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74. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Les aigles et les oiseaux aux pieds jaunes poussaient des cris de joie ; le corbeau nageait dans le sang des morts ; tout l’Océan n’était qu’une plaie : les vierges ont pleuré longtemps ! […] Cette mort émut vivement toute la population de la ville ; à l’impression de sympathie que cause d’ordinaire la fin prématurée des personnes royales se joignait, pour les habitants de Soissons, un retour personnel sur eux-mêmes : presque tous avaient à pleurer quelque perle récente. […] « Loin de pleurer, réjouissez-vous, leur disait-elle ; je suis bien heureuse de sortir de ce monde, et pour une si bonne cause. » Elle déposa son manteau, ôta son voile, et ne conserva qu’une jupe de taffetas velouté rouge. Elle s’assit alors sur son siège et donna sa bénédiction à tous ses serviteurs, qui pleuraient.

75. (1854) Éléments de rhétorique française

Qu’est-ce que ce conquérant qui est pleuré de tous les peuples qu’il a soumis ? […] Pleurez donc ce grand capitaine, et dites en gémissant : « Voilà celui qui nous menait dans les hasards ! […] Elle pleure ! […] Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez. […] Cela veut dire qu’il pleure sur le tombeau de sa fille, tandis que sa fille devrait pleurer sur le sien.

76. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

Mais cet écrivain, qui sait prêter à ses héros tant de noblesse et de dignité, et nous inspirer tant de vénération pour eux, sait aussi nous attendrir sur leurs revers et pleurer avec nous sur leurs tombeaux. […] Ceux même qui ne le connaissaient pas pleureront Germanicus : vous le vengerez, vous !

77. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Remarques particulières sur chaque espèce de mots. » pp. 46-52

Exemple : Les deux philosophes Héraclite et Démocrite étaient d’un caractère bien différent : celui-ci riait toujours, celui-là pleurait sans cesse.

78. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Ceux même qui ne le connurent pas, pleureront Germanicus, vous le vengerez, vous, si vous teniez plus à sa personne qu’à sa fortune. […] » Pleurez donc sur ces faibles restes de la vie humaine, pleurez donc sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros. […] Pleurez donc ce grand capitaine et dites en gémissant : Voilà celui qui nous menait dans les hasards ! […] Pleurez ! pleurez ma honte, ô filles de Lesbos !

79. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

Tranquille elle y monta ; quand, debout sur le faîte, Elle vit ce bûcher qui l’allait dévorer, Les bourreaux en suspens, la flamme déjà prête, Sentant son cœur faillir, elle baissa la tête         Et se prit à pleurer. […] pleure, fille infortunée ! […] Mais, vers la solitaire allée, Si mon amante échevelée Venait pleurer quand le jour fuit, Éveille par ton léger bruit Mon ombre un instant consolée. » Il dit… s’éloigne, et sans retour !

80. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

Il dit : Ne pleurez point ; Trois jours au plus ; rendront mon âme satisfaite : Je reviendrai dans peu conter de point en point,     Mes aventures à mon frère; Je le desennuîrai. […] « Ne pleurez plus, la Cythérée, « Et tenez pour chose assurée « Tout ce qu’a prédit le Destin, « D’Énée et du pays latin. » Le deuxième est un dialogue entre Vénus et son fils Énée : « Vous sentez la dame divine, J’en jurerais par votre mine. » — « Je ne suis pas, en vérité, D’une si haute qualité, Dit Vénus, mais votre servante. » — « Ah ! […] Il fit une circonférence Du pied gauche à l’entour du droit, Et cela d’un air tant adroit, Ce pauvre fugitif de Troie, Que sa mère en pleura de joie.

81. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

C’est un grand défaut en plusieurs qui, entreprenant l’exercice de quelque vertu particulière, s’opiniastrent d’en produire des actions en toutes sortes de rencontres, et veulent, comme ces anciens philosophes, ou tousjours pleurer ou tousjours rire, et font encore pis, quand ils blasment et censurent ceux qui, comme eux, n’exercent pas tousjours ces mesmes vertus. Il se faut resjouir avec les joyeux et pleurer avec les pleurans, dit l’Apostre, et la Charité est patiente, benigne, libérale, prudente, condescendante… Il est utile qu’un chacun choisisse un exercice particulier de quelque vertu, non point pour abandonner les autres, mais pour tenir plus longtemps son esprit rangé et occupé. […] Pourquoy donc ne pleures-tu ? […] On n’y disait pas toujours des madrigaux : c’est là qu’on écouta Malherbe dans ses dernières années, qu’on lut Balzac, qu’on admira Descartes, que le grand Condé pleura aux vers du grand Corneille 282 ; c’est là que Vaugelas recueillit pour la langue des exemples et des règles. […] En cette consternation publique le ministre s’ira-t-il cacher au fond du palais pour pleurer les misères de l’État et faire des vœux avec les femmes ?

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