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123. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

M. l’Archevêque sait bien que nul ne m’insultera dans la chaire de Notre-Dame ; il sait bien qu’un immense auditoire me couvrira contre tout désir isolé et honteux ; il sait que je ne donnerai pas le temps à tout ce monde de se reconnaître, et qu’à ma troisième phrase je me serai fait dans leur cœur un asile sacré1. […] C’est que la gloire est le cri de la sympathie et de la reconnaissance ; la dette de l’humanité envers le génie ; le prix des services qu’elle reconnaît en avoir reçu et qu’elle paye avec ce qu’elle a de plus précieux, son estime.

124. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

Lisez les premières légendes de Rome, à leur couleur dramatique, vous reconnaîtrez déjà le génie de la race latine. […] A-t-il à défendre des clients suspects ou condamnés d’avance, comme Rabirius Posthumus et Ligarius, ou bien il fait semblant de leur donner tort, jusqu’à ce qu’il ait retourné l’esprit des juges en leur faveur par cette apparente sincérité ; ou bien il reconnaît leur faute, et se sert de cet aveu comme d’une arme contre l’accusateur.

125. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Les anciens reconnaissaient dans l’œuvre oratoire cinq parties distinctes ; savoir : l’invention, la disposition, l’élocution, la mémoire et l’action. […] Cicéron n’en reconnaît que deux, le syllogisme et l’induction. […] Pour qu’une preuve oratoire soit concluante, il faut que le principe auquel on remonte soit reconnu de ceux à qui l’on parle ; mais il n’est point nécessaire que le même principe soit vrai : au contraire, il peut être faux, absurde même ; et dans ce cas, s’il est reconnu, la preuve n’en sera que plus forte ; et c’est là la plus grande différence entre une preuve oratoire et une preuve philosophique. […] Mais pour peu qu’il examine, il reconnaît facilement que rien n’est plus naturel. […] Ne hasardez donc jamais d’émouvoir sur des faits dont la vérité ne serait pas reconnue.

126. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre premier. Du Goût. »

Il en est de même du goût interne : sa délicatesse se reconnaît à sa prompte et vive sensibilité pour les traits les plus délicats, les plus compliqués, les plus difficiles à saisir.

127. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Préface » pp. -

De là vient que nous avons multiplié ces occasions de rapprochements et de comparaisons qui habituent l’œil à voir juste, à distinguer les styles, à reconnaître la facture d’un maître, à ne pas appliquer à la diversité des talents les lieux communs d’une appréciation vague et anonyme, en un mot, à devenir connaisseur.

128. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Préface » pp. -

De là vient que nous avons multiplié ces occasions de rapprochements et de comparaisons qui habituent l’œil à voir juste, à distinguer les styles, à reconnaître la facture d’un maître, à ne pas appliquer à la diversité des talents les lieux communs d’une appréciation vague et anonyme, en un mot, à devenir connaisseur.

129. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Racine, 1639-1699 » pp. 150-154

Ses héros sont voisins de nous ; on se reconnaît en eux.

130. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Du Bellay, en la mettant à la remorque des langues anciennes ; les emprunts multipliés aux patois provinciaux qu’ils qualifiaient de dialectes, aux vocabulaires techniques des arts et des métiers ; toutes ces innovations indiscrètement pratiquées dans des compositions multiples qui ne savaient s’arrêter que quand, par bonheur, le moule métrique lui en imposait la loi, avaient fait de son style une bigarrure étrange d’érudition, d’emphase, de trivialité, de prolixité ; et sous une végétation parasite et emmêlée de langage, restaient trop souvent étouffées la délicatesse du sentiment, la grâce de l’imagination, la richesse de l’invention poétique, la force de la pensée, « la verve et l’enthousiasme » de l’inspiration que lui reconnaît La Bruyère (Caractères, I), et même l’éloquence mâle et nerveuse qui dans maint beau passage, surtout de ses Élégies et de ses Discours, se développent librement. […] En lui faisant honneur de cette influence salutaire, il faut reconnaître que la reproduction constante qu’il a faite de Sénèque le Tragique, dont les pièces étaient des exercices d’éloquence destinés aux déclamations des lectures publiques, a contribué à donner à la tragédie française ce caractère oratoire qui a souvent tourné à la solennité et a remplacé l’action par les analyses psychologiques, les entretiens et les monologues. […] Son style se sent, il le reconnaît lui-même, du « naturel ramage » ; c’est un mélange d’audace fanfaronna dans l’étrangeté, d’imagination brillante et de grandeur, parfois tendue et guindée.

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