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124. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

Cric-crac, pour le choc de deux corps l’un contre l’autre. […] Les parties du corps qui sont regardées comme le siège des passions et des sentiments, se prennent pour les sentiments mêmes. […] Arrivé près du chirurgien, il dépose le corps de son camarade et voit qu’il est tué. […] Clic, clac, doc, croc, expriment le choc de corps qui se brisent. […] Quand donc au corps qu’Académie on nomme Grimperas-tu de roc en roc, rare homme ?

125. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIII. du corps de l’ouvrage. — argumentation, confirmation, réfutation  » pp. 175-188

du corps de l’ouvrage. — argumentation, confirmation, réfutation La narration et les genres que nous y avons rattachés, description, portrait, dialogue, etc., forment souvent l’ensemble de l’ouvrage, mais souvent aussi ils n’en sont en quelque sorte que le fondement, et alors l’édifice lui-même est tout entier dans la confirmation. […] Qu’enfin il ne manque jamais d’assaisonner ses railleries de ce sel fin et délicat, qui est une des propriétés de l’atticisme. » On voit, par tout ce qui précède, que la confirmation et la réfutation forment le corps réel du discours dans presque toutes les subdivisions de l’éloquence.

126. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

Mais ce que je ne pardonne pas, ce sont les superfétations qui, dans certains romans, viennent s’ajouter au sujet pour en altérer l’esprit et en détruire l’unité ; ce sont les queues, comme on les a appelées, soudées plus ou moins mal adroitement au corps de l’ouvrage. […] Elle procède de même pour les autres membres dont se compose le corps de l’écrit ou du discours : narration ou thèse, description des choses, description des hommes, présentée sous la forme du portrait, du parallèle ou du dialogue, amplification, quand elle est demandée par la grandeur des tableaux ou l’entrainement des passions, argumentation qui contient la confirmation et la réfutation, et qui fait passer dans la rhétorique toute la rigueur de la méthode syllogistique.

127. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) «  Chapitre XXIV. des figures. — figures par rapprochement d’idées opposées  » pp. 339-352

Prétérition : Pendant la nuit de la Saint-Barthélemy on n’entendit que le tumulte et les cris, le sang ruisselait de tous côtés dans Paris ; on trouvait le fils assassiné sur le corps de son père, le frère mort avec la sœur et la fille avec mère Je ne vous peindrai point le tumulte et les cris, Le sang de tous côtés ruisselant dans Paris ; Le fils assassiné sur le corps de son père Le frère avec la sœur, la fille avec sa mère… Voltaire, Henriade.

128. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

Ce qui honore ceux qui ne sont plus, c’est une douleur modérée, à qui sa modération même permet d’être aussi durable que la vie de celui qui l’éprouve, parce qu’elle ne fatigue ni son âme, ni son corps ; une douleur haute, qui permet aux occupations et même aux délassements de la vie, de passer, en quelque sorte, sous elle ; une douleur calme, qui ne nous met en guerre ni avec le sort, ni avec le monde, ni avec nous-mêmes, et qui pénètre une âme en paix, dans les moments de son loisir, sans interrompre son commerce avec les vivants et avec les morts. […] « Il est des esprits méditatifs et difficiles qui sont distraits dans leurs travaux par des perspect ves immenses et les lointains du beau céleste, dont ils voudraient mettre partout quelque image ou quelque rayon, parce qu’ils l’ont toujours devant la vue, même alors qu’ils n’ont rien devant les yeux ; esprits amis de la lumière, qui, lorsqu’il leur vient une idée à mettre en œuvre, la considèrent longuement et attendent qu’elle reluise, comme le prescrivait Buffon, quand il définissait le génie l’aptitude à la patience ; esprits qui ont éprouvé que la plus aride matière et les mots même les plus ternes renferment en leur sein le principe et l’amorce de quelque éclat, comme ces noisettes des fées, où l’on trouvait des diamants, quand on en brisait l’enveloppe, et qu’on avait des mains heureuses ; esprits qui sont persuadés que ce beau dont ils sont épris, le beau élémentaire et pur, est répandu dans tous les points que peut atteindre la pensée, comme le feu dans tous les corps ; esprits attentifs et perçants qui voient ce feu dans les cailloux de toute la littérature, et ne peuvent se détacher de ceux qui tombent en leurs mains qu’après avoir cherché longtemps la veine qui le recélait, et l’en avoir fait soudainement jaillir ; esprits qui ont aussi leurs systèmes, et qui prétendent par exemple, que voir en beau et embellir, c’est voir et montrer chaque chose telle qu’elle est réellement dans les recoins de son essence, et non pas telle qu’elle existe aux regards des inattentifs, qui ne considèrent que les surfaces ; esprits qui se contentent peu, à cause d’une perspicacité qui leur fait voir trop clairement et les modèles qu’il faut suivre et ceux que l’on doit éviter ; esprits actifs, quoique songeurs, qui ne peuvent se reposer que sur des vérités solides, ni être heureux que par le beau, ou du moins par ces agréments divers qui en sont des parcelles menues et de légères étincelles ; esprits bien moins amoureux de gloire que de perfection, qui paraissent oisifs et qui sont les plus occupés, mais qui, parce que leur art est long et que la vie est toujours courte, si quelque hasard fortuné ne met à leur disposition un sujet où se trouve en surabondance l’élément dont il ont besoin et l’espace qu’il faut à leurs idées, vivent peu connus sur la terre, et y meurent sans monument, n’ayant obtenu en partage, parmi les esprits excellents, qu’une fécondité interne et qui n’eut que peu de confidents. » 1.

129. (1867) Rhétorique nouvelle « Tableau des figures » pp. 324-354

— Averti qu’un corps ennemi était campé dans un village, à une lieue de nos avant-postes, je partis à la nuit close avec un escadron de chevau-légers. […] L’un d’eux se prend un jour de querelle avec un passant : — Je te donnerai, maraud, un si grand coup de poing, que je t’enfoncerai la moitié du corps dans le mur, et ne te laisserai que le bras droit de libre pour me saluer.

130. (1881) Rhétorique et genres littéraires

C’est la partie la plus essentielle du discours, elle en est le corps et la substance. […] Dans son sang inhumain les chiens désaltérés, Et de son corps hideux les membres déchirés, etc. […] Quintilien appelait les métaphores les yeux même du discours ; mais il demandait que ces yeux ne fussent point placés çà et là, par tout le corps. […] Ils n’avaient pas la moitié du corps caché comme chez nous, l’orateur politique par la tribune, le prédicateur par la chaire l’avocat par le tribunal. […] Le geste est l’expression des idées au moyen des mouvements du corps.

131. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Je ne dirai pas qu’après tant de conquêtes, il parviendra à la Monarchie universelle de la Grèce, avec plus d’apparence qu’il n’y avait lieu de se défier autrefois qu’il dût parvenir où il est à présent. » On voit encore un exemple de cette figure dans ces vers de la Henriade : Je ne vous peindrai point le tumulte et les cris, Le sang de tous côtés ruisselant dans Parisa, Le fils assassiné sur le corps de son père, Le frère avec la sœur, la fille avec la mère, Les époux expirants sous leurs toits embrasés, Les enfants au berceau sur la pierre écrasés. […] On en trouve un bien beau modèle dans ce portrait du prélat du Lutrin par Boileau : La jeunesse en sa fleur brille sur son visage : Son menton sur son sein descend à triple étage, Et son corps ramassé dans sa courte grosseur, Fait gémir les coussins sous sa molle épaisseur. […] Le froid serpent caché sous l’herbe, S’éveille, et dresse avec fierté La crête de son front superbe : Son corps, en replis ondoyants, Roule, circule, s’entrelace : Ses yeux pleins d’ardeur et d’audace S’arment de regards foudroyants : Bientôt levant sa tête altière, Vers l’astre qui l’a ranimé, Il s’élance de la poussière, Et fait briller à la lumière Son aiguillon envenimé.

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