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112. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Des adjectifs sont pris adverbialement, par exemple : doux, pour doucement. […] Je vous responds en mer ou j’ay voulu courre une bordée par le doux temps. […] Ame douce, tendre et mystique, « voilà mon petit ménage », disait-il des enfants ; il disait des oiseaux « mes frères ». […] Que nostre langage soit doux, franc, sincere, rond, naïf et fidele. […] Alors les bourgeois de Paris seront ses gardes ; et il connoîtra combien il est plus doux d’entendre ses louanges dans la bouche du peuple que dans celle des poëtes.

113. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Vigny 1799-1863 » pp. 530-539

Sa tête nonchalante, en arrière appuyée, Se cache dans la plume au soleil essuyée : Son poitrail est lavé par le flot transparent, Comme un écueil où l’eau se joue en expirant ; Le duvet qu’en passant l’air dérobe à sa plume Autour de lui s’envole, et se mêle à l’écume ; Une aile est son coussin, l’autre est son éventail ; Il dort, et de son pied le large gouvernail Trouble encore, en ramant, l’eau tournoyante et douce, Tandis que sur ses flancs se forme un lit de mousse De feuilles et de joncs, et d’herbages errants, Qu’apportent près de lui d’invisibles courants2. […] Théophile Gautier comparait la gloire sereine, mais peu bruyante d’Alfred de Vigny, à ces astres blancs et doux de la voie lactée, qui brillent moins que d’autres étoiles, parce qu’ils sont placés plus haut et plus loin.

114. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — De Retz. (1614-1679.) » pp. 20-28

La cavalerie de l’empire ne tenait pas devant les Weimariens2 ; l’on voyait sur les degrés du trône, d’où l’âpre et redoutable Richelieu avait foudroyé plutôt que gouverné les humains, un successeur doux, bénin, qui ne voulait rien, qui était au désespoir que sa dignité de cardinal ne lui permettait pas3 de s’humilier autant qu’il l’eût souhaité devant tout le monde, qui marchait dans les rues avec deux petits laquais derrière son carrosse. […] Ce coup de rigueur, fait dans un temps où l’autorité était si douce qu’elle était comme imperceptible, fit un grand effet, quoique cet effet fût aussi presque incroyable.

115. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Staël, 1766-1817 » pp. 399-408

Voici un nouveau roman d’Estelle par M. de Florian : doux en commençant, fade à la longue, mais qui lui aplanira peut-être la route de l’Académie. […] Boileau, Horace, Aristophane eurent de la verve ; La Fontaine, Ménandre et Virgile le plus doux et le plus exquis enthousiasme qui fût jamais.

116. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

Sa poésie est moins vive et moins brillante que celle de Virgile : mais elle est douce, harmonieuse et variée. […] Ariste lui fait de doux et tendres reproches sur son prétendu procédé. […] Tout doux. […] (d’un ton plus doux.) […] Ne fais point les doux yeux ; je veux être fâché.

117. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Qu’elle regarde de tous côtés : tout a besoin de sa main, mais d’une main douce, tendre, salutaire, qui ne tue point pour guérir, qui secoure, qui corrige et répare la nature sans la détruire. […] Appropriée au caractère du son imagination douce et pathétique, sa diction est sobrement ornée, élégante et pure, harmonieuse et sans effort. […] Ce prince prodigieux était extrêmement modéré ; son caractère était doux, ses manières simples ; il aimait à vivre avec les gens de sa cour. […] Les lois sont aussi le seul titre de nos possessions : dès l’aurore de notre vie, nous en recueillons les doux fruits, et nous nous engageons toujours à elles par des liens plus forts. […] Tout votre sang est peu pour un bonheur si doux !

118. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — La Fontaine (1621-1695.) » pp. 194-204

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :     On n’en voyait point d’occupés A chercher le soutien d’une mourante vie ;     Nul mets n’excitait leur envie2 ;     Ni loups ni renards n’épiaient     La douce et l’innocente proie ;     Les tourterelles se fuyaient :     Plus d’amour, partant plus de joie3. […] Chacun songe en veillant ; il n’est rien de plus doux : Une flateuse erreur emporte alors nos âmes ;     Tout le bien du monde est à nous… Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi : Je m’écarte, je vais détrôner le sofi4 ;     On m’élit roi, mon peuple m’aime : Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant.

119. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Si ces impressions sont légères, les mouvements qui se font sentir dans notre âme, sont doux ; et alors on les nomme simplement sentiments. […] Ces mouvements que notre âme éprouve à la vue des objets, sont indifférents par eux-mêmes, quelque doux, quelque impétueux qu’on les suppose. […] Après cette description vive et touchante, l’orateur invoquant les lois, qui défendaient de condamner au supplice des verges ou de la mort un citoyen de Rome, sans l’ordre du peuple romain, s’écrie pour faire sentir toute l’injustice de cet indigne traitement : « Ô doux nom de la liberté, ô admirable prérogative de notre ville ! […] Au contraire, le récit d’une action où paraissent la clémence, la douceur, la justice, la modération, la sagesse, principalement si elle est faite malgré la colère, toujours ennemie des réflexions, et dans la victoire, naturellement superbe et insolente ; le récit, dis-je, de cette action, même dans des histoires qui sont faites, produit en nous une si douce et si vive impression d’estime et d’amour pour ceux qui en sont les auteurs, que nous ne pouvons nous empêcher de les chérir, quand bien même nous ne les aurions jamais connus. […] Tous ensemble, en quelque degré de sa confiance, qu’il vous ait reçus, environnez ce tombeau, versez des larmes avec des prières ; et admirant dans un si grand Prince une amitié si commode et un commerce si doux, conservez le souvenir d’un Héros dont la bonté avait égalé le courage.

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