des personnages de théâtre : tout y roule sur le faux ; ce n’est partout que représentations ; et tout ce qu’on y voit de plus pompeux et de mieux établi n’est l’affaire que d’une scène : qui ne le dit tous les jours dans le siècle ?
Comparez une scène analogue tirée de Colomba (M.
Aimer La Fontaine, c’est presque la même chose qu’aimer Molière ; c’est aimer la nature, toute la nature, la peinture naïve de l’humanité, une représentation de la grande comédie aux cent actes divers1, se déroulant, se découpant à nos yeux en mille petites scènes, avec des grâces et des nonchalances qui vont si bien au bonhomme, avec des faiblesses aussi et des laisser-aller2 qui ne se rencontrent jamais dans le simple et mâle génie, le maître des maîtres.
Andromaque, scène dernière. […] Les Épîtres de Boileau sont datées des conquêtes de Louis XIV ; Racine porte sur la scène les faiblesses et l’élégance de la cour ; Molière doit à la puissance du trône la liberté de son génie ; La Fontaine lui-même s’aperçoit des grandes actions du jeune roi et devient flatteur.
Ainsi chaque contrée aura des métaphores, des comparaisons particulières, un style figuré qui lui sera propre ; et qui, toujours emprunté des scènes de la nature, nous offrira une espèce de topographie poétique, qui n’est ni sans charme, ni sans intérêt.
On aime à y trouver un ton de liberté vif et animé, des portraits pittoresques, des anecdotes piquantes, des détails intimes de mœurs ; l’auteur peut s’y mettre en scène, et cette communication familière avec le lecteur donne un charme de plus au récit ; mais les mémoires ne doivent pas dégénérer en bavardage inutile.
…………………………………………………………………………… Trop resserré dans les bornes d’un cloître3 Un tel mérite au loin se fit connaître ; Dans tout Nevers, du matin jusqu’au soir, Il n’était bruit que des scènes mignonnes Du perroquet des bienheureuses nonnes ; De Moulins même on venait pour le voir : Le beau Ver-Vert ne bougeait du parloir.
Les personnages mis en scène dans l’apologue sont ordinairement des animaux. […] Ces derniers, qu’on appelait Silènes, parlaient toujours avec sagesse et gravité ; les jeunes étaient faits pour égayer la scène par des plaisanteries, des traits piquants, quelquefois par des bouffonneries et des grossièretés. […] Dans les autres poèmes, en effet, le poète n’est pas le personnage mis en scène ; son art même consiste souvent à se faire oublier.