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122. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre II. Application des principes à la première Philippique de Démosthène, et à la seconde Catilinaire de Cicéron. »

Pourquoi vous épuiser en conjectures inutiles, lorsqu’il suffit de vous convaincre que rien ne vous peut arriver d’heureux, tant que vous ne donnerez pas à vos affaires une attention plus suivie, et à vos projets une exécution plus rapide ». […] Quand le tour de César fut arrivé, il donna et motiva son opinion en ces mots : 65« Omnis homines, patres conscripti, qui de rebus dubiis consultant, ab odio, amicitiâ, irâ, atque misericordiâ, vacuos esse decet : haud facilè animus verum providet, ubi illa officiunt. […] Quelque chose qu’il arrive aux conjurés, ils l’ont mérité d’avance ; mais pesez mûrement, pères conscrits, les suites de ce que vous allez résoudre à leur égard. […] Ce n’est point par des vœux, par de timides supplications que l’on se rend les dieux propices ; c’est par la vigilance, par l’activité, par la sagesse vigoureuse des mesures que l’on arrive au succès.

123. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VIII. de la disposition. — unité, enchainement des idées  » pp. 98-117

Oui, quelque sujet qu’on traite, fût-ce le dithyrambe ou la lettre familière, les caprices de la fantaisie ou le délire de la passion, l’art exige une certaine unité, un certain enchaînement, une certaine harmonie, des proportions régulières, une gradation continue ; tout cela, si vous voulez, plus ou moins apparent, plus ou moins rigoureux, plus lâche ou plus serré ; mais, sans ces éléments, l’art n’existe plus, la nature même n’est plus représentée, sinon une nature malade, les rêves d’un fiévreux, velut œgri somnia 18 Or comment arriver à la disposition ? Comme on est arrivé à l’invention. […] Enfin, lorsque leur jugement, fortifié par l’exercice et l’expérience, aurait acquis la rectitude et la solidité convenables, le professeur leur présenterait des compositions d’un goût moins sévère, d’un travail moins exquis ; ils y verraient eux-mêmes comment, par le défaut de méditation ou par la recherche de ces pensées déliées et fugitives, que Buffon comparait aux feuilles du métal battu, il arrive que les parties d’un écrit sont gauchement jointes entre elles, les chaînons mal agencés l’un à l’autre, et la trame du discours souvent interrompue.

124. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

Si on le prie de s’asseoir, il se met à peine sur le bord d’un siége ; il parle bas dans la conversation, et il articule mal : libre néanmoins sur les affaires publiques, chagrin contre le siècle, médiocrement prévenu1 des ministres et du ministère, il n’ouvre la bouche que pour répondre ; il tousse, il se mouche sous son chapeau, il crache presque sur soi, et il attend qu’il soit seul pour éternuer, ou, si cela lui arrive, c’est à l’insu de la compagnie ; il n’en coûte à personne ni salut, ni compliment : il est pauvre 2. […] D’abord elle se plaint qu’elle est lasse et recrue3 de fatigue ; et le dieu prononce que cela lui arrive par la longueur du chemin qu’elle vient de faire : elle dit qu’elle est le soir sans appétit ; l’oracle lui ordonne de dîner peu : elle ajoute qu’elle est sujette à des insomnies, et il lui prescrit de n’être au lit que pendant la nuit : elle lui demande pourquoi elle devient pesante, et quel remède ; l’oracle répond qu’elle doit se lever avant midi, et quelquefois se servir de ses jambes pour marcher : elle lui déclare que le vin lui est nuisible ; l’oracle1 lui dit de boire de l’eau : qu’elle a des indigestions ; et il ajoute qu’elle fasse diète. […] Il est si prodigieusement flatté dans toutes les peintures que l’on fait de lui, qu’il paraît difforme près de ses portraits ; il lui est impossible d’arriver jamais jusqu’où la bassesse et la complaisance viennent de le porter ; il rougit de sa propre réputation.

125. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Napoléon Ier , 1769-1821 » pp. 428-446

… Mais déjà ils sont arrivés sur nos avant-postes… Marchons donc, puisque la modération n’a pu les faire sortir de cette étonnante ivresse. […] Fasse le ciel que des hommes vendus ou fanatiques, plus ennemis d’elle et de son règne qu’ils ne le sont du mien et de ma nation, ne lui donnent pas les mêmes conseils pour la faire arriver au même résultat ! […] Bonaparte arriva à Toulon le 20 floréal an VI.

126. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VI. Analyse du discours sur l’esprit philosophique, par le P. Guénard. »

Guénard franchit les temps et arrive à l’époque où Descartes fonda parmi nous le règne de la véritable philosophie, et posa en même temps les principes sûrs qui doivent diriger l’esprit humain dans l’étude de cette grande science de l’homme. […] Descendez avec le flambeau de la philosophie jusqu’à cette pierre antique, tant de fois rejetée par les incrédules, et qui les a tous écrasés ; mais lorsqu’arrivés à une certaine profondeur, vous aurez trouvé la main du Tout-Puissant, qui soutient, depuis l’origine du monde, ce grand et majestueux édifice toujours affermi par les orages même et le torrent des années, arrêtez-vous enfin et ne creusez pas jusqu’aux enfers.

127. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fontenelle. (1657-1757). » pp. 110-119

Il savait quel est le pouvoir d’un magistrat sans armes ; mais on a beau le savoir, il faut un grand courage pour s’y fier… Il n’a jamais manqué de se trouver aux incendies, et d’y arriver des premiers. […] Quand je me fusse tué à imaginer des fables allégoriques, il eût bien pu arriver que la plupart des gens auraient pris la fable comme une chose qui n’eût point trop été hors d’apparence, et auraient laissé là l’allégorie1.

128. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-10

Quand nous nous sommes bien alambiqué le cerveau pour trouver une suite aux choses présentes et pour en tirer des conséquences touchant celles qui doivent arriver, il se trouve que nous avons imité les enfants, qui se donnent beaucoup de peine à faire des maisons de cartes que le moindre vent renverse, ou qui seraient inutiles quand il ne les renverserait pas. […] Villemain a dit de Balzac : « Lorsque, fatigué de l’incorrection et de la dureté des écrivains du seizième siècle, on arrive à Balzac, et que l’on remarque la pompe majestueuse et savante de ses périodes, on explique, on justifie l’admiration de son siècle.

129. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

À l’égard des premiers, il est évident que quelques études préparatoires leur sont indispensables pour arriver au but qu’ils se proposent. […] Il arrive bien souvent encore qu’il n’y a aucune espèce de grandeur dans ce qui est douloureux ou terrible. […] Combien de fois arrive-t-il que la conformation de certains traits se lie dans notre esprit avec certaines qualités morales ? […] Aussi en arrive-t-il que trop souvent l’on contracte l’habitude d’écrire d’une manière lâche et incorrecte. […] Ils sentent bien qu’ils n’ont pas saisi le mot qui rend précisément leur pensée, parce que leur pensée n’est pas claire et distincte dans leur esprit ; ils s’efforcent de la produire au moyen de tel ou tel mot par lequel ils espèrent remplacer celui qui leur manque, et vous faire arriver très près de leur but, tout autour duquel ils tournent sans cesse pour n’y arriver jamais.

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