Le dialogue serait vicieux si la réplique se faisait attendre ; c’est-à-dire si, avant de répondre catégoriquement, un interlocuteur tombait dans les lieux communs du langage et recourait aux périphrases pour donner à sa réponse le temps d’accourir à sa pensée, un tel embarras impatiente l’auditeur. […] en préviennent l’auditeur.
Deux observations applicables à l’épitrope comme à l’ironie : c’est d’abord de les présenter de façon que le lecteur ou l’auditeur ne s’y trompe pas, ne s’avise point de prendre vos paroles à la lettre, et ne puisse même supposer un instant que vous parlez sérieusement.
Reçu à l’Académie française, il consacra le reste de ses jours aux devoirs de l’épiscopat, et ne vécut pas assez pour être attristé par les scandales qui prouvèrent trop que son royal auditeur ne profita pas de ses exhortations.
. — On laisse attendre un instant à l’auditeur les conséquences des prémisses qu’on a posées : on les lui donne même à deviner, et on le surprend par l’inattendu de la réponse.
Dans la première, l’auditeur sous-entend pour et pas, et dans la seconde, tant de choses, pour former ces phrases : Sors d’ici pour que je ne t‘ assomme pas.
Mais, dans la distribution primitive, on laisse des intervalles vides d’action ; ce sont ces vides qu’on veut remplir, et de là les excursions et les lenteurs du dialogue. » Mais où ces défauts sont plus impardonnables, c’est dans les péripéties importantes, dans les crises de passion ou d’intrigue : « Un personnage qui, dans une situation intéressante, s’arrête à dire de belles choses qui ne vont point au fait, ressemble à une mère qui, cherchant sa fille dans les campagnes, s’amuserait à cueillir des fleurs. » Sans doute la replique directe n’est pas toujours exigée, le personnage en scène peut faire dériver le dialogue, répondre à sa pensée ou à celle de son interlocuteur, plutôt qu’aux paroles prononcées, mais au milieu de tous ces écarts l’auditeur ne doit pas perdre de vue le point culminant.
Cette émotion, nous le savons, se communique naturellement aux auditeurs ; cette contagion, pour ainsi dire, naît d’un instinct très puissant de la nature humaine, l’instinct de sympathie ; c’est ce que dit Horace dans son Art poétique : Ut ridentibus arrident, ita flentibus adflent Humani vultus. […] Et il ne faut pas croire qu’un homme ait peine à éprouver aussi souvent la colère, la douleur et tous les autres troubles de la passion pour des intérêts étrangers ; il n’est pas besoin de feinte ; la vertu même de l’éloquence émeut l’orateur plus vivement qu’aucun de ses auditeurs. » Il n’est donc pas suffisant de défendre une bonne cause et de le prouver pour atteindre pleinement son but ; après avoir parlé à la raison, l’avoir résolue, il faut persuader, c’est-à-dire amener autrui où l’on veut en venir, agir sur sa volonté ; c’est vraiment là le but et l’efficacité de l’éloquence. […] Il faut en général, garder pour la fin ce qui doit frapper le plus fortement les auditeurs. […] Il faut donc, en thèse générale, pour que l’épopée soit possible à une certaine époque, que le poète ait foi dans le merveilleux qu’il met en jeu, qu’il ait des événements considérables et légendaires à raconter, enfin et surtout qu’il ait pour lecteurs ou pour auditeurs des contemporains aussi croyants ou crédules que lui. […] Le moindre mot qui en eût été dit eût rompu toute la chaleur de l’attention, et rempli l’auditeur d’une fâcheuse idée22. » Quant aux méchants vers que vous reprochez à M.
L’Harmonie est la qualité du style la plus séduisante la plus capable de lui donner le nombre et la cadence, la dignité et la grâce, la majesté et la douceur qui captivent les auditeurs, et exercent sur les âmes un charme puissant et presque toujours vainqueur : aussi les anciens représentaient-ils ingénieusement le dieu de l’éloquence, Mercure, parlant à ses auditeurs, et laissant échapper de ses lèvres, non des paroles, mais des chaînes d’or, emblème du pouvoir irrésistible de cet art sur les âmes.