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159. (1862) Cours complet et gradué de versions latines adaptées à la méthode de M. Burnouf… à l’usage des classes de grammaire (sixième, cinquième, quatrième) pp. -368

C’est particulièrement à ces derniers que nous nous attachons ; nous ne craignons pas de les signaler sans cesse ; surtout quand ils appartiennent à cet ordre de questions (le style indirect, par exemple) que les précédents systèmes n’avaient point abordées, ou qu’une étroite et obscure synthèse laissait indécises jusqu’à ce jour, et que l’auteur de la nouvelle Méthode a discutées par une large et lumineuse analyse, a résolues par une savante conviction.

160. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

J’aurais cru laisser mon ouvrage imparfait si je l’eusse passée sous silence. […] La seconde, lorsque le droit incertain laisse, pour ainsi dire, en équilibre, la balance de la justice, et qu’il s’agit de l’incliner du côté qui mérite le plus de faveur. Dans ces causes, la loi qui n’a pu tout prévoir laisse l’homme juge de l’homme, et les faits étant du ressort du sentiment, le cœur doit les juger. […] Mais si Philippe agissait en ennemi, fallait-il lui résister, ou le laisser asservir la Grèce ? […] S’il laissait paraître l’intention de les gagner par des considérations personnelles, il les blesserait au lieu de leur être agréable.

161. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre II. Application du chapitre précédent au discours de Cicéron pour Milon. »

Il est impossible de relire cette admirable harangue, sans être de l’avis de Milon et sans penser Comme lui, que si en effet Cicéron s’était montré, dans cette cause, aussi ferme qu’il avait coutume de l’être, s’il ne s’était pas laissé intimider par les clameurs de la faction de Clodius, il l’aurait emporté sur toutes les considérations timides ou intéressées qui pouvaient agir contre l’accusé, et que Milon n’aurait pas mangé des huîtres à Marseille. […] « Je crains avec raison, Messieurs, qu’il n’y ait de la bonté pour moi à laisser entrevoir quelque crainte, en commençant de parler pour le plus courageux des hommes ; et quand Milon, tranquille sur son sort, n’est alarmé que pour celui de l’état, je devrais, je le sens, montrer en le défendant la même fermeté. […] Ces soldats placés devant tous les temples, quoique destinés à prévenir la violence, ne laissent pas d’effrayer l’orateur ; et quoique leur présence soit utile, nécessaire même à la sûreté commune, elle inspire je ne sais quelle terreur, dont il est impossible de se défendre entièrement ». […] Il part donc, et abandonne une assemblée tumultueuse où sa fureur laissa un vide immense ; assemblée qui se tint ce jour-là même, et qu’il n’eût certes pas abandonnée, si, tout plein de son projet, il n’eût voulu prendre toutes les mesures capables d’en assurer l’exécution.

162. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Résumé. » pp. 388-408

Le dialogue didactique et philosophique peut s’employer dans les questions importantes ; il doit, autant que possible, aboutir à un résultat positif, et ne pas laisser l’esprit dans l’incertitude. […] Le caractère de l’une et de l’autre est de ne point exprimer l’idée tout entière, et d’en laisser deviner une partie. […] La correction, la rétroaction, l’épanorthose, où l’on feint de se laisser aller trop loin, et où l’on revient à dessein sur ce que l’on a dit. […] On rattache aussi à l’ellipse l’anacoluthe, construction où l’auteur laisse à désirer certains mots qui régulièrement devraient toujours en accompagner d’autres.

163. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

Le lieu même d’où il parle, celui où on l’écoute, confond et fait disparaître toutes les grandeurs, pour ne laisser sentir que la sienne. […] S’il vous laisse trop vous souvenir que ce n’est qu’un homme qui parle, si Dieu n’est pas toujours à côté de lui, on ne verra plus qu’un rhéteur mondain qui adresse à des cendres les derniers mensonges de la flatterie. […] Les élèves sont exercés dès l’enfance à bien prononcer ; nous laissons aux maîtres le soin de les perfectionner. […] On peut dire en général qu’il convient dans le cours d’une phrase d’en charger les expressions les plus remarquables, et à la fin de le placer assez avant pour laisser à la voix le temps d’aller en diminuant et de préparer le repos. […] —  Laisse ta pauvre mère, enfant de la Savoie ; —              Va,  / mon enfant, / où Dieu t’envoie.

164. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XII. Poésie dramatique. »

Il serait plus convenable d’employer pour cela le mot mouvement, et de laisser le nom de scène à ce que nous avons appelé ainsi en commençant ce chapitre. […] Il se trouvera sans doute quelquefois, quand la situation le fera naître ; mais il ne faut pas le chercher ; il faut le laisser venir. […] Laissons de côté cette discussion métaphysique ; les faits ont depuis longtemps décidé la question, et ils ont répondu précisément comme l’avait fait Voltaire, qui dit, dans son Discours sur la tragédie : « Vouloir de l’amour dans toutes les tragédies, est un goût efféminé ; l’en proscrire toujours, est une mauvaise humeur bien déraisonnable. […] L’effet n’y répond pas toujours à l’apparence : On s’y laisse duper autant qu’en lieu de France, Et parmi tant d’esprits plus polis et meilleurs, Il y croît des badauds autant et plus qu’ailleurs. […] Les arts, pour atteindre à la perfection, demandent à rester isolés ; ils veulent captiver tout entière l’attention du connaisseur, et ne la laissent pas se répandre sur des œuvres voisines.

165. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Buffon, 1707-1788 » pp. 175-184

La force de son caractère, l’amour de la gloire et le dévouement à une idée l’élevèrent au-dessus des querelles de son temps ; au lieu de se dépenser au jour le jour, il économisa si bien ses facultés qu’il ne se laissa pas distraire un instant du sujet grandiose auquel il avait consacré son existence. […] Nulle espèce ne le mérite mieux ; la nature en effet n’a répandu sur aucune autant de ces grâces nobles et douces qui nous rappellent l’idée de ses plus charmants ouvrages : coupe de corps élégante, formes arrondies, gracieux contours, blancheur éclatante et pure, mouvements flexibles et ressentis3, attitudes tantôt animées, tantôt laissées dans un mol abandon, tout dans le cygne respire la volupté, l’enchantement que nous font éprouver les grâces et la beauté ; tout nous l’annonce, tout le peint comme l’oiseau de l’amour ; tout justifie la spirituelle et riante mythologie d’avoir donné ce charmant oiseau pour père à la plus belle des mortelles. […] Rien ne s’oppose plus à la chaleur que le désir de mettre partout des traits saillants ; rien n’est plus contraire à la lumière qui doit faire un corps et se répandre uniformément dans un écrit, que ces étincelles qu’on ne tire que par force en choquant les mots les uns contre les autres, et qui ne nous éblouissent pendant quelques instants, que pour nous laisser ensuite dans les ténèbres.

166. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fléchier, 1632-1710 » pp. 124-132

Quand il a été louable, il a laissé aux autres le soin de le louer. Il sait se servir de son esprit, mais il ne sait pas s’en prévaloir ; et bien qu’il se sente, bien qu’il s’estime ce qu’il vaut, il laisse à chacun son jugement. […] Il ôte aux uns la volonté, aux autres les moyens de nuire ; et, profitant de toutes ces conjonctures importantes, qui préparent les grands et glorieux événements, il ne laisse rien à la fortune de ce que le conseil et la prudence humaine lui peuvent ôter.

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