Il lui fallait parler à une société polie son propre langage, et lui plaire par le discernement des convenances.
Cette tristesse de la nature pénètre son âme, il fait un retour sur lui-même, il songe à ses propres douleurs, et, s’abandonnant à une douce et mélancolique rêverie, il exprime son émotion dans un langage mélodieux, comme l’a fait Lamartine dans ses Méditations poétiques.
À quelle assemblée Bossuet parlait-il ce langage austère ?
Le chant lyrique est, en général, l’expression de l’enthousiasme, le langage du sentiment inspiré.
Aucun n’a parlé aux passions un langage plus propre à les captiver et à les soumettre ; aucun n’a mieux connu le cœur humain et ne l’a peint avec plus d’éloquence.
Miroir, peintre et portrait, qui donnes et reçois, Et portes en tous lieux avec toi mon image, Qui peux tout exprimer, excepté le langage, Et pour être animé n’as besoin que de voix : Tu peux seul me montrer, quand chez toi je me vois, Toutes mes passions peintes sur mon visage.
Esprit alerte, étendu, vigoureux et pratique, il nous fait aimer la netteté, la justesse, le naturel et l’aisance d’un langage limpide, calme et transparent.
C’est aux écrits de Rousseau que Voltaire dépité emprunte quelques exemples de mauvais langage, qui ont bien disparu pour nous dans la diction si savante de l’orateur genevois. […] Enfin, dans la critique littéraire, malgré les pages supérieures de Voltaire et de Vauvenargues, le dix-huitième siècle ne fut pas novateur. « Il était subjugué, dominé par le grand siècle qui l’avait précédé ; il l’était surtout par Voltaire, qui, le plus hardi en toutes choses, était circonspect en fait de goût et de langage. […] Et ce secret, qu’il cherche, et qu’il arrache de toutes parts, jusque dans les entrailles, il nous le livre et nous l’étale dans un langage parlant, animé, échauffé jusqu’à la furie, palpitant de joie ou de colère, et qui n’est autre souvent que celui qu’on se figurerait d’un Molière faisant sa pâture de l’histoire88. » Les dernières années de Louis XIV. […] Pour peu qu’il prospère, il sera bientôt le chef d’une société plus nombreuse, dont tous les membres auront les mêmes manières, suivront les mêmes usages et parleront la même langue ; à la troisième ou tout au plus à la quatrième génération, il y aura de nouvelles familles, qui pourront demeurer séparées, mais qui, toujours réunies par les liens communs des usages et du langage, formeront une petite nation, laquelle, s’augmentant avec le temps, pourra, suivant les circonstances, ou devenir un peuple, ou demeurer dans un état semblable à celui des nations sauvages que nous connaissons. […] Ce défaut est celui des esprits cultivés, mais stériles ; ils ont des mots en abondance, point d’idées ; ils travaillent donc sur les mots, et s’imaginent avoir combiné des idées, parce qu’ils ont arrangé des phrases, et avoir épuré le langage quand ils l’ont corrompu en détournant les acceptions.