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132. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XII. Poésie dramatique. »

Mais sitôt que des philosophes et des dieux, on eut osé en venir aux magistrats mêmes, ceux-ci trouvèrent que la plaisanterie passait les bornes : ils firent une loi qui défendait de nommer les personnes. Les poètes prirent alors un autre tour pour éluder la loi. […] L’inconvénient qui avait attiré la première loi, renaissant sous une autre forme, il vint une seconde loi qui défendit de prendre pour sujet des aventures réelles.

133. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VIII. de la disposition. — unité, enchainement des idées  » pp. 98-117

Par la force du génie, on se représentera toutes les idées générales et particulières sons leur véritable point de vue ; par une grande finesse de discernement, on distinguera les pensées stériles des idées fécondes ; par la sagacité que donne la grande habitude d’écrire, on sentira d’avance quel sera le produit de toutes ces opérations de l’esprit… « Ce plan n’est pas encore le style, mais il en est la base ; il le soutient, il le dirige, il règle son mouvement et le soumet à des lois. […] De même que l’on entend aujourd’hui par les mots, unité humanitaire, unité sociale, la loi commune qui régit les individualités renfermées sous les noms collectifs, humanité, société, et l’objet où elles tendent toutes par des chemins divers, ainsi, dans un livre, l’unité de dessein indique la pensée commune qui régit, l’idée finale où tendent, sous des formes et par des voies différentes, toutes les pensées particulières. […] Dominant du point de vue d’un père de l’Eglise tout l’ensemble des faits humains, et les enchaînant l’un à l’autre avec une merveilleuse puissance de génie, il leur assigna pour loi unique et éternelle leur concours à l’accomplissement des desseins de Dieu sur son Eglise.

134. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bossuet 1627-1704 » pp. 65-83

Dieu n’a pas résolu de parler toujours quand il plaira à l’homme de lui commander. « Il souffle où il veut », quand il veut, et la parole de vie qui commande à nos volontés ne reçoit pas la loi de leurs mouvements : Voulez-vous savoir, chrétiens, quand Dieu se plaît de parler ? […] On nous en avertit dès le premier pas ; mais la loi est portée, il faut avancer toujours. […] Vous parlez maintenant contre les lois de la grammaire : alors vous mépriserez les préceptes de la raison.

135. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

(Sermon sur la Loi de Dieu.) […] Ce sera sans doute la loi de Dieu et l’humilité chrétienne. […] Et le ciel, et le soleil, et les astres, et les éléments, et les animaux, et enfin toutes les parties de cet univers ont reçu leurs lois particulières, qui, ayant toutes leurs secrets rapports avec cette loi éternelle qui réside dans le créateur, font que tout marche en concours et en unité, suivant l’ordre immuable de sa sagesse. […] On nous en avertit dès le premier pas ; mais la loi est portée, il faut avancer toujours. […] Vous parlez maintenant contre les lois de la grammaire ; alors vous mépriserez les préceptes de la raison.

136. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VIII. De l’Oraison funèbre. »

« Tant que nous sommes détenus dans cette demeure mortelle, nous vivons assujétis aux changements, parce que, si vous me permettez de parler ainsi, c’est la loi du pays que nous habitons. — Mais aussitôt qu’on cesse pour nous de compter les heures, et de mesurer notre vie par les jours et par les années, sortis des figures qui passent et des ombres qui disparaissent, nous arrivons au règne de la vérité, où nous sommes affranchis de la loi des changements ».

137. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-10

Il estimait un homme plus que vingt mille hommes, parce qu’il savait qu’un homme est quelquefois l’esprit et la force d’un État, et que celui-ci, selon la relation que lui en avait faite Antipater, tout nu et désarmé qu’il était, sans vaisseaux, sans soldats et sans argent, combattant seulement avec des lois, des ordonnances et des paroles, attaquait la Macédoine de tous côtés, investissait les meilleures places, et rendait inutiles les plus puissantes armées. […] Tibère a humilié toutes les âmes ; il a dompté tous les courages ; il a mis sous ses pieds toutes les têtes : il s’est élevé au-dessus de la raison, de la justice et des lois.

138. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

On voit, dans les lois de ce prince, un esprit de prévoyance qui comprend tout, et une certaine force qui entraîne tout : les prétextes pour éluder les devoirs sont ôtés, les négligences corrigées, les abus réformés ou prévenus : il savait punir, il savait encore mieux pardonner. […] On parle à table d’un grand d’une cour du Nord ; il prend la parole, et l’ôte à ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent ; il s’oriente dans cette région lointaine, comme s’il en était originaire : il discourt des mœurs de cette cour, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des anecdotes qui y sont arrivées, il les trouve plaisantes, et il en rit jusqu’à éclater. […] C’est le chien primitif, qui ressemble aux loup, et qui fut sauvage avant de se soumettre aux lois de l’homme. […] A ses yeux, ces abus de la force blessent autant les lois de la justice que la majesté du trône. […] Mais les lois puissantes de la nature ne permettent point à l’hiver d’outrager toutes ses productions ; il les respecte encore, et, pour preuve de son obéissance aux immuables volontés de la déesse, il a joint à son lugubre diadème quelques tiges de ses arbres toujours verdoyants dont il accroît et rehausse encore pour lui plaire la sombre et majestueuse beauté.

139. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre II. Du genre didactique. » pp. 161-205

Car c’est merveille, dit saint François de Sales, combien les discours resserrés dans les lois des vers ont de pouvoir pour pénétrer les cœurs et assujétir la mémoire. […] Dans ses hideux tableaux Rome entière respire : Le juge vend la loi, le Sénat vend l’Empire. […] Boileau a peint le passage du Rhin en vers dignes de l’épopée ; il a fait les peintures les plus gracieuses des douceurs de la paix et des agréments de la campagne ; il a, à l’imitation d’Horace, développé dans un style noble et plein de dignité les lois de la morale et du goût. […] L’épître familière est quelquefois mêlée de prose, et on loi donne alors le nom d’épître mixte.

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