Nous renvoyons, pour la citation des textes que Rousseau a traduits ou imités, aux principales éditions de ses Œuvres. […] Ici, comme dans la strophe précédente, Rousseau a imité Malherbe, qui dit en parlant des grands : Ce qu’ils peuvent n’est rien : ils sont, comme nous sommes, Véritablement hommes, Et meurent comme nous. […] Ce sont là, sans doute, des vers agréablement tournés : mais il faut regretter que cette pièce énergique soit finie par un de ces lieux communs, imités des anciens, et que nos poëtes ont trop aimés.
Je lui dirais encore : « Choisissez parmi nos grands orateurs celui dont le génie vous est le plus sympathique et imitez-le, mais en vous gardant bien de le copier. […] Les orateurs attiques, et surtout Lysias, excellent à dissimuler l’art de leurs récits sous un air de candeur et de désintéressement qui fait illusion : imitez leur savante simplicité. […] J’en doute, car la passion a dans ses effets spontanés quelque chose de soudain qui saisit l’âme, qui prévient la réflexion et que l’art ne peut imiter. […] L’orateur, dont l’imagination est plus vive, imitera l’artiste égyptien : il supprimera les rapports, et, rapprochant les deux termes, il dira : La vie est un combat. […] Étudiez-la, dis-je, mais plutôt comme un ensemble d’observations curieuses que comme une suite de procédés à imiter.
Ces poèmes sacrés et quelques autres ont été admirablement imités dans notre langue par Racine, J. […] Elle tire son non d’Anacréon qui s’est illustré dans ce genre, et qu’Horace a souvent imité. […] Chez les Grecs, le dithyrambe était un petit poème lyrique fait et chanté en l’honneur de Bacchus, sur le mode phrygien, c’est-à-dire sur un mode fier et guerrier, et dans lequel le poète imitait le délire de l’ivresse. Dans un pays où l’on rendait un culte sérieux au dieu du vin, il est assez naturel qu’on lui ait adressé des hymnes, et que dans ces hymnes les poètes aient imité le délire de l’ivresse : c’était plaire à ce dieu que de lui ressembler. […] Les Latins, quoique leur culte fût celui des Grecs, ne respectaient pas assez la fureur bachique pour en estimer l’imitation ; et, de tous les genres de poésie, le dithyrambe fut le seul qu’ils dédaignèrent d’imiter.
Un auteur a dit : Hypéride a imité Démosthènes en ce qu’il a de beau. […] Si c’est à Hypéride, il faudrait dire : Hypéride, en ce qu’il a de beau, a imité Démosthènes. Si c’est à Démosthènes, il faudrait au contraire : Hypéride a imité Démosthènes, en ce que celui-ci a de beau. […] A peine nous sortions des portes de Trézènes ; Il était sur son char ; ses gardes affligés Imitaient son silence, autour de lui rangés. […] Nous terminerons par le célèbre passage du psaume 17, si souvent imité par nos poètes : Inclinavit cœlos et descendit, et caligo sub pedibus ejus.
Ce fut à la cour de Ptolémée que Théocrite écrivit ses pastorales ; et c’est à la cour d’Auguste que Virgile les imita. […] Outre la grâce dont nous venons de parler, on trouve dans les descriptions pastorales des allusions fréquentes aux circonstances de la vie champêtre, comme dans ces beaux vers de Virgile, imités par Racan : Sepibus in nostris parvam te roscida mala (Dux ego vester eram) vidi cum matre legentem ; Alter ab undecimo tum me jam ceperat annus, Jam fragiles poteram & terra contingere ramos… Il me passait d’un an ; et de ses petits bras Cueillait déjà des fruits dans les branches d’en bas. […] Nous citerons Myrtile ou la piété filiale, de Gessner, imité par Léonard ; les idylles des Oiseaux et des Moutons, de Mme Deshoullières ; la Retraite, de Racan ; Ruth, par Florian, etc.
Benserade a imité cette pensée dans ce vers : Dieu lava bien la tête à son image. […] Les mouvements peuvent-ils être imités par l’harmonie ? La seconde classe d’objets, que le son des mots imite souvent, se compose des divers mouvements des corps. […] La troisième espèce d’objets que les mots peuvent imiter par le son, comprend les sentiments, les émotions et les passions de l’âme. […] Transposons les mots : accipiens sonitum pastor de vertice saxi, nous effaçons l’image ; l’ordre de la nature n’est plus imité.
Il n’est point de serpent, ni de monstre odieux, Qui, par l’art imité, ne puisse plaire aux yeux. […] Les mots n’ont point, en effet, une ressemblance naturelle avec les idées qu’ils représentent, tandis qu’une statue, un tableau offrent une ressemblance parfaite avec l’objet imité.
Mais ce dont l’antiquité nous avait également donné l’exemple, et ce que la forme de nos institutions politiques ne nous a probablement pas permis d’imiter longtemps, c’est la coutume de consacrer des éloges funèbres à la mémoire de ceux qui avaient répandu leur sang pour la patrie. […] Un magnifique éloge d’Athènes, de sa constitution, de ses lois, de ses avantages physiques et politiques, du caractère, des mœurs et de la conduite des Athéniens remplit la première partie de ce beau discours ; et ce qui ne nous semblerait qu’un brillant hors-d’œuvre, entre parfaitement ici dans les vues de l’orateur politique, qui, en remettant sous les yeux du peuple qui l’entend le tableau de la gloire et de la prospérité passées d’Athènes, se propose à la fois et de les attacher fortement à la défense d’un pays si digne de leur amour, et de les engager à honorer, à imiter le dévouement de ceux qui n’ont pas craint de mourir pour une si belle cause.