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44. (1867) Rhétorique nouvelle « Tableau des arguments » pp. 306-

Souvent, l’orateur, pareil à un stratégiste prudent, qui assure sa marche en pays ennemi, ne hasarde une proposition qu’en l’appuyant de ses preuves. […] Mirabeau, accusé de trahison par ses ennemis, se défend en ces termes : « — Celui qui a la conscience d’avoir bien mérité de son pays, et surtout de lui être encore utile ; celui que ne rassasie pas une vaine popularité, et qui dédaigne les succès d’un jour pour la véritable gloire ; celui qui veut dire la vérité, qui veut faire le bien public, indépendamment des mobiles mouvements de l’opinion populaire ; cet homme porte avec lui la récompense de ses services, le charme de ses peines et le prix de ses dangers ; il ne doit attendre sa moisson, sa destinée, la seule qui l’intéresse, la destinée de son nom, que du temps, ce juge incorruptible, qui fait justice à tous. » — (Du droit de paix et de guerre. 2e Discours.)

45. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Ils devinrent classiques par suite de l’admiration qu’ils avaient inspirée aux juges les plus éclairés de leur siècle et de leur pays. […] Pour s’instruire ils voyageaient dans des pays lointains, dans l’Égypte, dans l’Orient. […] Comme dans l’origine on chantait la poésie, elle devait se composer de certains nombres, ou se former d’un arrangement particulier de mots et de syllabes qui différait d’un pays à un autre, mais tel, cependant, que dans chaque pays il paraissait le plus agréable et le plus harmonieux. […] L’imagination voit dans ce pays désolé une rivière dont les bords ne sont habités que par des magiciens et des enchanteurs. […] Il est bien probable qu’ainsi que tous les bons poètes, il se conforma aux traditions de son pays.

46. (1886) Recueil des sujets de composition française donnés à la Sorbonne aux examens du baccalauréat ès lettres (première partie), de 1881 à 1885

L’épopée, en effet, est de tous tes temps et de tous les pays ; elle peut éclore partout, pourvu qu’elle vienne à son heure. […] Si nous arrivons aux modernes et à notre pays en particulier, nous ne trouvons presque plus trace d’épopée. […] Nous croyons au contraire que si un pays a dans ses annales des événements glorieux et dignes de l’épopée, des héros capables d’inspirer un poète, c’est la France. […] Tout en songeant aux droits de la famille sur lui, il sait qu’il appartient d’abord à son pays. […] Ses personnages intéresseront toujours, car ils ne sont pas seulement l’image de la société au sein de laquelle vivait leur auteur, ils nous représentent l’humanité de tous les pays et de tous les temps.

47. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre III. du choix du sujet. » pp. 38-47

Un poëme épique, une tragédie, un drame, un roman qui appartiennent à une époque ou à un pays que l’auteur connaît mal ou ne peut connaître, dont le but n’est pas franc et bien déterminé, où les oppositions ne sont point senties et manquent de relief, amènent infailliblement un style vague, incolore, maigre, sans originalité ou sans variété. […] Un homme, un pays, un fait sont inconnus de tous, excepté de l’auteur et de sa coterie ; ou encore l’auteur se prend lui-même pour sujet, dans des élégies, des poésies intimes, des autobiographies, des mémoires signés ou anonymes ; ou enfin son livre n’éveille qu’un sentiment de curiosité, sans attacher par l’importance des choses et des personnes.

48. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Molière, (1622-1673.) » pp. 205-211

Nous étions une troupe assez bien assortie, Qui pour courir un cerf avions hier fait partie ; Et nous fûmes coucher sur le pays exprès, C’est-à-dire, mon cher, en fin fond de forêts. […] Ce pays produit, en effet, des chevaux très-estimés.

49. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — D’Aubigné, 1550-1630 » pp. -

Si les révolutions coûtent cher à un pays, si la guerre civile est un fléau, les ruines les plus tristes qu’elles laissent après elles sont encore celles des consciences, des convictions, des caractères, et de l’honneur même. […] Au mesme temps, ou bientost après, le prince de Condé3 ayant saisi Orleans (15 avril  1562), les persecutions redoublees, les massacres et brustements qui se faisoient à Paris ayant contraint, après de grands dangers, Beroalde de s’enfuir avec sa famille, il fascha1 bien à ce petit garçon de quitter un cabinet de livres couverts2 somptueusement et autres meubles, par la beauté desquels on lui avoit osté le regret du pays, si bien qu’estant auprès de Villeneufve-Saint-George3, ses pensées tirèrent des larmes de ses yeux ; et Beroalde, le prenant par la main, luy dit : « Mon amy, ne sentez-vous point l’heur4 de ce que vous est5 de pouvoir, dès l’aage où vous estes, perdre quelque chose pour celuy qui vous a tout donné6 ? 

50. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bernardon de Saint-Pierre 1737-1814 » pp. 203-209

La vue de mon pays, de ce pays si chéri, où des torrents de plaisirs avaient inondé mon cœur, l’air des Alpes, si salutaire et si pur : le doux air de la patrie, plus suave que les parfums de l’Orient ; cette terre riche et fertile, ce paysage unique, le plus beau dont l’œil humain fût jamais frappé ; ce séjour charmant auquel je n’avais rien trouvé d’égal dans le tour du monde ; l’aspect d’un peuple heureux et libre ; la douceur de la saison, la sérénité du climat ; mille souvenirs délicieux qui réveillaient tous les sentiments que j’avais goûtés ; tout cela me jetait dans des transports que je ne puis décrire, et semblait me rendre à la fois la jouissance de ma vie entière. »

51. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

Ses grandes qualités, dont une seule eût pu immortaliser un autre prince, ont fait le malheur de son pays. […] Je ne peux non plus m’embarquer pour aller trouver les sauvages du Canada : premièrement, parce que les maladies dont je suis accablé me retiennent auprès du plus grand médecin de l’Europe, et que je ne trouverais pas le même secours chez les Missouris ; secondement, parce que la guerre est portée dans ce pays-là, et que les exemples de nos nations ont rendu les sauvages presque aussi méchants que nous. […] Votre martyr 3 est arrivé à Francfort, dans un état qui lui fait envisager de fort près le pays où l’on saura le principe des choses, et ce que c’est que cette force motrice sur laquelle on raisonne tant ici-bas, mais dont je suis presque privé. […] Lorsqu’on ose insérer dans des feuilles périodiques que j’ai vendu mes ouvrages à trois ou quatre libraires d’Allemagne et de Hollande, je suis encore forcé de répondre qu’on a menti, et qu’il n’y a pas, dans ces pays, un seul libraire qui puisse dire que je lui aie jamais vendu le moindre manuscrit. […] messieurs, je n’emporte rien de ce pays-là, je vous jure, pas même les moindres regrets.

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