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21. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) «  Chapitre XXIV. des figures. — figures par rapprochement d’idées opposées  » pp. 339-352

Connaissez-vous rien de plus grand que l’antithèse de Socrate s’adressant à ses juges : « Maintenant retirons-nous, moi pour mourir, et vous pour vivre ; » rien de plus touchant que celle d’Hérodote : « Préférez toujours la paix à la guerre ; car pendant la paix, les enfants ensevelissent leurs pères, et pendant la guerre, ce sont les pères qui ensevelissent leurs enfants ; » rien de plus gracieux que celle de Quinault : Vous juriez autrefois que cette onde rebelle Se ferait vers sa source une roule nouvelle, Plus tôt qu’on ne verrait votre cœur dégagé : Voyez couler ces flots dans cette vaste plaine, C’est le même penchant qui toujours les entraîne ; Leur cours ne change point, et vous avez changé… L’antithèse est la vraie expression du sentiment, toutes les fois que l’esprit est tellement frappé d’un contraste qu’il ne peut le rendre d’une autre manière. […] Ce n’est qu’en faisant des heureux. que les grands peuvent être heureux eux-mêmes, car toutes les autres jouissances qu’ils croiraient pouvoir retirer de leurs grandeurs sont toujours accompagnées de maux ou d’inconvénients qui changent en tourments les plaisirs qu’ils espéraient.

22. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre II. »

Comment en un plomb vil l’or pur s’est-il changé ? […] Qui changera mes yeux en deux sources de larmes,           Pour pleurer ton malheur ?

23. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XX. des qualités accidentelles du style. — élégance, finesse, naiveté, enjouement  » pp. 274-288

Mais qu’ils viennent à s’exprimer, mon indifférence se change ici en apathie, là en intérêt. […] Je réponds que quand le cœur, l’esprit, l’imagination, l’oreille sont charmés par cette harmonieuse élégance, quand elle fait naître l’intérêt qui se refuserait à la chose elle-même91, il est impossible que toutes nos facultés prennent ainsi le change et s’abusent sur ce qui les charme ; que ce n’est réellement pas la peine de construire un théâtre, d’y réunir tous les prestiges des arts, d’y convoquer l’élite de la société, pour y faire entendre les conversations du coin de la rue, Depuis que je vous vois, j’abandonne la chasse, ou encore : Demain, vingt-cinq juin mil six cent cinquante-sept, Quelqu’un que lord Broghill autrefois chérissait Attend de grand matin ledit lord aux Trois Grues, Près de la halle au vin, à l’angle des deux rues92. […] Le zéphyr fut témoin, l’onde fut attentive, Quand la nymphe jura de ne changer jamais ; Mais le zéphyr léger et l’onde fugitive Ont bientôt emporté les serments qu’elle a faits.

24. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IX. Poésies fugitives. »

Nous n’aurons qu’à changer de lieu. […] cria-t-il hautement, De me baigner si désormais l’envie Me revenait, daignez me la changer ; Oncques dans l’eau n’entrerai de ma vie Qu’auparavant je ne sache nager. » Le sel de ces récits consiste en ce que l’esprit suit paisiblement le récit, croyant arriver à quelque suite, naturelle en pareil cas, de ce qui avait été dit d’abord, mais que tout à coup il se sent rejeté brusquement sur une autre idée dont il était fort éloigné75. […] Si quelque jour, étant ivre, La mort arrêtait mes pas, Je ne voudrais pas revivre Pour changer ce doux trépas.

25. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Maintenon 1635-1719 » pp. 94-99

Je prie Notre-Seigneur de vous changer, et que je vous trouve, à mon retour, modeste, humble, timide, et mettant en pratique tout ce que vous savez de bon ; je vous en aimerai beaucoup davantage. […] Après le mariage secret de madame de Maintenon avec Louis XIV, il crut devoir changer de ton avec sa pénitente.

26. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

Dans le premier cas, le mot seul orne la figure ; elle disparaît si l’on change le mot. […] Dans la métonymie, la pensée de l’objet dont on change le nom existe indépendante de l’objet qui fournit un autre nom. […] Rien ne demeure, tout change, tout s’use, tout s’éteint. […] Mais il faut convenir que ces rapports changent par l’union d’autres consonnes ou d’autres voyelles. […] Au lieu de répéter invariablement les pronoms je, il, on tâche de changer souvent les nominatifs ou sujets des propositions.

27. (1845) Les auteurs latins expliqués... Horace. Art poétique pp. -72

Le caractère change avec les années : faites habilement la part de ces années qui nous changent. […] 169Quand les forêts 170sont changées (changent) de feuilles, 171vers le déclin de l’année, 172 feuilles venues-les-premières 173tombent les premières : 174ainsi périt (disparaît) 175la génération antique des mots ; 176et les mots nés récemment 177fleurissent et ont-de-la-vigueur, 178à-la-manière des jeunes-gens. […] 446L’enfant, qui sait déjà 447prononcer les mots, 448et qui marque la terre 449d’un pied assuré, 450désire-ardemment 451jouer-avec ses égaux-d’âge, 452et il prend la colère 453et il la quitte sans-réflexion, 454et il est changé (il change) 455d’heure-en-heure (à chaque instant). […] 471 Ces goûts étant changés, 472l’âge viril et le caractère viril 473recherche le crédit 474et les amitiés utiles, 475il est-esclave des honneurs, 476 et prend-garde de commettre. 477unechose que bientôt 478il aurait-la-peine de changer.

28. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lebrun Né en 1785 » pp. 498-505

Ne me conduisez pas : j’en sais toutes les routes ; Parmi ces bois grandis, je les retrouve toutes ; J’irais, fermant les yeux, et, si rien n’est changé, Au bout du chemin creux de hêtres ombragé, Le château va paraître. […] c’est bien en effet d’un autre ; et, dans son cours, Sur ma tête blanchie imprimant son passage, Le temps n’a pas changé seulement mon visage.

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