voilà pour traiter toute une ville entière !
Dans cet écrit, notre pauvre cité, Par moi, seigneur, humblement vous supplie, Disant qu’après le pénultième été, L’hiver survint avec grande furie Monceaux de neige et grands randons de pluie : Dont maint ruisseau, croissant subitement, Traita nos ponts bien peu courtoisement.
Il faut traiter les choses de l’esprit avec l’esprit, et non avec le sang, la bile, les humeurs. » 1.
Mais la fresque est pressante, et veut, sans complaisance, Qu’un peintre s’accommode à son impatience, La traite à sa manière, et d’un travail soudain Saisisse le moment qu’elle donne à sa main1, La sévère rigueur de ce moment qui passe Aux erreurs d’un pinceau ne fait aucune grâce ; Avec elle il n’est point de retour à tenter, Et tout, au premier coup, se doit exécuter. […] Imaginez-vous l’application d’un enfant à élever un château de cartes, ou à se saisir d’un papillon ; c’est celle de Théodote pour une affaire de rien, et qui ne mérite pas qu’on s’en remue : il la traite sérieusement, et comme quelque chose qui est capital ; il agit, il s’empresse, il la fait réussir ; le voilà qui respire et qui se repose, et il a raison : elle lui a coûté beaucoup de peine. » (De la Cour.)
Que ce bourdonnement suffise aux maîtres d’étude chargés de constater très-vite que les leçons out été apprises, passe encore ; mais que le professeur laisse traiter du Corneille comme du Lhomond, voilà ce qui dépasse toute mesure. […] Bien qu’il ne manquât point de courage, Mazarin n’avait ni la grande âme ni l’intrépidité de Mathieu Molé ; bien qu’il eût servi dans sa jeunesse, il n’avait ni l’héroïsme impétueux de Condé ni l’héroïsme réfléchi de Turenne ; bien qu’il connût à fond le cœur humain et sût fort bien traiter avec les hommes, il n’avait au fort de l’orage, lorsqu’il fallait payer d’audace et d’éloquence, ni le coup d’œil, ni l’instinct rapide, ni la décision prompte et ferme du cardinal de Retz ; bien qu’il fût homme d’expédients et fidèle à sa royale maîtresse, d’autres étaient fidèles autant que lui, quel que fût leur chef ou leur parti, et comme lui féconds en ressources. […] Vous me trouverez sur les livres de Platon qui traitent de la spiritualité de l’âme et de sa distinction d’avec le corps, ou la plume à la main pour calculer les distances de Saturne et de Jupiter : j’admire Dieu dans ses ouvrages, et je cherche, par la connaissance de la vérité, à régler mon esprit et devenir meilleur. […] Mais une pensée fine, ingénieuse, une comparaison juste et fleurie, est un défaut, quand la raison seule ou la passion doivent parler, ou bien quand on doit traiter de grands intérêts ; ce n’est pas alors du faux bel-esprit, mais c’est de l’esprit déplacé, et toute beauté hors de sa place cesse d’être beauté. […] nous traitons de puissance à puissance ; L’un pour l’autre une fois n’ayons point de secret : Vous donnez par terreur, je prends par intérêt.
Fidèle à cette division, le poëte latin ne confond jamais l’une de ces quatre parties avec une autre, et ne parle que des objets qui ont un rapport direct à la partie qu’il traite. […] C’est ce que fait Rosset dans le chant de son poëme, où il traite des arbres. […] Il y traite avec ordre, et dans le plus grand détail de tout ce qui concerne l’agriculture. […] Boscovich, jésuite, a emprunté le langage des Muses latines pour traiter une des matières les plus difficiles et les plus sublimes de la physique. […] Sganarelle le traite de vieux fou, et fait rentrer Isabelle, afin qu’elle n’entende pas, dit-il, cette pratique infâme.
On la vit s’élever tout à coup à une hauteur de pensées, et à une magnificence de diction proportionnées aux objets qu’elle traitait ; la langue française acquit, dans la bouche des Mirabeau, des Maury, des Lally-Tolendal, etc., une force d’expression, un caractère d’énergie oratoire, dont elle n’offrait pas encore de modèle, et dont nous multiplierions volontiers les exemples, si ces matières, complètement étrangères, d’ailleurs, aux études des jeunes gens, n’avaient de plus l’inconvénient de rappeler des souvenirs auxquels il est difficile de toucher, sans réveiller des passions.
Il a fait sentir pourquoi Homère et les prophètes ne sont jamais plus différents que lorsqu’ils semblent le plus se rapprocher par le fond ou les détails du sujet qu’ils traitent ; et nous ne saurions trop inviter les maîtres et les disciples à se pénétrer de l’esprit qui a dicté le Génie du Christianisme, le plus beau trophée que le génie de la sensibilité et l’enthousiasme du vrai beau aient élevé depuis longtemps à la morale et à la religion.