Que l’auteur de l’ouvrage sur lequel il va porter son jugement soit son ami ou son ennemi, ce critique se persuade sans peine que, s’il trahit la vérité, s’il écrit une seule ligne contraire à sa façon de penser, il trompera bassement ses lecteurs, et se manquera à lui-même, en se vengeant de son ennemi par un lâche mensonge, ou en usant envers son ami d’une coupable indulgence.
On recommande avec juste raison d’être très réservé dans sa correspondance sur les plaisanteries ; il ne faut se les permettre que rarement en écrivant à un ami ; un bon mot peut être lu dans un moment d’humeur, et affaiblir, quelquefois même détruire insensiblement les liens de l’amitié. […] Les Latins sont très riches en ce genre : les lettres de Cicéron et de plusieurs de ses amis sont aussi remarquables par l’excellence du style que par l’intérêt des détails.
Or, mes amis, montrés-leur ce que vous savez faire, et s’ilz frappent ung coup, donnés-en quatre. […] A eulx donc, mes amis, à eulx : et vous verrés comme je vous suyvray. » 1.
Abaissez-vous, pliez-vous, appetissez-vous pour vous proportionner à ces enfants ; ne regardez ni avec dégoût ni avec dédain leurs misères, leurs maladies, leur éducation basse et grossière : Jésus-Christ, souveraine sagesse, éternelle raison de Dieu, a choisi pour compagnie et amis en ce monde, des pêcheurs grossiers, ingrats, incrédules, lâches, infidèles ; il a passé sa vie avec eux pour les instruire patiemment : il a fini sa vie sans les redresser entièrement… Les maisons qui ont commencé par des personnes ferventes, simples, mortes à elles-mêmes, ont bien de la peine à subsister longtemps ; on voit encore trop souvent que de grands instituts formés par des patriarches pleins d’un esprit prophétique et apostolique, avec le don des miracles, sont bientôt ébranlés par des tentations ; tout se relâche, tout s’affaiblit, tout se dissipe : la lumière se change en ténèbres ; le sel de la terre s’affadit et est foulé aux pieds : que sera-ce donc d’une communauté qui n’est soutenue d’aucune congrégation, qui est à la porte de la cour, dépendante des rois et des hommes du siècle qui seront auprès d’eux en faveur, qui aura de grands biens pour flatter les passions et pour exciter celles des gens du monde, et qui a été élevée d’abord jusqu’aux nues, sans avoir posé les fondements profonds de la pénitence, de l’humilité et de l’entier renoncement à soi-même ? […] « Ne faites point de vœux pour moi, écrit-elle à une amie, peut-être ajouteraient-ils quelques jours à ma vie. » Aurait-elle voulu être prise au mot ?
L’on tirera plus d’avantages, surtout dans les commencements, des observations d’un ami dont le bon goût est reconnu. […] Bien qu’ils soient intitulés Lettres à un ami, l’ami disparaît après quelques pages d’introduction, et l’on voit que l’écrivain ne s’adresse effectivement qu’au public. […] Cependant, comme des lettres d’un ami à un ami ont infiniment de rapports avec une conversation, nous devons nous attendre à trouver le caractère d’une personne mieux développé dans une correspondance que dans aucun autre genre d’ouvrage destiné à l’impression. […] Cicéron ouvrait son cœur tout entier à ses plus intimes amis, et principalement à Atticus. […] Pope, de Dean Swift et de leurs amis ; elles ont été publiées dans la collection des ouvrages de ces deux auteurs.
Je parlerai ; mais (il indique le chœur) n’y a-t-il autour de toi que de fidèles amies ? […] O mes amies, ô mes fidèles compagnes !
1° La métalepse met l’antécédent pour le conséquent dans les exemples suivants : Notre ami a vécu. […] Deux guerriers, amis et beaux-frères, sont en présence et prêts à s’entretuer. […] Je vois un serpent près de mon ami, je veux l’avertir du danger. […] fuis ; et le premier mot est à peine prononcé que mon ami joue des jambes et que je pourrais me dispenser d’ajouter, fuis. […] Lafontaine en a fait une pensée badine, dans un vers qui passerait en toute occasion : Le mensonge et les vers de tout temps sont amis.
Un cerf lui dit : « Pauvre imprudent, Vivre libre et bâté n’est pas chose facile : Ne te crois pas indépendant, Mon ami, tu n’es qu’indocile. » § 49. […] Lamotte-Houdard, né en 1672, élève et ami de Fontenelle, a fait aussi des églogues aussi peu naturelles, aussi mal versifiées que celles de son maître, et qui n’ont pas eu plus de succès. […] Jouets constants d’une vaine fumée, Le monde entier se réveille pour eux ; Mais sur la foi de l’onde pacifique, À peine ils sont mollement endormis, Déifiés par l’erreur léthargique Qui leur fait voir, dans des songes amis, Tout l’univers à leur gloire soumis ; Dans ce sommeil d’une ivresse riante, En un moment, la Faveur inconstante Tournant ailleurs son essor incertain, Dans des déserts, loin de l’île charmante, Les aquilons les emportent soudain, Et leur réveil n’offre plus à leur vue Que les rochers d’une plage inconnue, Qu’un monde obscur, sans printemps, sans beaux jours, Et que des cieux éclipsés pour toujours. […] Aussi Boileau, lorsqu’il veut peindre un homme enrichi par ses rapines, a bien soin de prendre un nom en l’air : Si l’on vient à chercher par quel secret mystère Alidor à ses frais bâtit un monastère : « Alidor, dit un fourbe, il est de mes amis ; Je l’ai connu laquais avant qu’il fût commis. […] Je sais de quels appas son enfance était pleine, Et n’ai pas entrepris, Injurieux ami, de soulager ta peine Avecque son mépris.