Harmonies de la nature, II.
Il sait assortir les nuances du sentiment et de la pensée, caresser l’oreille, et charmer l’esprit par l’heureux choix des mots et l’harmonie d’une période savante.
Il avait un génie aisé et fécond, un caractère doux et simple ; il sentait l’harmonie poétique et trouvait facilement cette douceur dans les mots et le style qui conviennent aux images champêtres. […] Tel éclate un libre génie, Quand il lance aux tyrans les foudres de sa voix ; Telle, à flots indomptés, sa brûlante harmonie Entraîne les sceptres des rois. […] Mais, si on laisse de côté cette imitation un peu forcée du lyrique grec, l’abus des métaphores et des idées mythologiques, et quelques associations de mots dures ou bizarres, on trouvera certainement chez Lebrun et le mouvement, et l’harmonie, et l’expression qui distinguent les vrais poètes lyriques.
Il est un des modèles de notre langue pour l’élégance, la richesse, l’harmonie de la diction, la modération ornée du discours, l’ampleur ingénieuse d’un talent qui excelle dans ces développements souples et continus où les pensées naissent les unes des autres ; mais en lui l’art se fait trop sentir.
Sous ce dernier rapport, on aura à parcourir chaque phrase d’un œil sévère, à l’examiner d’après les principes concernant la régularité des constructions, le nombre et l’harmonie, à raisonner, pour ainsi dire, l’emploi de chaque mot, à peser ce qu’il a de justesse, de convenance, de propriété et d’élégance. C’est ainsi qu’on évitera les répétitions, les termes impropres, les vices d’harmonie et les imperfections de tout genre qui sont le partage de ceux qu’une sotte vanité pousse à écrire avec rapidité. […] C’est là qu’il faut des vers étaler l’élégance, et surtout l’harmonie imitative, qui produit un très bel effet dans une description. […] La simplicité, en proscrivant l’affectation, l’emphase, l’abus des figures, les épithètes ambitieuses, est loin d’exclure les ornements, la variété, le mouvement, la chaleur, la force, l’harmonie.
Les passions dramatiques doivent être en conformité avec la nature humaine, et en harmonie avec les temps, les pays et les données fournies par l’histoire. […] C’est alors que l’auteur doit donner au langage, avec l’élégance et l’harmonie, l’élévation et même la sublimité. […] Dans les airs, la marche de la strophe demande l’élévation, la splendeur et la richesse de l’ode : l’harmonie doit même en être plus soignée. […] La moindre dureté dans le son, le moindre défaut d’harmonie n’y serait pas supportable.
Grand Dieu, dont la seule présence soutient la nature et maintient l’harmonie des lois de l’univers ; vous qui du trône immobile de l’empyrée voyez rouler sous vos pieds toutes les sphères célestes sans choc et sans confusion ; qui du sein du repos reproduisez à chaque instant leurs mouvements immenses, et seul régissez dans une paix profonde ce nombre infini de cieux et de mondes ; rendez, rendez enfin le calme à la terre agitée ! […] Je voudrais que les pensées se succédassent dans un livre comme les astres dans le ciel, avec harmonie, mais à l’aise et à intervalles, sans se toucher ni se confondre, et non pourtant sans se suivre, s’accorder, s’assortir.
Le grammairien devait offrir à ses élèves le texte épuré, et leur ouvrir les trésors de la poésie et de l’harmonie.