Cet homme, le plus universel de son siècle1, fut en même temps, par sa conversation piquante et délicate, l’ornement du monde, où son caractère réservé et circonspect lui permit de vivre très-goûté et très-heureux2.
Ce n’est pas qu’il soit nécessaire de rejeter les ornements de tout genre ; on fait preuve de goût en les employant dans l’occasion, si toutefois ils sont naturels et point du tout recherchés16.
Libre de tous les ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste.
Elle ne laisse pas toutefois de se parer, quand il est besoin, quoiqu’elle soit moins curieuse de ses ornements que de ses armes, et qu’elle songe davantage à gagner l’âme pour toujours par une victoire entière, qu’à la débaucher pour quelques heures par une légère satisfaction… L’antiquité appelait cela puiser ses discours dans l’estomac1 et avoir l’âme éloquente : elle a donné cette qualité à Ulysse, après lui avoir donné la doctrine et l’expérience, comme si la vertu de discourir devait être l’effet et la créature2 de celle de connaître et de savoir.
En effet, avec ce que je nomme l’intelligence, on démêle bien le vrai du faux ; on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique, on saisit bien le caractère des hommes et des temps ; on n’exagère rien, on ne fait rien trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes.
Nos ancêtres l’avaient laissée si pauvre et si nue, qu’elle avait besoin des ornements, et, pour ainsi parler, des plumes d’autrui. […] Vous croyez, Monsieur, que le principal ornement de ces fables est de n’en avoir aucun ; que la contrainte de la poésie, jointe à la sévérité de notre langue, m’embarrassera en beaucoup d’endroits, et bannira de ces récits la brièveté, qu’on peut appeler l’âme du conte, puisque sans elle il ne peut que languir. […] À peine celles qu’on attribue à Ésope virent le jour que Socrate trouva à propos de les revêtir des ornements des Muses. […] Plein d’admiration pour l’antiquité, doué d’ailleurs d’un génie merveilleux, il fit régner avant tout sur la scène la raison qui en avait été si longtemps bannie ; mais il sut la parer de tous les ornements dont notre langue est capable, usa du merveilleux avec sobriété et ne lui sacrifia jamais la vraisemblance. […] Il faut vous dire, Monseigneur, que vous avez procuré là à l’Académie une séance qui restera dans la mémoire de tous ceux qui s’y trouvèrent ; l’intérêt que chacun a témoigné tout d’abord est devenu un véritable enthousiasme, quand la suite de votre discours s’est déroulée avec tous ses ornements et ses fécondes réflexions.
Si l’auteur multiplie les mots sans nécessité, s’il surcharge d’ornements parasites la description d’un objet sublime par lui-même, il relâche la tension de l’esprit, et énerve la force de l’émotion : la description peut être belle, mais elle n’a plus rien de sublime.
L’inégalité même des terroirs, qui paraît d’abord un défaut, se tourne en ornement et en utilité.