Dans un sage conseil, par les chefs assemblé, Du départ général le grand jour est réglé ; Il arrive, tout part : le plus jeune peut-être Demande, en regardant les lieux qui l’ont vu naître, Quand viendra ce printemps par qui tant d’exilés Dans les champs paternels se verront rappelés1 ? […] il arrive au tombeau, Plus faible, plus enfant qu’il ne l’est au berceau La mort, du coup fatal, frappe enfin l’édifice : Dans un dernier soupir achevant son supplice, Lorsque vide de sang le cœur reste glacé, Son âme s’évapore, et tout l’homme est passé. » Sur la foi de tes chants, ô dangereux poëte ! […] Ce jeune homme, qui peu auparavant « avait quitté les muses pour le commerce », fut, comme on sait, l’une des victimes du tremblement de terre arrivé à Lisbonne en 1755.
Nous y pourrions voir aussi avec étonnement à quel point ces mêmes passions aveuglent ceux qui en sont possédés ; car ces effets, qui sont si sensibles aux autres, leur sont d’ordinaire inconnus, et il arrive souvent que, se rendant odieux, incommodes et ridicules à tout le monde, ils sont les seuls qui ne s’en aperçoivent pas. […] Souvent même il arrive qu’on nous aime plus pour nos défauts que pour nos qualités. — Les défauts qui rendent un homme ridicule ne le rendent guère odieux ; de sorte qu’on échappe à l’odieux par le ridicule. — Il faut se faire aimer, car les hommes ne sont justes qu’envers ceux qu’ils aiment. » La Bruyère disait avec autant de sens : « Il y a de petits défauts que l’on abandonne volontiers à la censure, et dont nous ne haïssons pas à être raillés ; ce sont de pareils défauts que nous devons choisir pour railler les autres. — L’on ne peut aller loin dans l’amitié si l’on n’est pas disposé à se pardonner les uns aux autres les petits défauts. — Si vous observez qui sont les gens qui ne sont contents de personne, vous reconnaîtrez que ce sont ceux mêmes dont personne n’est content. »
Dans cette phrase : L’orateur arrive à sa fin qui est de persuader, d’une manière toute particulière ; ces derniers mots sont mal placés, et par là deviennent susceptibles de divers rapports. La phrase serait nette et sans la moindre obscurité, si elle était construite ainsi : L’orateur arrive, d’une manière toute particulière, à sa fin qui est de persuader. […] Tandis que Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément. […] Arrivé au mot fatal, il se garde bien de le prononcer : Κεῖται Πάτροκλος, lui fait dire Homère ; ce qui vaut infiniment mieux que τέθνηκε Πάτροκλος. […] Cependant, il ne faut pas affecter de prodiguer les sentiments tendres et les pensées délicates, afin de ne pas lasser la sensibilité, comme l’a fait Demoustier dans ses Lettres sur la mythologie, et pour ne pas tomber dans des fadeurs plus fines que délicates, comme cela est arrivé à Fontenelle dans ses Pastorales.
Arrivé à la troisième époque de l’administration de Démosthène, l’antagoniste l’accuse sans ménagement de tous les désastres qui ont affligé la république ; il fait voir tous les inconvénients qui ont résulté de l’alliance avec les Thébains, ce chef-d’œuvre de la politique de Démosthène. […] Hâtons-nous d’arriver à la péroraison du discours d’Eschine : elle est noble et belle, et eût fait honneur au talent de Démosthène lui-même. […] C’est ce qui arriva à Eschine : il paya donc d’un exil bien involontaire l’accusation qu’il avait si témérairement intentée.
Wey, étant préparé de longue main et tout tracé par les situations dont il ressort, comme l’effet ressort de la cause, l’auteur, s’il a disposé avec art les fils de son drame, n’a rien à chercher quand il en arrive là. […] Il arrive parfois que le dénoûment conclut parfaitement l’action principale, mais ne donne pas également le dernier mot des faits accessoires. […] Villemain , ce vénérable vieillard qui arrive pâle comme la mort, mais richement vêtu, comme s’il eût affecté quelque chose de solennel et de pompeux dans le dernier jour.
On conçoit qu’il arrive parfois qu’une idée vraie et digne soit mal rendue, et qu’une idée fausse et inconvenante plaise, jusqu’à un certain point, par sa forme ; qu’un même sens, comme l’a remarqué Pascal, change selon les paroles qui l’expriment, et que les sens reçoivent des paroles leur dignité, au lieu de la leur donner64. […] Que Voltaire traite un sujet sérieux sur le ton de la plaisanterie, ceci appartient à sa manière d’envisager les choses ; mais il est bien évident que s’il a pris le ton simple ou tempéré, qui est celui de la plaisanterie, c’est qu’il n’aura pas eu l’intention de s’élever aux idées générales, et s’il lui arrive, chemin faisant, d’agrandir sa pensée, son ton s’élèvera forcément dans la même proportion. […] L’imitation est une gymnastique, une lutte avec un modèle, dans laquelle on cherche à faire comme lui, pour arriver, quand on est sûr de soi, à faire mieux, s’il se peut, en faisant autrement.
Les années semblent longues quand elles sont encore loin de nous ; arrivées, elles disparaissent, elles nous échappent en un instant, et nous n’aurons pas tourné la tête, que nous nous trouverons, comme par un enchantement, au terme fatal qui nous paraît encore si loin et ne devoir jamais arriver. […] notre arrêt est prononcé : nos crimes rendent notre condamnation certaine ; on nous laisse encore un jour pour éviter ce malheur et changer la rigueur de notre sentence éternelle ; et ce jour unique, et ce jour rapide, nous le passons indolemment en des occupations vaines, oiseuses, puériles ; et ce jour précieux nous est à charge, nous ennuie : nous cherchons comment l’abréger ; à peine trouvons-nous assez d’amusements pour en remplir le vide : nous arrivons au soir sans avoir fait d’autre usage du jour qu’on nous laisse, que de nous être rendus encore plus dignes de la condamnation que nous avions déjà méritée.
Maillet donc vient d’arriver à Paris, avec une lettre de l’évêque de Montpellier pour M. […] Trouvé ayant répondu qu’il ferait la proposition, mais que le comité seul déciderait, ledit Maillet, après être venu me chercher à Villeneuve, où je n’étais pas arrivé, est revenu me chercher à Paris, d’où je partais, sans avoir l’habileté de me saisir sur le chemin, parce qu’il est trop distrait, c’est-à-dire trop occupé pour être habile ; et il m’écrit pour jeter son cri de détresse, et m’appeler à son secours2. […] « En attendant qu’elle se mette d’accord avec notre cœur, car il faut qu’elle en en arrive là, donnons à nos amis envolés un sanctuaire dans notre âme, et continuons la reconnaissance et l’affection au delà de la tombe en leur faisant plus belle cette région idéale, cette vie renouvelée où nous les plaçons.