J’entre dans une église ; elle est tendue d’étoffe noire semée d’armoiries et de larmes d’argent, un catafalque s’élève au milieu du chœur, des milliers de cierges brûlent à l’entour, on chante les dernières prières. […] Madame de Sévigné veut exprimer la douleur de madame de Longueville à la mort de son fils : « Tout ce que la plus vive douleur peut faire et par des convulsions, et par des évanouissements, et par un silence mortel, et par des cris étouffés, et par des larmes amères, et par des élans vers le ciel, et par des plaintes tendres et pitoyables, elle a tout éprouvé. » Il y a disjonction, au contraire, quand pour donner plus de rapidité à la construction, vous supprimez toutes les particules conjonctives.
« Au premier bruit de ce funeste accident, toutes les villes de Judée furent émues, des ruisseaux de larmes coulèrent des yeux de tous les habitants. […] Tous ensemble, en quelque degré de sa confiance qu’il vous ait reçus, environnez ce tombeau, versez des larmes avec des prières, et, admirant dans un si grand prince une amitié si commode et un commerce si doux, conservez le souvenir d’un héros dont la bonté avait égalé le courage.
Je ne suis pas de ceux qui estiment que les larmes et la tristesse n’appartiennent qu’aux femmes, et que, pour paraître homme de cœur, on doive s’efforcer de montrer toujours un visage tranquille. […] Monseigneur le duc de Bourgogne pleurait d’attendrissement et de bonne foi, avec un air de douceur, des larmes de nature, de religion, de patience. […] Quelques larmes amenées du spectacle, et souvent entretenues avec soin, fournissaient à l’art du mouchoir pour rougir et grossir les yeux et barbouiller le visage, et cependant le coup d’œil fréquemment dérobé se promenait sur l’assistance et sur la contenance de chacun. […] Elle se jeta à ses pieds : le prince, ses amis et elle fondaient en larmes, et les pleurs que mademoiselle Macdonald versait dans cette entrevue si singulière et si touchante redoublaient par le danger où elle voyait le prince ; on ne pouvait faire un pas sans risquer d’être pris. […] Mais, courage, il s’émeut, je vois couler des larmes.
Votre politesse ne doit point craindre, monsieur, de renouveler ma douleur… Je suis persuadé que vos larmes ont coulé — … Vous avez perdu une amie incomparable — -…Et moi ! […] — Je ne me console que par mes larmes — Je n’ai point encore la force de lever les yeux au ciel… Je regarde toujours autour de moi et je ne la trouve plus… Quelle force me serait nécessaire ! […] Mais c’est en vain me je pleure ; on se rit de ma honte et de mes larmes, mais les dieux puniront un jour tant de cruauté — … Ainsi chanta le poète. — Lysandre devient pensif, il pleure. […] Fénelon, s’apercevant que le visage du prince est inondé de larmes, lui dit de ne pas le retenir, qu’il sort pour ne point s’attendrir, parce qu’on pourrait soupçonner qu’il ne pleure que sa disgrâce. […] Il va revoir ses amis, songe à ses plaisirs, retrouve sa famille dans le deuil et les larmes, et ne fait rien pour l’en tirer.
quelles larmes ces pertes coûtaient aux femmes ! […] Les larmes d’un père sur le péril d’un fils innocent ne vous touchaient-elles point ? […] Qui ne répandit point de larmes ? […] Je soutiens enfin que c’est un crime des plus barbares d’avoir mis à prix d’argent, dans ces exécutions, les larmes, les coups, les funérailles et la sépulture. […] Ni les larmes et la douleur de leurs pères, ni le souvenir qu’ils vous ont rappelé de mon nom, rien n’a pu faire impression sur vous.
De là vient qu’on a dit : l’éloquence du geste, l’éloquence des yeux, l’éloquence des larmes. […] L’orateur ne doit pas insister trop longtemps sur le pathétique ; car, dit Cicéron, rien ne tarit plus vite que les larmes. […] Et vous, messieurs, eussiez-vous pensé, pendant qu’elle versait tant de larmes en ce lieu, qu’elle dut sitôt nous y rassembler pour la pleurer elle-même ! […] C’est alors qu’il faut pousser vivement l’auditeur, lui arracher des larmes, lui livrer le dernier assaut et le forcer à se rendre. […] et pour le changer, il faut si peu de chose, une parole, un souvenir, une larme, un regard, un soupir ; et nous avons négligé ce puissant moyen.
Cependant cinq ou six cents familles du royaume sont ou dans les larmes ou dans la crainte : elles gémissent, retirées dans l’intérieur de leurs maisons, et redemandent au ciel des frères, des époux, des enfants.
« Ajoutez, dit Quintilien, que la nature leur a donné des larmes, qui s’ouvrent impétueusement un passage dans la douleur et coulent doucement dans la joie : ils ont un grand pouvoir quand ils sont immobiles, ils en ont bien davantage quand ils sont en mouvement.