Comme le même souffle de vent retentit avec des modulations différentes en passant de la plaine à la montagne et de la montagne à la forêt, de même elle change d’accent en changeant de théâtre. […] Comme si les paroles ne leur suffisaient pas pour exciter les passions, ils font parler les choses ; ils changent la tribune en un théâtre et produisent l’éloquence en scène ; ils lui donnent un appareil tragique ; ils lui mettent de vraies larmes dans les yeux ; ils la montrent traînant des lambeaux de deuil, les bras tendus vers le peuple, les cheveux longs et défaits, la poitrine ouverte et cicatrisée : ils arrachent le cœur au lieu de l’effleurer. […] Non pas que nous n’ayons eu et que nous n’ayons encore des avocats aussi bien doués que Crassus : mais les conditions de l’éloquence sont changées.
Le ton de voix impose aux plus sages, et change un discours et un poème de face 286. […] Son ardeur s’est changée en force, ou plutôt, puisque cette force était en quelque façon dans cette ardeur, elle s’est réglée. […] Quoi qu’il en soit, je ne changerai pas de dessein, parce que je le crois très-raisonnable, et que je ne l’ai pris qu’après y voir bien pensé689. […] Mais si votre neveu ne change pas de conduite, je serai forcé de prendre un parti. […] Il faut que tout cela change.
Quand vous voyez quelquefois un nombreux troupeau qui, répandu sur une colline vers le déclin d’un beau jour, paît tranquillement le thym et le serpolet, ou qui broute dans une prairie une herbe menue et tendre qui a échappé à la faux du moissonneur, le berger soigneux et attentif est debout auprès de ses brebis ; il ne les perd pas de vue, il les suit, il les conduit, il les change de pâturages : si elles se dispersent, il les rassemble ; si un loup avide paraît, il lâche son chien, qui le met en fuite ; il les nourrit, les défend ; l’aurore le trouve déjà en pleine campagne, d’où il ne se retire qu’avec le soleil. […] Il n’a fait que changer de troupeau : au lieu de paître des brebis, il paît des hommes.
Peut-être Je deviendrais un jour aussi gras que mon maître ; J’aurais un bon carrosse à ressorts bien liants2 ; De ma rotondité j’emplirais le dedans : Il n’est que ce métier pour brusquer la fortune ; Et tel change de meuble et d’habit chaque lune, Qui, Jasmin autrefois, d’un drap du sceau3 couvert, Bornait sa garde-robe à son justaucorps vert. […] Mais, monsieur, s’il vous plaît, pour changer le propos, Aimeriez-vous toujours la charmante Angélique ?
A nos yeux attentifs que le spectacle change : Retournons sur la terre, où jusque dans la fange L’insecte nous appelle, et, certain de son prix, Ose nous demander raison de nos mépris2… De l’empire de l’air cet habitant volage, Qui porte à tant de fleurs son inconstant hommage Et leur ravit un suc qui n’était pas pour lui, Chez ses frères rampants qu’il méprise aujourd’hui, Sur la terre autrefois traînant sa vie obscure, Semblait vouloir cacher sa honteuse figure. Mais les temps sont changés, sa mort fut un sommeil : On le vit, plein de gloire à son brillant réveil, Laissant dans le tombeau sa dépouille grossière, Par un sublime effort voler vers la lumière.
Mais sitôt que j’eus achevé tout ce cours d’études au bout duquel on a coutume d’être reçu au rang des doctes, je changeai entièrement d’opinion ; car je me trouvais embarrassé de tant de doutes et d’erreurs, qu’il me semblait n’avoir fait autre profit, en tâchant de m’instruire, sinon que j’avais découvert de plus en plus mon ignorance. […] Outre que les fables font imaginer plusieurs événements comme possibles qui ne le sont point, et que même les histoires les plus fidèles, si elles ne changent ni n’augmentent la valeur des choses pour les rendre plus dignes d’être lues, au moins en omettent-elles presque toujours les plus basses et moins illustres circonstances, d’où vient que le reste ne paraît pas tel qu’il est, et que ceux qui règlent leurs mœurs par les exemples qu’ils en tirent sont sujets à tomber dans les extravagances des paladins de nos romans et à concevoir des desseins qui passent leurs forces.
Il change à chaque instant : bientôt ce qui était lumineux est simplement coloré, et ce qui était coloré rentre dans l’ombre ; les formes en sont aussi variables que les nuances ; vous voyez tour à tour des îles, des hameaux, des collines plantées de palmiers, de grands ponts qui traversent des fleuves, des campagnes d’or, d’améthyste, de rubis, ou plutôt ce n’est rien de tout cela : ce sont des couleurs et des formes célestes qu’aucun pinceau ne peut rendre, ni aucun langage exprimer1. […] Je m’assis à quelque distance, tenant mon cheval en main et n’espérant plus qu’en celui qui changea les feux de la fournaise d’Azarias en un vent frais et une douce rosée.
Notre chair change bientôt de nature. […] Tout change en un moment, et on déclare au prince sa mort prochaine. […] Toutefois, qu’on ne pense pas que Clazomène eût voulu changer sa misère pour la prospérité des hommes faibles. […] Les esprits faux changent souvent de maximes. […] vivez pour changer cette haine en amour.