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59. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

La similitude est un rapport de convenance qui se trouve entre deux ou plusieurs choses ; elle n’est, au fond, qu’une comparaison. […] Au Livre de la Sagesse, l’instabilité des choses humaines est prouvée et exprimée par des comparaisons accumulées : Quel fruit avons-nous tiré, disent les impies, de la vaine ostentation de nos richesses ? […] C’est une sorte de comparaison où l’on fait ressortir des différences et des contrariétés, au lieu d’insister sur des ressemblances. […] Il n’est pas rare que le dissertateur, le romancier, le poète, dans la vue d’instruire, de plaire ou de toucher, donnent des définitions étendues et ornées, qu’ils entrent dans des détails, fassent des comparaisons, mettent sous les yeux des exemples, opposent plusieurs tableaux entre eux, rapportent toutes les circonstances d’un événement, et, de même, s’appuient sur les témoignages, la renommée, la loi, etc.

60. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bossuet. (1627-1704.) » pp. 54-68

Toutes les machines sont simples, le jeu en est aisé, et la structure si délicate que toute autre machine est grossière en comparaison. […] Remarquez la parfaite symétrie de tous les termes de cette admirable comparaison.

61. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

Ces comparaisons de petites choses à ce qu’il y a de plus grand, font un effet très agréable dans l’apologue. […] Le poète y fait quelquefois une comparaison de nos travaux, de nos vices, de notre condition, avec les plaisirs, le repos et l’innocence des bergers. […] Que le cœur soit donc vivement pénétré ; il suggérera à l’esprit des pensées, des images, des comparaisons analogues et proportionnées au sentiment. […] Tantôt, tout plein de l’objet qu’il se représente, il se jette, pour ainsi dire, brusquement au milieu de son sujet ; et dans un emportement soudain, il débute par de riches comparaisons et de brillantes images. […] Ce seront des comparaisons riches et multipliées qui nous présenteront les objets dans toute leur grandeur, dans toute leur beauté ; telles sont celles-ci que nous offre, l’Ode aux princes Chrétiens sur l’armement des Turcs, par le même poète.

62. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre II. De l’exercice du style ou de la composition » pp. 225-318

Le parallèle est, comme on le voit, une comparaison soutenue. […] Tout s’embellit et s’anime sous le pinceau du poète : il est inspiré ; tout est présent devant lui ; les pensées et les expressions nobles et hardies sont toujours de son ressort, ainsi que les comparaisons, les descriptions, les métaphores, le pathétique, le gracieux, le sublime, tous les ornements du langage et toutes les variétés du style que le goût peut permettre. […] Pour atteindre ce but, l’écrivain se sert de comparaisons, de métaphores, de descriptions, de couleurs, de pensées, de sentiments, de tours et d’expressions qui doivent frapper vivement par la magnificence, la noblesse, la vivacité, la force et la hardiesse. — On pourra se faire une idée de ce qu’est la narration poétique et de ce qui la distingue de la narration historique, en comparant le récit du passage de la mer Rouge (Exode, xiv, 21-29) au cantique de Moïse sur le même sujet (Ex. […] Parmi ces ornements, on remarque les pensées fines, les traits piquants, les comparaisons neuves ou justes et naïves, les sentiments et les éloges délicats, les métaphores agréables, les contrastes plaisants, les épithètes rassemblées avec grâce, les suspensions badines, les citations faites à propos, les allusions fines, les descriptions, les contes, les anecdotes, etc. […] Comparaison.

63. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre premier. Idée générale de l’Éloquence. »

Quintilien se demande ensuite si l’art fait plus pour l’éloquence que la nature ; et il résout la question par une comparaison aussi ingénieuse que décisive.

64. (1839) Manuel pratique de rhétorique

« Antioche n’est plus qu’un sépulcre ; ses habitants ne sont plus que des cadavres, ils sont morts avant le supplice qu’ils ont mérité : vous pouvez d’un seul mot les rendre à la vie. » Remarquez encore ici une comparaison implicite : ces habitants d’Antioche que le sentiment de leur crime, que la crainte du châtiment a plongés dans une morne stupeur, sont déjà comme privés de la vie ; l’orateur les compare à des cadavres ; la ville qui les renferme n’est donc plus qu’un vaste cercueil. […] Enfin, par la comparaison qu’il fera de son travail avec la rédaction adoptée par son auteur, il reconnaîtra ses défauts et apprendra à se corriger. […] Outre cette preuve de circonstances, les anciens rhéteurs en indiquent d’autres : 1° la définition, qui chez les orateurs ne se présente pas d’une manière aussi précise que chez les logiciens ; 2° l’énumération, qui ne se fait pas par une division méthodique, mais qui est ou brillante ou rapide, selon que le sujet l’exige ; 3° la comparaison, qui consiste à rapprocher les choses des circonstances, pour conclure de l’une à l’autre ; 4° la cause et les effets : la cause étant connue, on en tire les effets qu’elle est propre à produire, ou réciproquement des effets on remonte à la cause ; 5° le genre et l’espèce : ce qui convient au genre se dit de toutes les espèces qu’il renferme ; mais ce qui est particulier à chaque espèce ne peut pas également se dire du genre. […] De là plusieurs tours et figures, tels que la topographie12, la prosopographie13, l’éthopée14, le parallèle, le contraste, la similitude ou comparaison, enfin l’hypotypose qui raconte un fait particulier, mais si vivement qu’on croirait l’avoir sous les yeux. […] La similitude, qu’on nomme aussi quelquefois comparaison, en diffère cependant en ce que la comparaison, en style oratoire, est un véritable raisonnement, un lieu commun, au lieu que la similitude, ou gracieuse ou noble, présente à l’esprit une image au moyen de laquelle il connaît l’objet dont on veut l’occuper.

65. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Silvestre de Sacy Né en 1804 » pp. 271-274

La nature, l’âme et dieu S’il est vrai que l’univers tout entier ne soit rien en comparaison d’une âme, parce qu’une âme se connaît et que l’univers ne se connaît pas2, l’étude de l’âme ne sera-t-elle pas toujours la première et la plus noble des études ?

66. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

Cette dernière comparaison n’est point dans l’original ; mais elle est si bien dans la manière antique, elle se reproduit si fréquemment dans les écrivains sacrés, qu’elle n’a point ici l’air étrangère, et qu’elle est bien loin de défigurer ce beau morceau. […] Combien de traits sublimes, de comparaisons heureuses, de mouvements pleins d’énergie ou de sensibilité elles peuvent fournir au poète ou à l’orateur capable d’en profiter !

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