si tu te plains que c’est là te trahir, Fais-toi des ennemis que je puisse haïr. […] Voilà des exemples où la précision de la pensée s’unit à celle de l’expression, et qui prouvent que, bien loin d’être ennemie de la clarté, la précision, telle que nous la considérons ici, en est la compagne la plus fidèle.
II, p. 361)1 Au major de Mauvillon Fragment de lettre C’est avoir entrepris une fière et difficile2 tâche que de gravir au bien public sans ménager aucun parti, sans encenser l’idole du jour, sans autres armes que la raison et la vérité1, les respectant partout, ne respectant qu’elles, n’ayant d’amis qu’elles, d’ennemis que leurs adversaires, ne reconnaissant d’autre monarque que sa conscience, et d’autre juge que le temps. […] Couvert des armes de la dialectique, il sonne la charge, fond sur ses adversaires, les saisit, les frappe au visage et ne les lâche pas qu’il ne les ait forcés, le genou sur la gorge, à s’avouer vaincus ; s’ils tournent le talon, il les poursuit, il les bat par devant et par derrière, il les presse, il les pousse, et il les ramène invinciblement dans le cercle impérieux qu’il leur a tracé, comme ces marins qui, sur le pont d’un étroit navire, pris à l’abordage, placent un ennemi sans espérance entre leur glaive et l’Océan… « J’ai dit que ce qui a élevé Mirabeau, sans aucune comparaison, au-dessus des autres orateurs, c’est la profondeur et l’étendue de ses pensées, la solidité de sa dialectique, la véhémence de ses improvisations ; mais c’est surtout la fortune inouïe de ses reparties… Jamais Mirabeau ne reculait devant aucune objection ni devant aucun adversaire.
ce n’est pas là que sont les ennemis. » Rasi, un capitaine musulman du temps même de Mahomet, voit les Arabes effrayés qui s’écrient que leur général Dérar est tué : « Qu’importe, dit-il, que Dérar soit mort ? […] et vos amis seraient d’avis que vous fissiez de votre bon gré ce que les plus grands efforts de vos ennemis ne sauraient vous contraindre de faire ! […] Aussitôt qu’il a pris place à la tête de l’armée, il porte la terreur dans les rangs ennemis. […] « À la nuit qu’il fallut passer en présence des ennemis, comme un vigilant capitaine, le duc d’Enghien reposa le dernier ; mais jamais il ne reposa plus paisiblement. […] Cependant l’événement semble se décider : Les bataillons ennemis enfoncés demandent quartier.
Rappelé en Allemagne, il remporta plusieurs grands avantages sur les ennemis.
La Bruyère a fait des caractères ; il les a puisés la plupart dans les individus qu’il connaissait ; ses ennemis l’accusèrent d’avoir fait des portraits, ils avaient en cela un double plaisir, celui de médire de l’auteur, et d’appliquer ses peintures malignes à telle ou telle personne. […] Dans l’histoire, un personnage se développe et se fait connaître par ses actions ; dans les mémoires, le lecteur est transporté dans l’intimité d’une famille, et il faut qu’il parcoure la galerie des portraits de tous ses membres et de tous ses amis ou ennemis. […] Ainsi, qu’avait-on de mieux à faire que de créer un genre qui, reposant sur des bases connues et avérées, ne fût cependant pas ennemi des embellissements de l’imagination, des élans du sentiment et des circonstances de pure fantaisie ? […] Au même instant, le fils de Clodion bondit comme un léopard, met le pied sur le javelot, le presse de son poids, le fait descendre vers la terre, et abaisse avec lui le bouclier de son ennemi.
Mais une fois sur le terrain de la discussion, ne prévenez l’objection que quand vous serez sûr d’en triompher ; autrement, vous courez risque d’offrir à l’ennemi des armes dont lui-même ne soupçonnait pas l’existence. […] Qu’il respecte surtout l’amitié, la dignité ; qu’il craigne de faire des blessures mortelles ; que tous ses traits soient tournés contre l’ennemi ; et encore ne doit-il pas attaquer toutes sortes d’adversaires, ni toujours, ni par tous les moyens.
Après avoir lancé contre ce dernier la plus terrible philippique, pendant laquelle il avait toujours tenu en réserve le nom maudit de son ennemi, comme s’il eût craint de souiller ses lèvres en le prononçant, Louvet termine ainsi : « J’insiste surtout pour qu’à l’instant vous prononciez sur un homme de sang, dont les crimes sont prouvés. […] « En ce jour, Sire, avant que Votre Majesté reçût cette onetion divine, avant qu’elle eût revêtu ce manteau royal qui ornait bien moins Votre Majesté qu’il n’était orné de Votre Majesté même, avant qu’elle eût pris de l’autel, c’est-à-dire de la propre main de Dieu, cette couronne, ce seeptre, cette main de justice, cet anneau qui faisait l’indissoluble mariage de Votre Majesté et de son royaume, cette épée nue et flamboyante, toute victorieuse sur les ennemis, toute-puissante sur les sujets, nous vîmes, nous entendîmes Votre Majesté, environnée des pairs et des premières dignités de l’Etat, au milieu des prières, entre les bénédictions et les cantiques, à la face des autels, devant le ciel et la terre, les hommes et les anges, proférer de sa bouche sacrée ces belles et magnifiques paroles, dignes d’être gravées sur le bronze, mais plus encore dans le cœur d’un si grand roi : Je jure et promets de garder et faire garder l’équité et miséricorde en tous jugements, afin que Dieu, clément et miséricordieux, répande sur moi et sur vous sa miséricorde. » Mais où l’orateur rencontre souvent les accents les plus pathétiques, c’est lorsqu’il se met lui-même en scène, et qu’il communique à l’auditoire cette énergie de la personnalité qui met, non plus les opinions et les sentiments, mais l’homme lui-même en contact avec l’homme.
Ainsi, jours avec toujours ; ami et ennemi ; faire, refaire ; suit, poursuit, sont de mauvaises rimes ; mais on peut faire rimer courir et secourir ; front et affront ; disposer, reposer. […] Exemple : J’ai vu l’impie adoré sur la terre : Pareil au cèdre, il cachait dans les cieux Son front audacieux ; Il semblait à son gré gouverner le tonnerre, Foulait aux pieds ses ennemis vaincus : Je n’ai fait que passer, il n’était déjà plus.