Il me semblait déjà dans mon oreille entendre De sa touchante voix l’accent tremblant et tendre, Et sentir, à défaut de mots cherchés en vain, Tout son cœur me parler d’un serrement de main3 ; Car, lorsque l’amitié n’a plus d’autre langage, La main aide le cœur, et lui rend témoignage4. […] Il a parlé de vous jusqu’à sa dernière heure : « Marthe, me disait-il, si Dieu veut que je meure, « Dis-lui que son ami lui laisse tout son bien, « Pour avoir soin de toi, des oiseaux et du chien. » Son bien ! […] Marthe filait, assise en haut sur le palier ; Son fuseau de sa main roula sur l’escalier ; Elle leva sur moi son regard sans mot dire ; Et, comme si son œil dans mon cœur eût pu lire, Elle m’ouvrit ma chambre et ne me parla pas. […] » Rentrer seul, dans la cour se glisser en silence, Sans qu’au-devant du vôtre un pas connu s’avance, Sans que de tant d’échos qui parlaient autrefois Un seul, un seul au moins tressaille à votre voix ; Sans que le sentiment amer qui vous inonde Déborde hors de vous dans un seul être au monde, Excepté dans le cœur du vieux chien du foyer, Que le bruit de vos pas errants fait aboyer ! […] Le soleil, la lune et les étoiles luisent aussi pour moi, et quand tinte la cloche du soir, alors, Seigneur, je parle avec toi.
Il y fixe la langue que parleront les maîtres. […] L’éloquence est un art de dire les choses de telle façon que ceux à qui l’on parle puissent les entendre sans peine et avec plaisir, ou qu’ils s’y sentent intéressés, en sorte que l’amour-propre les porte plus volontiers à y faire réflexion. Elle consiste donc dans une correspondance qu’on tâche d’établir entre l’esprit et le cœur de ceux à qui l’on parle d’un côté, et de l’autre les pensées et les expressions dont on se sert ; ce qui suppose qu’on aura bien étudié le cœur de l’homme pour en savoir tous les ressorts, et pour trouver ensuite les justes proportions du discours qu’on veut y assortir. […] « Je disais à quelqu’un fort savant qu’il parlait en auteur : — Eh ! […] — Vous ne l’êtes que trop, repris-je, et vous feriez beaucoup mieux de parler en galant homme. » (Méré, Œuvres posthumes.)
) Pour ne point parler de la Grèce, qui a toujours eu la palme de l’éloquence ; ni d’Athènes, cette mère de toutes les sciences. […] Les députés de César ont parlé sincèrement. […] Parler en faveur de l’accusé. […] In quatuor parles honestum dividi solet : in prudentiam, in justitiam, in fortitudinem, in temperantiam. […] la patrie est personnifiée ; on se la figure comme animée et capable de parler au cœur d’un citoyen.
Peut-être les critiques sévères ne trouvent-ils pas encore la réparation assez complète ; mais que l’on rapproche un moment la manière un peu légère dont il avait parlé d’abord de J. […] Mais où le professeur du lycée est vraiment un homme supérieur, c’est dans l’analyse et l’application des règles du goût et d’une critique toujours juste, toujours capable de diriger utilement le jugement des autres, quand il explique et commente les anciens, et quand il parle de ceux des modernes sur lesquels son opinion n’a jamais varié. […] Les physiciens entendirent avec surprise la poésie leur parler leur langue, publier leurs découvertes ; et peut-être les systèmes mêmes du grand Newton, jusqu’alors peu connus en France, durent-ils aux beaux vers de Voltaire une partie de leur célébrité. […] Nous ne nous arrêterons pas sur les poèmes de l’Homme des champs et de la Pitié, productions estimables qui ne pouvaient manquer leur effet, quand elles parurent, mais que l’on distingue à peine aujourd’hui à côté des grands ouvrages dont nous venons de parler. […] On sent bien que je ne parle point ici de ces misérables pamphlets replongés à l’instant dans la fange d’où ils étaient sortis ; je parle de cette critique aveugle ou malveillante qui ferme les yeux sur les beautés, parce qu’elle ne les voit pas, ou qu’elle ne veut pas les voir, et qui exagère les fautes, parce qu’elle ne cherche et ne veut trouver que les fautes.
. — Il y a deux nombres, le singulier et le pluriel ; le singulier, quand on parle d’une seule personne ou d’une seule chose, comme un homme, un livre ; le pluriel, quand on parle de plusieurs personnes ou de plusieurs choses, comme les hommes, les livres.
Les hommes séparés en nations distinctes adoptèrent des langages de prédilection, et bientôt on parla l’hébreu, le syriaque, le chaldéen, le phénicien, l’arabe et beaucoup d’autres langues encore. […] C’est de lui que nous vient cet art ingénieux De peindre la parole et de parler aux yeux ; Et par les traits divers de figures tracées Donner de la couleur et du corps aux pensées. […] Le grammairien apprenait d’abord à ses élèves à parler et à écrire correctement, et leur enseignait les règles de la versification.
Si c’est un discours, il faut se mettre en esprit dans la situation même du personnage qu’on fait parler. […] On ne peut écrire que sur ce que l’on sait ; or le savoir s’obtient par l’étude ; de même l’enfant ne peut parler qu’en apprenant des mots et en les appliquant aux choses, ce qui lui donne des idées. […] C’est là qu’ils apprendront à penser avec noblesse, à parler avec élégance ; ils sentiront en eux, par cette culture de l’âme, une élévation de sentiments, une puissance de pensée, une satisfaction intime qui leur feront mépriser le vice et chérir la vertu : c’est par là qu’ils verront grandir en eux l’imagination, le goût et le talent. […] Il ne faut pas confondre les images avec les figures, dont nous parlerons plus loin ; toutes les images ne sont pas des figures.
Ils semblaient oublier que la justice et la vérité sont la loi commune de tout écrivain, et que celui qui parle sur les livres des autres, au lieu d’en faire lui-même, n’est pas un ennemi naturel des gens de lettres, mais un homme de lettres moins entreprenant ou plus modeste1. […] Dans les palais de Versailles, au milieu des fêtes triomphales de Louis XIV, ces accents de la muse hébraïque, ces graves enseignements de la religion retentissaient avec plus de terreur ; et lorsqu’une reine malheureuse, une princesse parée de jeunesse et de beauté, un héros longtemps vainqueur, un ministre vieilli dans l’égoïsme du pouvoir2, avaient cessé de vivre, ce mélange de splendeur et de néant, cette magnificence si triste, cette pompe si vaine consternaient les âmes avant même que l’orateur eût parlé. […] C’est parler d’or. […] Rivarol parle ainsi du goût et de la critique : « Le jugement se contente d’approuver et de condamner ; mais le goût jouit et souffre.