Mais voici le ton du sentiment, l’expression de la douleur dans cette lettre, où Madame de Sévigné annonce au Comte de Grignan la mort de M. de Turenne. […] La grandeur fut égale de part et d’autre ; Barry souffrit la mort ; et sa femme, après avoir défendu la place avec succès, alla ensevelir sa douleur et sa jeunesse dans un Couvent de Béziersc où elle mourut.
Dans la Henriade, lorsque Henri IV raconte à Élisabeth les troubles de la France, après lui avoir parlé de la sécurité fatale dans laquelle vivaient les protestants, et lui avoir exprimé la douleur qu’il ressentit a la mort de sa mère Jeanne d’Albret, il passe de là au récit de la mort de Coligny ; il amène ce sanglant épisode par deux vers, qui préparent le lecteur à cette scène dramatique : Ma mère enfin mourut, pardonnez à des pleurs Qu’un souvenir si tendre arrache à mes douleurs.
Ôde à philomèle 1 Pourquoi, plaintive Philomèle, Songer encore à vos malheurs, Quand, pour apaiser vos douleurs, Tout cherche à vous marquer son zèle2?
Malgré l’autorité d’un tel critique et de ceux qui l’ont suivi, je crois que ces mouvements d’une âme qui cède d’abord à la douleur et se roidit ensuite contre elle, sont conformes à la nature, conformes à l’esprit du théâtre grec, qui en avait fait le sujet et la leçon de la tragédie. » (M.
Il en mourut de douleur.
L’exemple suivant joint l’ellipse à l’inversion : Au printemps, des jeux et des fêtes ; Des zéphirs à la jeune fleur ; Au sombre Océan, les tempêtes ; Au cœur de l’homme la douleur. […] Du milieu de cette assemblée auguste, une voix publique, formée par l’amour et par la douleur, s’élève contre moi et me reproche des louanges trop au-dessous de mon sujet, tandis que je parais craindre d’en donner d’excessives. […] L’exclamation est une figure par laquelle un orateur, un poète éclate par des interjections pour exprimer un sentiment vif et subit de l’âme, un mouvement impétueux de surprise, d’admiration, de crainte, de joie, de douleur, d’indignation. […] Aman, après avoir conduit Mardochée au triomphe, s’écrie : O douleur ! […] Tout se confond ; la fortune chancelle, la victoire se lasse, la paix s’éloigne, les bonnes intentions des alliés se ralentissent, le courage des troupes est abattu par la douleur et ranimé par la vengeance ; tout le camp demeure immobile.
De là, ces passages de la crainte à l’espérance, de la joie à la douleur ; ces surprises agréables, ce trouble inquiétant, ces désirs, ces alarmes : car l’âme ne pourrait pas être remplie d’un même sentiment jusqu’à la fin. […] Mais pour un monde éclairé, cultivé, et doué d’organes sensibles, le plaisir de l’émotion dépend toujours des moyens qu’on emploie : aussi fera-t-il peu de cas d’un drame qui, avec l’imitation et l’expression triviale de la douleur et de la plainte, avec des objets pitoyables, avec des cris, des larmes, des sanglots, l’aura physiquement ému. […] L’espérance et la joie doivent y succéder souvent à la crainte et à la douleur, afin que les danses puissent y être amenées avec vraisemblance. […] Aussi quelle douceur, quelle mélodie dans les vers suivants : Fontaine, qui, d’une eau si pure, Arrosez ces brillantes fleurs, En vain votre charmant murmure Flatte le tourment que j’endure : Rien ne peut adoucir mes mortelles douleurs. […] Il a été condamné par Boileau en ces termes : Le comique ennemi des soupirs et des pleurs, N’admet point dans ses vers de tragiques douleurs.
Toujours le populas5 a eu cela : il est, au plaisir qu’il ne peut honnestement recevoir, tout ouvert et dissolu ; et au tort et à la douleur, qu’il ne peut honnestement souffrir, insensible.