Lorsqu’en voyant un homme on se souvient de son livre, c’est mauvais signe.
Le souvenir de tous vos bienfaits m’a été très-agréable. […] Le souvenir des maux passés nous est agréable.
Le seul nom de cette guerre réveille dans l’esprit du lecteur le souvenir de tous les grands hommes qui y jouèrent un rôle ; et après avoir admiré leurs exploits ou leurs talents politiques, peut-être ne sera-t-on pas fâché de les entendre discuter eux-mêmes ces grands intérêts, ou plaider quelquefois leur propre cause devant un peuple léger, ingrat, qui méconnaissait bientôt, et payait souvent de l’exil ou même de la mort, les services les plus signalés.
Mais il n’en est point ainsi : « Souvenez-vous de votre créateur, dans les jours de votre jeunesse, dit l’Ecclésiaste, avant que votre poussière retourne à la terre, d’où elle est sortie, et que votre âme revienne au Dieu qui vous l’a donnée ».
——————————— Non, non, sans le secours des filles de mémoire144, Vous vous flattez en vain, partisans de la gloire, D’assurer à vos noms un heureux souvenir.
Chacun rappelle en son souvenir depuis quel temps il lui a parlé, et de quoi le défunt l’a entretenu ; et tout d’un coup il est mort.
La Bruyère se souvient d’Horace, qui disait : « Je m’enveloppe de ma vertu. » 4.
« Dans ces éloges, dit Marmontel, on doit se souvenir que ce ne sont pas de froids détails, de longues analyses, ni des récits inanimés que demande l’académie ; mais des tableaux, des mouvemens, des peintures vivantes, de l’éloquence enfin, dont le propre est d’agir sur les esprits et sur les âmes. […] « La jeunesse vit d’espérance ; la vieillesse de souvenir. » (Montaigne.) […] La surabondance de mots, les longues phrases relâchent la discussion et en rendent le souvenir difficile autant que l’intelligence pénible. […] » Ils se doivent souvenir que, quand il s’agit d’entrer dans l’esprit du monde, c’est peu de chose que d’avoir raison, et que c’est un grand mal de n’avoir que raison, et de n’avoir pas ce qui est nécessaire pour faire goûter la raison.