Je ne sais si Horace pardonnait à Plaute les scènes en patois carthaginois de son Pœnulus, mais la Bruyère disait de Molière : « Il ne lui a manqué que d’éviter le jargon et d’écrire purement ; » et Marmontel, en justifiant d’ailleurs sur ce point Molière, Dufresny, Dancourt, et, du même trait, nos vaudevillistes du jour, ne permet pourtant l’emploi du jargon villageois, même dans la comédie, qu’à deux conditions : s’il contribue au comique de situation, ou s’il marque une nuance de simplicité dans les mœurs, comme dans l’Ecole des femmes, par exemple, où il sert à distinguer la simplicité grossière de Georgette de la naïveté d’Agnès. Et il ajoute avec raison : « L’ingénuité, le naturel, la simplicité même n’ont rien qui se refuse à la correction du langage. » Quant à la seconde catégorie de jargons, ceux dont ou convient pour se parler sans être entendus, on conçoit que la rhétorique ne les admette nulle part.
Quelle simplicité harmonieuse et élégante ! […] Cet éloge, entièrement fondé sur des faits racontés avec cette belle simplicité qui se contente d’exposer ce qui n’a pas besoin d’être orné, renferme les événements les plus remarquables du règne de Louis XV, jusqu’à l’époque où l’auteur écrivait.
La Bible, au contraire, est tellement vraie, les sentiments en sont si naturels, que trop d’embellissement poétique les défigure, et tombe devant l’auguste simplicité de la version littérale. […] On retrouve, dans cette élégie, le style des prophètes dans sa majestueuse simplicité, ou revêtu de toute sa pompe orientale. […] Florian, qui a laissé très peu de vers, qui est presque sans nom en poésie, nous a donné, dans son églogue de Ruth, le modèle le plus accompli de ce genre d’écrire, le tableau le plus touchant de l’innocence des mœurs patriarchales, et l’imitation enfin la plus heureuse de la candeur, de la simplicité sentimentale du style sacré, admirable partout, mais au-dessus de nos éloges quand il peint les douces affections de l’âme. […] Ce ton de simplicité douce annonce bien heureusement celui qui va régner dans le reste de l’ouvrage.
Son style était celui des maîtres, et, en l’assouplissant au genre tempéré de l’histoire biographique, en lui donnant plus de grâce et de simplicité, il ne faisait que prouver une fois de plus que notre siècle n’avait pas produit d’écrivain supérieur à lui ? […] De l’âge d’or, jadis vanté, C’est la plus fidèle peinture ; Mais toujours la simplicité Ne fait pas la belle nature.
Elle alla crier famine Chez la fourmi, sa voisine, La simplicité et la clarté de cette exposition sont remarquables. […] Dans ce moment Turenne expire ; voilà un fait réduit à sa plus grande simplicité. […] Le plan élaboré par l’invention n’est autre chose que l’ordre, la gradation et l’harmonie sommairement exposées ; c’est le fond du discours réduit aux idées fondamentales : ses qualités sont la justesse, la netteté, la simplicité, la fécondité, l’unité et la proportion, comme on peut s’en convaincre en relisant les premiers préceptes de l’invention, extraits de Buffon.
Mais ce n’est pas en un jour que s’est formée et a paru à la lumière cette littérature et particulièrement cette prose nouvelle qui dit adieu sans retour aux libres allures et à l’inimitable fantaisie de Rabelais et de Montaigne, et se propose un tout autre idéal dont les traits dominants seront une clarté suprême et une simplicité parfaite, rehaussées par la force et par la grandeur. […] Pardonnons beaucoup à celui qui a écrit tant de belles pages sur la liberté, sur la vertu et sur Dieu ; mais réservons notre admiration tout entière pour les écrivains du dix-septième siècle, parce qu’en eux la simplicité, la naïveté même est unie à la grandeur, que la grâce y est la parure de la force, et la solidité l’essence même de leur génie. […] Son style était celui des maîtres, et, en l’assouplissant au genre tempéré de l’histoire biographique, en lui donnant plus de grâce et de simplicité, il ne faisait que prouver une fois de plus que notre siècle n’avait pas produit d’écrivain supérieur à lui. » 2.
Nous citerons, parmi les principales, la simplicité, le naturel, la naïveté, la finesse, la délicatesse, la grâce, la vivacité, l’éclat, la hardiesse, la force, la majesté et la sublimité. […] Ce caractère de simplicité, qui paraît si aisé à trouver, échappe à la plupart de ceux qui le poursuivent. […] La Fontaine présente de nombreux exemples de cette simplicité dont il est un modèle accompli. — Vauquelin de La Fresnaye, pour exprimer cette pensée : On fait plus de cas des richesses que de la science , dit-il avec une simplicité qui décèle l’homme d’esprit et de goût : Quand on dit j’ai, toute la compagnie S’en esjouit. […] Quels sont les défauts opposés à la simplicité et au naturel ? […] Toute pensée naïve est naturelle ; mais toute pensée naturelle n’est pas naïve, parce que le naturel peut avoir quelque chose de grand, de sublime ; au lieu que le naïf a toujours quelque chose de moins élevé et qui tient de la simplicité et de la bonhomie.
La simplicité noble de ce début a, dans cette simplicité même, quelque chose d’attachant, qui s’empare victorieusement de l’âme. […] Thomas était le plus honnête, le plus vertueux des hommes ; et ce même écrivain, dont la morgue et l’emphase sont, en général, les caractères distinctifs, avait dans sa conduite et dans ses mœurs la simplicité d’un enfant.