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127. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Il reste définitivement acquis aujourdhui qu’il a eu le mérite, méconnu au xviie  siècle oublié au xviiie , proclamé enfin au xixe , d’ouvrir à la poésie françaiss les genres littéraires cultivés et consacrés par les anciens, de créer des rythmes lyriques qui ont profité à Malherbe et aux poètes de nos jours, de réhabiliter l’alexandrin, que, par une étrange fantaisie, il a d’ailleurs exclu de l’épopée, son domaine naturel ; enfin, et c’est Malherbe qui l’a dit, d’avoir eu « dans ses fictions de la grandeur ». […] Vos grandeurs, vos honneurs, vos gloires despouillez ; Soyez-moy de vertus, non de soye habillez ; Ayez chaste le corps, simple la conscience ; Soit de nuit, soit de jour, apprenez la science ; Gardez entre le peuple une humble dignité, Et joignez la douceur avec la gravité. […] Sixains moraux Eusses-tu pour voler des ælles Jusqu’aux demeures eternelles, De Dieu ne cherche la grandeur. […] Nabuchodonosor Pareil aux Dieux je marche, et, depuis le réveil Du soleil blondissant jusques à son sommeil, Nul ne se parangonne324 à ma grandeur royale. […] Son style se sent, il le reconnaît lui-même, du « naturel ramage » ; c’est un mélange d’audace fanfaronna dans l’étrangeté, d’imagination brillante et de grandeur, parfois tendue et guindée.

128. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Ce spectacle de la grandeur et de la liberté de leur patrie est bien fait pour agrandir leurs âmes, mais aussi pour les intimider. […] Si c’est ainsi que vous comprenez l’éloquence de la tribune, entrez avec moi dans l’étude du caractère de Démosthène ; vous en concevrez facilement toute la grandeur. […] Certes, j’admire ce miracle d’une volonté opiniâtre, mais ce que j’admire encore bien plus, ce qui fait la force de ce caractère et sa grandeur, c’est d’avoir compris que la puissance d’Athènes fondée par la liberté ne pouvait se relever que par la liberté. […] Mais comme son but est de les convaincre et non de les abattre, il ranime aussitôt leur courage en leur prouvant que rien n’est perdu encore, qu’un effort vigoureux peut les sauver, que les dieux, toujours aussi prompts à réparer leurs fautes qu’eux à les commettre, leur fournissent une belle occasion de relever la grandeur d’Athènes sur les ruines de leur ennemi.

129. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre III. Idée de l’Éloquence des Saints-Pères. »

On admire souvent, dans ses écrits, la grandeur et la force des sentiments et des idées ; mais on y rencontre aussi des pensées fausses, des raisonnements tirés de trop loin, et péniblement amenés à une conclusion peu satisfaisante.

130. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de L’Hospital, 1505-1573 » pp. -

Cestuy cy ne faict rien qu’en faveur et consideration de la vertu et de la justice, et s’employe hardyment pour la deffense et tuition8 de l’innocence opprimée ou que l’on veult opprimer : l’or et l’argent ne luy commandent poinct ; toutes les grandeurs et puissances ne le sçauroient destourner du vray honneur qui ne s’acquiert qu’en bien faisant… Au contraire le brouillon9, avec son ignorance, qui lui faict escorte perpetuelle, estime pure vanité tout l’honneur qui est sans profict et contribution pecuniaire ; n’ayme que playe et bosse, seme des noises10, querelles et procez partout où il se trouve, afin d’avoir de la pratique aux despends de qui que ce soit.

131. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

Comment un caractère peut-il être intéressant, s’il n’a pas, comme qualités distinctives, la droiture, la candeur, la sensibilité, la noblesse et surtout la grandeur d’âme ? […] Puisque les monologues et les récits des confidents sont, en général, peu propres à donner à l’exposition l’intérêt et la grandeur qu’elle demande, il faut (du moins dans la tragédie, car bien souvent cette règle n’est pas observée dans la comédie), il faut que cette partie du drame soit faite par des personnages importants et grandement intéressés à l’action, ou, en d’autres termes, par des personnages principaux. […] Le caractère de grandeur, de noblesse et d’élévation que nous avons demandé pour l’action tragique, constitue le troisième ressort de la tragédie. […] Les trois dernières surtout sont regardées comme les plus théâtrales, parce qu’elles paraissent fondées sur un principe de générosité et de grandeur : la vengeance sur la droiture et l’honneur, l’ambition sur le désir de la gloire, enfin, l’amour qui, lorsqu’il est chaste et légitime, est intéressant dans sa cause et dans son principe, et dont on doit montrer les suites funestes lorsqu’il est désordonné et coupable. […] Le discours que Racine met dans la bouche de Mithridate faisant part à ses enfants du dessein qu’il a formé d’aller attaquer les Romains dans Rome même (III. 1), est également admirable par la grandeur des sentiments et la richesse de l’élocution.

132. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre II. Des qualités essentielles du poète » pp. 16-21

Si la nature, si les monuments du passé, tels que les tombeaux, les ruines, sont des sujets très propres à faire naître l’inspiration, que sera-ce quand le poète prendra pour sujet de ses chants Dieu lui-même, ses perfections, sa grandeur, sa majesté, ses bienfaits ?

133. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Cette gloire ne pouvait appartenir qu’au royal auteur de ces institutions qui doivent affermir à jamais la glorieuse durée du trône et commencer une ère nouvelle de félicité et de grandeur pour la nation. […] « Les vertus louables par elles-mêmes sont celles qui consistent dans un heureux naturel, dans la douceur et la bienfaisance, dans la puissance du génie, la grandeur et la force de l’âme. […] Ce genre de discours demande beaucoup d’élévation dans le génie, une grandeur majestueuse, qui tient un peu de la poésie. […] Ce qu’il faut étudier dans les immortels chefs-d’œuvre de ces orateurs, c’est le plan, l’économie du discours, l’art de donner au raisonnement cette progression soutenue qui opère inévitablement la conviction, les moyens insinuans qu’ils emploient pour se concilier la faveur des juges ; c’est la grandeur et la noblesse des sentimens et du style, la vivacité des tours et des figures ; enfin, le talent merveilleux de mettre dans tout son jour, et de faire paraître dans toute sa force le sujet qu’on traite. […] Tout ce qu’il y a de réel dans leur grandeur, c’est l’usage qu’ils en doivent faire pour ceux qui souffrent ; c’est le seul trait de distinction que Dieu ait mis en eux.

134. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXII. des figures. — figures par rapprochement d’idées semblables  » pp. 301-322

Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux ; Ces deux divinités n’accordent à nos vœux Que des biens peu certains, qu’un plaisir peu tranquille ; Des soucis dévorants c’est l’éternel asile, Véritable vautour, que le fils de Japet Représente, enchaîné sur son triste sommet. D’abord on ne se figure guère l’or sous la forme d’une divinité, comme la grandeur.

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