Je suis, je crois, le seul homme qui ait mis des livres au jour sans être touché de la réputation de bel esprit.
Revêtu de l’une des plus belles fonctions ecclésiastiques, qu’il devait à son zèle et à son éloquence, débarrassé des détails minutieux des places subalternes, il eut plus de loisirs, et voulut les consacrer à l’enseignement d’une science qu’il possédait au degré le plus élevé, celle de parler au cœur, d’employer l’art de la parole à toucher et à convaincre. […] Les peuples les plus barbares, dès qu’ils ont éprouvé le besoin de persuader ou de toucher, mettent dans les expressions qu’ils emploient une grâce et une force quelquefois très remarquables ; ils commencent alors à être sensibles à la beauté du style, et s’efforcent de lui prêter certains ornements que l’expérience leur a fait apprécier, longtemps avant que l’étude et l’application de ces ornements devinssent l’objet d’un art régulier. […] Le toucher, par exemple, devient infiniment plus exquis chez celles qui l’emploient habituellement à examiner le poli des corps ; celles qui s’occupent d’observations microscopiques, ou qui gravent sur les pierres précieuses, acquièrent une surprenante facilité à discerner les plus petits objets ; savourer souvent le goût et le parfum des liqueurs augmente admirablement la faculté de les distinguer et de découvrir leur composition. […] En quelque genre de composition que ce puisse être, ce qui flatte l’imagination et touche le cœur, plaît aux peuples de tous les siècles. […] Le toucher peut, il est vrai, nous donner une idée de l’étendue, de la forme et de quelques autres qualités qui frappent les yeux, excepté toutefois les couleurs ; mais il est bien plus borné dans ses opérations34. » Dans cette phrase, Addison suit l’ordre ordinaire du langage, et s’il a de cette manière moins de pompe et de majesté que lord Shaftsbury, il est en revanche plus naturel, plus facile et plus simple, qualités qui l’emportent de beaucoup sur toutes les autres.
Le toucher corrige l’erreur de sa vue et lui révèle les formes des corps ; il distingue leur mollesse, leur dureté ; tous ses jeux sont d’actives et de profondes études.
Ce grand excès d’amour que je t’ai témoigné N’a point touché ton cœur, ou ne l’a point gagné : Ingrat, tu m’as payé d’une impudente feinte, Et tu n’as eu pour moi respect, amour ni crainte.
L’histoire ne souffre point les ornements empruntés de l’art ; on veut, au contraire, que l’épopée charme, plaise, touche, étonne.
Le sujet des Catilinaires est connu : on sait que Catilina, après avoir conspiré la perte de Rome et de tout ce qu’elle renfermait de citoyens estimables, touchait au moment de réaliser ses infâmes projets, quand la vigilance et le courage de Cicéron déjouèrent ses complots, et sauvèrent les Romains d’une ruine certaine.
Tout est peint dans un détail de circonstances affreuses : l’image du danger est exprimée dans chaque parole de l’historien ; et jamais tableau n’a paru plus fini dans l’histoire, ni touché de plus fortes couleurs et avec de plus grands traits.
Les lieux les plus riants sans lui nous touchent peu ; C’est un temple désert qui demande son dieu ; Avec lui mouvement, plaisir, gaîté, culture, Tout renaît, tout revit : ainsi qu’à la nature La présence de l’homme est nécessaire aux arts ; C’est lui dans vos tableaux que cherchent nos regards.