On se fatigue, on parle péniblement, et l’orateur qui s’énonce avec peine fait souffrir ceux qui l’entendent. […] Prenez pour une règle constante, que vous ne devez jamais émettre plus de voix que vous ne le pouvez sans peine ou sans efforts. […] Si l’on prenait ce soin exactement, si la prononciation était d’avance attentivement étudiée, l’orateur serait amplement dédommagé de sa peine par l’effet bien plus remarquable que produirait son discours. […] Car la force du génie qui se trouve d’un côté l’emporte sans peine, au moins dans les ouvrages de goût, sur cette perfection artificielle qui n’est due qu’à des connaissances plus exactes. […] Leur instruction leur avait coûté plus de peine, leur enthousiasme était aussi plus vif, et ils prétendaient à plus de gloire qu’il n’en est réservé à nos savants modernes.
Dans notre recueil, rien de semblable : on peut, tout à son aise, sans que l’esprit s’énerve et s’épuise à chercher le sens, voir et juger comment des écrivains Grecs ou Latins, des auteurs modernes de bon aloi, ont tiré parti d’une situation donnée ; on n’a d’autre peine que celle de s’essayer à revêtir d’un latin aussi clair que possible, correct surtout, des idées coordonnées par des maîtres, et qui n’émanent pas d’une plume inexpérimentée. […] « Oui, mon fils, j’en jure par les Dieux : après les meurtriers de Tibérius, il n’est pas d’ennemi qui m’ait causé autant de peine, autant de mal que toi, en voulant marcher sur les traces de ton frère, toi qui devais me tenir lieu de tous les enfants que j’ai perdus, afin que ma vieillesse fût exempte, autant que possible, de tourments et d’inquiétudes. […] Si leur conduite contre les Mèdes fut autrefois louable, et qu’aujourd’hui elle soit blâmable envers nous, ils méritent une double peine, puisque de bons qu’ils étaient, ils sont devenus méchants. […] Si vous supportez avec peine la mort de Commode, il ne faut pas regarder comme extraordinaire qu’il ait péri ; il était homme, il devait donc mourir. […] Mais tout nous est commun : je partage vos périls et vos peines ; le prix est au bout de la carrière.
F… Lamartine, pour expliquer les peines et les combats du juste, prête à Dieu ces paroles sublimes : Tu n’as qu’un jour pour être juste ; J’ai l’éternité devant moi. […] Ce défaut est assez difficile à éviter ; car, comme il est naturel de chercher le grand en toutes choses, on a de la peine à s’arrêter où il faut, comme fait Cicéron qui, au rapport de Quintilien, ne prend jamais un vol trop haut. […] Mais si l’objet, quoique sensible par lui-même, ne se présente à l’imagination que faiblement, confusément ou avec peine, l’image qui le peint avec force, avec éclat, et ramassé comme en un seul point, soulage l’esprit autant qu’elle embellit le style.
Un jour peut-être vous les surpasserez, mais vous n’obtiendrez que difficilement d’être placés, non pas à leur niveau, mais quelques degrés au-dessous d’eux ; car tout être vivant voit un concurrent avec peine.
j’en aurai moins de peine.
Le président Hénault peint ainsi le cardinal de Retz : « On a de la peine à comprendre comment un homme qui passa sa vie à cabaler n’eut jamais de véritable objet.
De trente nations malheureux conquérants, La peine était pour vous, le fruit pour vos tyrans. […] Tu ne saurais cacher sa peine à sa victoire ; Dans les murs, hors des murs, tout parle de sa gloire, Tout s’oppose à l’effort de ton injuste amour, Qui veut d’un si beau sang souiller un si beau jour.
Lettre de Richelieu à Louis XIII pour l’engager à réprimer le duel en édictant des peines sévères contre les duellistes (1626.) […] On n’écrivait plus, il exige d’abord qu’on écrive et il affirme qu’on ne saurait le faire sans peine. […] Il improvisait sans peine, et il s’est épargné la fatigue d’écrire. […] Les impôts qu’on n’arrache au peuple que par la crainte et la violence seront acquittés sans peine et il sera facile de les percevoir à peu de frais. […] A peine Xipharès a-t-il avoué son amour à Monime qu’on dément la nouvelle de la mort de Mithridate par l’annonce de son retour.
Qu’ici le riche aidait le pauvre dans ses peines ; Eh bien !
Le président Hénault peint ainsi le cardinal de Retz : « On a de la peine à comprendre comment un homme qui passa sa vie à cabaler n’eut jamais de véritable objet.
Qu’Ajax soulève un roc et le lance avec peine, Chaque syllabe pèse et chaque mot se traîne. […] Mais que me revient-il des peines que je prends ? […] La finesse, qu’on peut définir la délicatesse de l’esprit, consiste à laisser deviner sans peine une partie de sa pensée, lorsque la pudeur ou le respect fait une loi de la discrétion, Employée à propos, elle plaît et semble s’autoriser de la pénétration du lecteur. […] Delille traduit : … Tant dut coûter de peine Ce long enfantement de la grandeur romaine ! […] C’est Lusignan qui parle, avec toute l’effusion de la tendresse paternelle, à sa chère fille : Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines.
La terreur assiégera vos jours et vos nuits : a peine croirez-vous à votre existence.
Cf. la satire IX : A mon esprit : Bienheureux Scudéry, dont la fertile plume Peut tous les mois, sans peine, enfanter un volume.
Après avoir monstré derechef congnoissance qu’elle avoit de ses pechés pour en demander pardon à Dieu, et la certitude qu’elle avoit de son salut, mettant sa confiance en un seul Jesus, et ayant3 à luy tout son refuge, sans estre incitee de nul4, elle commença à prononcer le Miserere, comme nous le chantons à l’Église, à haulte voix et forte, non sans grand peine, mais elle pria qu’on lui permist de continuer.
Que faire de soi quand on n’a plus à gagner son pain, et qu’au milieu d’une abondance qui épargne toute peine, on n’aperçoit rien sur sa tête qui appelle le travail par la responsabilité ?
Un héros y perdrait sa peine.
sans plaindre5 vos peines, Cueillez les blés mûrs dans les plaines, Le blé, notre bien le plus cher !
Mirabeau, accusé de trahison par ses ennemis, se défend en ces termes : « — Celui qui a la conscience d’avoir bien mérité de son pays, et surtout de lui être encore utile ; celui que ne rassasie pas une vaine popularité, et qui dédaigne les succès d’un jour pour la véritable gloire ; celui qui veut dire la vérité, qui veut faire le bien public, indépendamment des mobiles mouvements de l’opinion populaire ; cet homme porte avec lui la récompense de ses services, le charme de ses peines et le prix de ses dangers ; il ne doit attendre sa moisson, sa destinée, la seule qui l’intéresse, la destinée de son nom, que du temps, ce juge incorruptible, qui fait justice à tous. » — (Du droit de paix et de guerre. 2e Discours.)
Aussi naïf qu’un enfant, quand il était abandonné à la seule nature, il semblait avoir tout oublié ou ne rien connaître du monde, de ses grandeurs, de ses peines, de ses plaisirs ; mais quand Dieu descendait dans son âme, Paul devenait un génie inspiré, rempli de l’expérience du présent et des visions de l’avenir. […] Il est des peines et des revers dans lesquels la douce influence de la religion et les consolantes espérances de la foi peuvent seules ranimer nos forces et relever notre courage. […] Si donc on est dans l’impossibilité d’obliger, on doit en témoigner de la peine, dire quel bonheur on éprouverait si on pouvait accorder la grâce demandée, et quels regrets on ressent de ne pouvoir le faire, manifester l’espoir de trouver l’occasion de se dédommager de ce sacrifice, ou indiquer quelque personne en position de rendre le service demandé. […] La réponse ne doit pas se faire attendre, surtout si elle doit adoucir quelque peine.
Il y a des souvenirs agréables, mais il y en a de si vifs et de si tendres, qu’on a peine à les supporter : ceux que j’ai de vous sont de ce nombre.
Ces événements doivent amener des situations particulières, et, par suite, des peintures vraies du cœur humain, des mouvements qui l’agitent, des passions qui le tyrannisent, des plaisirs ou des peines qui en résultent.
Quand nous nous sommes bien alambiqué le cerveau pour trouver une suite aux choses présentes, et pour en tirer des conséquences touchant celles qui doivent arriver, il se trouve que nous avons imité les enfants, qui se donnent beaucoup de peine à faire des maisons de cartes que le moindre vent renverse, ou qui seraient inutiles quand il ne les renverserait pas.
Ne crains plus tant ces jours de courses vaincs Où notre destin fut pareil : Ces jours mêlés de plaisirs et de peines, Mêlés de pluie et de soleil.
J’apprends, Monsieur le Maréchal, la perte que vous venez de faire (de madame de Villeroi, sa sœur), et ce moment est de ceux où j’ai le plus de regret de n’être pas auprès de vous : car la joie se suffit à elle-même ; mais la tristesse a besoin de s’épancher, et l’amitié est bien plus précieuse dans la peine que dans le plaisir. […] Elles sont d’un homme plus propre à s’affliger avec des amis qu’à les consoler, et qui sait aigrir ses propres peines en s’attendrissant sur les leurs. […] Vous auriez bien de la peine à me fermer la bouche ; je ne puis me taire sur une action aussi généreuse.
Mille traverses, mille peines nous fatiguent, et nous inquiètent sur la route. […] C’est ainsi que Lusignan insiste avec force sur la naissance de Zaïre, sa fille, pour la ramener à la religion de ses pères : Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines : C’est le sang de vingt rois, tous chrétiens comme moi, C’est le sang des héros défenseurs de ma loi, C’est le sang des martyrs…………………… Voltaire, Zaïre. […] Leur âme, incapable de sentir les plaisirs, semble n’avoir de délicatesse que pour les peines ; un citoyen fut fatigué toute la nuit d’une feuille de rose qui s’était repliée dans son lit.
A peine aperçoit-on leurs pieds, tant ils sont courts et menus : ils en font peu d’usage ; et ils ne se posent que pour passer la nuit, et se laissent, pendant le jour, emporter dans les airs ; leur vol est continu, bourdonnant et rapide : on compare le bruit de leurs ailes à celui d’un rouet.
je t’ai vue en songe, et, de terreur glacé, J’ai vu sur des écueils ton vaisseau fracassé, Ton corps flottant sur l’onde, et tes bras avec peine Cherchant à repousser la vague ionienne.
Il y a bien des peines, bien des revers qui abattent la raison ; la religion alors peut seule relever notre courage et ranimer nos forces.
Quand on commence à apprendre l’escrime, la danse, l’équitation, on emploie presque toujours trop de force, on fait de trop grands mouvements, et l’on réussit moins en se donnant plus de peine.
Le plus âgé de vous aura vu treize années : A peine, mes enfants, vos mères étaient nées, Que j’étais presque vieux.
A peine une étincelle a relui dans leur cendre.
Vous mourez, satisfait de sortir d’une vie où la vertu n’a rien à faire qu’à s’envelopper de sa majesté et à se garder de toute souillure ; vous mourez sans ostentation comme sans espoir, ne croyant pas que le monde vaille la peine que vous lui donniez un exemple ou que vous fassiez un vœu pour lui.
Elle perçait avec peine un brouillard lourd et rasant la terre, que le vent déplaçait çà et là en y faisant comme de larges trouées ; mais ces flocons grisâtres se réunissaient bientôt, comme les vagues séparées par un navire retombent et remplissent le sillage qu’il vient de tracer.
Qu’Ajax soulève un roc et le lance avec peine : Chaque syllabe pèse et chaque mot se traîne.
Les véritables auteurs de l’art sont donc les orateurs ; mais nous devons pourtant quelque reconnaissance à ceux qui ont aplani les difficultés ; car toutes les vérités que, grâce à leur génie, les orateurs ont découvertes une à une, les rhéteurs nous ont épargné la peine de les chercher et les ont rassemblées sous nos yeux. » Tous ceux qui écrivent reconnaissent d’ailleurs qu’il est dans leur art, comme dans tous les autres, certains procédés de composition, certains secrets de métier, une sorte de mécanisme littéraire, que l’on ne devine point, que l’on n’apprend qu’à l’user, après bien des essais et des tâtonnements.
Vienne l’habitude, l’écrivain y recourra instinctivement et sans peine, comme le marchand expérimenté retrouve, les yeux fermés, les divers objets de son commerce, selon les diversités de la demande.
Le cardinal, à qui un jeune conseiller des enquêtes avait dit en raillant qu’il serait assez à propos qu’il allât lui-même dans les rues voir l’état des choses, le cardinal, dis-je, se joignit au gros de la cour, et l’on tira enfin à toute peine cette parole de la bouche de la reine : « Hé bien !
Les citoyens d’une ville bien policée jouissent de l’ordre qui y est établi, sans songer combien il en coûte de peines à ceux qui l’établissent ou le conservent, à peu près comme tous les hommes jouissent de la régularité des mouvements célestes sans en avoir aucune connaissance ; et même, plus l’ordre d’une police ressemble par son uniformité à celui des corps célestes, plus il est insensible ; et par conséquent il est toujours d’autant plus ignoré qu’il est plus parfait.
Rousseau porta la peine des fautes où l’avait fait tomber son orgueil, bien plus qu’il ne fut victime de son inflexible vertu, comme il l’a dit dans son ode à la Postérité (IV, 10).
A peine ont-ils épuisé le présent, qu’ils se précipitent dans l’avenir, et, marchant au-devant de la Providence5, la préviennent sur toutes les démarches des hommes.
Rien n’est plus opposé au beau naturel que la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes d’une manière singulière ou pompeuse ; rien ne dégrade plus l’écrivain.
Cette soudaineté que nous vante Montagne, Et l’heureux à-propos en tous temps l’accompagne ; Elle doit au hasard ses plus piquants attraits ; Toujours elle rencontre, et ne cherche jamais ; Peu savent la trouver, mais la trouvent sans peine.
Les éloges mondains sont pour la douleur naturelle du neveu ; mais ce neveu est ecclésiastique, il comprend que son oncle est arrivé au terme de ses peines ; Fléchier peut donc dire que le grand prélat n’a fait que recevoir la récompense de ses travaux, et ne lui donner de regrets que pour le bien qu’il aurait pu faire encore à la religion.
Il nous sert aussi d’asile à nous-mêmes contre les peines les plus amères, et c’est le seul sentiment qui puisse calmer sans refroidir.
Nous étions témoins de ces luttes étranges, du haut d’une falaise où nous avions peine à tenir contre les furies du vent.
Quoique l’auteur (dont, au reste, je partage toujours la manière de voir) développe ce système avec assez de clarté, il me semble cependant pousser un peu trop loin sa théorie, lorsqu’il nous représente le sublime comme n’existant que dans les modifications diverses des sentiments de peine ou de danger. […] Un auteur nous plaît et se concilie notre estime lorsqu’il nous évite la peine de chercher sa pensée ; lorsqu’il nous développe son sujet sans embarras, sans confusion ; lorsque son style coule comme un ruisseau limpide dont on distingue toujours le fond. […] « Lasser, fatiguer. » La continuation d’une même chose nous lasse, la peine fatigue. […] Lorsqu’un sujet intéressant a fixé notre attention, c’est avec peine que notre esprit le quitte pour s’occuper de ce qui ne lui présente qu’un intérêt médiocre. […] L’on éprouve quelquefois une peine extrême à placer ces accessoires de manière à ce qu’ils ne nuisent ni à la grâce ni à la clarté de la phrase.
Pour que l’action soit entière, il faut quelle ait une étendue suffisante pour qu’on puisse distinguer sans peine un commencement, un milieu et une fin. […] Ainsi La Fontaine dit en parlant d’un sanglier dur à tuer : … La Parque et ses ciseaux Avec peine y mordaient.
Les jeunes gens corrompus sont inhumains et cruels J’ai toujours vu que les jeunes gens corrompus de bonne heure étaient inhumains et cruels ; leur imagination, pleine d’un seul objet, se refusait à tout le reste ; ils ne connaissaient ni pitié, ni miséricorde ; ils auraient sacrifié père et mère, et l’univers entier, au moindre de leurs plaisirs1 Au contraire, un jeune homme, élevé dans une heureuse simplicité, est porté par les premiers mouvements de la nature vers les passions tendres et affectueuses : son cœur compatissant s’émeut sur les peines de ses semblables ; il tressaille d’aise quand il revoit son camarade ; ses bras savant trouver des étreintes caressantes, ses yeux savent verses des larmes2 d’attendrissement ; il est sensible à la honte de déplaire, au regret d’avoir offensé.
Il n’eut pas de peine à reconnaître le trouble terrible de son ami ; il s’informa de ce qui pouvait lui être arrivé.
Je suis accoutumé aux peines, et crains peu les difficultés ; lorsqu’on veut acheter quelque chose, on dit : Mettez-y le prix.
Au figuré, il se prend quelquefois dans le sens de peines, angoisses. […] Répartir la peine sur tous. — Ordinare, mettre en ordre. […] Negotium (non otium) signifie 1° Peine, travail. […] Cic. — Questus, plainte, expression de la peine ou de la douleur. […] Cic. — Fortitudo est cette force d’âme qui nous fait supporter les peines, les travaux, les périls.
Ces deux êtres liés par des nœuds si secrets Séparent rarement leurs plus chers intérêts : Leurs plaisirs sont communs aussi bien que leurs peines. […] Mais les vastes bassins(b) creusés sur le penchant de la colline, et que les eaux remplissent successivement, leur facilitent la descente de ces lieux escarpés, que la chèvre légère franchissoit autrefois avec peine. […] Il y a même des choses vraies qu’il auroit de la répugnance à croire, s’il les voyoit, et qu’il croira sans peine, lorsqu’il en entendra le récit, parce que l’oreille est à cet égard moins rigoureuse et plus crédule que les yeux. […] Il n’a, pour ainsi dire, d’âme que pour sentir leur bonheur ou leurs peines : elle s’identifie en quelque sorte avec la leur. […] Voltaire me paroît tenir un juste milieu entre ces deux sentimens ; et je n’aurois pas de peine à croire que le sien fût approuvé même des esprits les plus rigides.
Tartuse devait donc triompher ; mais, d’autre part, l’hypocrisie, dans tout le développement que lui donne Tartuse, est si odieuse, que la moralité universelle, la conscience du genre humain réclamait contre ce vice une peine exemplaire.
S’il a pu confondre le sublime avec le style sublime, il le distinguera sans peine du ton sublime.
Soit qu’il s’agisse de montrer le juste ou l’injuste, ce qui est digne de peine ou de récompense, comme dans le genre judiciaire ; ce qui est honorable et utile, ou nuisible et déshonorant, comme dans le genre délibératif ; ce qui est honnête ou honteux, digne de louange ou de blâme, comme dans le genre démonstratif, la preuve est la partie importante du plaidoyer ou de l’oraison.
A peine découvrez-vous quelques arbres, mais partout s’élèvent des ruines d’aqueducs et de tombeaux.
Mais est-ce bien la peine, et vous aurai-je rendu un grand service quand j’aurai augmenté le nombre des compilations dont on vous accable ?
Que dès les premiers vers l’action préparée Sans peine du sujet aplanisse rentrée. […] L’intérêt doit augmenter de scène en scène : Que le trouble croissant toujours de scène en scène, A son comble arrivé » se débrouille sans peine. […] Celui-ci s’identifie, pour ainsi dire, avec eux ; il parait ressentir leur bonheur ou leurs peines.
Je laisse aux lecteurs judicieux le soin d’apprécier un pareil paragraphe : ils y reconnaîtront sans peine le principe et le terme en même temps du succès de certains ouvrages, élevés par l’esprit de parti bien au-dessus de leur valeur littéraire, et dont je ne sais quelle hardiesse, qu’il eût été facile de qualifier d’un autre nom, faisait à peu près tout le mérite.
Je réponds que quand le cœur, l’esprit, l’imagination, l’oreille sont charmés par cette harmonieuse élégance, quand elle fait naître l’intérêt qui se refuserait à la chose elle-même91, il est impossible que toutes nos facultés prennent ainsi le change et s’abusent sur ce qui les charme ; que ce n’est réellement pas la peine de construire un théâtre, d’y réunir tous les prestiges des arts, d’y convoquer l’élite de la société, pour y faire entendre les conversations du coin de la rue, Depuis que je vous vois, j’abandonne la chasse, ou encore : Demain, vingt-cinq juin mil six cent cinquante-sept, Quelqu’un que lord Broghill autrefois chérissait Attend de grand matin ledit lord aux Trois Grues, Près de la halle au vin, à l’angle des deux rues92.
Je ne parle pas de la confusion des pronoms possessifs, des chevilles et des constructions équivoques qui embarrassent et obscurcissent la phrase, mais réellement on a peine à lire une centaine de vers où le sujet et le régime sont perpétuellement remplacés par des abstractions, l’âme, l’orgueil, la faiblesse, la vieillesse, le cœur, les secours, les pas, la jeunesse, etc.
Lisez les poètes qui ont le mieux peint l’homme et la nature, leurs riantes images vous délasseront l’esprit ; lisez aussi les critiques célèbres, pour vous habituer à juger avec goût les œuvres littéraires ; ne dédaignez pas les orateurs et les moralistes ; ne reculez pas devant un livre sérieux : vous n’aurez pas à regretter votre temps et vos peines.
Quelques nageurs se donnèrent la peine De l’en tirer : c’en était fait sans eux.
Aujourd’hui est pourvu ; demain suffira à sa peine.
Nous citerons le rondeau bien connu de Voiture, parce qu’il explique tout le mécanisme de ce petit poème : Ma foi c’est fait de moi ; car Isabeau M’a conjuré de lui faire un rondeau : Cela me met en une peine extrême.
Jubellius Tauréa et Pacuvius Calavius, seuls de tous les citoyens de Capoue, furent admis à ce repas ; et le dernier obtint avec beaucoup de peine cette grâce pour son fils Pérolla, dont les engagements avec Magius n’étaient pas inconnus à Annibal, qui voulut bien pourtant lui pardonner le passé, à la prière de son père. […] La peine qui menaçait Milon, et à laquelle son défenseur ne put le soustraire, était l’exil. […] Je veux un sublime si familier, si simple, que chacun soit d’abord tenté de croire qu’il l’aurait trouvé sans peine, quoique peu d’hommes soient capables de le trouver. […] Ceux qui ne peuvent concevoir le secret des nombres et de l’harmonie peuvent le voir à découvert dans cette période, qui semble sortir avec effort, se traîner, tomber, se relever, enfin arriver avec peine jusqu’à l’exclamation qui la termine, et que l’auditeur attend après une si longue suspension. […] La finesse consiste à laisser deviner sans peine une partie de sa pensée ; et cette manière, lorsqu’elle est employée avec ménagement, est d’autant plus agréable qu’elle exerce et fait valoir l’intelligence des autres : c’est une énigme dont les gens d’esprit devinent tout d’un coup le mot.
La même Académie dit au mot faire : il ne faut faire de peine, de la peine à personne. […] On dira donc : je ne suis pas surpris de la justice que vous ont rendue vos juges. = Vous savez les peines que m’a données cette affaire.
Des objets que nous ne verrions qu’avec peine, s’ils étaient réels, des bêtes hideuses, des cadavres, nous les voyons avec plaisir dans un tableau, lors même qu’ils sont rendus avec la plus grande vérité. […] On croit sans peine, lorsqu’une chose est, ou arrive ordinairement après une autre, que, si celle-ci est, ou est arrivée, l’autre doit être aussi, ou être arrivée ; or cette conséquence est fausse.
Le sentiment réfléchi de la peine que doit avoir celui qui parle nous fatigue nous-mêmes. » Tout est là.
. — On comprend que le sentiment demande une périphrase pour la première idée, et que cette périphrase exprimera nécessairement le contraste entre le repos silencieux de la nature entière et l’orageuse insomnie de l’infortunée : C’était l’heure où tout dort dans une paix profonde ; Un calme universel assoupissait le monde ; Ni les flots de la mer, ni les feuilles des bois N’exhalaient un murmure, une plainte, une voix ; Les étoiles glissaient dans le ciel taciturne, Les troupeaux réunis sous le bercail nocturne, Les oiseaux colorés, les voyageurs errants Qui peuplent les forêts ou les lacs transparents, Mollement engourdis dans leurs muets domaines, Savouraient le repos et l’oubli de leurs peines, Mais la fille de Tyr veille avec ses ennuis110.
. — Celui qui veille dès le matin pour la posséder, n’aura pas de peine, parce qu’il la trouvera assise à sa porte. — Elle prévient ceux qui la désirent, et elle se montre à eux la première. » 160.
Il est bien des peines, bien des revers qui abattent cette fière raison, dont nous nous enorgueillissons.
Les plus beaux traits de Racine, ses plus sublimes pensées, sont amenés avec tant de naturel et si bien fondus en un ensemble achevé, que les yeux peu exercés ont souvent peine à les reconnaître.
Mais lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé toutes les pensées essentielles de son sujet, il n’aura pas de peine à les mettre en ordre et à les rendre en style naturel, facile, intéressant et lumineux.
Jouffroy : « Qu’importe aux autres et à nous, quand nous quittons ce monde, les plaisirs et les peines que nous y avons éprouvés ?
Le dogme de l’immortalité de l’âme et des récompenses ou des peines éternelles après la mort a fait de ces éloges une œuvre absolument nouvelle, dont l’antiquité païenne ne pouvait avoir aucune idée. […] Celui qui a la conscience d’avoir bien mérité de son pays, et surtout de lui être encore utile ; celui que ne rassasie pas une vaine célébrité, et qui dédaigne les succès d’un jour pour la véritable gloire ; celui qui veut dire la vérité et qui veut faire le bien public, indépendamment des mouvements de l’opinion populaire ; cet homme porte avec lui la récompense de ses services, le charme de ses peines et le prix de ses dangers.
A peine il sait bégayer quelques mots, et se tenir sur ses jambes, l’enfant brûle de jouer avec les enfants ; un rien le fâche, un rien l’apaise ; son humeur varie à chaque instant. […] Quand on lisait quelque chose à Quintilius : « Tenez, disait-il, corrigez-moi ceci, et cela encore. — Mais, impossible à moi de faire mieux ; je l’ai tenté deux ou trois fois en vain. — Effacez alors, et remettez sur l’enclume ces vers mal forgés. » — S’avisait-on de défendre une faute, au lieu de corriger : il ne disait plus mot, et, sans se donner une peine inutile, il vous laissait, seul et sans rival, vous adorer vous-même, à genoux devant votre génie. […] 1274Si vous aimiez-mieux 1275défendre une faute 1276que de la corriger, 1277il ne dépensait pas 1278une-seule parole en-plus, 1279et il ne prenait pas une peine inutile, 1280pour que vous n’aimassiez pas 1281teque et tua, et vous-même et vos vers, 1282seul et sans rival.
On a prétendu, et je doute que ce soit avec raison, que le génie français n’a aucun caractère national, mais qu’il les prend tous ; qu’il en est de même de sa langue ; que sa qualité est la clarté ; qu’elle s’est donné tout le reste à force de peines et de soins. […] L’esprit exerce cette fonction sans travail et sans peine. […] L’esprit a de la peine à se faire jour à travers tant d’objets divers qui se pressent sur un même point. […] L’orateur doit néanmoins présenter rapidement ces tristes images, car nos larmes se tarissent bientôt, surtout dans les peines d’autrui. […] Peu de parties du discours donnent à l’auteur plus de peine et demandent plus de délicatesse dans l’exécution.
Frappé d’un jour nouveau, je vis du haut des cieux Les immortels descendre et planer sur ces lieux : De leurs corps transparents, vêtus de légers voiles, Où l’or parmi l’azur rayonnait en étoiles, Le soleil nuançait l’ondoyante vapeur ; Ils suspendent leur vol ; et, réunis en chœur, Ils chantent à l’envi ces puissantes prières Qui soulagent des morts les peines passagères ; Ils consolent nos rois chassés de leurs tombeaux, Et souhaitent que Dieu pardonne à leurs bourreaux.
L’épitaphe n’étant faite que pour être lue en passant, doit présenter un sens clair et précis, qu’on découvre d’abord et sans la moindre peine.