On a prétendu qu’il avait connu par lui-même cette passion qu’il a peinte en traits si frappants et si propres à nous en défendre. […] Boileau louait dans Regnard « le don de n’être pas médiocrement plaisant », et Voltaire pensait que « celui qui ne goûte point les comédies de Regnard n’est pas digne d’admirer Molière. » La Harpe a dit aussi : « Regnard a su être grand comique sans ressembler à Molière : ce qui le caractérise, c’est une gaieté soutenue, un fonds inépuisable de saillies et de traits plaisants. » Il faut voir à son sujet, outre le Cours de littérature de La Harpe, les feuilletons recueillis de Geoffroy, en regrettant d’ailleurs l’absence de travaux critiques plus complets sur cet écrivain, dont le théâtre mériterait un annotateur diligent.
Une allégorie ancienne représentait l’éloquence sous les traits d’Hercule, conduisant les hommes avec un fil d’or. […] C’est un trait de cette vie dont les historiens ne nous disent pas que quelque autre conquérant puisse se vanter. […] Ses yeux étincelaient ; la cruauté était peinte dans tous ses traits. […] Un trait délicat est une idée touchante, présentée d’une maniere détournée. […] Il y a dans la vie d’un orateur romain, Antoine, aïeul du triumvir, un trait bien propre à démontrer ce que nous venons de dire.
Écoute ma prière et viens à mon secours : Je meurs ; va la trouver : que tes traits, que ton âge, De sa mère à ses yeux offrent la sainte image ! […] Ceux qui déjà regardaient cet événement comme favorable avaient beau pousser la gravité jusqu’au maintien chagrin et austère, le tout n’était qu’un voile clair, qui n’empêchait pas de bons yeux de remarquer et de distinguer tous leurs traits. […] Bonaparte n’a aucun trait de ce grave Américain : il combat avec fracas sur une vieille terre ; il ne veut créer que sa renommée ; il ne se charge que de son propre sort. […] Quels traits me présentent vos fastes, Impitoyables conquérants ? […] Ces jeux de l’imagination, ces finesses, ces tours, ces traits saillants, ces gaietés, ces petites sentences coupées, ces familiarités ingénieuses qu’on prodigue aujourd’hui, ne conviennent qu’aux petits ouvrages de pur agrément.
Les noms qui sont composés de plusieurs mots liés ensemble par un trait d’union, veulent, lorsqu’ils sont employés au pluriel, une s ou un x à la fin du dernier mot seulement. […] De plus, si les pronoms on, il, elle, sont après une troisième personne du présent absolu, du futur, ou du présent du subjonctif, qui se termine par une voyelle, on ajoute un t avec un trait d’union entre le verbe et le pronom ; = aime-t-il l’étude ? […] Traire, et ses composés abstraire, attraire, distraire, extraire, rentraire, retraire, soustraire, font au participe, trait ; au gérondif, trayant, et au présent absolu, je trais, tu trais, il trait, nous trayons. […] Grand Roi, si jusqu’ici, par un trait de prudence, J’ai demeuré, pour toi, dans un humble silence.
Elle sert encore à peindre un objet sensible sous des traits plus riants ou plus énergiques, tels que : une maison gaie, une campagne riante, un discours froid un coup d’œil sûr, un livre amusant, ennuyeux, etc., un sillon de feu, l’enfance du monde, le poids des années, la faux du Temps. […] « Je ne parle pas, dit-il, de cette allusion générale des animaux à nous, qui est de l’essence de l’apologue ; je parle de mille traits répandus dans ses fables, qui touchent plus expressément à quelque particularité de langage, de caractère, d’usage, de condition, de mœurs locales, d’opinion, d’érudition, etc. » Ratopolis était bloquée… Thémis n’avait point travaillé De mémoire de singe a fait plus embrouillé… Don Pourceau raisonnait en subtil personnage… Certain Renard gascon, d’autres disent normand… Quand il eut ruminé tout le cas dans sa tête… Le Loup en fait sa cour, daube au courtier du roi Son camarade absent… Le Renard dit branlant la tête, Tels orphelins, seigneur, ne nie font point pitié… Faites-en les feux dès ce soir ; Et cependant viens recevoir Le baiser de paix fraternelle… Chacun fut de l’avis de monsieur le doyen,… Miraut sur leur odeur ayant philosophé, Etc., etc. « Ces traits, dis-je, et une infinité d’autres, aussi fins et aussi rapides, réveillent en passant une multitude d’idées qui rendent les plaisirs de cette lecture inépuisable ; et c’est dans les fables de La Fontaine, un genre d’agrément dont Ésope et Phèdre n’avaient pas soupçonné que l’apologue fût susceptible. » Lecture. — Quelques exemples d’allusion. […] Il a les traits réguliers, le teint beau et vermeil, le nez aquilin, les yeux grands, pleins de feu ; les cheveux blonds et bouclés, la tête haute, mais un peu penchée vers l’épaule gauche, la taille moyenne, fine et dégagée, le corps bien proportionné et fortifié par un exercice continuel. […] Mais je ne trouve point de couleurs assez noires Pour en représenter les tragiques histoires ; Je les peins dans le meurtre à l’envi triomphants ; Rome entière noyée au sein de ses enfants : Les uns assassinés dans les places publiques ; Les autres dans le sein de leurs dieux domestiques ; Le méchant par le prix au crime encouragé, Le mari par sa femme en son lit égorgé, Le fils tout dégouttant du meurtre de son père, Et, sa tête à la main, demandant son salaire ; Sans pouvoir exprimer par tant d’horribles traits, Qu’un crayon imparfait de leur sanglante paix.
L’épitre familière prend un air de négligence et de liberté ; elle badine agréablement, elle sème partout la saillie, les traits d’esprit et la grâce.
La correspondance familière des grands écrivains ou des personnages remarquables offre un vif intérêt ; on aime à y chercher des traits particuliers de caractère et des détails intimes qu’il est impossible de trouver ailleurs.
J’ai pensé aussi qu’en mettant sous les yeux des jeunes gens des morceaux choisis de nos meilleurs écrivains, je pouvais bien par occasion leur apprendre un trait d’histoire ; leur faire connaître un homme célèbre, un Dieu, un héros de la fable, la situation d’une ville, d’un pays, etc.