Acte I, Scène III.
Décora la scène de peintures.]
Le théâtre grec, admirable en soi, ne serait pas goûté sur notre scène ; une fable doit être courte, sinon elle perd son charme et ennuie le lecteur.
Quoi de plus propre à faire naître l’inspiration que l’aspect d’un vieux château à demi écroulé, dont les tours crénelées, les fortifications, les ponts-levis, les portes sombres, rappellent les scènes de la chevalerie, les tournois, les batailles, le courage des paladins, et les chansons des troubadours ?
Souvent dans vos tableaux placez des spectateurs, Sur la scène des champs amenez des acteurs ; Cet art de l’intérêt est la source féconde. […] Que si l’homme est absent de vos tableaux rustiques, Quel peuple d’animaux sauvages, domestiques, Courageux ou craintifs, rebelles ou soumis, Esclaves patients ou généreux amis, Dont le lait vous nourrit, dont vous filez la laine, D’acteurs intéressants vient d’occuper la scène ! […] Cette naïveté de l’apologue ne permet pas de mettre sur la scène des êtres métaphysiques, et d’y représenter, comme l’a fait Lamotte, Don Jugement, Dame Mémoire, Demoiselle Imagination.
Le Venceslas de Rotrou est entièrement dans ce goût, et toute cette histoire est fabuleuse… Un sujet de pure invention, et un sujet vrai, mais ignoré, sont absolument la même chose pour les spectateurs et comme notre scène embrasse des sujets de tous les temps et de tous les pays, il faudrait qu’un spectateur allât consulter tous les livres avant qu’il sût si ce qu’on lui représente est fabuleux ou historique.
Le fond et les détails principaux sont restés exactement les mêmes ; les noms seuls et le lieu de la scène sont changés : c’est Lavinie et Palémon, au lieu de Ruth et de Booz ; quant au lieu de la scène, il est partout où l’on voudra, et ce vague qui prive le sujet de l’intérêt attaché aux circonstances locales, ces noms, ces personnages d’idée, qui ne tiennent à rien, qui ne se lient à aucun peuple, à aucune époque historique, rejettent nécessairement cet épisode dans la classe des morceaux qui plaisent plus à l’esprit qu’ils ne peuvent toucher le cœur.
elle conçut l’envie De revoir pas à pas la scène de sa vie, La maison, le jardin, et de tout parcourir, D’y revivre un moment, fallût-il en mourir ! […] Dans Réné de M. de Chateaubriand se trouve une scène analogue : c’est la visite d’Amélie et de son frère au manoir paternel.