En admirant le philosophe que Boileau surnomma le Contemplateur, on aime le comédien qui mourut victime de son art et de sa bienfaisance. […] J’aime mieux encore qu’ils meurent sous la main d’un autre que la mienne. […] J’enrage de cela, et je suis fâché tous les jours d’entendre ce qu’on dit de vous ; car, enfin, je me sens pour vous de la tendresse, en dépit que j’en aie, et, après mes chevaux, vous êtes la personne que j’aime le plus. […] Valére aime la fille d’Harpagon, il s’est insinué dans la demeure, à titre d’intendant ; voilà pourquoi il flatte le maître du logis.
Quoiqu’élève de Ronsard, il échappa à l’affectation italienne et au fatras pédantesque en quelques sonnets où l’on aime la sensibilité d’un cœur enthousiaste. […] Les Romains de la décadence Le menu populaire1, duquel le nombre est tousjours plus grand dans les villes, est souspeçonneux2 à l’endroict de celui qui l’aime et simple envers celui qui le trompe.
Sa correspondance fait aimer et respecter ses vertus antiques, austères et patriarcales. […] Je ne te connais pas, mais je t’aime comme si je te connaissais.
Or, si je me mêlais d’écrire, je ne voudrais pas plus ressembler à un tel homme, que je n’aimerais un nez difforme avec des cheveux d’ébène et de beaux yeux noirs. […] que j’aime mieux ce poëte plein d’adresse qui, sans se battre les flancs, nous dit : « Muse, chantez ce héros qui, après la chute de Troie, parcourut tant de contrées, et observa les mœurs de tant de peuples divers. » Chez lui, ce n’est pas la fumée qui succède à la lumière : mais de la fumée il fait jaillir une flamme éclatante ; puis sa muse vamous prodiguer les récits merveilleux : Antiphate et Seylla, et Charybde et Polyphème. […] Celui-ci aime le demi-jour, celui-là veut une vive lumière, car il défie le regard perçant de la critique ; l’un n’a réussi qu’une seule fois, l’autre, dix fois exposé, charmera toujours. […] Dites-moi si, à une table bien servie, on aime une symphonie discordante, ou des parfums grossiers, ou des pavots au miel de Sardaigne : non, car le souper n’avait que faire de ces hors-d’œuvre. — Il en est de même de la poésie : née pour plaire, destinée à charmer les cœurs, si elle ne s’élève au premier rang, elle tombe au dernier. […] « Délicat et châtié dans l’emploi de ses mots (in verbis serendis), l’auteur d’un poëme attendu du public devra aimer telle expression, et dédaigner telle autre. » Quant au sens de promissi carminis, que l’on a traduit quelquefois : un poëme d’une certaine étendue, un poeme de longue haleine, il semble évident que promissi signifie bien un poeme attendu du public.
C’est alors que Fénelon fit voir que les cœurs sensibles, à qui l’on reproche d’étendre leurs affections sur le genre humain, n’en aiment pas moins leur patrie. […] Nous aimons à conseiller comme lecture les lignes écrites sur les salles d’asile par M. […] Pour apaiser le peuple qui aimait son prince, et donner une grande idée du fondateur de la ville, les sénateurs publièrent que les dieux l’avaient enlevé au ciel ; et lui firent dresser des autels. […] Je suis immortelle, nul mortel ne peut entrer dans cette île sans être puni de sa témérité, et votre naufrage même ne vous garantirait pas de mon indignation, si d’ailleurs je ne vous aimais. […] Pour moi, j’aime terriblement les énigmes.
Les hommes n’aiment point à vous admirer, ils veulent plaire : ils cherchent moins à être instruits, et même réjouis, qu’à être goûtés et applaudis ; et le plaisir le plus délicat est de faire celui d’autrui. […] L’on espère de vieillir, et l’on craint la vieillesse ; c’est-à-dire, l’on aime la vie et l’on fuit la mort. […] Telle est en effet la disposition du cœur humain, que Lucrèce a signalée dans de beaux vers (II, 1-6), ainsi traduits par Voltaire : On voit avec plaisir, dans le sein du repos, Des mortels malheureux lutter contre les flots ; On aime à voir de loin deux terribles armées Dans les champs de la mort aux combats animées : Non que le mal d’autrui soit un plaisir si doux ; Mais son danger nous plaît, quand il est loin de nous.
Pardon, mon oncle, je me répète : tout sentiment surabondant fait ainsi ; mon cœur crie sans cesse qu’il vous respecte, qu’il vous aime, qu’il espère en vous : éclairez-le, guidez-le ; ce cœur toujours ardent est devenu docile ; il obéira à la moindre inflexion de votre main ou de celle de mon père. […] Se mêlant familièrement avec les hommes, juste quand il fallait l’être, il avait applaudi au talent naissant de Barnave, quoiqu’il n’aimât pas ses jeunes amis ; il appréciait l’esprit profond de Sieyès, et caressait son humeur sauvage ; il redoutait dans Lafayette une vie trop pure ; il détestait dans Necker un rigorisme extrême, une raison orgueilleuse, et la prétention de gouverner une révolution qu’il savait lui appartenir. Il aimait peu le duc d’Orléans et son ambition incertaine, et il n’eut jamais avec lui aucun intérêt commun.
Dès le premier jour, il aimait dans la guerre, bien plus que le plaisir du combat, ce grand emploi de l’intelligence et de la volonté armées de la force pour un beau dessein, ce mélange puissant d’action humaine et de fortune, qui saisit et transporte les âmes les plus hautes comme les plus simples. […] Il aime ses compagnons ; il respecte le roi et le gouverneur ; mais ni l’affection ni le respect n’altèrent l’indépendance de son jugement et de sa conduite ; il sait, il voit, avec un admirable instinct d’action et de commandement, par quels moyens, à quelles conditions on peut réussir dans ce qu’il entreprend pour le compte du roi et du pays. […] Fier et passionné, il s’égara sans jamais s’abaisser ; infidèle à la cause de son pays, il se dévoua sans réserve, quel que fût le péril, à la cause de son maître ; ambitieux, capricieux, déréglé, il savait pourtant aimer, estimer, résister et servir le roi contre la cour, et tout en poussant avec ardeur sa fortune, braver de puissantes défaveurs.