L’ambition L’ambition montre à celui qu’elle aveugle, pour terme de ses poursuites, un état florissant où il n’aura plus rien à désirer, parce que ses vœux seront accomplis, où il goûtera le plaisir le plus doux pour lui, et dont il est le plus sensiblement touché ; savoir, de dominer, d’ordonner, d’être l’arbitre des affaires et le dispensateur des grâces, de briller dans un ministère, dans une dignité éclatante ; d’y recevoir l’encens du public et ses soumissions ; de s’y faire craindre, honorer, respecter. […] Contre les faux semblants 3 Il n’est rien de plus dangereux ni de plus à craindre que l’intérêt mêlé dans la dévotion, ou que la dévotion gouvernée par l’intérêt.
Aussi a-t-il trouvé des admirateurs dans tous les temps ; et ceux même qui ne croyaient pas à sa doctrine, ont cru à son talent, par respect pour leurs propres lumières, qu’ils eussent craint de compromettre en pensant autrement. […] L’éducation fortifia ces sentiments de la nature : on lui apprit à connaître un Dieu, à l’aimer, à le craindre ; on lui montra la vertu dans les règles ; on la lui rendit aimable par des exemples ; et quoiqu’il trouvât en lui des penchants opposés au devoir, lorsqu’il lui arrivait de s’y laisser emporter, son cœur prenait en secret le parti de sa vertu contre sa propre faiblesse. […] Craignez cet avenir que vous vous efforcez de ne pas croire : ne nous demandez plus ce qui se passe dans cette autre vie dont on vous parle ; mais demandez-vous sans cesse à vous-même ce que vous faites dans celle-ci : calmez votre conscience par l’innocence de vos mœurs, et non par l’impiété de vos sentiments : mettez votre cœur en repos, en y appelant Dieu, et non pas en doutant s’il vous regarde.
Il ne fut donc pas élevé comme ceux que l’on flatte déjà lorsqu’ils sont encore ignorants et faibles ; un lâche respect ne craignit pas de le fatiguer par des efforts ; une discipline sévère assujétit son enfance au travail ; et parent du maître du monde, il fut forcé à s’éclairer comme le dernier citoyen ». […] on l’arracha de Rome et de la cour ; on craignit pour lui un spectacle funeste. […] Il semble qu’il craigne de s’abandonner, et qu’un pouvoir invincible maîtrise et captive malgré lui son essor.
Toutes deux sourient, mais si je ne craignais de donner moi-même dans le maniéré, je dirais que l’une sourit des lèvres, l’autre des yeux. La finesse laisse deviner la pensée, la délicatesse ménage le sentiment ; elle désire à la fois et craint d’être comprise ; c’est la Galatée de Virgile, Quæ fugit ad salices, et se cupit ante videri. […] Imitez de Marot l’élégant badinage, imitez celui d’Hamilton, celui de Gresset, mais soyez circonspect dans cette imitation, et là plus qu’ailleurs craignez l’abus.
Hors de Rome, Catilina cesse d’être à craindre pour nous : ce n’est plus qu’un ennemi déclaré, à qui nous ferons une guerre légitime, sans que personne s’y oppose. […] Quant à la sévérité du châtiment, je puis le dire ici : la mort est pour le malheureux qui gémit le terme seulement de ses douleurs, et non pas un supplice ; elle met fin à tous les maux des humains, qui ne voient au-delà ni peines à craindre ni plaisirs à espérer. […] » Je suis bien éloigné sans doute de craindre le retour de ces jours affreux sous le consulat de Cicéron, et dans les circonstances actuelles. […] Ainsi de deux choses l’une : ou César craint quelque chose des conjurés, et alors son avis est inconséquent : ou il est seul exempt de la terreur générale ; et c’est pour moi et pour vous une raison de plus de craindre davantage.
Le même auteur a fait aussi une faute, en disant : tant d’ouvrages que j’ai vu applaudis au théâtre et méprisés à la lecture, me font craindre pour le mien le même sort. […] Néanmoins les deux premières veulent le subjonctif, et la dernière l’indicatif : = quelque éclairé que vous soyez, quoique vous soyez éclairé, tout éclairé que vous êtes, craignez de vous tromper. […] Il en est de même des verbes craindre, avoir peur, appréhender. […] on ne craint point qu’il venge un jour son père ; On craint qu’il n’essuyât les larmes de sa mère. […] Lorsqu’il s’agit d’un effet qu’on désire, on met ne pas. = Je crains que ce fripon ne soit pas puni.
Je vous le dirais plus souvent, sans que je craigne d’être fade ; mais je suis toujours ravie de vos lettres sans vous le dire. […] Comment se faire craindre, sans se mettre en danger d’être haï et bien souvent abandonné ? […] L’on craint à chaque instant de voir repoussée les demandes d’Abraham. […] Et qui es-tu donc, mortel, pour ne pas me craindre ? […] Ne craignez pas qu’elle se loge sous la paille inflammable d’un toit champêtre ou sous les fragiles soliveaux d’une baraque nomade !
Je ne crains point ceux-là qui restent de la guerre. […] Je les crains plus que ceux qu’ensevelit la terre. […] Il ne craint jamais faire en la mer de naufrage, Il se rit de celuy qui risque à son dommage438. […] L’ambroisie et nectar font des dieux les delices, Et le procés friand aime fort les espices510 ; — Apollon est à craindre, avec son arc d’argent, Comme avec un exploit est à craindre un sergent511. […] Mon esprit, nay du ciel, au ciel toujours aspire, Et ce que chacun craint, c’est ce que je désire.