Ils ne sont pas toujours sur leurs trônes ; ils s’y ennuient : la grandeur a besoin d’être quittée pour être sentie. […] Quelle grandeur ne se remarque point en Mithridate, en Porus et en Burrhus * ? […] La différence qui est entre eux est tout entière à l’honneur de l’Ecriture : elle les surpasse tous infiniment en naïveté, en vivacité, en grandeur. […] La grandeur de ses sentiments est souvent admirable ; d’ailleurs il faut le lire pour certains principes sur la tradition, pour les faits d’histoire et pour la discipline de son temps ; mais pour son style, je n’ai gardé de le défendre. […] Le style rend singulières les choses les plus communes, fortifie les plus faibles, donne de la grandeur aux plus simples.
On donna aux fables plus de grandeur, et au style plus d’élévation. […] Tout composé appelé beau, soit animal, soit d’un autre genre, doit non seulement être ordonné dans ses parties, mais encore avoir une certaine étendue : car qui dit beauté dit grandeur et ordre. […] De même donc que, dans les animaux et dans les autres corps naturels, on veut une certaine grandeur qui toutefois puisse être saisie d’un même coup d’œil ; de même, dans l’action d’un poème, on veut une certaine étendue, mais qui puisse aussi être embrassée tout à la fois et faire un seul tableau dans l’esprit. […] Il reste le milieu à prendre : c’est que le personnage ne soit ni trop vertueux ni trop juste, et qu’il tombe dans le malheur non par un crime atroce ou une méchanceté noire, mais par quelque faute ou erreur humaine, qui le précipite du faîte des grandeurs et de la prospérité, comme Œdipe, Thyeste, et les autres personnages célèbres de familles semblables.
Dans les fables même où l’on prend l’essor, ce qui n’arrive guère que quand les personnages ont de la grandeur et de la noblesse, cette élévation ne détruit point la simplicité. […] Les images sont sublimes quand elles élèvent notre esprit au-dessus de toutes les idées de grandeur qu’il pouvait avoir. […] Plus tard encore, ce sont les prophètes qui se distinguent, particulièrement Isaïe, par la grandeur et la sublimité de son langage ; Jérémie, par sa tendresse et ses douleurs ; Ézéchiel, par ses menaces et l’effroi qu’elles causent. […] Elles sont difficiles à entendre par plusieurs raisons, dont la première est la grandeur même des idées qu’elles renferment ; la seconde, la hardiesse des tours ; la troisième, la nouveauté des mots qu’il fabrique souvent pour l’endroit même où il les place.
Citons comme exemple de style noble, ce morceau plein de grandeur que nous extrayons de L’Essai sur l’indifférence en matière de religion ; si l’auteur, M. de Lamennais, eût persévéré à marcher d’un pas ferme dans la route qu’il avait commencé de suivre, il fût devenu l’un des premiers génies de la France. […] Le morceau que nous citons ici est écrit d’un style noble et harmonieux : il exprime avec force et grandeur la vanité des choses de ce monde, l’instabilité de la fortune et les consolations puissantes de la religion : nous le devons à M. […] 2° Enflure, Exagération ou Style ampoulé L’Enflure, l’Exagération consiste à employer hors de propos des expressions sonores et pompeuses, ou à, dire des choses exagérées qui n’ont qu’une vainc apparence de grandeur. […] Victor Hugo, celle surtout où il parle de la grandeur passée de l’Espagne : Ruy-Blas à la Monarchie espagnole.
Mais le ton de l’orateur et du poète, dès que le sujet est grand, doit toujours être sublime, parce qu’ils sont les maîtres de joindre à la grandeur de leur sujet autant de couleur, autant de mouvement, autant d’illusion qu’il leur plaît ; et que, devant toujours peindre et toujours agrandir les objets, ils doivent ainsi partout employer toute la force, et déployer toute l’étendue de leur génie. […] Le Style biblique se distingue par un double caractère de simplicité et de grandeur. […] C’est maintenant (dit le Seigneur) que je me lèverai ; c’est maintenant que je signalerai ma grandeur ; c’est maintenant que je ferai éclater ma puissance. […] Pour résumer en peu de mots ce qui a été expliqué sur ce sujet, nous dirons que le caractère du style biblique est la simplicité et la grandeur, les images frappantes et vives qui nous présentent Dieu assis sur les chérubins, porté sur les nuées, dont le regard fait trembler la terre, dont la colère ébranle les fondements des montagnes, qui voit au fond des abîmes : toutes ces images sont pleines de hardiesse et de vivacité, ici le cœur parle avec tendresse, avec amour ; là les comparaisons sont toutes expressives : ce sont les palmes et les cèdres, les lions et les aigles, objets communs en Palestine et qui donnent au style une feinte caractéristique, connue sous le nom de Couleur locale.
J’ai de l’ambition, mais plus noble et plus belle : Cette grandeur périt, j’en veux une immortelle, Un bonheur assuré, sans mesure et sans fin, Au-dessus de l’envie, au-dessus du destin. […] « Corneille, plus qu’aucun autre poëte, a mis des contrastes dans ses tragédies, non pas seulement le contraste des passions, qui fait le fond nécessaire des tragédies, ou celui des bons et des méchants, de la vertu persécutée par le vice, mais le contraste de la grandeur et de la bassesse, qui, selon une poétique étroite, est moins propre à la tragédie. […] Que David nous le rende avec ce vaste front Creusé par les travaux de son esprit fécond, Où rayonnait la gloire, où siégeait la pensée, Et d’où la tragédie un jour s’est élancée : Simple dans sa grandeur, l’air calme et l’œil ardent, Que ce soit lui, qu’il vive, et qu’en le regardant, On croie entendre encor ces vers remplis de flamme, Dont le bon sens sublime élève, agrandit l’âme, Ressuscite l’honneur dans un cœur abattu : Proverbes éternels dictés par la vertu ; Morale populaire à force de génie, Et que ses actions n’ont jamais démentie !
Si je ne puis raconter tant d’actions, je les découvrirai dans leurs principes ; j’adorerai le Dieu des armées, j’invoquerai le Dieu de paix, je bénirai le Dieu des miséricordes, et j’attirerai partout votre attention, non pas par la force de l’éloquence, mais par la vérité et la grandeur des vertus dont je suis engagé de vous parler. » 3° Narration. […] La bataille de Rocroy, dans l’Oraison funèbre du prince de Condé, par Bossuet, est une admirable narration, pleine de mouvement et de grandeur.
» s’écrie-t-il comme un autre Théodose ; rassure les siens ébranlés par la grandeur du péril, glace les ennemis par la fierté de sa contenance, et Damiette devient la conquête de sa foi et de sa valeur. […] Tantôt, invincible même dans les fers, son courage et sa grandeur n’y perdent rien de la majesté du trône ; et, tout captif qu’il est, il sait se faire rendre des hommages par des vainqueurs barbares. […] il est humble dans le sein de la grandeur ; et nous, hommes vulgaires, nous sommes enflés de vanité et d’orgueil ! […] Voici le sanctuaire Où, dans sa grandeur solitaire, Réside à jamais l’Eternel. […] Ce nom depuis longtemps ne sert qu’à l’éblouir, Et sa propre grandeur l’empêche d’en jouir.