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114. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Sur ce qui concerne les mœurs, le plus beau et le meilleur est enlevé : l’on ne fait que glaner après les anciens et les habiles d’entre les modernes. […] Les Grecs modernes conviennent qu’ils n’en ont aucun. […] La profusion des mots est le grand vice du style de presque tous nos philosophes et anti-philosophes modernes. […] Le style marotique a depuis quelque temps gâté un peu la poésie par cette bigarrure de termes bas et nobles, surannés et modernes ; on entend dans quelques pièces de morale les sons du sifflet de Rabelais parmi ceux de la flûte d’Horace. […] Un petit mot encore, je vous prie, sur le style moderne.

115. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Nisard, s’attachait le soupçon d’hérésie (on confisquait au couvent les livres grecs de Rabelais), « se place dans la religion pour rentrer un jour, avec des forces doublées, dans les institutions politiques » (Michelet, Précis de l’Histoire moderne). — Voilà ce qu’ont fait les prosateurs du xvie  siècle. […] Pour le Sonnet donc tu as Petrarque et quelques modernes Italiens. […] Ajoutons que, dans le temps où Corneille tire le théâtre du chaos280 et où Descartes fonde la philosophie moderne, un an avant le Cid, deux ans avant le Discours de la Méthode, se constituait l’Académie Françoise (1635), gardienne souveraine et sévère de la langue nationale. […] C’est pendant un quartier d’hiver en Allemagne (1619) que, dans ses méditations solitaires, il conçut la méthode et la doctrine philosophiques qu’il révéla, en 1637, par la publication du Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences, son œuvre capitale, écrit de 40 pages, qui fonda la philosophie spiritualiste moderne, et donna le premier modèle d’un style grave, net, juste, précis. […] Quoi qu’il en soit, voilà mes opinions, ou, si vous voulez, mes hérésies touchant les principaux points de l’art ; et je ne sais point mieux accorder les règles anciennes avec les agrémens modernes.

116. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XII. Poésie dramatique. »

Chez les modernes, cette règle, quoique généralement admise, n’est point absolue : la tragédie d’Esther est en trois actes seulement, ainsi que la Mort de César de Voltaire ; Abufar de Ducis est en quatre actes ; Une famille au temps de Luther par Delavigne n’en a qu’un. […] Chez les modernes, on admet autant de personnages ensemble que le sujet en demande.

117. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VI. Analyse du discours sur l’esprit philosophique, par le P. Guénard. »

Rien de plus propre, selon moi, à mettre dans tout leur jour les vices de l’éloquence moderne, que l’excellent esprit et le style vraiment éloquent qui distinguent le discours du P. 

118. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre premier. »

Dans nos plaidoyers modernes, qui ne sont le plus souvent que des discussions arides, où le sentiment ne saurait être pour rien, la péroraison doit uniquement consister dans le résumé clair et rapide de la cause.

119. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIII. Genre oratoire, ou éloquence. »

Chez les modernes, ces harangues sont rares ; elles se réduisent le plus souvent à quelques mots éloquents destinés à se propager dans les rangs de l’armée pour électriser sa valeur.

120. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Étude littéraire et philologique sur la langue du XVIe siècle » pp. -

Lorsque Joachim Du Bellay, défiant les anciens et les modernes, convia les descendants de Brennus à l’escalade du Capitole et au pillage de Delphes, ce cri de guerre ne fut que trop entendu ; car ces conquérants se conduisirent en barbares. […] Il les développe avec une complaisance systématique dans un Traité célèbre composé de trois livres où, considérant les « diverses parties de l’oraison, les locutions, les idiotismes et les étymologies », il s’évertue à justifier son paradoxe par des raisons qui peuvent faire sourire la philologie moderne, mais témoignent d’une sagacité ingénieuse et d’une recherche inventive.

121. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre IV. Analyse et Extraits du plaidoyer de Cicéron pour Sextius. »

Nous venons d’entendre le grand orateur : écoutons maintenant le publiciste consommé établir avec autant de justesse que de profondeur les principes constitutifs des états ; et que les jeunes gens, qui ont si longtemps entendu déraisonner sur ces grandes questions de politique, apprennent enfin à fixer leurs idées, non d’après les sophistes modernes, mais d’après l’homme de l’antiquité qui a su le mieux, peut-être, joindre le grand art de bien écrire à l’art non moins difficile de penser toujours juste.

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