ouï souvent raconter ce gémissement universel à son père ou à son grand-père, et qui n’ait encore le cœur attendri de ce qu’il a ouï réciter des bontés de ce grand roi envers son peuple, et de l’amour extrême de son peuple envers lui1. […] Nous le faisons souvent souvenir de la lettre si instructive que Votre Majesté lui a écrite.
Aussi l’exorde se tire-t-il plutôt encore de circonstances propres au sujet ou à l’orateur d’une comparaison, d’un souvenir, d’un accident. […] O haine d’Émilie, ô souvenir d’un père ! […] — Elle rappelle le souvenir d’un objet analogue à l’idée exprimée ; elle le ramène indirectement, sans s’y arrêter, et comme en se jouant, l’Allusion, comme l’Antithèse et la Comparaison, procède par rapprochement et par analogie. […] On reconnaîtra dans ce paragraphe beaucoup de souvenirs des Dialogues sur l’éloquence ; ces emprunts portent leur excuse avec eux ; au moins nous l’espérons. […] On trouvera dans ce qui suit des souvenirs de ces belles leçons.
« Souvenez-vous, messieurs, dit-il, de ce temps de désordres et de trouble, où l’esprit ténébreux de discorde confondait le devoir avec la passion, le droit avec l’intérêt, la bonne cause avec la mauvaise : où les astres les plus brillants souffrirent presque tous quelque éclipse, et les plus fidèles sujets se virent entraînés malgré eux par le torrent des partis, comme ces pilotes qui se trouvent surpris de l’orage en pleine mer, sont contraints de quitter la route qu’ils veulent tenir, et de s’abandonner pour un temps au gré des vents et de la tempête.
Souvenir touchant d’un vers d’Ovide, Trist.
Ce sont donc des stances dans la rigueur du terme, et non des strophes, qui entrent dans nos odes ; et si nous les appelons des strophes, il faut au moins nous souvenir que ces strophes différent essentiellement de celles des anciens.
Il ne dédaigne pas les lettres ; car les lettres, il le sait, c’est la suprématie de l’esprit ; c’est, avec l’éloquence et le goût, l’histoire du monde, la science des tyrannies et des libertés, la lumière reçue des temps, l’ombre de tous les grands hommes descendant de leur gloire dans l’âme qui veut leur ressembler, et lui apportant, avec la majesté de leur souvenir, le courage de faire comme eux.
Mais peut-être y faut-il moins chercher un parti pris et un système que le résumé d’une expérience amère, et les souvenirs d’un temps ou l’esprit de faction ouvrit carrière à des intérêts égoïstes et coalisés par la mauvaise foi.
Il ne se souvient plus qu’il a marché dix jours ; Il est si près de son village ! […] Il faut pourtant se souvenir que la correction elle-même doit avoir un terme, et qu’on peut nuire à son œuvre à force de la retoucher. […] Soyez court, tâchez de rajeunir un sujet aussi usé en puisant dans votre cœur des sentiments vrais et sincères, et mêlez à tout cela quelque souvenir tiré de vos relations avec la personne dont il s’agit. […] Mais puisque Dieu lui-même a daigné s’en servir, dans les saintes Écritures pour graver dans l’esprit des hommes l’image de sa grandeur et le souvenir de ses bienfaits, on peut dire que cet art divin a reçu par là une sorte de consécration. […] Elle est régulière ou suffisante lorsqu’elle n’a rien de plus que les sons essentiels : mouvoir, déchoir ; elle est riche quand elle présente une parfaite consonance : souvenir, revenir.
Souviens-toi du nuage horrible Où ton astre était éclipsé, Depuis que l’Africain284 terrible Vers nos murs se fut avancé. […] Captifs chez un peuple inhumain : , Nous arrosions de pleurs les rives étrangères ; Et le souvenir du Jourdain309 À l’aspect de l’Euphrate310 augmentait nos misères. […] Mais la Déesse de mémoire316 Favorable aux noms éclatants, Soulève l’équitable histoire Contre l’iniquité du temps ; Et dans le registre des âges Consacrant les nobles images Que la gloire317 lui vient offrir, Sans cesse en cet auguste livre, Notre souvenir voit revivre Ce que nos yeux ont vu périr. […] Parmi ces bois et ces hameaux, C’est là que je commence à vivre, Et j’empêcherai de m’y suivre Le souvenir de tous mes maux.
O cruel souvenir de ma gloire passée ! […] Autrement, souviens-toi du serment que je fais : Je jure les rayons du jour qui nous éclaire Que tu ne mourras point que de la main d’un père, Et que ton sang indigne, à mes pieds répandu, Rendra prompte justice à mon honneur perdu1 1.
Après avoir réfuté complètement les accusations absurdes intentées contre lui, en avoir clairement démontré l’origine et les motifs, Socrate s’adresse à ses juges : « Souvenez-vous de votre serment, et prononcez selon ce qui conviendra le plus à votre intérêt et au mien ».
« Je me souviens, dit quelque part Montesquieu, qu’en sortant d’une pièce intitulée Esope à la cour, je fus si pénétré du désir d’être plus honnête homme que je ne sache pas avoir formé une résolution plus forte. » Honneur à Boursault qui sut choisir un sujet assez moral pour inspirer un si beau désir à une si belle âme !
Il y a des souvenirs agréables, mais il y en a de si vifs et de si tendres, qu’on a peine à les supporter : ceux que j’ai de vous sont de ce nombre.
Aussi est-ce le temps des Mémoires et des souvenirs de toute sorte ; et l’intérêt de ces bruits de salon a été tel, que des souverains étrangers ont entretenu à grands frais, à Paris, des correspondants pour être mis au courant de tout ce qui se passait dans les bonnes compagnies.
Jésus-Christ avait pris la place de leur esprit et de leur raison : ils n’étaient plus animés que de Jésus-Christ ; ils ne songeaient plus qu’à lui ; ils ne se souvenaient plus que de lui, il leur tenait lieu de toutes choses.
Souvenir de Virgile.
Pour lui faciliter les premiers essais, il est bon, comme nous l’avons dit plus haut, de commencer par des imitations : on lit, on raconte un fait, une anecdote, un trait d’histoire, une description ; on cherche à en faire bien saisir à l’élève les détails et l’ensemble, puis on l’abandonne à ses souvenirs : il doit reproduire de son mieux ce qu’il a entendu. […] Ne vous vantez plus de connaître l’amitié : il y a six mois que je ne vous ai écrit parce que je n’ai bougé du lit tout l’hiver, et je n’ai pas eu la moindre marque de votre souvenir. […] « Un jour, Bernardin assistait à la toilette de sa mère, en se réjouissant de l’accompagner à la promenade ; tout à coup il fut accusé d’une faute assez grave par une bonne fille nommée Marie Talbot, dont, malgré cette aventure, il conserva toujours le plus touchant souvenir.
La France se souviendra toujours avec plaisir que, sous le règne du plus grand de ses rois, a fleuri le plus grand de ses poètes. […] Le grand Condé 104, prêt à en venir aux mains avec les Espagnols, près de Lens105, ne dit que ces mots sublimes à ses troupes qui avaient toujours vaincu sous lui : Amis, souvenez-vous de Rocroi 106 , de Fribourg 107 et de Nordlingue 108. […] Souvenez-vous que ma retraite hors de cette ville, sans l’avoir assurée au parti, sera la retraite de ma vie hors de ce corps.
Je me souviens qu’enfant j’admirais comme le nec plus ultra de l’éloquence judiciaire le discours que le poëte Ovide prête à Ulysse, lorsque ce héros dispute à Ajax les armes d’Achille, devant les Grecs assemblés. […] Crassus, plaidant pour Aquilius menacé d’une sentence d’exil, se souvient que ce vieillard qu’il voit triste et abattu, il l’a vu jadis consul, général, honoré du sénat, triomphant au Capitole. […] Elle fait parler la honte, le remords, la nécessité, l’occasion, les ombres des ancêtres, le sang des guerriers morts, le souvenir des victoires remportées.
Une remarque m’a frappé, et j’en appelle ici aux souvenirs de tous ceux qui ont passé par les écoles publiques, c’est que l’immense majorité de ces jeunes gens éprouve une invincible répugnance pour les Manuels, Traités, Cours, et en général pour tous les écrits élémentaires sur l’art qu’ils apprennent.
Lorsqu’en voyant un homme on se souvient de son livre, c’est mauvais signe.
Et ceci (tu peux voir si j’observe ma loi), Montaigne, il t’en souvient, l’avait dit avant moi1 La jeune captive C’était Mlle de Coigny (depuis duchesse de Fleury), alors prisonnière à Saint-Lazare, comme Chénier.
Au lieu de chercher à ranimer ses souvenirs, il ne faudrait songer qu’à fortifier ses espérances.
Tu t’en souviens, Cinna ; tant d’heur et tant de gloire Ne peuvent pas sitôt sortir de ta mémoire. Mais ce qu’on ne pourrait jamais s’imaginer, Cinna, tu t’en souviens… et veux m’assassiner. […] La rime riche est formée par deux ou plusieurs syllabes identiques (auteur, hauteur, souvenir, revenir). […] Ce n’est plus qu’un souvenir historique. […] Ce souvenir fut conservé par son nom (τράγος, bouc, — ὠδή, chant), parce que le bouc, consacré à ce Dieu, y était immolé en son honneur, et non, comme l’ont prétendu Horace et Boileau, parce que cet animal était le prix du vainqueur dans les concours lyriques en usage dans ces solennités.
Car, d’aussi loin que ma pensée peut revenir sur le passé et se rappeler le souvenir de ma première enfance, en remontant jusque-là, je vois qu’il est le premier qui m’ait engagé, qui m’ait guidé dans la carrière que j’ai embrassée. […] Que l’immortel souvenir d’Auguste et de Drusus vienne à se réveiller dans leur cœur et le repentir y va pénétrer et la révolte s’arrêter, honteuse de ses emportements. […] Vous m’avez de César confié la jeunesse, Je l’avoue ; et je dois m’en souvenir sans cesse. […] Mais, ce qu’on ne pourrait jamais imaginer, Cinna, tu t’en souviens et veux m’assassiner ! […] Le dernier vers fait allusion à la malheureuse conspiration du maréchal de Biron et en rappelle le souvenir.
Oui, j’y pense : = souvenez-vous de mon ami. Je m’en souviendrai. […] Ce serait une plus grande faute encore de placer le pronom qui, immédiatement après un nom auquel il ne se rapporte pas, comme dans cette phrase : = on doit se souvenir qu’il est un respect pour les productions des personnes illustres, qui approche souvent de la superstition. L’auteur aurait dû dire : on doit se souvenir qu’il est, pour les productions des personnes illustres, un respect qui approche, etc.
Et j’empêcherai de m’y suivre Le souvenir de tous mes maux. […] Les vers suivants, le dernier surtout, en présentent un bel exemple : Ici-bas la douleur à la douleur s’enchaîne, Le jour succède au jour et la peine à la peine, Borné dans sa nature, infini dans ses vœux, L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux.
Il faut alors chercher dans son esprit ou dans ses souvenirs d’autres expressions qui rendent aussi bien et mieux, s’il est possible, l’idée du mot que l’on veut changer. — Supposons qu’il y ait dans la matière ces deux mots fluctus dividere, fendre les flots, il sera facile de voir que le verbe dīvĭdĕrĕ ne convient ni au sens, ni à la mesure. […] Il se souvient encore du faible germe qui est devenu un chêne immense ; et les bois qu’il a vus naître, il les a vus vieillir avec lui.
Montluc « haïssait les écritures », et pourtant il doit un long souvenir à ces Commentaires, qui consolèrent sa retraite morose et impatiente d’action.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
Nous appellerons à notre aide les comparaisons, les exemples, les citations, les témoignages ; un souvenir, une phrase, un mot bien appliqué peut faire un excellent effet.
Si l’on doit faire quelques reproches au Tasse, à Milton et à Camoëns, ce n’est pas d’avoir emprunté des personnages à la religion chrétienne, c’est d’avoir laissé à côté d’eux quelques souvenirs de l’Olympe païen.
Pendant de longues années, aussi longtemps que le souvenir de sa fin tragique demeure dans la mémoire des hommes, cette offrande singulière s’accumule ainsi de jour en jour.
Votre qualité d’historien vous donne le titre de juge : mais souvenez-vous sans cesse que vous ne pouvez vous dispenser d’être un juge également intègre, à l’égard des étrangers et de vos concitoyens, à l’égard des alliés de votre patrie et de ses plus implacables ennemis. […] Les ignorants y puisent des connaissances générales, et les savants y retrouvent certains faits dont ils avaient perdu le souvenir.
S’il vous laisse trop vous souvenir que ce n’est qu’un homme qui parle, si Dieu n’est pas toujours à côté de lui, on ne verra plus qu’un rhéteur mondain, qui adresse à des cendres les derniers mensonges de la flatterie.
En outre, quelle que soit notre nature, il arrive, par intervalles, que l’action de nos facultés est spontanément provoquée, soit par un sentiment, un intérêt, un souvenir, soit par la présence d’un objet extérieur destiné à mettre en jeu ces facultés.
Depuis les premiers vers : Tu vois le jour, Cinna, mais ceux dont tu le tiens Furent les ennemis de mon père et les miens… jusqu’à ce mot si énergique de situation, Cinna, tu t’en souviens, et veux m’assassiner !
Enfants, si les cornettes vous manquent, ralliez-vous autour de mon panache blanc : vous le trouverez toujours sur le chemin de l’honneur. » Napoléon, avant la bataille des Pyramides, disait : « Soldats, souvenez-vous que, du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent !
Les hommes, éblouis de leurs honneurs frivoles, Et de leurs vains flatteurs écoutant les paroles, Ont de ces vérités perdu le souvenir : Pareils aux animaux farouches et stupides, Les lois de leur instinct sont leurs uniques guides, Et pour eux le présent paraît sans avenir3.
Quand on mande des nouvelles, il est important de se souvenir qu’une lettre n’est point une narration.
Grande lettre, cette expression est un souvenir de Juvénal.
Touchant souvenir de son père, M.
Je ne demanderai au ciel que d’avoir fait comme le moins éminent de ces historiens, pour être assuré d’avoir bien fait, et de laisser après moi un souvenir de mon éphémère existence.
On relit souvent ces morceaux ; on les apprend même quelquefois de mémoire ; on meuble ainsi son esprit de souvenirs qui ne s’effaceront pas, et on y ramasse, selon l’expression de Cicéron, une riche moisson d’idées.
Mais il faut se souvenir que ces mouvements appartiennent à la haute éloquence, et qu’en conséquence ils ne doivent être tentés que par des gens d’un génie extraordinaire. […] Cette pensée est heureuse et délicate, cependant il n’existe aucune ressemblance entre l’harmonie et le souvenir des plaisirs passés ; mais le poète, en exprimant une tendre image, nous communique en même temps une plus forte impression de la nature et de l’essence de cette harmonie, qui était douce et triste comme le souvenir des plaisirs passés. […] Écoutons les avis que Cicéron adressait à Brutus, et gravons-les profondément dans notre souvenir. […] En même temps, le prédicateur doit se souvenir qu’il ne monte pas en chaire pour y discuter quelque thèse abstraite, ou pour éclairer quelque vérité métaphysique, mais pour instruire ses auditeurs et les rendre meilleurs. […] L’orateur doit donc se servir de cette puissance de manière à frapper l’imagination de ses auditeurs par des circonstances si vraies et si éclatantes, qu’elles produisent sur eux les effets de la sensation ou du souvenir.
… Il est d’autres secrets : quelquefois à nos yeux D’aimables souvenirs embellissent les lieux. J’aime en vos vers ce riche et brillant paysage ; Mais si vous ajoutez : « Là de mon premier âge Coulèrent les moments ; là, je sentis s’ouvrir Mes yeux à la lumière et mon cœur au plaisir ; » Alors vous réveillez un souvenir que j’aime.
Avant d’entrer dans les détails, et sans vouloir, je le répète, imposer mon système, je recommanderai seulement à celui qui étudie les figures, d’abord, de ne point perdre de vue dans son travail la division que je viens d’indiquer, d’en vérifier l’exactitude par l’examen des faits, et, à mesure que se présente un terme nouveau, de le ramener sous ce que j’ai appelé sa bannière ; cette attention lui facilitera l’intelligence et le souvenir de chaque figure ; ensuite de mettre à part, d’un côté, celles qui ne sont, selon la remarque consignée plus haut, que des idiotismes consacrés par l’usage, de simples catachrèses, n’admettant par conséquent aucun précepte, aucune modification, en un mot, choses de mémoire et de théorie ; de l’autre, celles qui sont entièrement abandonnées au libre arbitre de l’écrivain, et par là même obligent le rhéteur à en régler l’emploi, à en déterminer les limites, choses de réflexion et de pratique.
Il les rendit célèbres par son repentir : de sorte qu’on oublia ses actions criminelles, pour se souvenir de son respect pour la vertu ; de sorte qu’elles furent considérées plutôt comme des malheurs que comme des choses qui lui fussent propres ; de sorte que la postérité trouva la beauté de son âme presque à côté de ses emportements et de ses faiblesses ; de sorte qu’il fallut le plaindre, et qu’il n’était plus possible de le haïr.
Ce trait rappelle quelques vers charmants de Bertaut, fort aimés et très-souvent répétés par nos pères : Félicité passée, Qui ne peux revenir, Tourment de ma pensée, Que n’ai-je, en te perdant, perdu le souvenir ?
Le fond du récit nous offre des paysages enchanteurs, et idéalisés par des souvenirs émus.
. ; il ne faut pas négliger alors le sentiment religieux et les souvenirs d’un bon cœur. […] — Les souvenirs portés | sur les ailes d’un songe. […] Pour terminer ces observations, je recommande à l’élève de se souvenir que le rythme poétique n’est pas une prose brisée, qu’une phrase qui tombe lourdement et platement d’un vers à l’autre n’amène pas une césure, qu’elle ne fait que deux mauvais vers, et par conséquent deux mauvaises lignes. […] Mais souvenez-vous qu’on doit D’une licence heureuse user avec prudence, Et n’oublier jamais que c’est une licence.
Pour appliquer une élocution convenable à ces deux genres de composition, on devra se souvenir que le portrait ne doit point être chargé et converti en caricature, et que le caractère ne doit point être outré et poussé au-delà de la vraisemblance. […] Il ne m’en souvient pas, Depuis trente ans au plus.
Je ne cesserai jamais de vous aimer, et de me souvenir que je suis aimée de vous. » Lecture. — Boileau et Racine, au maréchal de Luxembourg, à l’occasion de la prise de Fleurus. […] Lettre de madame de Scudéry au Comte de Bussy « Ne vous vantez plus de connaître l’amitié, monsieur ; il y a six mois que je ne vous ai écrit, parce que je n’ai bougé du tout l’hiver ; et je n’ai pas eu la moindre marque de votre souvenir.
Mais il n’est pas moins vrai que le poëte peut et doit conduire son action de manière que le dénouement en soit caché ; c’est-à-dire, que rien ne l’annonce ouvertement ; que l’impression de ce que voit le spectateur, écarte le souvenir de ce qu’il sait, et ne lui permette pas d’y réfléchir. […] Tu m’en fais souvenir ; je l’avois oublié. […] Tu t’en souviens, Cinna, tant d’heur et tant de gloire Ne peuvent pas sitôt sortir de ta mémoire. Mais ce qu’on ne pourroit jamais imaginer, Cinna, tu t’en souviens, et veux m’assassiner. […] Vous par qui je le suis, vous en souvient-il bien ?
Et c’est parce que l’esprit de leur nation se résumait en eux, élevé, pour ainsi dire, à sa plus haute puissance, que l’un développait le sujet donné par les intérêts matériels et le souvenir de la vieille Angleterre, l’autre par l’amour-propre et l’honneur, le dernier par la religion et l’invocation à saint Nicolas.
Pour lui donner la vie, mêlez le sentiment à l’image, soit que vous mettiez l’aspect des lieux en harmonie avec les émotions de l’âme ; soit que vous aviviez celles-ci par l’opposition ; soit que vous y rattachiez une espérance ou un souvenir public ou privé.
L’appel au souvenir du serment prononcé par le roi, le jour de son sacre, a quelque chose de pompeux, de grandiose et d’émouvant tout à la fois, que l’on ne rencontre nulle part à cette époque.
Deux vérités opposées s’éclairent en se rapprochant, comme deux couleurs opposées se font ressortir l’une l’autre ; exemples : La jeunesse vit d’espérance, la vieillesse de souvenir ; — ce ne sont pas les places qui honorent les hommes, mais les hommes qui honorent les places. — Pourquoi la forme de la phrase ne chercherait-elle pas à exprimer un contraste que comporte si bien le fond de l’idée ?
Tous ensemble, en quelque degré de sa confiance qu’il vous ait reçus, environnez ce tombeau, versez des larmes avec des prières ; et, admirant dans un si grand Prince une amitié si commode et un commerce si doux, conservez le souvenir d’un héros dont la bonté avait égalé le courage.
. — On effleure en passant le souvenir d’une idée, soit qu’on craigne d’y insister, soit qu’on veuille donner à penser à ceux qui nous écoutent : — Cependant Claudius penchait sur son déclin… Il murut. oMille bruits en courent à ma honte.
Auguste, après avoir rappelé à Cinna les bienfaits dont il l'a comblé, lui dit : Cinna, tu t'en souviens et veux m'assassiner ! […] 15° L'allusion, sans parler d'une chose, en réveille l'idée, le souvenir, en parlant d'une autre chose. […] Écoute, enfant, les conseils d'une mère ; De sa parole un jour le souvenir Doit te guider dans cette vie amère Pour traverser la peine et le plaisir : Sois sans orgueil : la plus haute noblesse, Le grand savoir, les grâces, la beauté, Ne plairaient point sans douceur ni simplesse : Joins la candeur à l'amabilité.
En voyant ces œillets qu’un illustre guerrier Arrose de la main qui gagna des batailles, Souviens-toi qu’Apollonc bâtissait des murailles, Et ne t’étonne point que Marsd soit jardinier. […] Mon arc, mes javelots, mon char, tout m’importune, Je ne me souviens plus des leçons de Neptunea.
» Or, prenez garde que si toutes vos grandes actions doivent aboutir à laisser la république dans l’état où elle est, vous n’ayez plutôt excité l’admiration, que mérité la véritable gloire, s’il est vrai que celle-ci consiste à laisser après soi le souvenir du bien qu’on a fait aux siens, à la patrie et au genre humain.
Souviens-toi de la famine qui a désolé l’Italie.
Comparez à ces platitudes les vers de Racine : Mon arc, mes javelots, mon char, tout m’importune, Je ne me souviens plus des leçons de Neptune… et toute la suite, un dialogue d’une exquise élégance.
Un jour, il m’en souvient, le Sénat équitable Vous pressait de souscrire à la mort d’un coupable ; Vous résistiez, Seigneur, à leur sévérité ; Votre cœur s’accusait de trop de cruauté ; Et plaignant les malheurs attachés à l’empire, Je voudrois, disiez-vous, ne savoir pas écrire.
Je me souviens d’avoir lu jadis une lettre du fameux architecte Christophe Wren, où il examine les dimensions qu’on doit donner à une église.
Vos noms pourront être condamnés à l’oubli ; un siècle plus heureux ne se souviendra pas de vos labeurs et de vos services ; mais ce siècle, c’est vous qui l’aurez fait naître.
Comme Lucilius, les souvenirs des vieilles gloires de Rome lui font maudire la corruption au milieu de laquelle il vit : il n’y a plus de famille, plus de liberté d’aucune sorte ; la gloire, le crédit, la fortune, ne sont pas plus sûrs, car ils sont à la discrétion du pouvoir : le seul refuge de quiconque veut rester libre est la vertu. […] Quelques vers plus loin, il nous parle de Carthage, la puissante rivale de Rome, qui était anéantie à cette époque et dont le souvenir ne pouvait qu’exciter l’enthousiasme chez les descendants des vainqueurs d’Annibal. […] Le grand règne n’avait laissé, à cause de ses dernières années, que de tristes souvenirs dans la nation ; l’œuvre de Voltaire a été une réhabilitation. […] Deux sentiments égaux mais contraires se partagent cette âme noble, le souvenir de son époux et l’amour de son fils… Si Andromaque veut sauver son fils, il faut qu’elle épouse Pyrrhus ; si elle veut rester fidèle à Hector, il faut qu’elle sacrifie Astyanax… Ce n’est pas la lutte de la passion avec elle-même ni avec le devoir, c’est la lutte de deux devoirs. […] Mais souffrez, Monsieur, puisque je vous parle de ce grand homme, que je me laisse aller à évoquer quelques souvenirs que vous serez heureux de joindre aux vôtres, s’ils vous apprennent du nouveau sur l’illustre défunt.
Mais il faut faire un choix de ce que l’on admettra, et se souvenir que tout ce qui se passe à la campagne n’est pas digne d’entrer dans l’églogue ; on ne doit en prendre que ce qui est de nature à plaire ou à intéresser ; par conséquent, il faut en exclure les grossièretés, les choses dures ou triviales, les menus détails, en un mot tout ce qui n’a rien de piquant ni de doux. […] Ce sont encore des élégies que plusieurs pièces de Bertaut, et celle, en particulier, où se trouve cette stance d’une coupe si harmonieuse et si souvent citée : Félicité passée Qui ne peux revenir, Tourment de ma pensée, Que n’ai-je, en te perdant, perdu le souvenir !
Il est donc maladroit d’entamer un récit par un point qui rende nécessaire un grand nombre d’explications, de confidences, d’expositions, car le lecteur ignorant encore ce que l’on fera de ces matériaux épars que rien ne fixe dans la pensée, les considère négligemment, et n’y attache pas assez d’importance pour en garder le souvenir.