Il faut donc ouvrir les yeux des jeunes gens sur les vices brillants d’une composition dont l’éclat leur déguise le danger, et leur prouver que le génie du style est un don particulier de la nature, aussi admirable et plus rare encore que le génie des choses. […] Mais en attendant cette décision, qui sera plus ou moins prompte, plus ou moins honorable, au gré de la direction que pourront prendre les opinions religieuses et littéraires, le Génie se soutiendra par des beautés réelles qui sont de tous les temps, de tous les lieux et de toutes les opinions : il n’y en a qu’une sur le mérite prodigieux de certaines parties de l’ouvrage ; mais elle varie sur les taches, que tous les lecteurs ne voient pas des mêmes yeux, et n’aperçoivent pas dans les mêmes endroits. […] Il emprunta de plus du célèbre Pope la manière brillante de faire contraster ensemble les deux hémistiches du même vers, de sorte qu’il en résulte une espèce de choc, d’où jaillit nécessairement une étincelle ; mais cette étincelle, trop fréquemment répétée, ne tarde pas à fatiguer les yeux après les avoir éblouis un moment. […] C’est, l’anglais sous les yeux, qu’il faudrait la parcourir, si l’on veut apprécier à la fois et le talent du poète traducteur, et l’étendue des services qu’il rend à son original. […] On sent bien que je ne parle point ici de ces misérables pamphlets replongés à l’instant dans la fange d’où ils étaient sortis ; je parle de cette critique aveugle ou malveillante qui ferme les yeux sur les beautés, parce qu’elle ne les voit pas, ou qu’elle ne veut pas les voir, et qui exagère les fautes, parce qu’elle ne cherche et ne veut trouver que les fautes.
., ne sont pas toujours textuellement rappelés ici ; mais des yeux exercés les y retrouveront à chaque page, et c’est surtout ce que je me suis proposé. […] Oui, si les gens sensés, les seuls dont l’opinion puisse être de quelque poids à mes yeux, ont jugé cet ouvrage avec quelque indulgence ; s’ils l’ont distingué des autres compilations du même genre, c’est que mon plan ne leur a point échappé ; c’est qu’ils ont retrouvé, sans doute, à chaque page, à chaque ligne de ce Cours, l’intention bien prononcée de ramener les jeunes gens à la vertu, en les rappelant à l’étude et a l’admiration du beau et du vrai, et de leur prouver qu’il ne peut y avoir ni génie, ni sensibilité sans vertus, comme il ne peut y avoir rien de solide dans le talent, sans les mœurs et la conduite.
Dans le poème épique proprement dit, que l’on a appelé le roi des poèmes, tous les trésors de la poésie brillent aux yeux du lecteur et sont étalés avec la plus grande magnificence. […] Cet effet moral provient des grands exemples que le poète met sous nos yeux, et des nobles sentiments qu’il fait passer dans notre cœur. […] A chaque trait, à chaque mot, le poète, qui aura toujours son héros devant les yeux, devra se demander s’il a pu agir ou parler ainsi dans telle occasion. […] On appelle ainsi cette partie de l’exposition dans laquelle le poète, se supposant exaucé, prépare le lecteur en lui montrant la situation des personnages au moment où le poème commence, en lui faisant connaître les circonstances nécessaires pour l’intelligence plus complète de l’action, et en plaçant sous ses yeux le tableau des intérêts opposés dont la complication va former le nœud de l’intrigue. […] La fable composée est plus piquante que la fable simple, parce que le personnage qui raconte paraît toujours aux yeux du lecteur plus intéressé à l’action et plus intéressant que le poète.
Pourquoi faut-il qu’il y ait des gens qui demandent encore de nouvelles preuves, après ce qui s’est passé sous leurs yeux ? […] Tels étaient son œil austère et son front nébuleux, que tout l’état semblait reposer sur le froncement de son sourcil, comme le ciel sur les épaules d’Atlas ». […] Ils le cherchaient des yeux, le demandaient de la voix.
Sa vive sympathie anime tout l’univers à nos yeux, et ses fables sont comme une vaste scène où il se montre souvent le rival de Molière2. […] Tout le jour il avait l’œil au guet ; et la nuit, Si quelque chat faisait du bruit, Le chat prenait l’argent. […] » Perrette là-dessus saute aussi, transportée : Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée5 La dame de ces biens, quittant d’un œil marri1 Sa fortune ainsi, répandue, Va s’excuser à son mari, En grand danger d’être battue… Quel esprit ne bat la campagne ?
Je ne puis fermer l’œil. […] Mais le voici qui vient, poussé d’un heureux vent : Il a les yeux sereins et l’accueil avenant. […] « La fortune offre aux yeux des brillants mensongers : « Tous les biens d’ici-bas sont faux et passagers ; « Leur possession trouble et leur perte est légère : « Le sage gagne assez lorsqu’il peut s’en défaire. » Lorsque Sénèque fit ce chapitre éloquent, Il avait, comme vous, perdu tout son argent.
Combien de fois, loin des villes, dans le fond d’un vallon solitaire couronné d’une forêt, assis sur les bords d’une prairie agitée des vents, je me suis plu à voir les mélilots dorés, les trèfles empourprés, et les vertes graminées, former des ondulations semblables à des flots, et présenter à mes yeux une mer agitée de fleurs et de verdure ! […] Où l’œil se plaisait à regarder des coteaux riches et verdoyants, on ne voit plus que des plantations bouleversées et des cavernes hideuses. […] Joubert a pu dire : « Il y a dans le style de Bernardin de Saint-Pierre un prisme qui lasse les yeux.
Qui ne sait à quel excès la présence du souverain enflamme notre nation, et avec quelle ardeur on se dispute l’honneur de mourir ou de vaincre à ses yeux ? […] Cette manière simple et franche de louer était nouvelle, sans doute, et n’en doit avoir que plus de prix aux yeux des jeunes orateurs, trop naturellement portés à prendre l’exagéré pour le vrai, et l’emphase pour la véritable éloquence.