O matiere digne de vos aureilles, digne de vostre jurisdiction, digne de vostre throne royal ! […] Certainement ce seroit chose trop facile, et pourtant contemptible, se faire eternel par renommee, si la felicité de nature donnee mesmes aux plus indoctes estoit suffisante pour faire chose digne de l’immortalité. […] Sur ce, Dieu vous ayt, brave Crillon, en sa saincte et digne garde. […] Je prie Dieu qu’il vous console et ayt, Monsieur du Plessis, en sa saincte et digne garde. […] Je n’ai jamais pu me résoudre à celui de tragédie, n’y voyant que les personnages qui en fussent dignes.
Nous n’acceptons ce jugement qu’avec réserve, quoique nous citions ici quelques traits d’éloquence dignes d’admiration, tels que ceux-ci : Scipion l’Africain, accusé de péculat, est cité à comparaître devant le peuple romain, pour expliquer ses comptes.
Mais, tandis qu’il les blâme avec une austère franchise, son estime éclate dans ses reproches, toujours adoucis par ce respect que le talent inspire à tous ceux qui sont dignes d’en avoir.
Et n’est-ce pas (je ne ferai point ici de difficulté de le dire, non pour décréditer la piété, à Dieu ne plaise, mais pour condamner hautement les abus qui s’y peuvent glisser, et qui s’y sont glissés de tout temps), n’est-ce pas par la voie d’une fausse piété, qu’on a vu les plus faibles sujets s’élever aux plus hauts rangs ; les hommes les moins dignes de considération et de recommandation être néanmoins les plus recommandés et les plus considérés, et, sans d’autres titres ni d’autre mérite qu’un certain air de réforme, emporter sur quiconque la préférence, et s’emparer des premières places ?
Aussi l’écriture et le discours sont-ils des objets vraiment dignes de nos méditations. […] Mais cette critique est celle des pédagogues ; la véritable est un art digne de notre application, fruit du bon sens et du goût le plus délicat. […] Pouvons-nous en disposer d’une manière plus agréable, et en même temps plus digne de nous, qu’en les consacrant au perfectionnement du goût et à l’étude des belles-lettres ? […] C’est en sondant notre imagination et notre cœur, et en consultant le sentiment des autres, que nous pouvons nous former des principes dignes d’avoir quelque autorité en matière de goût. […] En général, chez tous les bons écrivains, c’est dans la pensée qu’est le sublime, et non dans les mots ; et quand par elle-même la pensée est véritablement noble, il est presque toujours facile de la revêtir d’expressions dignes d’elle.
C’est là, que la cause du goût et de la raison est plaidée avec une éloquence et une solidité dignes de l’un et de l’autre ; que les limites qui séparent et doivent distinguer la poésie et l’éloquence, sont assignées avec autant de justesse que de sagacité ; que la grande question de la prééminence des anciens sur les modernes est discutée et résolue, de manière à terminer toute espèce de dispute à cet égard.
« Son esprit (dit l’abbé Sicard) était brûlant comme le soleil qui éclaira son berceau, sa tête remplie de principes justes et sains ; homme étonnant, qui mieux que lui les eût fait triompher, si d’anciens ressentiments ne l’avaient jeté dans un parti dont il faisait la force, dont il était la gloire, et dont il était sur le point de déserter les drapeaux, quand la mort vint empêcher cette réparation solennelle à la cause qu’il avait combattue jusqu’alors avec tant de courage, de talent et de persévérance. » Cependant cet athlète si redoutable, dont la seule apparition à la tribune semblait en devoir écarter tous ceux qui n’y monteraient pas pour soutenir ou défendre ses opinions ; ce turbulent tribun du peuple, qui jouissait et abusait même insolemment de toute l’influence que donne une grande popularité, trouva un adversaire digne de son talent, dans un homme qui, célèbre jusque-là par des succès dans la chaire évangélique, et par de pacifiques triomphes d’académie, ne laissait pas soupçonner en lui le publiciste profond, l’homme d’état complètement familiarisé avec tous les ressorts et tous les secrets de l’administration.
« L’homme digne d’être écouté, est celui qui ne se sert de la parole que pour la pensée, et de la pensée que pour la vérité et la vertu. » (Lettre à l’Académie). […] « Pour être digne de foi, dit Cicéron, il faut jouir d’un certain crédit. […] » Écoutez-moi : votre valeur, caciques, est égale, vous êtes tous également illustres par votre naissance ; vos cœurs, également grands, sont également dignes de commander, également capables de subjuguer l’univers. […] Quel autre fut plus digne de vous commander ? […] Que d’autres mains s’illustrent par de vains talents ; le seul talent digne de Rome est celui de conquérir le monde et d’y faire régner la vertu.