Mais si leur voix n’est pas assez forte, écoutez Jésus-Christ qui se joint à eux : « Ingrat, déloyal, vous dit-il, tu manges5 et tu te reposes à ton aise ; et tu ne songes pas que je suis souffrant en cette maison, que j’ai la fièvre en cette autre, et que partout je meurs de faim, si tu ne m’assistes6. » La royauté Certes, ce ne sont ni les trônes, ni les palais, ni la pourpre, ni les richesses, ni les gardes qui environnent le prince, ni cette longue suite de grands seigneurs, ni la foule des courtisans, non1, non, ce ne sont pas ces choses que j’admire le plus dans les rois. […] quel sera mon étonnement, lorsque le juge sévère qui préside dans l’autre siècle, où celui-ci nous conduit, nous représentant en un instant toute notre vie, nous dira d’une voix terrible : « Insensés que vous êtes, qui avez tant estimé les plaisirs qui passent, et qui n’avez pas considéré la suite qui ne passe pas ! […] Vous avez découvert toutes ses menées et démêlé toute son intrigue ; enfin vous avez reconnu tout l’ordre du crime ; vous voyez ses pieds, son corps et sa tête ; aussitôt que vous pensez le convaincre en lui racontant ce détail, par mille adresses il vous retire ses pieds : il couvre soigneusement tous les vestiges de son crime ; il vous cache sa tête : il recèle profondément ses desseins ; il enveloppe son corps, c’est-à-dire toute la suite de son intrigue, dans un tissu artificieux d’une histoire embarrassée et faite à plaisir. […] » Certes, quand nous nous voyons penchant sur le retour de notre âge, que nous comptons déjà une longue suite de nos ans écoulés, que nos forces se diminuent1, et que le passé occupant la partie la plus considérable de notre vie, nous ne tenons plus au monde que par un avenir incertain : ah !
En effet, si le péril cesse, l’action est finie, et si le personnage tombe dans un second péril qui ne soit pas une suite nécessaire du premier, c’est une autre action qui commence. […] Il faut que le nœud commence dès le premier acte : c’est une suite nécessaire de l’exposition du sujet. […] Car, si l’action se repose deux scènes de suite dans le même point, elle se refroidit. […] C’est là le lieu où elles doivent se montrer avec tous les malheurs, toutes les misères qui en sont les suites funestes. […] Les petites pièces de ce genre ont été introduites sur la scène pour être jouées à la suite d’une tragédie ou d’une comédie, afin de délasser le spectateur du sérieux de la grande pièce.
Donc, pour s’exprimer avec éloquence, il faut mettre en action ce précepte de Boileau : « Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez. » c’est-à-dire, qu’il faut sentir vivement [mots manquants] suite. […] Voilà certes des traits d’éloquence remarquables qui peignent fortement les mouvements de l’âme, et qui en sont comme les éclairs rapides et brûlants ; mais ces lueurs éloquentes qui ont suffi quelquefois pour entraîner tout un peuple, comme le fit Scipion, et pour faire tomber à genoux des assassins, comme le fit Coligny, selon le poète, n’auraient pas suffi à nos grands orateurs, à nos illustres auteurs dramatiques pour émouvoir une assemblée, ou pour tenir, pendant plusieurs heures de suite, tout un auditoire sous le charme.
Bossuet avait entrevu dans saint Augustin et dans Paul Orose1 le plan, la suite, la vaste ordonnance de son Histoire universelle ; et maître d’une grande idée indiquée par un siècle barbare, il la déployait à tous les yeux avec la majesté d’un éloquence pure et sublime. […] Dans tout genre de littérature, toute célébrité durable est un grand titre académique ; et il n’est donné à personne d’amuser impunément le public pendant vingt ans de suite. […] Le secret de votre longue prospérité théâtrale, c’est, je crois, d’avoir heureusement saisi l’esprit de notre siècle, et fait le genre de comédie dont il s’accommode le mieux et qui lui ressemble le plus, une comédie vive, dégagée, pressée, non pas un grand tableau d’art, qu’on aurait peu le loisir d’étudier, mais une suite de portraits expressifs qui amusent, qui passent, et dont pourtant on se souvient.
Attentif : il écoutera ou lira avec suite et intérêt, sans non-chalance, sans distraction. […] Il en est de son discours comme des deux pièces de Corneille, Attila et Othon, qui s’ouvrent par des expositions magnifiques auxquelles la suite ne répond pas. […] Pour y parvenir, la plupart des sermonnaires n’ont guère fait consister l’exorde que dans la proposition et la division, qui souvent en effet en sont la suite et le développement.
Vous sâvez la suite. […] Suite des valets, des équipages. […] Coulanges était à Rome, parmi la suite du duc de Chaulnes, ambassadeur extraordinaire près le conclave qui élut le pape Innocent XII, et demeura cinq mois assemblé.
Mais il est certain que, par la suite, la brillante fortune de madame de Maintenon ne l’éblouit pas, et que son élévation ne changea point son cœur, comme le lui écrivait dans une lettre fort remarquable, datée du 20 avril 1714, le duc de Richelieu, petit-neveu du cardinal et père du maréchal de France. […] Elle fut nommée Amable ; et, dans la suite, elle épousa le duc de Noailles, d’abord appelé comte d’Ayen, dont la carrière militaire fut brillante, et qui, après être parvenu, en 1733, à la dignité de maréchal de France qu’avait aussi possédée son père, mourut en 1766.
Un discours n’est qu’une longue suite d’enthymèmes. […] L’exemple cité plus haut revient à un dilemme : — Ou vous avez de meilleurs plans à proposer, et il est trop tard ; ou vous n’en avez pas, et il faut adopter celui qu’on vous présente. — Le dilemme est une suite d’enthymèmes présentés sous une forme vive et pressante.