Combien de rois, de princes, de héros de toutes nations nous a-t-il représentés, toujours tels qu’ils doivent être, toujours uniformes avec eux-mêmes, et jamais ne se ressemblant les uns aux autres !
Dans quelques royaumes de l’Europe, plusieurs princes suivirent successivement le projet de réduire la puissance des nobles, et pendant un certain nombre de règnes ce fut le but des plus grandes opérations du gouvernement. […] Ce prince attacha quatre mille lévites au service du tabernacle, les divisa en vingt-quatre légions, et mit à la tête de chacune un chef uniquement occupé à chanter des hymnes et à jouer de divers instruments pendant les cérémonies. […] Dans cette situation politique, l’instruction la plus utile qu’il pût leur donner était de les bien persuader que la mésintelligence entre les princes amènerait la ruine générale. […] Ce plan général une fois formé, dit toujours notre critique, il importait peu qu’Homère, pour le remplir, se servit de noms d’animaux comme a fait Ésope, ou de noms d’hommes ; il eût été également instructif ; mais comme il préféra des héros, il choisit la guerre de Troie pour être le théâtre de sa fable ; il supposa que son action s’y était passée ; il nomma Agamemnon le chef des princes confédérés, et Achille fut le nom du prince offensé : voilà comme il créa l’Iliade. […] Le lecteur, ainsi que Voltaire l’a remarqué, est tenté de prendre parti pour Turnus contre le prince troyen.
Leur but était d’enflammer l’indignation des Athéniens contre la politique ambitieuse de Philippe, roi de Macédoine, l’ennemi déclaré de la liberté de la Grèce, et de les prémunir contre les mesures insidieuses dont ce prince se servoit pour leur dissimuler le danger qui les menaçait.
Charles était un jeune prince, non pas seulement ennemi de toute mollesse, mais amoureux des plus violentes fatigues et de la vie la plus dure ; recherchant les périls par goût et par volupté ; invinciblement opiniâtre dans les extrémités où son courage le portait ; enfin, c’était Alexandre, s’il eût eu des vices et plus de fortune.
grand prince, adieu !
M. le prince est né capitaine, ce qui n’est jamais arrivé qu’à lui, à César et à Spinola3.
Ce qui fit un héros du prince de Condé J’appelle le principe de ces grands exploits cette ardeur martiale qui ; sans témérité ni emportement, lui faisait tout oser et tout entreprendre ; ce feu qui, dans l’exécution, lui rendait tout possible et tout facile ; cette fermeté d’âme que jamais nul obstacle n’arrêta, que jamais nul péril n’épouvanta, que jamais nulle résistance ne lassa, ni ne rebuta ; cette vigilance que rien ne surprenait ; cette prévoyance à laquelle rien n’échappait ; cette étendue de pénétration avec laquelle, dans les plus hasardeuses occasions, il envisageait d’abord tout ce qui pouvoit ou troubler, ou favoriser l’événement des choses : semblable à un aigle dont la vue perçante fait en un moment la découverte de tout un vaste pays ; cette promptitude à prendre son parti, qu’on n’accusa jamais en lui de précipitation, et qui, sans avoir l’inconvénient de la lenteur des autres, en avait toute la maturité ; cette science qu’il pratiquait si bien, et qui le rendait si habile à profiter des conjonctures, à prévenir les desseins des ennemis presque avant qu’ils fussent conçus, et à ne pas perdre en vaines délibérations ces moments heureux qui décident du sort des armées ; cette activité que rien ne pouvait égaler, et qui, dans un jour de bataille, le partageant, pour ainsi dire, et le multipliant, faisait qu’il se trouvait partout, qu’il suppléait à tout, qu’il ralliait tout, qu’il maintenait tout : soldat et général tout à la fois, et, par sa présence, inspirant à tout le corps d’armée, jusqu’aux plus vils membres qui le composaient, son courage et sa valeur, ce sang-froid qu’il savait si bien conserver dans la chaleur du combat, cette tranquillité dont il n’était jamais plus sûr que quand on en venait aux mains, et dans l’horreur de la mêlée ; cette modération et cette douceur pour les siens, qui redoublaient à mesure que sa fierté pour l’ennemi était émue ; cet inflexible oubli de sa personne, qui n’écouta jamais la remontrance, et auquel constamment déterminé, il se fit toujours un devoir de prodiguer sa vie, et un jeu de braver la mort ; car tout cela est le vif portrait que chacun de vous se fait, au moment que je parle, du prince que nous avons perdu ; et voilà ce qui fait les héros1.
Louis était entouré de sa famille en larmes, des princes consternés, des princesses défaillantes. […] Un grand prince ne doit pas servir Dieu de la même façon qu’un solitaire ou qu’un simple particulier. […] Jamais prince ne fut plus sage pour policer les peuples et pour les rendre tout ensemble bons et heureux. […] Malheureux les ennemis De ce prince redoutable ! […] Que lui pouvaient de plus donner les meilleurs princes ?