Quand nous disons que le style de Racine est excellent, c’est que nous considérons, d’une part, ces idées si justes, si clairement conçues par le poète, disposées dans un ordre parfait, et se fortifiant mutuellement ; et, de l’autre, ces expressions propres, que l’auteur a peut-être cherchées avec effort, mais qui semblent être venues d’elles-mêmes se ranger sous sa plume : ces phrases où la complication de la période ne nuit en rien à la clarté du sens, et cet heureux arrangement de mois qui ferait des vers de Racine la musique la plus harmonieuse pour l’oreille, lors même qu’ils ne seraient pas le langage le plus entraînant pour le cœur. […] » Et plus loin, dans le même discours : « Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, ci retentit tout-à-coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame te meurt !
Le duc fait venir Bavalan, gouverneur du château, et lui donne l’ordre d’enfermer son ennemi dans un sac de cuir, et vers l’entrée de la nuit, de le jeter à la mer. […] La nuit étant arrivée, le duc, loin de goûter le plaisir de la vengeance, est en proie aux plus cruels remords. Il passe une nuit affreuse au milieu des songes les plus effrayants.
Sur ces sacs entassés que jour et nuit tu gardes, Tu dors les yeux ouverts, et tu ne les regardes Que comme une peinture ; ils sont sacrés pour toi. […] C’est l’âme de son beau poème des nuits ; c’est cette touche d’originalité divine qui en a fait un ouvrage à part, qui n’avait point de modèles, et qui ne trouvera point de rivaux : c’est enfin le génie de l’immortalité chrétienne qui inspirait Young, comme c’est le sentiment et le désir de la gloire qui inspire les autres poètes.
Je passe la nuit sans m’éveiller ; et le soir, quand je vais au lit, une espèce d’engourdissement m’empêche de faire des réflexions. […] Bien des gens me font de pareilles questions ; mais vous voyez bien que je n’irai pas lire tous ces livres pour les satisfaire ; j’ai mon bibliothécaire qui vous renseignera peut-être ; car il s’occupe nuit et jour à déchiffrer tout ce que vous voyez là.
Ce soleil qui ramène le jour et féconde la terre, ces astres dont la douce clarté illumine les nuits, cette mer qui s’agite en bouillonnant dans son lit immense, cette nature qui se pare et se dépouille tour à tour, ce mouvement régulier de l’univers, cette succession d’êtres qui brillent et s’effacent, qui naissent et meurent, les mystères qu’il rencontre en lui-même touchant son origine, sa conservation, sa fin, voilà ce qui le porte invinciblement à croire à des êtres invisibles, à un monde dont celui-ci n’est que l’apparence et le relief, et à faire tous ses efforts pour soulever le voile qui le dérobe à ses yeux.
Heureux celui qui d’un cœur humble reconnaît dans la nature un auteur visible, se manifestant par tous les signes ; qui croit l’entendre dans le tonnerre et dans l’orage ; qui le bénit dans la rosée du matin et dans la pluie du printemps ; qui l’admire et l’adore dans la splendeur du soleil, ou dans les magnificences d’une belle nuit !
Si vous détournez votre face, une nuit affreuse nous enveloppe, et vous seul êtes la lumière de notre vie. « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, qui craindrai-je ? […] Poussez-le, vous lui ferez dire en plein jour qu’il est nuit ; car il n’y a plus ni jour ni nuit pour une tête démontée par son caprice. […] La foi ne s’éteindra point, je l’avoue ; mais elle n’est attachée à aucun des lieux qu’elle éclaire ; elle laisse derrière elle une affreuse nuit à ceux qui ont méprisé le jour, et elle porte ses rayons à des yeux plus purs. […] vengez-vous ; laissez une éternelle nuit sur la face de cette terre couverte d’un déluge d’iniquités. […] Au nom d’Apollon, tenez-vous-en à votre premier sujet ; ne l’étouffez point sous un amas de fleurs étrangères ; qu’on voie bien nettement ce que vous voulez dire ; trop d’esprit nuit quelquefois à la clarté.
On peut encore prendre comme sujet d’exercice la phrase suivante de Chateaubriand : Nous l’avons visitée au milieu de la nuit, la vallée solitaire, habitée par des castors, ombragée par des sapins et rendue toute silencieuse par la présence d’un astre aussi paisible que le peuple dont il éclairait les travaux ! […] 2º La répétition des mêmes syllabes, surtoutquand elles sont sourdes et nasales, nuit encore plus à l’harmonie que l’hiatus : Quam multi tineas pascunt blattasque diserti ? […] L’horreur : C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit ; Ma mère Jézabel devant moi s’est montrée Comme aux jours de sa mort pompeusement parée. […] Racine, Corneille, Boileau lisaient et méditaient jour et nuit les chefs-d’œuvre antiques. […] La mort, déployant ses ailes, Couvrait d’ombres éternelles La clarté dont je jouis, Et, dans cette nuit funeste, Je cherchais en vain le reste De mes jours évanouis.