Mais la douceur a d’autres soins qu’elle n’oublie jamais : habile à corriger notre impatience, elle nous fait éviter soigneusement tout ce qui pourrait offenser ; elle sait que l’homme est né pour souffrir, et toujours elle éprouve le besoin de le soulager ; voilà le devoir qu’elle aime, qu’elle s’impose, et qui jamais ne cesse pour elle ; elle n’attend pas des circonstances particulières pour agir ; elle est aussi rapide que la pensée, et le charme de son influence se fait reconnaître dans toutes ses paroles, dans toutes ses démarches, et jusque dans les efforts que la vertu peut goûter. […] On remarque en général, et ceci souffre peu d’exceptions, que lorsque les efforts de l’esprit sont dirigés vers un seul objet, exclusivement à tous les autres, on peut avec raison espérer qu’on atteindra la perfection, quel que soit l’objet de ces efforts. […] Cela vient de la nature même de l’émotion que tend à produire une description sublime, émotion qui ne peut souffrir rien de médiocre, ni subsister dès qu’elle s’affaiblit. […] Outre les temps, qui expriment les diverses époques, les verbes ont encore ce que grammaticalement on appelle les voix active et passive, suivant que l’affirmation est relative à ce que fait ou à ce que souffre une personne ou une chose : amo, I love [j’aime] ; amatus sum, I am loved [je suis aimé]. […] « Abhorrer, détester. » On abhorre ce qu’on ne peut souffrir, on déteste ce que l’on désapprouve fortement.
Mais ces deux poèmes ont cela de commun qu’ils n’en souffrent point d’inutiles.
Pour mourir Doit souffrir. […] Ainsi, chaque fois que le son muet disparaîtra, l’entrée du vers sera libre, parce que d’une part le rythme sera rétabli, et que d’autre part la mesure n’en souffrira pas.
Il ne faut pas non plus qu’une métaphore soit tirée de trop loin, parce qu’alors la liaison des idées en souffre nécessairement34.
Encore si vous naissiez à l’abri du feuillage Dont je couvre le voisinage, Vous n’auriez pas tant à souffrir ; Je vous défendrais de l’orage.
En règle générale, les vers français ne souffrent pas l’enjambement, parce que, dit La Harpe, il est contraire au génie de notre langue.
Ce sont eux qui, dans la débauche, ont autrefois vendu à Philippe notre liberté, et qui la vendent encore aujourd’hui à Alexandre ; qui, mesurant, dis-je, tout leur bonheur aux sales plaisirs de leur ventre, à leurs infâmes débordements, ont renversé toutes les bornes de l’honneur, et détruit parmi nous cette règle où les anciens Grecs faisaient consister toute leur félicité, de ne souffrir point de maître. » Par cette foule de métaphores prononcées dans la colère, l’orateur ferme entièrement la bouche à ces traîtres. […] Un orateur peut, avec beaucoup de convenance, adresser la parole à la religion, à sa patrie, à quelque ville ou province, qui ont souffert quelques grandes calamités, et qui ont servi de scène à quelque action mémorable. […] Alors un voile funèbre s’étendit sur toute la France, qui, après avoir souffert mille angoisses, tendit avec reconnaissance les mains au soldat heureux qui devait l’asservir. […] J’indique ce principe afin de mettre en garde contre une imitation peu réfléchie des anciens orateurs qui, dans leur prononciation, dans leurs gestes et dans leurs figures d’expression, usaient d’un genre bien plus hardi, que la froideur du goût moderne ne pourrait que difficilement souffrir : in dicendo vitium vel maximum est a vulgari genere orationis atque a consuetudine communis sensus abhorrere . […] Quintilien, qui traite ce sujet avec beaucoup de sagacité, s’efforce de nous retracer la méthode dont il se servait pour s’identifier avec les passions qu’il voulait exciter dans les autres : il présentait à son imagination ce qu’il appelle phantasiæ ou visiones, de fortes peintures des malheurs ou des indignités qu’avaient soufferts ceux dont il plaidait la cause.
L’éloquence la souffre davantage : Démosthène et Cicéron, nos Orateurs même sacrés s’en sont servis avec succès.