Dans l’histoire de Marie Stuart (1851) et de Charles-Quint (1854), nous admirons une trame serrée, une belle ordonnance, la hauteur des aperçus, et la sûreté d’un juge qui domine sa matière.
Aussi a-t-il besoin de travailler sur une matière résistante.
. — Mais une pareille matière demanderait l’âme et la lyre d’un Lamartine. — D’un autre côté, il semble que Boileau aurait pu aborder d’autres genres plus voisins du sien, la haute comédie, par exemple, et, marchant sur les traces de l’écrivain qui, selon lui, honorait le plus le règne de Louis XIV, composer peut-être, qui sait ? […] J’ai pris pour sujet la prise de Namur, comme la plus grande action de guerre qui se soit faite de nos jours, et comme la matière la plus propre à échauffer l’imagination d’un poète.
Un roi puissant précipité du trône dans les fers, et traîné des fers à l’échafaud ; une reine illustre par ses vertus et par son courage, contrainte de fuir à travers les mers et les orages le ressentiment injuste de ses propres sujets, et échappant comme par miracle à leurs fureurs rebelles : quelle matière pour le génie de Bossuet, et pour l’instruction des peuples et des rois !
Je connais peu de morceaux qui réunissent à un pareil degré la profondeur des idées, la justesse du sens, la clarté des raisonnements, l’élégance et la force d’un style toujours au niveau de la matière qu’il traite.
Au contraire, après avoir paru en maître, et pour ainsi dire régné sur la scène, il venait, disciple docile, chercher à s’instruire dans nos assemblées, laissait, pour me servir de ses propres termes, laissait ses lauriers à la porte de l’Académie, toujours prêt à soumettre son opinion à l’avis d’autrui, et, de tous tant que nous sommes, le plus modeste à parler, à prononcer, je dis même sur des matières de poésie1… Extrait du discours prononcé à l’Académie française, le 2 janvier 1685, pour la réception de Thomas Corneille2.
C’est un joli jeu de facture ; mais la matière ne vaut pas l’art de l’ouvrier.
La parole a trouvé un nom pour les émotions intérieures, ainsi que pour les notions les plus abstraites, et les idées les plus dégagées de la matière. […] » Cette parole est un trait de lumière pour l’élève ; il se remet à l’œuvre, ressaisit les idées qui lui échappaient, s’étonne de trouver féconde une matière qui lui semblait stérile, et bientôt il recueille, pour prix de son travail, le suffrage de Quintilien. […] — Pourquoi donc parlez-vous sur toutes les matières ? […] 7° Au lieu de nommer la chose même, on nomme la matière dont elle est faite. […] Telle matière, stérile et bornée pour un esprit léger, devient inépuisable pour celui qui réfléchit.